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114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Paul MILLET.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-septième nom de la liste: Paul Joseph Marie MILLET.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Oui, c’est inscrit sur le Monument aux Morts de Caderousse mais aussi sur le Journal de Marche du 363ème Régiment d’Infanterie,  Paul Millet est bien mort sur le champ de bataille au col de la Chapelotte, en Meurthe-et-Moselle, dans les premiers contreforts des Vosges, le 25 avril 1916.

Ce sont les Allemands qui attaquent et les troupes françaises qui essaient de maintenir leurs positions malgré la violence des bombardements comme le raconte cet extrait du Journal. En certains endroits, le terrain est tellement bouleversé que les hommes sont enterrés vivants dans les galeries effondrées.

Ailleurs, les Allemands utilisent des armes chimiques pour « nettoyer » les tranchées françaises, des liquides enflammés.

Les combats sont acharnés et se terminent au couteau comme pour ce sergent Imbert achevé par un coup de couteau dans le dos.

La guerre dans toute son horreur ! Comme cette attaque allemande repoussée par les défenseurs français sortis de leur tranchée pour affronter les assaillants sur le no-man’s land, au milieu des obus qui continuent de tomber ici et là, venant d’un camp comme de l’autre.

Il est sûr que la lecture de nombre de ces Journaux de Marche comme celui présenté ici doivent inspirer les scénaristes de cinéma ou de bandes dessinées pour rendre le plus réaliste possible leurs scènes de guerre.

Voici donc avec ces quelques extraits, des repères pour comprendre les derniers instants de Paul Millet, peut-être tué après le premier coup de canon, après tout. L’enfer sur terre, avec plan à l’appui !

Le 25 avril 1916, Paul Joseph Marie avait 30 ans et 1 mois.

Il était en effet né le 19 mars 1886 rue Vénasque d’un père Caderoussier de naissance, Louis Marie Millet, né en 1861. Louis était alors ouvrier baletier quand il épousa Joséphine Perrin, une Caderoussienne de 21 ans, née de parents originaires du village et dont la mère portait aussi le patronyme Millet. Les noces furent célébrées le 10 mai 1883. Dix mois plus tard naissait Louis Auguste le 03 mars 1884 qui allait disparaitre prématurément quatorze mois plus tard. Paul était donc l’aîné de deux filles venues au monde en 1890 et en 1900. Marie Joséphine Charlotte se maria deux ans avant la guerre avec Antoine Joseph Emile Ripert dont on fera la biographie quand on arrivera à la lettre R, disparu un mois avant son beau-frère Paul, le 22 mars 1916 dans la Meuse. Lucienne Joséphine Pauline eut plus de chance et se prit pour époux après guerre, un parisien, Victor Eugène Martel, dans le septième arrondissement.

La famille au recensement de 1901, rue de l’Hôpital.

En 1901, sous le même toit, vivent le coupe de Louis et Joséphine, tous deux ouvriers dans une fabrique de balais, leurs trois enfants, les parents de Joséphine et le père de Louis. Paul est alors ouvrier agricole, certainement employé par ses grands-parents.

La famille au recensement de 1911, rue de l’Hôpital.

Dix ans plus tard, les vieux ne sont plus là, Jean est parti en 1902, son épouse Joséphine en 1907 et Auguste en 1910… de même que Joséphine, la mère de Paul le 02 avril 1908. Ce dernier, bien que recensé à Caderousse, a quitté le foyer et travaille comme valet de chambre chez Monsieur le Comte à Piolenc.

Entre temps, il avait fait ses deux années de service sur la Côte d’Azur, à Nice, au 141ème de Ligne du 06 octobre 1908 au 25 septembre 1910. Il sera rappelé le 2 août 1914… pour la conclusion que l’on connaît. Il repose à la Nécropole Nationale de la Chapelotte à Badonviller, tombe individuelle 979.

 

La fiche matricule de Paul Joseph Marie Millet de Mémoire des Hommes.

Paul Joseph Marie Millet, matricule 278 de la classe 1906, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Millet est assez répandu en Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Félix Marius un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: André Paul Mondan.

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114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Maurice MILLET.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-sixième nom de la liste: Maurice Marie Joseph MILLET.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Maurice Millet ressemble beaucoup dans son vie à Félix Millet dont on vient de parler. Maurice Millet est né à Orange le 10 mars 1882 d’un père caderoussier Louis Joseph Millet né en 1849 et d’une mère née à Mornas, portant également le patronyme Millet, Emilie Marie. née en 1852. Les parents se sont unis à Caderousse le 17 janvier 1872 et rapidement, deux garçons vont arriver dans le foyer: Gabriel Hippolyte le 12 septembre 1872, tout juste neuf mois après les noces puis Gratien Auguste le 10 décembre 1873. Par la suite, le couple semble avoir quitté Caderousse.

On retrouve donc la famille Millet à Orange pour la naissance de Maurice en 1882. Elle apparaît sur la liste du recensement de 1881, quartier des Pradines…

…avec un Louis et un Hypolite âgés respectivement de 8 et 9 ans. Si pour Hippolyte avec une orthographe plus conventionnelle, on comprend de qui il s’agit, qui est ce Louis né en principe en 1873 ? Certainement, le nom usuel donné dans son cercle familial à Gratien Auguste pour on ne sait quelle histoire ?

Ce document nous confirme que le couple des Millet n’a plus eu d’enfant jusqu’en 1882 et Maurice Marie Joseph, le futur Poilu de Caderousse, en tout état, d’enfant ayant vécu quelques années.

Le 16 novembre 1904, Maurice va donc faire son service militaire en étant incorporé au 58ème R.I. d’Avignon. Il sera rendu à la vie civile le 18 septembre 1906.

Autre ressemblance avec Félix Millet, il va boucler sa jeunesse en retournant à Caderousse pour y épouser une fille du village, Marie Rose Gabrielle Millet le 10 avril 1913 et en reproduisant le mariage de ses parents avec les deux époux portant le même patronyme.

A-t-il eu le temps de fonder une famille ? Rien de moins sûr car seize mois après les épousailles, l’Armée le rappelait au 258ème R.I. qu’il rejoignait le 11 août 1914.
La suite de l’histoire allait être brève puisque Maurice allait décéder le 28 septembre 1914 à l’hôpital mixte d’Orange où il avait été évacué suite aux blessures reçues au front. Une histoire que l’on a déjà raconté en quatre occasions puisque Maurice est le cinquième Caderoussier tué aux combats dans le secteur de Saint-Mihiel, fin septembre-début octobre 1914.

Justin Miaille et Eugène Cambe sont disparus le 26 et 27 septembre, Paul Julien y a été tué le 20, Henri Lazard est mort en Bavière le 04 octobre suite à une blessure reçue à Saint-Mihiel. C’est finalement le destin de ce dernier qui ressemble le plus à celui de Maurice Millet, décédé presque chez lui des blessures reçues dans la Meuse. Le 28 septembre 1914, il était âgé de 32 ans et 6 mois.

 

La fiche matricule de Maurice Marie Joseph Millet de Mémoire des Hommes.

Maurice Marie Joseph Millet, matricule 640 de la classe 1902, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Millet est assez répandu en Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Félix Marius un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Paul Joseph Marie Millet.

 

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114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… les MILLET et Félix MILLET.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-cinquième nom de la liste: Félix MILLET.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Trois Millet inscrits sur le Monument aux Morts de Caderousse, dans l’ordre alphabétique Félix Marius, Maurice Marie Joseph et Paul Joseph Marie, tous nés dans les années 80 du XIXème siècle. Aucun lien de parenté entre ces trois jeunes hommes, pas de cousinage au premier ni au second degrés, nous ne sommes pas allés voir plus loin. Par contre, des naissances à Mornas, Caderousse et Orange et pour deux d’entre eux, un rapport avec Caderousse pas évident à trouver ! On va y revenir.

Félix Marius Millet est donc né à Mornas le 04 novembre 1887. C’est le plus jeune des trois Millet MPLF. A aucun moment, il n’apparaîtra dans les listes nominatives du recensement caderoussier. Né à Mornas, il vit à Orange quand l’armée l’appelle en 1907 et elle note qu’il s’installe à sa libération, en 1910, au quartier Clos Cavaillet, toujours dans la cité des Princes.

Certes, le père de Félix, Casimir Toussaint Millet est né à Caderousse le 1er novembre 1851. Mais après son mariage le 30 septembre 1874, avec une jeune fille d’Orange Marie Antoinette Goumarre, née en 1855, le couple part s’installer à Travaillan où s’était déjà installé Casimir Toussaint avec ses parents. C’est dans ce village que naîtront les premiers enfants du couple: Marie Isabelle en 1875, Emile Patrice Casimir en 1877 et Rose Louise en 1879.

La famille déménage ensuite à Mornas où elle s’agrandira de quatre autres enfants: Marius Cyprien en 1884, Félix Marius le Poilu qui nous intéresse, en 1887, Louis Paul en 1891 et enfin Julie Antoinette en 1894.

Voici la famille de Casimir Toussaint à Mornas.

La famille de Casimir Toussaint Millet au recensement de 1891 à Mornas.

On retrouve la fratrie complète en 1896 avec certes une Isabelle devenue Elisabeth mais la mère n’est plus là, décédée au début de cette année 1896.

La famille de Casimir Toussaint Millet au recensement de 1896 à Mornas.

Félix va être appelé par l’armée le 07 octobre 1908 à Marseille au 141ème Régiment d’Infanterie pour une durée de deux ans, jusqu’au 25 septembre 1910… avant d’être rappelé au début du mois d’août 1914 à la même unité.

Entre temps, Félix va fonder une famille à Caderousse dans un ordre qui à l’époque faisait… désordre ! En effet, sa future épouse met au monde une petite fille Marie Louise le 11 avril 1911, enfant que Félix va reconnaître le jour du mariage avec la mère Marie Louise Marguerite Cuer, le 26 avril 1911. Ils vont certainement s’installer à Caderousse mais c’était après le jour du dernier recensement d’avant-guerre.

Après le 3 août 1914, la suite de l’histoire sera rapide et elle va se confondre avec celle d’un autre Caderousssier « oublié » Isidore Marquion, lui aussi soldat au 141ème de ligne. Le régiment tient des tranchées creusées devant Avocourt, dans la Meuse, entre Vauquois et Verdun sur lesquelles les Allemands se cassent les dents. Mais cela fait tout de même des victimes.

Le Journal de Marche n’en fait pas référence mais Félix sera tué le 23 septembre 1914 à Avocourt, cinq jours avant Isidore Marquion, tué le 28 septembre. Il avait alors  26 ans et 10 mois. La petite Marie Louise avait 4 ans et demi.

Il repose à la Nécropole Nationale de Douaumont, tombe individuelle 13 624.

 

La fiche matricule de Félix Marius Millet de Mémoire des Hommes.

Félix Marius Millet, matricule 196 de la classe 1907, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Millet est assez répandu en Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Félix Marius un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Maurice Marie Joseph Millet.

A noter que si ses deux frères Emile et Louis n’eurent pas de problèmes particuliers pendant la Grande Guerre, le troisième, Marius Cyprien fut, lui, tué au bois des Eparges le 07 avril 1915 alors qu’il combattait au 132ème R.I.

 

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112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Paul MELON.

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-unième nom de la liste: Paul Elie MELON.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Difficile de rédiger une biographie la plus complète possible de Paul Melon en ne pouvant avoir accès à distance aux archives départementales du Gard, en particulier à celles des communes. En effet, si Paul Melon avait été oublié en 1937 comme l’ont été les seize gars qu’Internet nous a permis de retrouver, jamais on n’aurait pu savoir qu’il avait vécu au village tant son rapport avec Caderousse est en pointillé. Dans une échelle imaginaire de « Caderoussité », un Isidore Marquion pourtant oublié est bien plus haut que ce pauvre Paul Melon.

On ne retrouve la famille Melon qu’uniquement sur une page du recensement de 1911, la page 32.

Elle est installée au Boulegon, à l’intérieur des digues. En 1906, les Melon ne sont pas encore dans le Vaucluse. Originaires de Codognan dans le Gard, le père est venu occuper le poste de receveur buraliste au village de Caderousse. Il doit s’agir de percevoir des impôts indirects, des taxes diverses dont l’Etat est très imaginatif à créer, sur les alcools, les tabacs, les fenêtres… Pas vraiment de quoi attirer le sympathie de la population !

Elie Melon est venu avec ses trois enfants, Paul l’aîné né à Codognan, un village proche de Vergèze et d’Aimargues, le 29 mai 1897, Elsie née en 1898 et Emy en 1900, également Gardois. Son épouse Rosalie Dangos est décédée entre 1901 et 1910. Son père Gabriel, âgé de 75 ans en 1911, l’a suivi lors de cette mutation.

Le petit Paul est un bon élève à l’école et il se prépare à mener une carrière de serrurier quand son service militaire et la Guerre seront passés. Une guerre à laquelle il croit échapper quand il entend en 1914 qu’elle sera de courte durée. En effet, c’est un adolescent insouciant de 17 ans qui voit partir les gars plus âgés que lui et rapidement voit revenir des cercueils.

Mais la guerre dure et l’âge de la conscription baisse. Le 09 janvier 1916, le jeune Paul Elie doit rejoindre Grasse et le 27ème Régiment de Chasseurs à Pied qui deviendra vite le 27ème Régiment de Chasseurs Alpins. Il n’a alors que 18 ans et demi.

Ce n’est qu’un gamin qui, le 12 juin, va faire une grosse bêtise… dans les circonstances de l’époque. Jeune, libre et heureux de vivre, il va profiter de sa soirée de permission pour rencontrer des filles de son âge. Il rejoint à sa caserne à l’heure puis, pris de remords, fait le mur et disparaît dans la nature ! L’appel de la vie !

Le voilà manquant à l’appel le 13 juin au matin et déclaré déserteur après le délai légal, le 16 juin 1916. Cette situation va durer six mois, jusqu’au 15 décembre 1916, jour où les Gendarmes le ramènent manu militari chez les Chasseurs Alpins, à Grasse. C’est bien entendu la prison qui attend Paul Melon, le trou ! Il va y séjourner quelques semaines jusqu’à ce que le Conseil de Guerre de la 15ème Région Militaire le condamne à trois ans de prison pour « désertion à l’intérieur en temps de guerre. » Tarif normal pour l’époque. On est alors le 20 mars 1917 et on pourrait en conclure que Paul a échappé à la guerre.

C’est sans compter sur la mansuétude du Général commandant la dite 15ème Région qui assortit sa peine d’un sursis immédiatement appliqué, le 28 mars 1917. Paul Elie Melon retourne à sa caserne puis au front.

Mansuétude ou moyen de se débarrasser d’une forte tête ? On est en droit de reposer la question ! Toujours est-il que Paul Melon se retrouve le pire jour au pire endroit… au petit matin du 16 avril 1917 à Craonne ! Une date et un lieu que l’Histoire a retenus puisque c’est là que débuta la catastrophique offensive « Nivelle » du Chemin des Dames, la fameuse attaque qui entraîna les mutineries puis les fusillés pour l’exemple. Une attaque qui fit entre les 16 et 25 avril 1917, 134 000 victimes sur les quelques dizaines de kilomètres de cette inaccessible crête tenue solidement par des Allemands bien retranchés, dans la neige et la boue d’un hiver tardif. 134 000 hommes mis hors de combat dont 30 000 tués ou disparus ! Paul Elie Melon, le jeune néo-Caderoussier était l’un d’eux, tué le 16 avril 1917 à un mois de ses vingt ans !

Il repose à la Nécropole Nationale de Pontavert dans l’Aisne, tombe individuelle 4 693.

La fiche matricule de Paul Elie Melon de Mémoire des Hommes.

Paul Elie Melon, matricule 1221 de la classe 1917, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Certes le patronyme Melon n’est guère usité en Gard ou Vaucluse. Mais si quelqu’un reconnaît en Paul Elie un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Victor Meunier.

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112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-huitième, cinquante-neuvième et soixantième noms de la liste: Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

La seconde face du monument aux morts.

Etant le plus âgé, c’est Florestan qui le premier connaîtra la servitude et grandeur militaires chez les Zouaves en Algérie. Il sera appelé sous les drapeaux le 21 novembre 1914 à Constantine, au 3ème Régiment. Le pays étant sous la menace de rébellions latentes, son service ne sera pas de tout repos et cette première campagne militaire sera inscrite sur son livret militaire. Le fait d’être devenu père de la petite Alberte en 1906 lui permettra de voir son service réduit de quelques mois comme soutien de famille. Toujours cela de pris ! Il sera rendu à la vie civile le 04 avril 1907.

Né en 1888, son petit frère Julien sera appelé sous les drapeaux le 07 octobre 1909. Lui s’arrêtera au bord de la Méditerranée, à Toulon, sans la traverser. Pendant deux ans, jusqu’au 24 octobre 1911, il sera fantassin au 111ème Régiment d’Infanterie.

Quant à leur cousin Auguste né en 1894, il sera appelé par anticipation le 09 septembre 1914 au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon, une unité décimée après le premier mois de guerre. Quelques semaines d’instruction et il se retrouvera à tout juste vingt ans dans les tranchées du nord-est de la France. A cette date, ses deux cousins germains Florestan et Julien ne seront plus de ce monde !

En effet, les deux frères furent tués très rapidement, au tout début de cette longue guerre.

Tout d’abord, Julien le biffin toulonnais.

Le portrait de Julien Martin sur la tombe familiale au cimetière.

Le 111ème Régiment d’Infanterie quitte Antibes par trois convois ferroviaires pour le nord-est de la France le 9 août. Le 10, le régiment est à pied d’oeuvre au sud de Nancy… Vézelise, Diarville. Plusieurs journées de marches forcées harassantes pour se retrouver face aux Allemands, plus attentistes, en Lorraine ennemie, avec comme mot d’ordre dans toutes les bouches de l’Etat-Major français: « On attaque » !

Dès le 14 août, les fantassins sont jetés dans un grand désordre sur des ennemis qui les attendent de pied ferme. Sans même lire le contenu du Journal de Marche, on comprend que règne une confusion certaine même chez son rédacteur !

En lisant, ce passage, on comprend que rien n’est simple pour les hommes. Dans cette pagaille, ils arrivent à se mitrailler entre eux !

Le 14 août 1914, Julien Joseph François Martin, dès son baptême du feu, disparaît près de Moncourt. Il avait 26 ans et 1 mois.

La fiche matricule de Julien Joseph François Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 312 classe 1908 bureau de recrutement d’Avignon.

Son frère Florestan est rappelé le 4 août 1914 au 4ème Régiment d’Infanterie Coloniale de Toulon. Exit les Zouaves où Florestan avait fait ses classes et où il avait revêtu cette belle tenue pour la postérité, dans sa jeunesse.

Le portrait de Florestan Martin sur la même tombe familiale au cimetière.

Le régiment quitte Toulon le 11 août. Il reçoit le baptême du feu dans le sud de la Belgique le 23 août, dans le secteur de Jamoigne-Valansart. Mais les Français refluent et on retrouve le régiment plus au sud, entre Verdun et la Meuse. Mi-septembre, des combats se déroulent à l’est de Verdun. Florestan disparaît dans un premier temps près de Bonzée dans la Meuse. Il semble que son corps ait été retrouvé postérieurement et un jugement fixe la date de son décès au 21 septembre 1914. Il avait 30 ans et 11 mois.

 

La fiche matricule de Florestan Emile  Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 148 classe 1903 bureau de recrutement d’Avignon

Comme déjà dit ci-dessus, Auguste Martin rejoint le 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon le 09 septembre 1914. On l’a déjà raconté dans d’autres biographies, ce régiment a subi de lourdes pertes dans le premier mois de guerre. Des forces fraiches sont donc bienvenues. Les hommes subissent tout de même un entraînement pendant quelques mois avant de retrouver le front, durée de formation dépendant surtout des besoins de l’Etat-Major.

On ne sait à quel moment il rejoint le front mais on peut raisonnablement penser que cette date devait se situer vers le début de l’année 1915. C’est lors de la seconde bataille de la Marne fin septembre-début octobre 1915 qu’Auguste sera tué, dans un secteur dont on a déjà parlé, celui de Souain- Perthes-les-Hurlus, Suippes, la main de Massiges, des terres devenues incultes par la quantité d’acier qui s’y est déversé.

Carte des lieux extraite du Journal de Marche du 58ème RI.

La journée du 14 octobre 1915 semble avoir été assez calme. Par contre, comme on peut le lire ci-dessous,…

…on continue à ramasser et à enterrer des cadavres des combats des journées précédentes et on peut penser qu’Auguste fait partie des 105 malheureux enterrés par le service médical. Ce 14 octobre, il avait seulement 20 ans et 8 mois. Il repose à la Nécropole Nationale de Saint-Ménéhould dans la Marne depuis le 30 septembre 1920.

La fiche matricule d’Auguste Joseph  Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 404 classe 1914 bureau de recrutement d’Avignon

Le patronyme Martin est assez répandu en France et donc dans le Vaucluse et la tombe des frères Florestan et Julien Martin est bien entretenue au cimetière. Si un descendant reconnaît dans ces biographies des ascendants directs ou indirects, qu’il n’hésite pas à se manifester pour modifier ou compléter les textes. 

A suivre Paul Melon.

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111 POILUS de CADEROUSSE, 111 DESTINS… Raphaël MARCELLIN

111 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 111 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-sixième nom de la liste: Raphaël MARCELLIN.

La seconde face du monument aux morts.

Raphaël Marcellin est né à Caderousse le 25 juillet 1877. Ce sera donc un soldat déjà relativement âgé quand la Première Guerre Mondiale éclatera. Ayant été longtemps militaire de carrière, il deviendra automatiquement sous-lieutenant en 1914 et sera en première ligne pour entraîner ses hommes quand une balle le frappera. Sort commun à pas mal d’officiers !

Le père de Raphaël, cultivateur à Caderousse et né au village en 1849 avait traversé le Rhône pour prendre pour épouse Marie Virginie Devèze, une jeune femme de Saint-Laurent-des-Arbres, de deux ans plus jeune que lui. Le mariage avait eu lieu à la fin de 1876 et l’année suivante Raphaël venait au monde, rue plan de lamourier, du mûrier en traduisant en français.

Un petit frère François Abel allait suivre le 21 octobre 1881 mais il décédait huit mois plus tard exactement. Un autre garçon naîtra le 18 juillet 1884. Simon Julien Marcellin fera une belle carrière dans les Postes et Télégraphes. Bizarrement, il n’apparaît pas au recensement de  1901.

Peut-être une erreur de transcription de l’agent recenseur. En effet, il est noté que Raphaël est âgé de 17 ans alors qu’il s’agit là de l’âge de Simon, lequel Raphaël a alors 24 ans et se trouve plutôt à la caserne de Pont-Saint-Esprit qu’à Caderousse.

Toujours est-il en effet que les deux frères Marcellin vont rapidement quitter le village.

Cultivateur avant son incorporation au 157ème Régiment d’Infanterie le 31 octobre 1895, Raphaël a devancé l’appel et s’est engagé pour quatre ans. D’engagement en réengagements, il restera à l’armée jusqu’au 16 juillet 1911, c’est-à-dire pas moins de 16 ans. Il en sortira adjudant et se verra nommer sous-lieutenant le 21 novembre 1914 après les hécatombes des premiers mois de guerre. A sa libération en 1911, Raphaël trouve un emploi pour quelques années comme employé municipal à Lyon. Peut-être alors s’est-il marié ? Possible mais si cela s’est produit, ce ne peut être qu’entre 1913 et la déclaration de guerre.

De son côté, Simon, le petit frère, a fait une brillante scolarité puisque mentionné 4 pour son niveau d’instruction, c’est-à-dire détenteur d’un diplôme sanctionnant des études supérieures. Il ne fera que deux années de service dans l’artillerie puis entrera dans les Postes comme contrôleur des téléphones à Saint-Etienne. Il servira pendant la guerre au 8ème Régiment du Génie de Jarnac, une unité spécialisée dans les transmissions. Après la guerre, il poursuivra sa carrière loin de Caderousse en retrouvant son poste dans la Loire avant de partir au Maroc pacifié à partir de 1928, Meknès, Rabat puis Casablanca.

Le 3 août 1914, Raphaël retrouve donc une caserne, celle du 72ème Régiment d’Infanterie à Amiens. A la fin de l’hiver 1915, son régiment combat dans le secteur du Mesnil-les-Hurlus. Tout est dit quand ce nom est cité ! Comme nombre de villages dans ce coin de Champagne, non loin du camp de Suippes, le village sera rasé et sera déclaré « Mort pour la France » après la guerre pour ne plus être reconstruit.

En témoignent ces zones vert foncé correspondant de nos jours à des lieux où plus rien de pourra pousser pour longtemps encore sinon des broussailles et des forêts dangereuses. Le camp militaire de Suippes s’est installé sur la zone en bas à gauche.

La bataille fait rage et le régiment monte en ligne pour quelques jours, perd de nombreux soldats dans des attaques aussi inutiles que meurtrières comme entre les 22 et 23 février où tombent plusieurs officiers et pas moins de 885 hommes de rang, tués, blessés et disparus ! Puis la troupe se retire pour prendre quelques jours de « repos » avant de remonter en ligne. Les hommes sont épuisés par ce rythme comme le note le rédacteur du Journal de Marche du régiment qui parle d’un « état sanitaire laissant à désirer ». Ainsi, 21 hommes sont évacués le 28 février, 44 le 1er mars, 23 le 2 et 26 le 3 juste avant le retour difficile, de nuit, en tranchées de première ligne du 72ème RI pour attaquer tout de suite à nouveau, le 5 mars. Car est ainsi pensée la stratégie militaire française.

Voici un schéma sommaire des lieux.

Le régiment est positionné dans les tranchées situées entre A et C, si près des tranchées allemandes que le pointeur d’artillerie venu visiter les lieux a estimé qu’une préparation était impossible car les lignes étaient trop rapprochées. Alors, on attaque de nuit, à deux heures du matin !

Mais les Allemands ne dorment pas plus que les Français. Comme on peut le lire entre les lignes, c’est à l’instant  où il sort de la tranchée que Raphaël Marcellin est fauché puisque commandant d’une Compagnie en tant que sous-lieutenant de carrière. On est à l’aube du 6 mars 1915. La suite de la narration du Journal de Marche nous le confirme, en date du 9 mars quand est fait le bilan des combats des 5-6 et 7 mars 1915. Son nom apparaît dans la liste des neuf officiers tués.

Il avait alors 37 ans et 6 mois. A ses côtés sont tombés 450 soldats et caporaux, tués, blessés et disparus.

 

La fiche matricule de Raphaël Marcellin de Mémoire des Hommes.

Raphaël Marcellin, matricule 771 de la classe 1897, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Marcellin semble très vivant en Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Raphaël un ascendant direct ou indirect,  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Louis Isidore Marquion.

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111 POILUS de CADEROUSSE, 111 DESTINS… Henri Louis LAZARD.

111 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 111 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-cinquième nom de la liste: Henri Paul LAZARD.

La seconde face du monument aux morts.

Henri Lazard a connu un destin original. En effet, il est mort en Allemagne, quelque part en Bavière, des suites de ses blessures de guerre. Il était prisonnier de guerre et il est décédé sur son lieu de détention. Mais prenons sa biographie par le début.

Henri Louis Lazard est le fils aîné du couple formé d’André Louis Lazard né en 1859 et de Marie Adèle Combe de quatre ans sa cadette. Ils se sont unis à Caderousse le 14 janvier 1885 et Henri est né dix-neuf mois plus tard, le 29 août 1886. Les parents sont tout deux originaires de Caderousse. On retrouve la famille complète sur le recensement de 1901, du côté de la rue neuve, à l’intérieur des digues.

Les parents d’Henri habitent chez les grands-parents paternels, des personnes âgées de plus de 75 ans. Ce sont des cultivateurs qui vivent dans le centre-bourg. Henri est alors âgé de 14 ans et va commencer à aider les siens dans les terres. Une petite soeur est née en 1891, prénommée Louise Appolonie, second prénom qu’elle doit à sa grand-mère paternelle.

Le 09 octobre 1907, Henri va partir faire ses classes au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon. Moins de deux mois avant, son père est décédé, le 17 août. Henri restera deux ans à l’armée, renvoyé dans ses foyers le 25 septembre 1909. On retrouve la famille, très réduite, au recensement de 1911.

Le père décédé, la mère Marie Adèle travaille dans les balais. Henri lui a repris les terres. La grand-mère paternelle est toujours de ce monde. Quant à la petite soeur Louise Appolonie, elle s’est mariée avec François Paulus Aubert le 30 novembre 1910. Paulus est un copain d’Henri, de la même classe 1906, qui aura plus de chance que son beau-frère pendant la guerre.

Henri, toujours célibataire, est rappelé par l’armée pour la mobilisation générale d’août 1914, au 258ème Régiment d’Infanterie, réserve du 58ème RI. On retrouve cette unité du côté de Saint-Mihiel le 26 septembre 1914. Ce doit être à l’occasion d’un affrontement entre les hommes commandés par le capitaine Farjon, un autre Caderoussier, et les Allemands qu’Henri a été blessé et capturé par ceux-ci. Il est évacué comme prisonnier de guerre blessé vers la Bavière. Admis à l’Hôpital de Grafenwöhr, à mi-chemin entre Bayreuth et Nuremberg, il y décède le 04 octobre 1914.

Longtemps considéré comme disparu par l’Armée, Henri réapparaîtra sur les listes transmises par les Allemands à la Croix-Rouge.

Son statut passe alors de disparu à Mort pour la France. Il avait alors 28 ans et 1 mois le jour de son décès. Comme nombre de prisonniers de guerre décédés en captivité, il repose à la Nécropole Nationale des Prisonniers de Sarrebourg, en Moselle.

 

La fiche matricule d’Henri Louis Lazard de Mémoire des Hommes.

Henri Louis Lazard, matricule 314 de la classe 1906, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Lazard ainsi orthographié est peu usité dans le Vaucluse. Par contre, des neveux d’Henri sont nés de l’union de François Aubert et Louise Lazard, deux à la date du 04 septembre 1923 d’après le registre matricule de François Paulus Aubert (264- classe 1906-Avignon). S’ils ont eu une descendance et qu’une personne reconnaît en ce Poilu, son grand-oncle ou arrière grand-oncle, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Raphaël Marcellin.

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111 POILUS de CADEROUSSE, 111 DESTINS… Louis LASSIAT.

111 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 111 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-quatrième nom de la liste: Lois Paul LASSIAT.

Louis Paul Lassiat a été oublié sur la monument aux morts. Pourtant, il est bien né à Caderousse le 21 février 1879 dans une ferme du quartier de la Vicheronne (?). Son père Pierre est fermier âgé de 38 ans au moment de la naissance de Louis et sa mère Marie Blanc est plus jeune de 11 ans que son mari. L’un et l’autre ne semblent pas être du village et n’y sont pas restés très longtemps. En 1876, ils n’apparaissent pas dans la liste du recensement et en 1881, deux ans après la naissance de Louis, ils sont déjà partis. Pas des étoiles filantes mais plutôt des fermiers qui offrent leurs bras aux plus offrants.

Il semble que la famille se soit fixée un peu après sur Orange, à la campagne, sans grande certitude. C’est en tout cas le Tribunal d’Orange qui va condamner Louis en 1896, alors qu’il est âgé de 17 ans pour une partie de pêche par un mode prohibé ! Pas une grosse sanction, 3 francs seulement d’amende seulement, mais une inscription de la bêtise dans son registre matricule.

Le 16 novembre 1900, Louis va partir à l’armée au 24ème Bataillon de Chasseurs à Pied, ancêtre des Chasseurs Alpins. Il va y rester deux ans et demi pour être libéré le 15 mai 1903. Cette unité est en caserne à Villefranche-sur-Mer, près de Nice. Un séjour plus agréable qu’à Sedan, certes mais des entraînements sur des terrains escarpés. Il devient fanfariste du Bataillon le 21 septembre 1901.

De retour de l’armée, Louis Lassiat  va vivre à Orange au quartier des Princes, c’est-à-dire assez près de Caderousse, certainement aussi dans sa famille. Quelques années plus tard, le 15 juillet 1911, il se marie à Cairanne avec une drômoise de Rochegude, Mathilde Marie Germaine Palavesin, de quatre ans sa cadette.

Son parcours militaire reprend quelques mois plus tard, au moment de la déclaration de guerre. Rappelé chez les Chasseurs à pied, il va faire un petit tour au 27ème bataillon au début d’octobre 1914 puis revient au 24ème BCP. Les Chasseurs sont envoyés dans les Vosges. Ils sont au Reichakerkopf en mars 1915 où se déroulent des combats sporadiques, des attaques inutiles mal préparées.

Le 23 mars, il est clairement noté sur le Journal de Marche de l’unité que la préparation d’artillerie de l’attaque menée par le 24 BCP a été lamentable. Pourquoi attaquer tout de même après cette préparation insuffisante ? Toujours est-il que ce jour-là, 8 hommes sont tués et 37 blessés. Parmi les décédés, Louis Lassiat, l’oublié de Caderousse.

Six mois plus tard, le 26 septembre, un autre Caderoussier dont on a déjà parlé, Auguste Léon Bruguier du 6ème BCP était tué sur ce même Reichakerkopf.

La fiche matricule de Louis Paul Lassiat de Mémoire des Hommes.

Louis Paul Lassiat, matricule 679 de la classe 1899, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Lassiat semble être très présent en Vaucluse, dans la région d’Orange, même si le T a disparu. Si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Henri Lazard.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Paul JULIEN.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-troisième nom de la liste: Paul Louis JULIEN.

La seconde face du monument.

La partie la plus abracadabrante du parcours de Paul Julien aura été celle qui suivi sa disparition le 20 septembre 1914 sur un champ de bataille dans le secteur de Saint-Mihiel, plus précisément sur le territoire de la commune de Vigneulles-lès-Hattonchâtel.

Le 258ème Régiment d’Infanterie était parti le 8 août d’Avignon. 37 officiers, 130 sous-officiers, 1 647 caporaux et soldats, 150 chevaux et mulets et 15 voitures avaient embarqué à Pont d’Avignon et avaient subi le baptême du feu le 25 août 1914 à Buzy dans la Meuse. De marches forcées en accrochages meurtriers, le 258ème RI se trouvait à l’est de Saint-Mihiel à la mi-septembre 14, dans des tranchées creusées pour essayer de contenir l’avancée des troupes allemandes. Lors d’une violente attaque, Paul Julien fut porté disparu, le 20 septembre 1914. Il avait alors 32 ans et 9 mois.

Dans le Journal de Marche du 258ème, l’attaque allemande du 20 septembre 1914.

C’est à ce moment que Clochemerle s’invite à la destinée posthume de Paul Julien et surtout à celle des siens. Clochemerle ou plutôt un certain Voltaire Henry Litot, un Caderoussier de cinq ans son cadet. Le registre matricule de ce dernier est long comme un jour sans fin tant ce Voltaire, bien peu philosophe, a été condamné une infinité de fois par les tribunaux de la région, que ce soit celui d’Orange, celui de Nîmes, celui d’Uzès et j’en passe… Des faits mineurs comme toutes ses condamnations pour braconnage,  chasse en dehors des périodes légales… mais aussi des faits plus graves vol, d’agression, évasion de la prison… Même s’il bénéficia en plusieurs occasions d’amnisties présidentielles, il n’en demeure pas moins que ce Voltaire était un sacré  personnage qu’il ne valait mieux pas croiser.

Et son rapport avec Paul Julien et les ennuis posthumes de ce dernier ? Voltaire devait avoir eu vent de la disparition de son compatriote et usurpa tout simplement son identité, question de se refaire une virginité relative. Si bien que quand Paul-Voltaire fut arrêté par la Gendarmerie le 17 juin 1920, le statut de Paul passa d’officiellement décédé comme l’avait prononcé le tribunal d’Orange en 1918, à celui de déserteur puisqu’on venait miraculeusement de le retrouver. Bien entendu, le prisonnier Paul-Voltaire s’évada de la prison militaire du 58ème RI d’Avignon le 04 juillet 1920. Vous l’avez compris, on n’avait pas affaire à Paul Julien mais à son alias Voltaire Litot.

Quand l’autorité militaire s’aperçut de la supercherie et de son erreur, elle réhabilita Paul Julien le 11 janvier 1922 dans son statut de disparu, ce que confirma le tribunal d’Orange le 02 mars 1924 en officialisant à nouveau son décès.

Incroyable ! Quid de la pension que percevait sa veuve entre juin 1906 et mars 1924 ?

Car Paul Julien s’était mariée à Caderousse le 10 novembre 1906. Il avait épousé une fille descendue des Hautes-Alpes pour la vallée du Rhône, Marie Marguerite Faraud, née à Sainte-Marie le 09 octobre 1887. Chose rare, il semblerait qu’ils n’aient pas eu d’enfant.

A cette époque, Paul exerçait la profession de cochet, ayant en quelque sorte pris la succession de son père, Jean Eugène Julien qui était charretier. Jean Eugène et son épouse, Marie Marguerite Chicornard s’étaient mariés en 1872 et avait eu cinq enfants. A la maison de la rue Neuve, derrière les digues, aux côtés des parents, vivaient donc…

Extrait du recensement de 1896. A cette époque, Jullien prenait 2 L.

Eugène l’aîné né en 1873, Marie-Laure née en 1875 mais qui décéda à l’âge de 13 mois, Marie Eugénie née en 1878, Paul Henri le futur Poilu né le 21 décembre 1881 et Marie Marguerite venue au monde en 1885.

Pour terminer cette biographie inversée, on peut ajouter que Paul fit son service militaire au 40ème Régiment d’Infanterie d’Alès dans le Gard de novembre 1902 à septembre 1905. Trois ans sous les drapeaux. Son second séjour militaire en 1914 fut beaucoup plus court.

La fiche matricule de Paul Louis Julien de Mémoire des Hommes.

Paul Louis Julien, matricule 326 de la classe 1901, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Julien semble être très présent en Vaucluse, si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Louis Lassiat.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Marius HERSEN.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-deuxième nom de la liste: Marius Augustin HERSEN.

La seconde face du monument.

Marius Augustin Hersen est né à Caderousse le 27 juin 1893. Il est le fils de Joseph Hersen, cultivateur au Pont d’Adam, une ferme au nord-ouest du centre-bourg. Né en 1868, il a épousé le 12 octobre 1892 Marie-Rose Roche de trois ans sa cadette. Dix mois plus tard nait leur premier enfant, Marius. Une petite soeur va compléter la fratrie, venue au monde en  1897. Rose Joséphine Augustine Hersen se mariera après-guerre avec un certain Abel Roche et vivra jusqu’en 1988.

Au recensement de 1896, Marius n’a que 30 mois.

En 1911, la famille est au complet.

Le 05 novembre 1913, Marius est appelé par l’armée pour satisfaire ses obligations militaires. Il a pris le PLM à Orange pour rejoindre le 52ème Régiment d’Infanterie cantonné à la caserne Saint-Martin de Montélimar, dans la Drôme. Avant d’arriver dans les murs de celle-ci, il a fait un détour par la Mairie de la ville pour signer un engagement de trois ans. C’est donc en militaire de carrière qu’il aborde le premier conflit mondial.

Le soldat Marius Hersen photographié au studio Lang.

En avril 1916, le 52ème R.I. est du côté de Verdun, l’enfer de Verdun face à la grande attaque allemande. Il est grièvement blessé devant Verdun le 28 avril 1916. Cela lui vaudra un repos bien mérité et une citation vantant son courage et son esprit de discipline.

Remis sur pied, il rejoint le 99ème Régiment d’Infanterie le 31 mai 1917, un régiment cruellement amoindri après la bataille du Chemin des Dames. Marius allait connaître la bataille de la Malmaison juste avant la Toussaint 1917. Puis direction, l’Alsace pour trois mois de combat de position autour de Belfort. Mi-avril 1917, le régiment part pour un grand voyage en train de trois jours, une diagonale pour rejoindre Bergues, dans le Nord où le régiment doit soutenir les Britanniques en Belgique pour la bataille des Flandres. Le 1er mai, nouveau voyage en train, dans l’autre sens à partir de Bergues pour rejoindre Coolus, une banlieue de Châlons-en-Champagne. C’est là que l’histoire s’accélère puisque les Allemands préparent une attaque du côté de Reims. Les hommes du 99ème RI sont sollicités pour aller renforcer ce front ce qui signifie qu’ils devront faire de 60 à 70 km à pied en deux jours pour se retrouver du côté de Reims, aux pieds des Monts de Champagne, à Vrigny.

Le 31 mai les Allemands préparent l’attaque du lendemain par une violente préparation d’artillerie. C’est durant celle-ci que le caporal Marius Hersen disparaîtra corps et âme. C’est ce qui était écrit sur une tombe au cimetière de Caderousse.

La photo a été prise en 2014. Quatre ans plus tard, la tombe est introuvable et la plaque mémorielle a totalement disparu. Bizarre et très dommage en ces périodes de célébration du Centenaire de la Grande Guerre !

La fiche matricule de Marius Augustin Hersen de Mémoire des Hommes.

Marius Augustin Hersen, matricule 1160 classe 1913, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Bien que le patronyme Hersen ne soit plus guère présent dans la région, si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Paul Julien.

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