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108 POILUS de CADEROUSSE, 108 DESTINS… Marius CHICORNARD.

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Trente-et-unième nom de la liste: Chicornard Marius Denis.

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Première face du Monument.

Et dernier nom de cette première face, écrit juste derrière la palme de 1938… qui a disparu à Ancône lors du déménagement de la Mairie ! Marius est venu au monde le 23 juillet 1892 à Caderousse. C’était le second enfant du couple de Jean-Maurice Désiré Chicornard et Marie Joséphine Capdeville. Comme on pouvait s’en douter, l’aîné avait été prénommé Maurice comme son père.

Les parents étaient tous les deux des enfants de Caderousse. Le mariage avait eu lieu le 27 novembre 1889 et Maurice était arrivé le 08 août 1890. La famille était installée rue neuve, non loin de l’église Saint-Michel. Le père était ouvrier dans la fabrique de balais de Paul Roche. Il semblerait d’ailleurs qu’en 1911, toute la famille était employée dans cet atelier.

Au moment de son incorporation le 09 octobre 1913, Marius semblait avoir professionnellement obliqué dans une autre direction puisque l’armée lui donne le métier de coiffeur. Une autre manière de faire des tresses ! Quant à son frère Maurice qui survivra à la Grande Guerre, on en reparlera plus loin, il deviendra matelassier en 1925 puis fondera sa propre entreprise de fabrication de balais en 1937 avant de passer quelques mois à la Poudrerie de Sorgues au moment de la Drôle de Guerre.

Marius faisait donc partie de ces hommes qui se retrouvèrent les premiers sur le front face à des Allemands décidés en août 1914 car il était sous les drapeaux depuis le 09 octobre 1913 comme on l’a déjà dit. Ces classes 12, 13, 14 en questions furent décimées par une guerre à laquelle personne n’était préparé. Il servait dans l’infanterie au 3ème Régiment en caserne à Hyères.

Reversé au 203ème R.I., réserve du 3ème R.I., il était sur le front de la Meuse au début de septembre 1914. Il se trouvait à Issoncourt quand une attaque allemande tomba sur sa compagnie, le 10 septembre 1914. Longtemps, l’Armée ne sut pas trop ce qu’il advint à ce groupe d’hommes et leurs chefs. Sur le Journal de Marche de cette unité, on peut lire cette incertitude sur le sort…

…des 50 hommes concernés par cette attaque: tous massacrés ou prisonniers.

Une semaine plus tard, le 17 septembre, on croit avoir la solution.

On a cru voir le capitaine Pichon et le lieutenant Faure emmenés au milieu d’autres prisonniers… ! Il faudra attendre la fin de la guerre pour comprendre que Marius et ses camarades ne reviendraient pas d’Allemagne et que la première hypothèse, le massacre de la section, était la bonne. Le tribunal d’Orange du 09 mai 1920 fixa la date du décès de Marius Chicornard au 10 septembre 1914, disparu à Issoncourt, hameau du village des Trois-Domaines situé entre Verdun et Saint-Mihiel, à l’ouest du front stabilisé de 1915.

On ne sait si les siens le surent avant mais l’absence de toutes nouvelles à partir du 10 septembre 1914 ne devait guère les  pousser à l’optimisme. Surtout qu’à cette angoisse pour Marius se mêlait celle pour Maurice, le fils aîné sur le front depuis son rappel en août 1914. Le soldat musicien de 1911 à 1913 pendant son service militaire était devenu un soldat combattant. Il fut blessé d’une balle allemande dans le mollet droit le 20 avril 1917, blessure qui le laissa sur le flanc pendant un an et lui laissa des séquelles recevables à une pension d’invalidité de 10%. Maurice avait reçu auparavant deux citations en octobre 1915 pour une attaque héroïque sur une tranchée allemande puis la mise ne déroute d’une patrouille allemande venue espionner les Français dans le no-man’s-land.

Les médailles de Maurice ne durent guère consoler Jean-Maurice et Marie-Joséphine de la disparition de leur Marius à l’âge de 22 ans et 48 jours.

La fiche de Marius Chicornard de Mémoire des Hommes

Marius Chicornard, matricule 726 classe 1912, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule (succincte) sur le site des Archives du Vaucluse. Si un descendant indirect reconnaît cet ancêtre (malgré que le patronyme Chicornard ne semble plus guère être présent dans la région), qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette courte biographie.

A suivre: Ernest Chirot.

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108 POILUS de CADEROUSSE, 108 DESTINS… CAMBE Eugène.

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Vingt-cinquième nom de la liste: Cambe Eugène Pierre Martin.

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Première face du Monument.

Voilà une Poilu caderoussier dont on pourrait en savoir beaucoup plus que ces quelques lignes car il est certain qu’il a eu une descendance. Né le 18 janvier 1882, c’est un encore jeune homme de 32 ans au début de la guerre. Mais il était marié et avait eu deux enfants dont un petit Albert venu au monde en 1911. Ce nom « Albert Cambe » m’était connue car souvent  entendu dans la bouche de mes grands-parents, dans les années 60. On le verra dans la post-scriptum. Mais prenons les choses depuis le début.

Aussi loin que nous avons cherché dans les listes nominatives de la commune, les Cambe vivent dans une ferme quartier Miémart. C’est le coin le plus méridional de la commune, excepté le sud de l’île de la Piboulette, non loin du pont de Roquemaure. Il existe aussi deux îles portant ce nom, de l’autre côté du Rhône dans cette commune gardoise: cet îlot qui précédait l’ancien pont suspendu et une grande île artificielle créée par un canal du Rhône. On le voit sur cette carte de 1880.

En 1881, Eugène n’est pas encore là.

Le père également prénommé Eugène qu’on différenciera de son fils par son second prénom Urbain, est un jeune homme, un cultivateur, marié à Marie-Louise Pujade originaire de Saint-Laurent-(les-Arbres). Le couple a eu une fille Albertine Josephine venue au monde le 7 août 1877.

Né en 1882, le jeune Eugène a 9 ans en 1891. Louis Cambe et Marie Lafond doivent être l’oncle et la tante d’Eugène Urbain père. Les parents d’Urbain, Joseph Cambe et Magdelaine-Caroline Fabre, sont tous deux disparus à cette date.

Pas de modification en 1896 ni en 1901. Tout le monde a pris 5 ans puis 10 ans de plus ! Logique !

En 1906, la situation  bien changé. Les parents restent seuls pour mener la ferme du quartier Miémart. Ils ont engagé un domestique, Pierre Brunet, venu de Sérignan. De son côté, Albertine a convolé en justes noces et Eugène junior est sous les drapeaux où il finit sa période de préparation militaire. Il a été appelé le 16 novembre 1903 à la caserne Pépin de Pont-Saint-Esprit. Incorporé au 55ème Régiment d’Infanterie, il est devenu première classe le 11 septembre 1905 et a été rendu à la vie civile le 18 septembre 1906. On peut en déduire que ce recensement a été effectué au premier semestre 1906.

1911 maintenant. 5 années sont passées et des nuages noirs s’accumulent dans le lointain. Bien des choses sont arrivées dans la vie d’Eugène Combe âgé de 29 ans. Sa mère est décédée, il s’est marié, il a repris la ferme de son père âgé de presque 70 ans et il a eu deux garçons. Rien que cela ! En reprenant dans l’ordre, il a épousé le 09 janvier 1909 une fille d’une ferme voisine du quartier Miémart, Laurence Marie Alex Avy (ou Avi), de 3 ans sa cadette. Deux enfants sont nés de cette union: Gaston en 1909 et Albert en 1911.

C’est donc trois ans plus tard qu’Eugène va être rappelé lors de la mobilisation générale du 2 août 1914. Il rejoint la caserne Chabran d’Avignon comme prévu dans ses papiers militaires et non la caserne de Pépin de Pont et le 258ème Régiment d’Infanterie et non au 55ème. Regroupé sur l’Isle-sur-la-Sorgue, Chateauneuf-de-Gadagne, Monfavet, ce régiment mettra un certain temps à partir pour le front, laissant les troupes d’actives passer les premières sur les voies de chemin de fer. On a déjà parlé de cela dans la biographie de Marius Bruguier.

Premiers combats très meurtriers le 24 août 1914 vers Fresnes-en-Woèvre, au sud de Verdun. Quelques semaines après c’est toujours là que se trouve le régiment, devant résister au mieux à une violente poussée allemande dans ce secteur au nord de Saint-Mihiel. En reportant sur une carte actuelle l’avancée allemande du 19 au 26 septembre, on s’aperçoit que la tache a été rude pour les hommes du 258ème lors de cette autre semaine sanglante et que les pertes humaines ont été considérables.

Il n’est qu’à lire un passage du Journal de Marche du Régiment en date du 25 septembre 1914, pour s’apercevoir de l’étendue des dégâts.

Car malgré la pression allemande, les généraux supérieurs restent sur leur philosophie mortifère d’attaque à outrance au lieu de la prudence qui aurait dû prévaloir. Ainsi va se créer le fameux « saillant de Saint-Mihiel » qui ne sera gommé qu’à la fin de l’été 1918.

C’est lors de cette semaine qu’Eugène Cambe laissera sa vie. L’Armée n’a pu donner d’explication sur les raisons de sa mort puisqu’il sera considéré comme disparu. On sait que cela se passa entre le 20 et le 27 septembre 1914. La date du décès sera fixée arbitrairement au 25 septembre 1914 par un jugement du Tribunal d’Orange du 15 octobre 1921. Dans un premier temps il semble qu’elle ait été enregistrée le 20 septembre, premier jour de l’attaque allemande comme cela est dit sur le registre matricule de « Mémoire des Hommes », date reprise par la famille sur la tombe du cimetière de Caderousse.

Une tombe sur laquelle on aperçoit l’épitaphe suivante: A LA MÉMOIRE DE EUGÈNE CAMBE DISPARU LE 20 SEPTEMBRE 1914 À VIGNEULLES (MEUSE) À L’AGE DE 32 ANS.

Eugène Cambe laissait deux enfants de 6 et 3 ans et une ferme sans bras pour la mener ! Terrible épreuve pour sa veuve Laurence !

La fiche d’Eugène Pierre Martin Cambe de Mémoire des Hommes

Eugène Pierre Martin Cambe matricule 622 classe 1902, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Si un descendant souhaite se manifester pour donner d’autres précisions et fournir une photo de son ancêtre, ce sera avec plaisir que parle lui sera donnée. 

A suivre: Marius Cambe.

Post-scriptum:

Albert Cambe, donc, fil d’Eugène Cambe au même titre que Gaston Cambe. Plus jeune de 10 ans que mon grand-père Gabriel, il fut colistier de celui-ci lors des élections municipales de 1947 désignant le premier conseil municipal élu après Libération. Sous la bannière du Parti Radical et Radical-Socialiste d’Edouard Saladier, ils furent élus et siégèrent 6 ans lors du premier mandat de Jean Farjon, colonel à la retraite.

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GRANDE GUERRE: une CARTE d’Etat-Major allemande de VERDUN-SAINT-MIHIEL

En titre:

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pour cette carte d’Etat-Major d’ailleurs incomplète puisque coupé en 2, le bas de celle-ci étant absent. Dommage, les Vosges ne seront pas représentées. C’est la lecture de l’échelle du document qui tout de suite interpelle:

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Il s’agit d’une carte allemande, de l’armée allemande. Pas de date de publication puisque les dates sont habituellement en bas. Mais seconde surprise: un double trait ininterrompu, l’un bleu (en haut), l’autre rouge (en dessous et qui suit le précédent de partout) traverse la carte:

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Pas de doute, il s’agit de la ligne de front, une fois celle-ci stabilisée, de la fin 1914 jusqu’à la reprise de la guerre de mouvement, en septembre 1918. Comme malgré les attaques des uns et les contre-attaques des autres, le front ne se modifia guère, on ne peut mettre une date exacte sur ce document.

Petite remarque…

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l’écartement entre la ligne allemande (en bleue) et la ligne française (en rouge) va de 1 à 9 millimètres. Cela me paraît beaucoup quand on sait que les 2 lignes n’étaient séparées de quelques dizaines à quelques centaines de mètres !

Deux secteurs « intéressants » dans ce document, plus médiatiquement et historiquement connus que les autres:

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celui de Verdun où tous les forts défendant la ville sont notés en rouge avec un cercle rouge autour d’eux entourant une zone hachurée délimitant l’influence de la position. Quelle drôle d’idée eut donc l’Etat-Major du Kromprinz d’attaquer dans un secteur aussi bien défendu en février 1916 !

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celui de Saint-Mihiel et son fameux saillant, cette avancée teutonne dans le territoire français que nous n’arrivâmes pas à reconquérir, avant l’effondrement allemand de l’automne 1918.

Dernière remarque pour ce document. Un petit tour dans la région de Metz, par exemple,…

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nous dévoile que tous les noms de lieux sont germanisés après 45 ans d’annexion allemande !

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