Archives de Catégorie: CADEROUSSE

112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Paul MELON.

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-unième nom de la liste: Paul Elie MELON.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Difficile de rédiger une biographie la plus complète possible de Paul Melon en ne pouvant avoir accès à distance aux archives départementales du Gard, en particulier à celles des communes. En effet, si Paul Melon avait été oublié en 1937 comme l’ont été les seize gars qu’Internet nous a permis de retrouver, jamais on n’aurait pu savoir qu’il avait vécu au village tant son rapport avec Caderousse est en pointillé. Dans une échelle imaginaire de « Caderoussité », un Isidore Marquion pourtant oublié est bien plus haut que ce pauvre Paul Melon.

On ne retrouve la famille Melon qu’uniquement sur une page du recensement de 1911, la page 32.

Elle est installée au Boulegon, à l’intérieur des digues. En 1906, les Melon ne sont pas encore dans le Vaucluse. Originaires de Codognan dans le Gard, le père est venu occuper le poste de receveur buraliste au village de Caderousse. Il doit s’agir de percevoir des impôts indirects, des taxes diverses dont l’Etat est très imaginatif à créer, sur les alcools, les tabacs, les fenêtres… Pas vraiment de quoi attirer le sympathie de la population !

Elie Melon est venu avec ses trois enfants, Paul l’aîné né à Codognan, un village proche de Vergèze et d’Aimargues, le 29 mai 1897, Elsie née en 1898 et Emy en 1900, également Gardois. Son épouse Rosalie Dangos est décédée entre 1901 et 1910. Son père Gabriel, âgé de 75 ans en 1911, l’a suivi lors de cette mutation.

Le petit Paul est un bon élève à l’école et il se prépare à mener une carrière de serrurier quand son service militaire et la Guerre seront passés. Une guerre à laquelle il croit échapper quand il entend en 1914 qu’elle sera de courte durée. En effet, c’est un adolescent insouciant de 17 ans qui voit partir les gars plus âgés que lui et rapidement voit revenir des cercueils.

Mais la guerre dure et l’âge de la conscription baisse. Le 09 janvier 1916, le jeune Paul Elie doit rejoindre Grasse et le 27ème Régiment de Chasseurs à Pied qui deviendra vite le 27ème Régiment de Chasseurs Alpins. Il n’a alors que 18 ans et demi.

Ce n’est qu’un gamin qui, le 12 juin, va faire une grosse bêtise… dans les circonstances de l’époque. Jeune, libre et heureux de vivre, il va profiter de sa soirée de permission pour rencontrer des filles de son âge. Il rejoint à sa caserne à l’heure puis, pris de remords, fait le mur et disparaît dans la nature ! L’appel de la vie !

Le voilà manquant à l’appel le 13 juin au matin et déclaré déserteur après le délai légal, le 16 juin 1916. Cette situation va durer six mois, jusqu’au 15 décembre 1916, jour où les Gendarmes le ramènent manu militari chez les Chasseurs Alpins, à Grasse. C’est bien entendu la prison qui attend Paul Melon, le trou ! Il va y séjourner quelques semaines jusqu’à ce que le Conseil de Guerre de la 15ème Région Militaire le condamne à trois ans de prison pour « désertion à l’intérieur en temps de guerre. » Tarif normal pour l’époque. On est alors le 20 mars 1917 et on pourrait en conclure que Paul a échappé à la guerre.

C’est sans compter sur la mansuétude du Général commandant la dite 15ème Région qui assortit sa peine d’un sursis immédiatement appliqué, le 28 mars 1917. Paul Elie Melon retourne à sa caserne puis au front.

Mansuétude ou moyen de se débarrasser d’une forte tête ? On est en droit de reposer la question ! Toujours est-il que Paul Melon se retrouve le pire jour au pire endroit… au petit matin du 16 avril 1917 à Craonne ! Une date et un lieu que l’Histoire a retenus puisque c’est là que débuta la catastrophique offensive « Nivelle » du Chemin des Dames, la fameuse attaque qui entraîna les mutineries puis les fusillés pour l’exemple. Une attaque qui fit entre les 16 et 25 avril 1917, 134 000 victimes sur les quelques dizaines de kilomètres de cette inaccessible crête tenue solidement par des Allemands bien retranchés, dans la neige et la boue d’un hiver tardif. 134 000 hommes mis hors de combat dont 30 000 tués ou disparus ! Paul Elie Melon, le jeune néo-Caderoussier était l’un d’eux, tué le 16 avril 1917 à un mois de ses vingt ans !

Il repose à la Nécropole Nationale de Pontavert dans l’Aisne, tombe individuelle 4 693.

La fiche matricule de Paul Elie Melon de Mémoire des Hommes.

Paul Elie Melon, matricule 1221 de la classe 1917, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Certes le patronyme Melon n’est guère usité en Gard ou Vaucluse. Mais si quelqu’un reconnaît en Paul Elie un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Victor Meunier.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-huitième, cinquante-neuvième et soixantième noms de la liste: Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

La seconde face du monument aux morts.

Etant le plus âgé, c’est Florestan qui le premier connaîtra la servitude et grandeur militaires chez les Zouaves en Algérie. Il sera appelé sous les drapeaux le 21 novembre 1914 à Constantine, au 3ème Régiment. Le pays étant sous la menace de rébellions latentes, son service ne sera pas de tout repos et cette première campagne militaire sera inscrite sur son livret militaire. Le fait d’être devenu père de la petite Alberte en 1906 lui permettra de voir son service réduit de quelques mois comme soutien de famille. Toujours cela de pris ! Il sera rendu à la vie civile le 04 avril 1907.

Né en 1888, son petit frère Julien sera appelé sous les drapeaux le 07 octobre 1909. Lui s’arrêtera au bord de la Méditerranée, à Toulon, sans la traverser. Pendant deux ans, jusqu’au 24 octobre 1911, il sera fantassin au 111ème Régiment d’Infanterie.

Quant à leur cousin Auguste né en 1894, il sera appelé par anticipation le 09 septembre 1914 au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon, une unité décimée après le premier mois de guerre. Quelques semaines d’instruction et il se retrouvera à tout juste vingt ans dans les tranchées du nord-est de la France. A cette date, ses deux cousins germains Florestan et Julien ne seront plus de ce monde !

En effet, les deux frères furent tués très rapidement, au tout début de cette longue guerre.

Tout d’abord, Julien le biffin toulonnais.

Le portrait de Julien Martin sur la tombe familiale au cimetière.

Le 111ème Régiment d’Infanterie quitte Antibes par trois convois ferroviaires pour le nord-est de la France le 9 août. Le 10, le régiment est à pied d’oeuvre au sud de Nancy… Vézelise, Diarville. Plusieurs journées de marches forcées harassantes pour se retrouver face aux Allemands, plus attentistes, en Lorraine ennemie, avec comme mot d’ordre dans toutes les bouches de l’Etat-Major français: « On attaque » !

Dès le 14 août, les fantassins sont jetés dans un grand désordre sur des ennemis qui les attendent de pied ferme. Sans même lire le contenu du Journal de Marche, on comprend que règne une confusion certaine même chez son rédacteur !

En lisant, ce passage, on comprend que rien n’est simple pour les hommes. Dans cette pagaille, ils arrivent à se mitrailler entre eux !

Le 14 août 1914, Julien Joseph François Martin, dès son baptême du feu, disparaît près de Moncourt. Il avait 26 ans et 1 mois.

La fiche matricule de Julien Joseph François Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 312 classe 1908 bureau de recrutement d’Avignon.

Son frère Florestan est rappelé le 4 août 1914 au 4ème Régiment d’Infanterie Coloniale de Toulon. Exit les Zouaves où Florestan avait fait ses classes et où il avait revêtu cette belle tenue pour la postérité, dans sa jeunesse.

Le portrait de Florestan Martin sur la même tombe familiale au cimetière.

Le régiment quitte Toulon le 11 août. Il reçoit le baptême du feu dans le sud de la Belgique le 23 août, dans le secteur de Jamoigne-Valansart. Mais les Français refluent et on retrouve le régiment plus au sud, entre Verdun et la Meuse. Mi-septembre, des combats se déroulent à l’est de Verdun. Florestan disparaît dans un premier temps près de Bonzée dans la Meuse. Il semble que son corps ait été retrouvé postérieurement et un jugement fixe la date de son décès au 21 septembre 1914. Il avait 30 ans et 11 mois.

 

La fiche matricule de Florestan Emile  Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 148 classe 1903 bureau de recrutement d’Avignon

Comme déjà dit ci-dessus, Auguste Martin rejoint le 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon le 09 septembre 1914. On l’a déjà raconté dans d’autres biographies, ce régiment a subi de lourdes pertes dans le premier mois de guerre. Des forces fraiches sont donc bienvenues. Les hommes subissent tout de même un entraînement pendant quelques mois avant de retrouver le front, durée de formation dépendant surtout des besoins de l’Etat-Major.

On ne sait à quel moment il rejoint le front mais on peut raisonnablement penser que cette date devait se situer vers le début de l’année 1915. C’est lors de la seconde bataille de la Marne fin septembre-début octobre 1915 qu’Auguste sera tué, dans un secteur dont on a déjà parlé, celui de Souain- Perthes-les-Hurlus, Suippes, la main de Massiges, des terres devenues incultes par la quantité d’acier qui s’y est déversé.

Carte des lieux extraite du Journal de Marche du 58ème RI.

La journée du 14 octobre 1915 semble avoir été assez calme. Par contre, comme on peut le lire ci-dessous,…

…on continue à ramasser et à enterrer des cadavres des combats des journées précédentes et on peut penser qu’Auguste fait partie des 105 malheureux enterrés par le service médical. Ce 14 octobre, il avait seulement 20 ans et 8 mois. Il repose à la Nécropole Nationale de Saint-Ménéhould dans la Marne depuis le 30 septembre 1920.

La fiche matricule d’Auguste Joseph  Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 404 classe 1914 bureau de recrutement d’Avignon

Le patronyme Martin est assez répandu en France et donc dans le Vaucluse et la tombe des frères Florestan et Julien Martin est bien entretenue au cimetière. Si un descendant reconnaît dans ces biographies des ascendants directs ou indirects, qu’il n’hésite pas à se manifester pour modifier ou compléter les textes. 

A suivre Paul Melon.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… les trois MARTIN du Monument aux Morts.

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-huitième, cinquante-neuvième et soixantième noms de la liste: les MARTIN du monument.

La seconde face du monument aux morts.

Auguste, Florestan et Julien Martin sont les derniers noms (dans l’ordre alphabétique) de la seconde face du monument du cimetière. On va traiter le volet généalogique de leurs biographies globalement puisqu’ils font partie de la même famille.

Il faut remonter à leur grand-père paternel pour trouver leur ancêtre commun. Dans la ville haute de Vaison se sont installés Joseph Marie Florestan Martin et Marie Rose Marron après leur mariage, un couple de cultivateurs. Cela devait se passer vers le milieu du XIXème siècle.

De cette union vont naître, toujours à Vaison des enfants dont deux garçons qui nous intéressent plus particulièrement: Joseph Ferdinand le 31 mars 1855 et Emile Florestan le 04 janvier 1864. Ces deux frères vont prendre pour épouse des jeunes filles de Caderousse et s’installer à l’intérieur des digues.

L’aîné Joseph Ferdinand Martin va épouser le 29 septembre 1886, pour la Saint-Michel 1886, Marguerite Aubert. Dans un premier temps, le couple va vivre à Vaison où vont naître trois enfants Marie Antonia  en 1887, Adrien Joseph en 1888 et Henriette Marguerite en 1891. Cette dernière ne vivra qu’une année et décèdera à Vaison en 1892. C’est après ce drame que le couple viendra s’installer à Caderousse, rue Saint-Michel. Joseph Ferdinand sera embauché alors comme ouvrier dans la fabrique de balais de son beau-père et trois nouveaux enfants viendront au monde: Auguste Joseph, le futur Poilu MPLF le 14 février 1894, Fernande Emilie en 1898 et enfin le petit dernier Paul Camille, bien plus tard, en 1903.

En 1901, la famille au complet avec la mère de Marguerite, Marie Bès, vivant sous le même toit.

Dix ans plus tard, en 1911, Adrien a quitté le foyer remplacé par le petit Paul.

Passons maintenant au second fils Martin, Emile Florestan, cordier de son état. Il va épouser à Caderousse Marguerite Philomène Aubépart, le 2 mai 1883. C’est elle aussi la fille d’un fabriquant de balais, François Aubépart. Ils vont venir s’installer immédiatement à Caderousse près de la porte d’Orange, avant son grand frère Joseph Ferdinand.

De cette union vont naître trois garçons, Florestan Emile en 1883, le second Martin MPLF, Emile Florestan François en 1886, blessé gravement à un doigt  lors de son service militaire, le doigt avec lequel un droitier appuie sur la gâchette, ce qui lui évitera une unité combattante pendant la Grande Guerre et Julien Joseph François, le troisième MPLF et une fille Marie Féline en 1893 qui prendra pour époux en 1913 Fernand Pellegrin dont le nom est lui aussi inscrit sur le Monument aux Morts de Caderousse. Elle se remariera après-guerre, en 1921 avec un certain Fernand Joseph Simon.

En 1901, la famille presqu’au complet

…Florestan étant de son côté employé comme domestique dans la ferme des Soumille.

Conclusion de ce laïus, les trois Martin du monument sont donc deux frères et leur cousin germain avec un peu plus loin, dans la liste, le beau-frère des premiers. Une histoire de famille !

Seul Florestan Emile Martin va avoir le temps de se marier avant  la guerre. Il va prendre pour épouse Marie Rose Gonner le 25 juin 1910 à Caderousse. Cette dernière étant fille-mère d’une petite Alberte née en 1906, par ce mariage, Florestan va devenir aussi père en reconnaissant cet enfant comme étant de lui. Alberte deviendra Pupille de la Nation en 1918 !

Florestan et sa famille en 1911, « île » de Vannerie. 

A suivre les parcours militaires d’Auguste, Florestan et Joseph Martin.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Isidore MARQUION

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-septième nom de la liste: Isidore Louis MARQUION, un autre poilu oublié sur le monument aux morts.

Difficile de comprendre pourquoi Isidore Marquion a été oublié lors de l’édification du Monument aux Morts en 1937. Il est bien né à Caderousse le 29 novembre 1892 au quartier des Prés, d’un père lui-même né au village le 04 février 1858, Isidore Laurent Marquion.

Isidore Laurent s’était marié en 1891 à Orange avec Victorine Sève, une orangeoise de neuf ans plus jeune que son époux puis le jeune couple s’était installé à Caderousse où sont nés leurs deux enfants: Isidore, un an après le mariage et sa petite soeur Marie Anne Léonce venue au monde quatorze ans après son frère, le 31 mars 1904.

Isidore semble avoir fait sa jeunesse à Caderousse. On le retrouve avec ses parents sur le recensement de 1901, chemin d’Orange.

C’est certes un peu éloigné du centre du village mais Isidore devait tout de même se rendre aux Ecoles de Caderousse pour sa scolarité obligatoire, à moins qu’il ne soit allé à celles d’Orange, plus proche, ceci expliquant cela !

On le retrouve en 1906, toujours à Caderousse, aux Cairannes, malgré une erreur de l’agent recenseur qui a oublié un petit 1 devant le 3 de son âge. 13 ans au lieu de 3 ans !

Bizarrement, la petite soeur pourtant âgée de 2 ans n’est pas recensée. Elle est peut-être momentanément placée chez ses grands-parents. Elle se mariera en 1934 à Orange à un certain Louis Auguste Besson.

Pour Isidore, quand sonne l’heure de faire ses trois ans de service militaire, il habite Orange. Il ne semble pas s’être marié. Il est appelé au 141ème Régiment d’Infanterie de Marseille le 10 octobre 1913. La guerre éclate le 03 août et, déjà présent à l’armée, il se retrouve rapidement sur le front.

Le régiment quitte la caserne Saint-Charles pour la gare voisine et éponyme, le 6 août 1914. Il ne faut pas moins de trois convois pour emmener les 2 300 hommes jusqu’au front, dans l’est de la France. La troupe débarque à Vézelise, terminus des unités venant du Midi, le 8, à trente kilomètres au sud de Nancy pour se rendre aux devants des Allemands. Elle recevra le baptême du feu à Coincourt, un village à l’est de Nancy dont on a déjà évoqué le nom dans d’autres biographies. Le régiment perdra 38 hommes, tués, pour 172 blessés et 27 disparus. 237 gars mis sur le flanc dès le premier affrontement soit 10% de l’effectif, considérable !

Le second combat contre les Allemands se déroulera une petite semaine plus tard, le 19 août et sera appelé la bataille de  Dieuze, un autre lieu évoqué dans le passé. Nous sommes là à une dizaine de kilomètres au nord de Coincourt, en territoire lorrain allemand. Toujours cet esprit offensif de l’Etat-Major français ! L’artillerie allemande n’hésitera pas à détruire le village de Bidestroff, un village allemand, dans lequel s’était mis à l’abri l’un des trois bataillons du 141ème Régiment. Le bataillon comme le village seront complètement anéantis. Bilan des trois jours d’affrontements: 24 officiers et 1 438 hommes mis hors de combat, soit plus de la moitié de la troupe ! Nous sommes là autour du 22 août 1914, le jour le plus meurtrier de l’armée française. On comprend mieux la chose avec de tels chiffres pour une seule unité.

Repli stratégique des Français et avancée considérable des Allemands. Nouveaux combats du côté de d’Hérimenil, toujours à l’est de Nancy, le 1er septembre et 104 nouveaux hommes tués, blessés ou disparus. Trop affaibli, le régiment est retiré du front pour recevoir des troupes fraiches. On le retrouve à la fin septembre du côté de Verdun, à l’ouest de la ville. Le Journal de Marche du régiment, étrangement tapuscrit malgré les conditions de campagne raconte que le 141ème RI tient des tranchées de première ligne dans le secteur d’Avocourt quand il est pris à parti par l’artillerie allemande qui « endommage » quelques boyaux. Doux euphémisme pour dire que les tranchées sont bouleversées et que des hommes sont tués. Un poste téléphonique déplore d’ailleurs 5 morts et 8 blessés.

C’est ce bombardement allemand qui mettra fin à l’existence d’Isidore Marquion, le 28 septembre 1914. Il avait, à un jour près, 22 ans et 10 mois.

 

La fiche matricule de Isidore Louis Marquion de Mémoire des Hommes.

Isidore Louis Marquion, matricule 916 de la classe 1912, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Les patronymes Marquion et Besson semblent encore vivants sur Orange-Caderousse. Si quelqu’un reconnaît en Isidore un ascendant forcément indirect,  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Auguste Martin.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

111 POILUS de CADEROUSSE, 111 DESTINS… Raphaël MARCELLIN

111 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 111 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-sixième nom de la liste: Raphaël MARCELLIN.

La seconde face du monument aux morts.

Raphaël Marcellin est né à Caderousse le 25 juillet 1877. Ce sera donc un soldat déjà relativement âgé quand la Première Guerre Mondiale éclatera. Ayant été longtemps militaire de carrière, il deviendra automatiquement sous-lieutenant en 1914 et sera en première ligne pour entraîner ses hommes quand une balle le frappera. Sort commun à pas mal d’officiers !

Le père de Raphaël, cultivateur à Caderousse et né au village en 1849 avait traversé le Rhône pour prendre pour épouse Marie Virginie Devèze, une jeune femme de Saint-Laurent-des-Arbres, de deux ans plus jeune que lui. Le mariage avait eu lieu à la fin de 1876 et l’année suivante Raphaël venait au monde, rue plan de lamourier, du mûrier en traduisant en français.

Un petit frère François Abel allait suivre le 21 octobre 1881 mais il décédait huit mois plus tard exactement. Un autre garçon naîtra le 18 juillet 1884. Simon Julien Marcellin fera une belle carrière dans les Postes et Télégraphes. Bizarrement, il n’apparaît pas au recensement de  1901.

Peut-être une erreur de transcription de l’agent recenseur. En effet, il est noté que Raphaël est âgé de 17 ans alors qu’il s’agit là de l’âge de Simon, lequel Raphaël a alors 24 ans et se trouve plutôt à la caserne de Pont-Saint-Esprit qu’à Caderousse.

Toujours est-il en effet que les deux frères Marcellin vont rapidement quitter le village.

Cultivateur avant son incorporation au 157ème Régiment d’Infanterie le 31 octobre 1895, Raphaël a devancé l’appel et s’est engagé pour quatre ans. D’engagement en réengagements, il restera à l’armée jusqu’au 16 juillet 1911, c’est-à-dire pas moins de 16 ans. Il en sortira adjudant et se verra nommer sous-lieutenant le 21 novembre 1914 après les hécatombes des premiers mois de guerre. A sa libération en 1911, Raphaël trouve un emploi pour quelques années comme employé municipal à Lyon. Peut-être alors s’est-il marié ? Possible mais si cela s’est produit, ce ne peut être qu’entre 1913 et la déclaration de guerre.

De son côté, Simon, le petit frère, a fait une brillante scolarité puisque mentionné 4 pour son niveau d’instruction, c’est-à-dire détenteur d’un diplôme sanctionnant des études supérieures. Il ne fera que deux années de service dans l’artillerie puis entrera dans les Postes comme contrôleur des téléphones à Saint-Etienne. Il servira pendant la guerre au 8ème Régiment du Génie de Jarnac, une unité spécialisée dans les transmissions. Après la guerre, il poursuivra sa carrière loin de Caderousse en retrouvant son poste dans la Loire avant de partir au Maroc pacifié à partir de 1928, Meknès, Rabat puis Casablanca.

Le 3 août 1914, Raphaël retrouve donc une caserne, celle du 72ème Régiment d’Infanterie à Amiens. A la fin de l’hiver 1915, son régiment combat dans le secteur du Mesnil-les-Hurlus. Tout est dit quand ce nom est cité ! Comme nombre de villages dans ce coin de Champagne, non loin du camp de Suippes, le village sera rasé et sera déclaré « Mort pour la France » après la guerre pour ne plus être reconstruit.

En témoignent ces zones vert foncé correspondant de nos jours à des lieux où plus rien de pourra pousser pour longtemps encore sinon des broussailles et des forêts dangereuses. Le camp militaire de Suippes s’est installé sur la zone en bas à gauche.

La bataille fait rage et le régiment monte en ligne pour quelques jours, perd de nombreux soldats dans des attaques aussi inutiles que meurtrières comme entre les 22 et 23 février où tombent plusieurs officiers et pas moins de 885 hommes de rang, tués, blessés et disparus ! Puis la troupe se retire pour prendre quelques jours de « repos » avant de remonter en ligne. Les hommes sont épuisés par ce rythme comme le note le rédacteur du Journal de Marche du régiment qui parle d’un « état sanitaire laissant à désirer ». Ainsi, 21 hommes sont évacués le 28 février, 44 le 1er mars, 23 le 2 et 26 le 3 juste avant le retour difficile, de nuit, en tranchées de première ligne du 72ème RI pour attaquer tout de suite à nouveau, le 5 mars. Car est ainsi pensée la stratégie militaire française.

Voici un schéma sommaire des lieux.

Le régiment est positionné dans les tranchées situées entre A et C, si près des tranchées allemandes que le pointeur d’artillerie venu visiter les lieux a estimé qu’une préparation était impossible car les lignes étaient trop rapprochées. Alors, on attaque de nuit, à deux heures du matin !

Mais les Allemands ne dorment pas plus que les Français. Comme on peut le lire entre les lignes, c’est à l’instant  où il sort de la tranchée que Raphaël Marcellin est fauché puisque commandant d’une Compagnie en tant que sous-lieutenant de carrière. On est à l’aube du 6 mars 1915. La suite de la narration du Journal de Marche nous le confirme, en date du 9 mars quand est fait le bilan des combats des 5-6 et 7 mars 1915. Son nom apparaît dans la liste des neuf officiers tués.

Il avait alors 37 ans et 6 mois. A ses côtés sont tombés 450 soldats et caporaux, tués, blessés et disparus.

 

La fiche matricule de Raphaël Marcellin de Mémoire des Hommes.

Raphaël Marcellin, matricule 771 de la classe 1897, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Marcellin semble très vivant en Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Raphaël un ascendant direct ou indirect,  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Louis Isidore Marquion.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

111 POILUS de CADEROUSSE, 111 DESTINS… Henri Louis LAZARD.

111 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 111 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-cinquième nom de la liste: Henri Paul LAZARD.

La seconde face du monument aux morts.

Henri Lazard a connu un destin original. En effet, il est mort en Allemagne, quelque part en Bavière, des suites de ses blessures de guerre. Il était prisonnier de guerre et il est décédé sur son lieu de détention. Mais prenons sa biographie par le début.

Henri Louis Lazard est le fils aîné du couple formé d’André Louis Lazard né en 1859 et de Marie Adèle Combe de quatre ans sa cadette. Ils se sont unis à Caderousse le 14 janvier 1885 et Henri est né dix-neuf mois plus tard, le 29 août 1886. Les parents sont tout deux originaires de Caderousse. On retrouve la famille complète sur le recensement de 1901, du côté de la rue neuve, à l’intérieur des digues.

Les parents d’Henri habitent chez les grands-parents paternels, des personnes âgées de plus de 75 ans. Ce sont des cultivateurs qui vivent dans le centre-bourg. Henri est alors âgé de 14 ans et va commencer à aider les siens dans les terres. Une petite soeur est née en 1891, prénommée Louise Appolonie, second prénom qu’elle doit à sa grand-mère paternelle.

Le 09 octobre 1907, Henri va partir faire ses classes au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon. Moins de deux mois avant, son père est décédé, le 17 août. Henri restera deux ans à l’armée, renvoyé dans ses foyers le 25 septembre 1909. On retrouve la famille, très réduite, au recensement de 1911.

Le père décédé, la mère Marie Adèle travaille dans les balais. Henri lui a repris les terres. La grand-mère paternelle est toujours de ce monde. Quant à la petite soeur Louise Appolonie, elle s’est mariée avec François Paulus Aubert le 30 novembre 1910. Paulus est un copain d’Henri, de la même classe 1906, qui aura plus de chance que son beau-frère pendant la guerre.

Henri, toujours célibataire, est rappelé par l’armée pour la mobilisation générale d’août 1914, au 258ème Régiment d’Infanterie, réserve du 58ème RI. On retrouve cette unité du côté de Saint-Mihiel le 26 septembre 1914. Ce doit être à l’occasion d’un affrontement entre les hommes commandés par le capitaine Farjon, un autre Caderoussier, et les Allemands qu’Henri a été blessé et capturé par ceux-ci. Il est évacué comme prisonnier de guerre blessé vers la Bavière. Admis à l’Hôpital de Grafenwöhr, à mi-chemin entre Bayreuth et Nuremberg, il y décède le 04 octobre 1914.

Longtemps considéré comme disparu par l’Armée, Henri réapparaîtra sur les listes transmises par les Allemands à la Croix-Rouge.

Son statut passe alors de disparu à Mort pour la France. Il avait alors 28 ans et 1 mois le jour de son décès. Comme nombre de prisonniers de guerre décédés en captivité, il repose à la Nécropole Nationale des Prisonniers de Sarrebourg, en Moselle.

 

La fiche matricule d’Henri Louis Lazard de Mémoire des Hommes.

Henri Louis Lazard, matricule 314 de la classe 1906, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Lazard ainsi orthographié est peu usité dans le Vaucluse. Par contre, des neveux d’Henri sont nés de l’union de François Aubert et Louise Lazard, deux à la date du 04 septembre 1923 d’après le registre matricule de François Paulus Aubert (264- classe 1906-Avignon). S’ils ont eu une descendance et qu’une personne reconnaît en ce Poilu, son grand-oncle ou arrière grand-oncle, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Raphaël Marcellin.

1 commentaire

Classé dans CADEROUSSE

111 POILUS de CADEROUSSE, 111 DESTINS… Louis LASSIAT.

111 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 111 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-quatrième nom de la liste: Lois Paul LASSIAT.

Louis Paul Lassiat a été oublié sur la monument aux morts. Pourtant, il est bien né à Caderousse le 21 février 1879 dans une ferme du quartier de la Vicheronne (?). Son père Pierre est fermier âgé de 38 ans au moment de la naissance de Louis et sa mère Marie Blanc est plus jeune de 11 ans que son mari. L’un et l’autre ne semblent pas être du village et n’y sont pas restés très longtemps. En 1876, ils n’apparaissent pas dans la liste du recensement et en 1881, deux ans après la naissance de Louis, ils sont déjà partis. Pas des étoiles filantes mais plutôt des fermiers qui offrent leurs bras aux plus offrants.

Il semble que la famille se soit fixée un peu après sur Orange, à la campagne, sans grande certitude. C’est en tout cas le Tribunal d’Orange qui va condamner Louis en 1896, alors qu’il est âgé de 17 ans pour une partie de pêche par un mode prohibé ! Pas une grosse sanction, 3 francs seulement d’amende seulement, mais une inscription de la bêtise dans son registre matricule.

Le 16 novembre 1900, Louis va partir à l’armée au 24ème Bataillon de Chasseurs à Pied, ancêtre des Chasseurs Alpins. Il va y rester deux ans et demi pour être libéré le 15 mai 1903. Cette unité est en caserne à Villefranche-sur-Mer, près de Nice. Un séjour plus agréable qu’à Sedan, certes mais des entraînements sur des terrains escarpés. Il devient fanfariste du Bataillon le 21 septembre 1901.

De retour de l’armée, Louis Lassiat  va vivre à Orange au quartier des Princes, c’est-à-dire assez près de Caderousse, certainement aussi dans sa famille. Quelques années plus tard, le 15 juillet 1911, il se marie à Cairanne avec une drômoise de Rochegude, Mathilde Marie Germaine Palavesin, de quatre ans sa cadette.

Son parcours militaire reprend quelques mois plus tard, au moment de la déclaration de guerre. Rappelé chez les Chasseurs à pied, il va faire un petit tour au 27ème bataillon au début d’octobre 1914 puis revient au 24ème BCP. Les Chasseurs sont envoyés dans les Vosges. Ils sont au Reichakerkopf en mars 1915 où se déroulent des combats sporadiques, des attaques inutiles mal préparées.

Le 23 mars, il est clairement noté sur le Journal de Marche de l’unité que la préparation d’artillerie de l’attaque menée par le 24 BCP a été lamentable. Pourquoi attaquer tout de même après cette préparation insuffisante ? Toujours est-il que ce jour-là, 8 hommes sont tués et 37 blessés. Parmi les décédés, Louis Lassiat, l’oublié de Caderousse.

Six mois plus tard, le 26 septembre, un autre Caderoussier dont on a déjà parlé, Auguste Léon Bruguier du 6ème BCP était tué sur ce même Reichakerkopf.

La fiche matricule de Louis Paul Lassiat de Mémoire des Hommes.

Louis Paul Lassiat, matricule 679 de la classe 1899, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Lassiat semble être très présent en Vaucluse, dans la région d’Orange, même si le T a disparu. Si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Henri Lazard.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Paul JULIEN.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-troisième nom de la liste: Paul Louis JULIEN.

La seconde face du monument.

La partie la plus abracadabrante du parcours de Paul Julien aura été celle qui suivi sa disparition le 20 septembre 1914 sur un champ de bataille dans le secteur de Saint-Mihiel, plus précisément sur le territoire de la commune de Vigneulles-lès-Hattonchâtel.

Le 258ème Régiment d’Infanterie était parti le 8 août d’Avignon. 37 officiers, 130 sous-officiers, 1 647 caporaux et soldats, 150 chevaux et mulets et 15 voitures avaient embarqué à Pont d’Avignon et avaient subi le baptême du feu le 25 août 1914 à Buzy dans la Meuse. De marches forcées en accrochages meurtriers, le 258ème RI se trouvait à l’est de Saint-Mihiel à la mi-septembre 14, dans des tranchées creusées pour essayer de contenir l’avancée des troupes allemandes. Lors d’une violente attaque, Paul Julien fut porté disparu, le 20 septembre 1914. Il avait alors 32 ans et 9 mois.

Dans le Journal de Marche du 258ème, l’attaque allemande du 20 septembre 1914.

C’est à ce moment que Clochemerle s’invite à la destinée posthume de Paul Julien et surtout à celle des siens. Clochemerle ou plutôt un certain Voltaire Henry Litot, un Caderoussier de cinq ans son cadet. Le registre matricule de ce dernier est long comme un jour sans fin tant ce Voltaire, bien peu philosophe, a été condamné une infinité de fois par les tribunaux de la région, que ce soit celui d’Orange, celui de Nîmes, celui d’Uzès et j’en passe… Des faits mineurs comme toutes ses condamnations pour braconnage,  chasse en dehors des périodes légales… mais aussi des faits plus graves vol, d’agression, évasion de la prison… Même s’il bénéficia en plusieurs occasions d’amnisties présidentielles, il n’en demeure pas moins que ce Voltaire était un sacré  personnage qu’il ne valait mieux pas croiser.

Et son rapport avec Paul Julien et les ennuis posthumes de ce dernier ? Voltaire devait avoir eu vent de la disparition de son compatriote et usurpa tout simplement son identité, question de se refaire une virginité relative. Si bien que quand Paul-Voltaire fut arrêté par la Gendarmerie le 17 juin 1920, le statut de Paul passa d’officiellement décédé comme l’avait prononcé le tribunal d’Orange en 1918, à celui de déserteur puisqu’on venait miraculeusement de le retrouver. Bien entendu, le prisonnier Paul-Voltaire s’évada de la prison militaire du 58ème RI d’Avignon le 04 juillet 1920. Vous l’avez compris, on n’avait pas affaire à Paul Julien mais à son alias Voltaire Litot.

Quand l’autorité militaire s’aperçut de la supercherie et de son erreur, elle réhabilita Paul Julien le 11 janvier 1922 dans son statut de disparu, ce que confirma le tribunal d’Orange le 02 mars 1924 en officialisant à nouveau son décès.

Incroyable ! Quid de la pension que percevait sa veuve entre juin 1906 et mars 1924 ?

Car Paul Julien s’était mariée à Caderousse le 10 novembre 1906. Il avait épousé une fille descendue des Hautes-Alpes pour la vallée du Rhône, Marie Marguerite Faraud, née à Sainte-Marie le 09 octobre 1887. Chose rare, il semblerait qu’ils n’aient pas eu d’enfant.

A cette époque, Paul exerçait la profession de cochet, ayant en quelque sorte pris la succession de son père, Jean Eugène Julien qui était charretier. Jean Eugène et son épouse, Marie Marguerite Chicornard s’étaient mariés en 1872 et avait eu cinq enfants. A la maison de la rue Neuve, derrière les digues, aux côtés des parents, vivaient donc…

Extrait du recensement de 1896. A cette époque, Jullien prenait 2 L.

Eugène l’aîné né en 1873, Marie-Laure née en 1875 mais qui décéda à l’âge de 13 mois, Marie Eugénie née en 1878, Paul Henri le futur Poilu né le 21 décembre 1881 et Marie Marguerite venue au monde en 1885.

Pour terminer cette biographie inversée, on peut ajouter que Paul fit son service militaire au 40ème Régiment d’Infanterie d’Alès dans le Gard de novembre 1902 à septembre 1905. Trois ans sous les drapeaux. Son second séjour militaire en 1914 fut beaucoup plus court.

La fiche matricule de Paul Louis Julien de Mémoire des Hommes.

Paul Louis Julien, matricule 326 de la classe 1901, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Julien semble être très présent en Vaucluse, si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Louis Lassiat.

1 commentaire

Classé dans CADEROUSSE

110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Marius HERSEN.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-deuxième nom de la liste: Marius Augustin HERSEN.

La seconde face du monument.

Marius Augustin Hersen est né à Caderousse le 27 juin 1893. Il est le fils de Joseph Hersen, cultivateur au Pont d’Adam, une ferme au nord-ouest du centre-bourg. Né en 1868, il a épousé le 12 octobre 1892 Marie-Rose Roche de trois ans sa cadette. Dix mois plus tard nait leur premier enfant, Marius. Une petite soeur va compléter la fratrie, venue au monde en  1897. Rose Joséphine Augustine Hersen se mariera après-guerre avec un certain Abel Roche et vivra jusqu’en 1988.

Au recensement de 1896, Marius n’a que 30 mois.

En 1911, la famille est au complet.

Le 05 novembre 1913, Marius est appelé par l’armée pour satisfaire ses obligations militaires. Il a pris le PLM à Orange pour rejoindre le 52ème Régiment d’Infanterie cantonné à la caserne Saint-Martin de Montélimar, dans la Drôme. Avant d’arriver dans les murs de celle-ci, il a fait un détour par la Mairie de la ville pour signer un engagement de trois ans. C’est donc en militaire de carrière qu’il aborde le premier conflit mondial.

Le soldat Marius Hersen photographié au studio Lang.

En avril 1916, le 52ème R.I. est du côté de Verdun, l’enfer de Verdun face à la grande attaque allemande. Il est grièvement blessé devant Verdun le 28 avril 1916. Cela lui vaudra un repos bien mérité et une citation vantant son courage et son esprit de discipline.

Remis sur pied, il rejoint le 99ème Régiment d’Infanterie le 31 mai 1917, un régiment cruellement amoindri après la bataille du Chemin des Dames. Marius allait connaître la bataille de la Malmaison juste avant la Toussaint 1917. Puis direction, l’Alsace pour trois mois de combat de position autour de Belfort. Mi-avril 1917, le régiment part pour un grand voyage en train de trois jours, une diagonale pour rejoindre Bergues, dans le Nord où le régiment doit soutenir les Britanniques en Belgique pour la bataille des Flandres. Le 1er mai, nouveau voyage en train, dans l’autre sens à partir de Bergues pour rejoindre Coolus, une banlieue de Châlons-en-Champagne. C’est là que l’histoire s’accélère puisque les Allemands préparent une attaque du côté de Reims. Les hommes du 99ème RI sont sollicités pour aller renforcer ce front ce qui signifie qu’ils devront faire de 60 à 70 km à pied en deux jours pour se retrouver du côté de Reims, aux pieds des Monts de Champagne, à Vrigny.

Le 31 mai les Allemands préparent l’attaque du lendemain par une violente préparation d’artillerie. C’est durant celle-ci que le caporal Marius Hersen disparaîtra corps et âme. C’est ce qui était écrit sur une tombe au cimetière de Caderousse.

La photo a été prise en 2014. Quatre ans plus tard, la tombe est introuvable et la plaque mémorielle a totalement disparu. Bizarre et très dommage en ces périodes de célébration du Centenaire de la Grande Guerre !

La fiche matricule de Marius Augustin Hersen de Mémoire des Hommes.

Marius Augustin Hersen, matricule 1160 classe 1913, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Bien que le patronyme Hersen ne soit plus guère présent dans la région, si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Paul Julien.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Adrien GUÉRIN.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-unième nom de la liste: Adrien GUÉRIN.

La seconde face du monument.

Voici la biographie qui ne m’a pas demandé le plus de temps pour boucler la recherche. Juste quelques bricoles pour  affiner quelques points biographiques. Pour le reste, j’en avais écrit l’essentiel au tout début du blog, vers le début des célébrations du Centenaire de la Grande Guerre.

En effet, Adrien Gabriel Guérin est mon arrière-grand-père paternel, mon père lui doit son premier prénom et moi, mon second. Il était né le 05 mars 1872, exactement 17 jours avant Joseph Victor Gromelle qui était jusque là, pour notre petite étude, le Caderoussier le plus ancien mort pour la France. Ce dernier reste toutefois pour l’instant le plus vieux Caderoussier mort pendant la Grande Guerre puisque mon bi-aïeul est décédé deux ans avant lui.

Adrien était le fils d’Auguste Casimir Guérin et Philomène Marguerite Raymond qui s’étaient mariés à Caderousse en juillet 1869. Ils s’étaient installés dans une maison de la rue Pied Gaillard non loin de la Maison de Retraite, dont le portail d’entrée présente un renfoncement en biais, sur le côté droit de la vue ci-dessous.

C’était un couple de cultivateurs comme on disait à l’époque dans les documents officiels, tous deux originaires du village. Relativement âgés au moment de leur union, ils n’avaient eu que deux enfants, Auguste Joseph l’aîné né en août 1870 qui ne vécut que 25 jours et donc Adrien Gabriel, deux ans plus tard, quasiment un enfant unique par la force des choses.

Le petit Adrien apprit donc le métier de la terre auprès de son père et de quelques propriétaires pour lesquels il travailla de temps à autre. A l’école, il apprit sommairement le français comme bien d’autres enfants du pays pour lequel c’était presque une langue étrangère. Il fut appelé par l’armée le 16 novembre 1893 au 163ème Régiment d’Infanterie à Nice. 23 ans plus tard, quand son fils aîné Séraphin fut appelé sous les drapeaux, il prit le même chemin même s’il ne s’agissait pas de la même unité. Il fut libéré trois ans plus tard le 22 septembre 1896 muni d’un certificat de bonne conduite et avec l’honneur d’être soldat de première classe.

De retour de l’armée, Adrien se maria avec Léonie Marguerite Antoinette Radellet née en 1875 à Caderousse. L’union fut célébrée le 24 février 1897 et, ne perdant pas de temps, un petit Séraphin naissait en 1897. Puis vinrent mon grand-père Gabriel en  1901 et le petit dernier Léonce en 1906, trois garçons ce qui n’allait pas être de trop pour travailler les terres quand le père ne reviendra pas de la guerre.

Extrait du recensement de 1911.

Voici donc la fratrie rassemblée au recensement de 1911. Séraphin s’apprête à quitter le toit familial pour faire des études supérieures au Petit Séminaire de la rue d’Annanelle en Avignon. Mais la guerre va venir bouleverser tout cela avec le rappel d’Adrien sous les drapeaux le 25 septembre 1914, au 118ème R.I.T., T. comme Territoriale, une unité de vieux soldats qui pensaient ne pas se retrouver en première ligne.

 

Pas vraiment inquiets les gars du 118ème RIT en août 14, non loin de Dijon. A noter que tous, sans exception, portent la moustache, de belles bacchantes. Adrien est le 3ème à partir de la gauche.

Mais les pertes considérables des deux premiers mois de guerre allaient changer la donne. Le régiment avait vite se retourner en première ligne du côté de Reims, près du fort de la Pompelle.

Les Territoriaux étaient aussi employés à des tâches d’entretien, de manutention… pour remuer de la terre entr’autre. Et il fallut le faire du côté de ce fort de la Pompelle, après l’explosion d’une mine géante allemande le 30 décembre 1914. Alors, les hommes du 118ème RIT durent creuser des puits destinés à protéger l’enceinte militaire de la guerre des mines, des puits d’une profondeur de 18 à 20 mètres. Voilà les hommes et Adrien bien entendu devenus des taupes aux côtés des soldats du Génie.

Une vue de la tranchée d’Avignon, appelée ainsi car creusée par le 118ème RIT

…c’est écrit sur le panneau… pour les touristes après guerre.

On connaît assez bien ce qui se passa pour les hommes du 118ème RIT à la Pompelle grâce à la correspondance d’un certain Emile Sauvage, Poilu de Caderousse dont on reparlera quand la lettre S arrivera, qui connut le même sort qu’Adrien le même jour à la même heure et dont la correspondance envoyée à son épouse Clairette a été éditée sous le titre Lettres du Front en mars 2008 chez l’Editeur d’Orange Elan Sud.

Le 19 puis le 20 octobre 1915, les tranchées tenues par les Français furent attaquées lors d’un violent bombardement d’artillerie. Parmi les explosifs envoyés, des obus chimiques avec des gaz chlorés. Pour se protéger de ces terribles armes qui furent employées il y a peu de temps encore en Syrie, les hommes portaient des tampons d’ouate sur lequel le chef de secteur déversait quelques gouttes d’un produit sensé protéger des gaz. Une fois l’opération faite, les tampons devaient être maintenus devant les voies respiratoires tout le temps de l’alerte. Les masques à gaz n’apparurent que bien plus tard.

Photo de groupe du 118ème RIT prise à la Pompelle de 30 décembre 1914.

Le temps de l’insouciance, des photos entre copains d’infortune était fini. La vraie guerre était là ! Tous les hommes de la 5ème compagnie  furent intoxiqués à des degrés divers mais pour Adrien, le mal était irréversible. Evacué vers l’arrière, il décédait le lendemain, le 21 octobre 1915 au village de Damery. Il était âgé alors de 43 ans et 8 mois et laissait une veuve éplorée et trois garçons en jeune âge. Enterré un premier temps sur place, ses restes furent ensuite rapatriés à Caderousse.

Epitaphe sur le caveau de famille au cimetière de Caderousse.

Le Petit Provençal annonçait le décès d’Adrien et précisait qu’il était alors le Vauclusien le plus âgé mort à la guerre.

La fiche matricule de Adrien Gabriel Guérin de Mémoire des Hommes.

Adrien Gabriel Guérin, matricule 953 classe 1892, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse.

A suivre: Marius Hersen.

Pour reconnaître peut être un descendant sur la photo de groupe à La Pompelle:

Numérotation des Poilus et

…liste nominative.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE