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29 novembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

29 novembre 1939.

Ce sont les Andalous qui supportent le plus mal le froid et ce sont eux qui acceptent le moins cette nourriture immangeable et insuffisante. Pourtant, ils vont aussi participer à la rébellion qui va agiter le camp pour protester contre cette mal-bouffe. Les détenus crient: La France nous a condamnés à mourir de faim !

Des baraques brûlent, les gendarmes interviennent et des bagarres éclatent. Alors, la troupe intervient: les tirailleurs sénégalais qui viennent d’être retirés du front car ils ne supportaient pas le froid. Ô surprise, deux sergents qui commandent une unité sont des Espagnols qui se sont engagés dans la Légion dès leur arrivée au camp d’Argelès, en février dernier.

Ceux qui n’ont pas très envie de se laver à l’eau glaciale du puits mais veulent garder un peu d’hygiène ont trouvé une combine. Ils demandent un check-up et vont pouvoir aller se doucher à l’hôpital. Les poux après les puces sont réapparus. Ils sont bien plus difficiles à supporter que celles-ci. Personne ne les mangent, eux !

Aux hauts-parleurs du camp, un érudit va faire aujourd’hui une conférence sur l’écrivain Calderon de la Barca, un des 3 maîtres de la littérature espagnole avec Cervantès et Lope. La discussion qui suit la conférence dans la baraque conclue que celui qu’on surnomme « le verbe divin » est l’égal de Shakespeare.

Eulalio termine son article du jour par quelques brèves en vrac: rencontre avec le socialiste Alfonso Rodriguez ancien proche de Largo Caballero, la célébration par les Français du 10ème anniversaire de la mort de Clémenceau dont la stature manque bien par les temps qui courent, la dernière rumeur de Radio Chabola qui envoie les Espagnols en Espagne avant Noël. Il termine sa journée en écrivant une lettre pour un ami dans le besoin dont le frère est chef d’entreprise au Nicaragua.

 A suivre le 5 décembre…

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24 novembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

24 novembre 1939.

Le froid glacial est tombé sur la plage et sur le camp de Saint-Cyprien. La baraque d’Eulalio a été sommairement réparée si bien que la nuit, le gel tombe sur les hommes couchés sur les litières. Les 2 petites couvertures et les journaux ne les protègent pas vraiment. Ceux qui se lèvent pour aller uriner marchent sur le gel autant dans la baraque que sur la plage. Terrible ! Les hommes se lamentent… Et les pneumonies arrivent rapidement, surtout avec des organismes affaiblis.

Le matin, Tino force Eulelio à aller courir sur la plage en poussant une balle de caoutchouc. C’est le meilleur moyen pour se réchauffer mais on y perd aussi pas mal d’énergie.

Les hauts-parleurs du camp appellent des métallurgistes, des électromécaniciens, des lithographes. Ils partent immédiatement pour le camp de Septfonds (entre Montauban et Cahors). Carmona qui n’est rien de tout cela mais qui n’a peur de rien s’est déclaré volontaire. L’au-revoir avec Eulalio est chaleureux et le beau parleur lui assure qu’il lui a appris énormément de choses. Mais il compte prendre sa revanche à Paris quand il s’agira de lui faire découvrir le monde de la nuit.

Des hommes partent, de nouvelles Compagnies de Travail également. Le camp se vide… mais, comme la nature a horreur du vide, un nouveau « quartier chinois » est en train de se reconstituer comme cela s’était déjà passé à Argelès et au Barcarès. Les adeptes du commerce achètent et revendent plus cher ce qu’ils ont acheté… surtout aux gendarmes et aux collaborateurs de l’Autorité Française.

Eulalio se rend à la baraque des interprètes pour y rencontrer une connaissance sensée lui réparer son stylo encre Pélikan. Ce que ce dernier fait en un rien de temps. Il fait plus doux dans cette baraque car un petit poêle brûle. Eulalio prend connaissance de toutes les dépêches qui arrivent dans cette baraque. Il est outré par cette agence de voyages berlinoise qui organise des excursions pour visiter les ruines de Varsovie.

La dernière rumeur du soir:  suivant Rome, la monarchie serait rétablie sous peu en Espagne.

 A suivre le 29 novembre…

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20 novembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

20 novembre 1939.

Le camp est passé à l’heure d’hiver. Pas seulement à l’heure d’ailleurs, puisque c’est l’hiver qui est là. Vent du nord-est violent, neige sur les sommets des Pyrénées, vagues de la mer et sable qui aveugle dès que les hommes sortent.

 Beaucoup vont mal. Tino le boxeur souffre pour son frère en prison en Espagne. Balsa est fou de colère. Sa femme d’origine aisée rentre à Barcelone avec ses enfants à la demande de sa famille. Il ne peut s’y opposer.

Carmona le frivole, qui lit  par dessus l’épaule d’Eulalio quand celui-ci écrit, le force à s’interroger sur sa jeunesse. Réflexion faite, pour ses 20 premières années, c’est le temps qui a dominé Eulalio. Il décide que pour les 20 années qui arrivent, ce sera l’inverse.

Amélioration des services du camp. Pour remplacer le « quartier chinois » fermé, un économat officiel est ouvert près de l’entrée, en extérieur qui propose nourriture et objets pour la toilette. Une bibliothèque y est adjointe. Eulalio s’empresse de s’inscrire même si c’est pour rien car il ne lit qu’un seul livre, Don Quichotte.
Pour défier le temps, une baraque voisine a organisé une partie d’échecs entre un avocat d’Alicante qui n’a perdu aucun de ses 33 rencontres précédentes et un officier de cavalerie. La partie va durer 24 heures et l’avocat en sortira encore vainqueur.

Le spécialiste des départs des Compagnies de Travail est optimiste. Les 138 et 139èmes sont parties. Pour lui, ce sera bientôt le tour de celle d’Eulalio.
La nuit tombe, le vent s’est calmé.

 A suivre le 24 novembre…

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15 novembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

15 novembre 1939.

Eulalio et sa Compagnie de Travail est toujours à Saint-Cyprien. Pourtant le camp se vide. Alors qu’à son apogée, il y avait 50 000 détenus, il n’en reste plus que 20 000. La Dépêche a comptabilisé le retour en Espagne de 120 000 personnes depuis février à raison de 3 000 par semaine.

La faim tenaille toujours les hommes et même le café peu goûteux du matin est accueilli avec plaisir. Après celui-ci, Eulalio défie Tino à la boxe pour son exercice quotidien. Il n’a bien sûr aucune chance face à un garçon qui faillit devenir professionnel à Santander.

Des pilotes français s’entraînent à défier les batteries anti-aériennes dans le ciel de Roussillon. Ils saluent les prisonniers quand ils survolent la plage. Chaque jour d’avantage, tout le monde comprend bien que la guerre sera rude face aux Allemands. A une réunion clandestine des Jeunesses Socialistes, surtout destinée à se dire au revoir, les commentaires vont bon train. Un paysan d’Extramadure plein de bon sens pense que les démocraties sont perdues et qu’il faudra s’habituer à vivre avec Franco.

Eulalio reçoit des nouvelles de son père. Il va mieux et a reçu de l’argent d’un ami. Il pense qu’une expédition pour les Amériques s’organise en ce moment au Havre.

Beaucoup moins de monde sur l’avenue de la Liberté, beaucoup sont partis et le « quartier chinois » est fermé. Toujours des communiqués de guerre français. Un détenu, le lieutenant Souris a décidé de n’écouter que le bon et à rejeter les mauvaises nouvelles.
Le vent souffle fort. Une partie de la toiture de la baraque s’est envolée et le froid pénètre partout.

 A suivre le 20 novembre…

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10 novembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

10 novembre 1939.

Deux jours plus tard, toujours pas partis. Tout le monde a fait ses bagages et attend. Ceux d’Eulalio ont été un peu plus difficile à faire avec tout ce qu’il a à porter mais un ami l’a aidé.
Avec les départs qui ont eu lieu et ceux à venir, le « quartier chinois » est en plein démantèlement. On y lit des pancartes de soldes à mourir de rire. On s’aperçoit qu’il y a beaucoup de stock de nourriture à vendre et chacun en profite avec l’aide des gendarmes français.

Carmona qui se dit séducteur de coeurs ne manque pas une messe. Il reproche à l’auteur de ne pas s’occuper des filles plus que cela, vu son jeune âge.

Les rafles de communistes continuent et le camp d’accueil de ceux-ci est plein. Aujourd’hui, c’est Miguel Caballero, le secrétaire général de la section PC du camp qui est pris. Eulalio ne le connaissait pas pour être un militant actif mais une connaissance lui assure qu’il fut un marin très engagé.

Des nouvelles de la guerre: les Français abattent des avions allemands, les Russes vendent des céréales à l’Allemagne, les troupes allemandes se concentrent à la frontière hollandaise mais les Français croient toujours à une attaque sur la ligne Maginot, Hitler a échappé à un attentat et galvanise son peuple en lui parlant d’espace vital, l’aide américaine commence à arriver chez les Britanniques…
Une nouvelle maladie est apparue au camp, l’anémie, qui s’ajoute ainsi aux maladies chroniques, la colite et le paludisme. Cela fait beaucoup. Sans oublier les poux, toujours aussi présents et agressifs.

 A suivre le 15 novembre…

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8 novembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

8 novembre 1939.

Ouverture d’un service contre le paludisme dans le camp car de nombreux détenus sont atteints de ce mal.

Le journal satirique du camp Fulano vient de cesser de paraître. Manque de moyens ou manque d’humour. Si tout le monde faisait comme le colonel Serrano surnommé l’Empereur de l’Optimisme, on n’en serait pas là. Un jour, il alla se promener dans l’avenue de la Liberté en robe de chambre coiffé de sa casque militaire. Ce matin, il pronostique que l’influence de Vénus entraînera bientôt le retour triomphal des exilés en Espagne. Pour les habitués de Radio Chabola, ce n’est pas si gros que cela !

Vague d’arrestations dans la baraque dans le cadre de la chasse aux communistes. 40 détenus sont embarqués. Eulalio déteste cette chasse aux sorcières et avec un ex-communiste qui a déchiré sa carte du PCE le jour de la signature du Pacte Germano-Soviétique, il vient en aider aux militants en essayant de les protéger.

Eulalio note tous les communiqués officiels militaires de l’Autorité Française diffusés par les hauts-parleurs du camp. Tous plus fantaisistes les uns que les autres. Comme cette nouvelle de la fuite du boxeur allemand Max Schmeling aux Etats-Unis via Barcelone… qui ne se produisit jamais.

2000 gars partis dans les Compagnies de Travail sont de retour au camp, en route pour l’Espagne. Cela sappe le moral des détenus qui résistent encore. De son côté, la personne bien informée auprès de l’Autorité Française, annonce un départ imminent de la Compagnie d’Eulalio, pour le lendemain.
Aussi, quand Carmona revient tardivement d’une virée pour voir une de ses belles et qu’il fait un peu trop de bruit (il sent beaucoup le cognac), les autres présents dans la baraque lui demande du silence car ils veulent vite s’endormir en prévision d’un lever de bonne heure.

 A suivre le 10 novembre…

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2 novembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

2 novembre 1939.

Cérémonie émouvante en fin d’après-midi en souvenir des morts. Eulalio se souvient des amis disparus. Cérémonies dans les cimetières improvisés qui deviendront des ossuaires… Des poésies récitées et diffusées par les hauts-parleurs. Un moment d’intense émotion qui rendra l’endormissement difficile plus tard.

Malgré le temps redevenu plus clément, beaucoup restent enfermés dans les baraques et ne sortent que pour l’essentiel. C’est le cas d’un voisin d’Eulalio, Carmona, qui l’observe et le compare à Sénèque. Lui, sa spécialité, ce sont les femmes, dit-il. A Madrid, il préférait les jeunettes, à Barcelone, c’étaient les veuves. Ici, 3 femmes sont amoureuses de lui: la fille d’un capitaine des gendarmes, une Andalouse et une Catalane. Ces rares sorties leur sont destinées.

Eulalio consacre ses matinées à l’écriture de courrier pour les autres. Correspondances de tout ordre: amoureuses, familiales, politiques. Aujourd’hui, c’est un certain Victor qui veut écrire à sa femme. Elle et son fils sont à Toulouse et elle veut rentrer en Espagne, avec le froid qui arrive. Eulalio doit l’en dissuader en transcrivant les propos du mari. Tâche pas simple.

Un costaud de la baraque est admiratif d’Eulalio et le protège en coupant court aux contradicteurs de l’auteur. Et comme ce Tino a mis souvent des gens KO…Eulalio le conseille dans son problème sentimental: il aime une autre femme mais ne peut le dire à la sienne.

Toujours des nouvelles de la guerre diffusées par l’Autorité Française, ce qui fait dire à Ginès: moins de nouvelles, plus de pain !

 A suivre le 8 novembre…

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27 octobre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

27 octobre 1939.

Il a fait un froid vif toute la nuit, encore plus au  petit matin. Le café est le bienvenu. Un ami lui apprend que l’Autorité Française envisage le départ de 21 Compagnies de Travail et que la 168ème, celle d’Eulalio, est la première de la liste. Par contre, il n’a pas idée où elle se rendra.

Peu de monde sur l’avenue de la Liberté, sinon deux abrutis qui insultent pour rire l’auteur. Une autre rencontre est plus intéressante. Celle d’une connaissance qui lui dit que les départs pour l’Espagne continuent mais que cela se passe maintenant tôt le matin, avant le lever du jour, pour éviter les problèmes.
De cet endroit, on voit le Canigou, contrefort des Pyrénées, sur lequel la neige est tombée. Cela explique ce froid glacial précoce.

C’est une journée à rester dans les baraques. Eulalio écrit à l’ami française de sa mère. C’est sa première lettre en français. Il en est fier. Il joint à ce courrier une petite nature morte d’un artiste du camp.

Un autre ami lui reproche de conserver tous ces papiers inutiles qui l’encombrent. Il pense qu’il devrait les jeter. Eulalio concède qu’il s’en débarrassera si cela arrive, ce qui n’est pas le cas pour l’heure. Il a conscience de leur valeur face à l’Histoire.

Journée dans la baraque… alors lecture de passages de Don Quichotte au hasard de l’ouverture des pages, sans besoin d’une quelconque suite chronologique. Cela l’amène à une réflexion intérieure sur la liberté. Quand il ferme son livre, toute le cantonnement dort.

 A suivre le 2 novembre…

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23 octobre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

23 octobre 1939.

Après la mort de Fraguas, son voisin dans la baraque (voir 14 octobre), un nouvel arrivant est venu s’installer. Socialiste et franc-maçon, il était adjoint au maire de Cartagène. Avec Don José, Ginès et Garcia Blanco, Eulalio retrouve un groupe d’amis qui lui apportent beaucoup intellectuellement.
Il a reçu une lettre de sa mère et ses soeurs qui le remplit de joie. Elles vont bien et cohabitent avec des familles françaises qui leur viennent en aide. Par contre, son père est dans le besoin, dans le refuge où il se trouve. Il manque de cigarettes, de timbres, d’argent. Eulalio est fier d’aider son père en lui envoyant 50 francs, issus de la vente de ses timbres.

  Retour de son ami qui envisageait l’évasion puis était allé faire les vendanges. Il va mieux, a grossi même et trouvé plusieurs « fiancées » françaises. Avec l’argent qu’il a gagné, ils vont faire un bon repas à l’extérieur du camp pendant lequel le vin coule à flots. Les chants au retour sont vite stoppés par les gendarmes français.

Eulalio termine son article par une série de brèves  en peu désordonnées: les appels des hauts-parleurs du camp, la nouvelle appellation espagnole des baraques, des phrases bizarres dans des lettres venues d’Espagne. Un de ses amis cités en haut du texte fait une prédiction qui s’avèrera exacte: les Allemands attaqueront au printemps car il ne se passera rien avant. Bien vu !

Quant à son nouveau voisin de Cartagène, son décompte de jours de captivité a atteint le chiffre 225 aujourd’hui.

 A suivre le 27 octobre…

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18 octobre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

18 octobre 1939.

Un ami d’Eulalio le prévient qu’il est suspect aux yeux de l’Autorité Française. Elle le croit communiste car il reçoit beaucoup de courrier et certaines lettres lues par la censure ont paru compromettantes. Eulalio s’empresse de classer ses papiers, d’enlever quelques journaux communistes et les documents datant des Jeunesses Socialistes Unifiées dont il était le président en 1937. Il donne le tout à une connaissance sûre.

Le haut-parleur officiel appelle des paysans et laboureurs pour travailler pour le camp. Les volontaires sont légions, pas seulement des paysans mais tous ceux qui souffrent de l’oisiveté ou ceux dont les familles sont dans le besoin.

Il semblerait que Franco s’apprètent à demander le rapatriement des exilés pour les répartir par 10 dans les communes qui lui sont favorables. Celles qui lui ont offert une épée en or de 1 mètre 10 tel le Cid. Rumeur ?

Toujours de la propagande et de la désinformation. Les français ont détruit un réseau allemand qui envoyaient de fausses lettres de décès de soldats français depuis des postes françaises, pour saper le moral de la population.

Le cuirassé britannique Royal Force vient d’être coulé par un U-boat. C’est l’occasion pour un ancien gradé de la marine de faire une véritable conférence sur une bataille navale de la guerre civile qui vit le « Baléares » de la flotte nationaliste être coulé suite à une ruse de l’escouade républicaine. Tout cela grâce à des communications en ondes courtes alors que les franquistes écoutaient les ondes longues.

 A suivre le 23 octobre…

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