116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.
Quatre-vingt dix-neuvième Poilu: Ludovic Albert Roche.
Sur la quatrième face du Monument aux Morts.
Ludovic est né à Caderousse, à l’île du Colombier, entre Rhône et Aigues, le 01 juillet 1896. C’est le petit dernier d’une grande fratrie de six enfants… six garçons.
Joseph Pierre Roche épouse le 16 octobre 1873 Françoise Antoinette Maurin. Ce sont tous deux enfants du village. Le jour des noces, Joseph va vers ses vingt-neuf ans alors que sa promise a un peu moins de dix-sept ans. Une importante différence d’âge entre l’homme et la femme, une mariée très jeune mais ce sont des choses assez courantes à l’époque.
Ils s’installent quartier Fazende, à la Grand’Grange. C’est au début des années 1890 que les parents prendront une ferme plus près du Rhône pour travailler les riches terres agricoles de l’île du Colombier.
Rapidement un premier enfant paraît, Pierre Marius Louis né le 29 décembre 1874. Cinq autres garçons suivront jusqu’en 1896 et la naissance de Ludovic, au prénom étrangement moderne. Vingt-deux ans d’écart entre Pierre et Ludovic… nous ne pourrons vous présenter la fratrie au grand complet lors d’un recensement, les aînés étant partis quand les plus jeunes arriveront.
En 1886, quatre enfants sont là. Quelques repères sur leurs existences.
Pierre va se marier en 1899 avec une certaine Augustine Françoise Joséphine Roche de Caderousse, des Roche qui ne connaîtront pas de deuil par la guerre.
Jean-Paul Abel né le 07 février 1876 disparaîtra à l’âge de 9 ans et 10 mois, en 1895.
Marius Napoléon Hippolyte viendra au monde le 18 décembre 1877. Il prendra pour épouse Emilie Marie Millet en 1900, une nièce d’un de ses parents qui s’installa un temps à la ferme comme on peut le lire sur le recensement de 1896.
Marius Napoléon, on peut en déduire à la lecture ce prénom que Joseph ou Françoise étaient certainement Bonapartistes !
Julien Martial enfin est né le 12 avril 1882. Le 02 février 1907, il unira son destin à celui de Julienne Paulia Sophie Perrin.
Céleste Jacques Jules est né le 14 avril 1887.
1901. Voici donc Ludovic Albert déjà âgé de 5 ans qui apparaît sur le premier recensement du XXème siècle. A noter que les recensements étaient systématiquement effectués lors du premier semestre.
En 1906, les trois aînés étant partis sous d’autres cieux, les parents ont pris des domestiques pour les aider dans leurs travaux quotidiens, à la ferme et aux champs, Fernand Garnier et Fernande Goudet, de très jeunes gens en âge de travailler, venus du Gard voisin. Dès quatorze ans, on était en âge de gagner sa vie.
En 1911, la famille s’est agrandie avec le retour de Julien et son épouse Paulia. Célestin s’est marié à une fille de Codolet qu’il devait rejoindre en empruntant le bac à traille de l’Ardoise, juste à côté du fameux téléphérique des betteraves sucrières, témoin d’une modernité insoupçonnée. Il s’agit de Marguerite Marie Baptistine Arnaud qui a rejoint la ferme du Colombier et a mis au monde deux enfants, Gaston en 1907 et César en 1910. L’année suivante, le couple s’installera d’ailleurs à Codolet et après-guerre à Piolenc puis à Mornas.
Quand la guerre éclate en 1914, les quatre aînés Roche de l’île vont rejoindre l’armée, Pierre chez les Chasseurs à Pied, Marius un peu tard, fin septembre 1914, au 58ème R.I. d’Avignon ce qui lui sauvera la vie, Julien au 52ème R.I. de Montélimar et Célestin, l’ancien clairon au 163ème R.I. Il sera d’ailleurs rapidement blessé au col du Bonhomme le 15 août 1914 d’une balle dans le mollet gauche.
Ludovic encore éloigné des radars des recruteurs de l’armée attendra le 10 avril 1915 pour rejoindre le 98ème R.I. et faire son apprentissage militaire. A cette date, son frère Célestin a déjà subi une seconde blessure. Remis de celle au mollet et de retour au front, il repart à l’hôpital après avoir pris un éclat d’obus sur le côté gauche le 31 octobre 1914 à Lihons.
Ludovic se retrouve au 44ème R.I. 1er Bataillon, 3ème Compagne, le 05 octobre 1916. Il s’agit d’un régiment venu du Doubs, de Lons-le-Saunier et Montbéliard. Cette unité tient le front en Champagne, du côté de la Main de Massiges…
…dont on voit toujours les doigts sur les vues aériennes de 2018. Bien que le secteur soit relativement calme, un mois plus tard, le Journal de Marche du 44ème de Ligne nous apprend que Ludovic est le seul tué de son régiment le 09 novembre 1916.
Une balle perdue ou un éclat d’obus ? Le 09 novembre 1916, Ludovic était tout juste âgé de 20 ans et 4 mois.
La guerre n’en est pas pour autant finie pour ses frères. Julien partira pour le front d’Orient le 17 janvier 1917 et y restera dix-sept mois, jusqu’au 09 juin 1918, un lointain voyage pour le petit paysan de l’île du Colombier. Célestin connaîtra une troisième blessure, le 28 mai 1918. Puis comme bien des Poilus, il contractera la grippe espagnole doublée de complications pulmonaires le 09 octobre 1918, ce qui l’enverra à l’hôpital jusqu’au 25 novembre 1918, deux semaines après l’Armistice. Pour ces trois blessures, deux maladies, il recevra deux citations et la Médaille Militaire.
Fiche matricule de Ludovic Albert Roche de Mémoire des Hommes.
Ludovic Albert Roche, matricule 1092 de la classe 1916, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Roche est encore bien présent en Vaucluse et à Caderousse. Si quelqu’un reconnaît en Ludovic Albert un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ces quelques lignes.
A suivre… Marcel Roche.