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114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Gabriel Marius PÉCOUL.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-quinzième nom de la liste: Gabriel Marius PÉCOUL.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Le petit dernier des Pécoul est aussi un grand gaillard d’un mètre soixante-quinze (c’était très grand à l’époque), quoique encore à cinq centimètres de son frère Fernand Gonzague avec son mètre quatre-vingt. Né le 09 juin 1895, il n’a pas vingt ans lors de la déclaration de guerre et toujours pas ce bel âge quand il est appelé sous les drapeaux par anticipation, comme toute la classe 1915, en décembre 1914.

Il se rend à Saint-Etienne le 17 décembre pour rejoindre le 38ème Régiment d’Infanterie. Quelques mois de formation aux armes puis direction Marseille pour s’embarquer pour le front d’Orient. Il y passera trois années, du 14 mai 1915 au 14 mai 1918. Il appartient alors au 176ème Régiment d’Infanterie.

Retour en France au printemps 1918 pour participer aux violents combats qui voient depuis le mois de mars, les troupes allemandes avancer dans le secteur britannique, dans la Somme et le Nord de la France. Elles avancent certes mais elles s’épuisent avec aucune réserve contrairement aux Alliés qui bénéficient de la montée en puissance des troupes américaines et de l’arrivée de nouvelles armes comme les chars.

A partir de juillet 1918, le mouvement s’inverse et les Alliés commencent à repousser les Allemands qui reculent certes mais qui s’accrochent et vont donner beaucoup de fil à retordre à leurs ennemis. Le front de la Somme se déplace vers l’est à la vitesse de quelques kilomètres et de quelques dizaines de morts par jour. La guerre de mouvement est beaucoup plus gourmande en vies humaines que la guerre des tranchées et les assaillants qui avancent ne connaissent aucun répit avec des mitrailleuses ennemis camouflées aux endroits les plus inattendus qui sèment la mort à tout moment.

La prise de Languevoisin par exemple par le 112ème Régiment d’Infanterie auquel appartient Gabriel depuis un peu plus d’un mois. Pour arracher ce village situé à trente kilomètres à l’ouest de Saint-Quentin, on s’attendait à une bataille sanglante mais qui n’eut pas lieu. Après cette avancée, c’est l’artillerie allemande qui lâche des bombes sur la cité en tuant quelques fantassins à découvert. Parmi eux, Gabriel Marius qui va connaître le même sort que ses frères Fernand et Louis. On est alors le 28 août 1918 et Gabriel est seulement âgé de 23 ans et 3 mois.

Le bilan du 28 août 1918 pour 112ème Régiment d’Infanterie… pas de grande bataille mais une guerre de d’accrochages qui fera tout de même 85 hommes tués, blessés, intoxiqués ou malades… nous sommes au tout début de l’épidémie de grippe espagnole. 

 

La fiche matricule de Gabriel Marius Pécoul de Mémoire des Hommes.

Gabriel Marius Pécoul, matricule 871 de la classe 1915, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Pécoul est encore bien présent sur Caderousse et Orange. Si quelqu’un reconnaît en Gabriel Marius un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Léon Pecoul.

Quelques mots sur le parcours de Joseph Pierre, le quatrième frère qui lui vivra jusqu’en 1973. Né en 1884, il sera appelé en octobre 1905 au 58ème RI à Arles où il ne restera qu’un an. Rappelé à la déclaration de guerre, il sera blessé à deux reprises: tout d’abord soldat au 58ème RI à Souilly, au sud-ouest de Verdun, le 09 septembre 1914 puis avec le 297ème RI lors de l’attaque du Chemin des Dames, le 25 juin 1917, à l’épine de Chevrigny, lors de cet épisode qu’on a appelé « la bataille des observatoires ». Mais ses blessures ne furent pas mortelles.

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114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Louis Edouard PÉCOUL.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-quatorzième nom de la liste: Louis Edouard PÉCOUL.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

L’aîné des Pécoul, Louis Edouard, fils de Louis Gonzague va aussi connaître lui aussi un destin expéditif pendant la Grande Guerre. Né le 09 décembre 1882, il est déjà âgé de 31 ans et 8 mois quand débute la guerre. Comme on peut le lire sur cet extrait du recensement, il vit encore au foyer de son père et sa belle-mère en 1911.

On peut penser qu’il sera de même trois ans plus tard.

Louis avait fait son armée au 58ème R.I. d’Avignon au début du XXème siècle, c’est forcément le 258ème R.I. qu’il doit rejoindre au moment de la mobilisation générale. C’est ce qu’il fera comme quasiment tous les hommes dans son cas.

Pour ceux qui lisent ces biographies régulièrement, sa présence au 258ème R.I. n’est pas bon signe pour Louis car cela signifie qu’il va se retrouver dans le secteur de Saint-Mihiel dans la seconde moitié du mois de septembre. Oui, Louis  est le sixième Poilu caderoussier tué dans ce secteur entre le 20 septembre et début octobre, dans ce régiment de vétérans vauclusiens. Des soldats du Midi que les gouvernants et l’Etat-Major militaire mettaient en avant en les présentant comme les responsables des revers militaires. Les soldats du Sud étaient considérés comme plus froussards que ceux du Nord et responsables des revers. De la pure invention bien entendu mais il fallait trouver des boucs émissaires pour se dédouaner de stratégies complètement dépassées.

Face à l’attaque allemande, tous les Français, les Sudistes comme les Nordistes, reculaient et essaimaient morts, blessés et disparus tout au long de cette sanglante retraite qui permit aux Allemands de créer ce qu’on a désigné par la suite comme étant le saillant de Saint-Mihiel.

Après Eugène Cambe disparu entre le 20 et 27 septembre près de Saint-Mihiel, après Paul Julien tué le 20 septembre près de Saint-Mihiel, après Henri Lazard mort dans un hôpital bavarois le 04 octobre après avoir été ramassé blessé sur le champ de bataille vers Saint-Mihiel et soigné en vain par les Allemands, après Justin Miaille disparu le 26 septembre près de Saint-Mihiel, après Maurice Millet mort dans un hôpital orangeois le 28 septembre après avoir été ramassé blessé sur le champ de bataille près de Saint-Mihiel mais par des Français lui, Louis Pécoul disparaissait fin septembre 1914 sans laisser de traces.

Les restes de son corps allaient être retrouvés le 21 novembre 1918 à Chauvoncourt pour être rapatriés dans son village natal. Le tribunal d’Orange allait fixer la date de son décès au 26 septembre 1914. Il avait alors 31 ans et 10 mois.

La fiche matricule de Louis Edouard Pécoul de Mémoire des Hommes.

Louis Edouard Pécoul, matricule 602 de la classe 1902, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Pécoul est encore bien présent sur Caderousse et Orange. Si quelqu’un reconnaît en Louis Edouard un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Gabriel Marius Pecoul (partie militaire).

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114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Raphaël OUVIER.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-douzième nom de la liste: Raphaël Marius OUVIER.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Voilà un garçon naturalisé Caderoussier par la mariage ! En effet, toutes les recherches généalogiques sur Raphaël Ouvier nous mènent à Sorgues sauf, tout à la fin et un certain 19 juillet 1911, trois ans avant la déclaration de guerre, jour où il se marie à Caderousse avec Louise Raphaëlle Soumille, une fille du village née à Orange en 1893 et de treize ans plus jeune que lui. Comment a-t-il atterri derrière les digues ? Les hasards de la vie, peut-être son métier de maréchal-ferrant qui l’amenait quelquefois au village ? Peut-être des rencontres familiales ? Seuls des descendants pourraient nous le dire…

Raphaël est donc né à Sorgues le 5 octobre 1880 d’un père cultivateur, Michel Ouvier et d’une mère Rosalie Malzieu, sage-femme en 1880, originaire du plateau ardéchois, du hameau de Montlaur à Coucouron. Rosalie et sa mère également prénommée Rosalie descendront dans la vallée du Rhône à l’occasion de ces noces, célébrées à Sorgues le 11 février 1872.  Le jeune couple Ouvier-Malzieu s’installe au quartier de Ronquet en 1880. Bien vite naîtra une petite Marie Agricole à la fin de l’année 1972 puis, huit ans plus tard, Raphaël.

Devenu adulte mais pas encore majeur, Raphaël va devancer l’appel en signant un engagement de quatre ans en mairie d’Avignon, le 14 octobre 1898. Maréchal-Ferrant de formation, il est normal qu’il  rejoigne un régiment monté, le 11ème Dragons. A l’Armée, pas de période d’essai.. quand on signe un engagement, on ne peut se rétracter au bout de quelques semaines et on doit aller au terme de son engagement ! Raphaël ne le savait peut-être pas et il ne se présente plus à la caserne deux mois après le début de son service, le 13 décembre. Il devient donc officiellement déserteur un mois plus tard, le 14 janvier 1899, c’est-à-dire recherché par tous les gendarmes de France et de Navarre.

Il arrêtera de son plein gré cette période d’illégalité, le 23 mai 1900, soit un an et demi après le début de la cavale, en se présentant volontairement à la Gendarmerie d’Annemasse. Avait-il essayé de trouver refuge et emploi en Suisse ? En tout cas, retour à la case départ, la caserne des Dragons, le 26 mai tout en devant encore trois ans et dix mois à la Nation et à l’Armée. Mais auparavant, il va falloir payer pour cette petite absence et une condamnation à deux ans d’emprisonnement pour désertion à l’intérieur en temps de paix va tomber dans la foulée, le 6 juillet  1900. Raphaël sera transféré à la prison de Toulon le 24 juillet 1900 pour purger sa peine.

Par chance, une grâce ministérielle tombera le 27 décembre 1900 et le voilà de retour une troisième fois chez les Dragons  le 28 janvier 1901 pour  trois ans et neuf mois. Cela nous transporte au 14 septembre 1904, date à laquelle Raphaël est rendu à la vie civile après avoir accompli son contrat de quatre ans qui en aura duré… six ! Entre temps, il avait été muté au 13ème Dragons en avril 1904.

Retour à Sorgues puis emploi de voiturier en Avignon en 1909 avant ses noces à Caderousse en 1911 avec à la clé, un travail et une résidence à la ferme de ses beaux-parents Soumille. Pas pour très longtemps. Suivant le traçage de l’Armée, il retourne à Sorgues en 1913 puis il est noté sa présence dans le sud-Drôme à Suze-la-Rousse en 1914.

La guerre éclate le 3 août 1914 et Raphaël rejoint son unité, non pas le 13ème Dragons mais le 15ème Escadron du Train des Equipages Militaires. Il ne s’agit d’une unité de chemin de fer mais d’un escadron dont la tache est de ravitailler les troupes au front, autant en troupes fraiches qu’en munitions ou en intendance. Il ne faut pas oublier que les armées en 14-18 étaient essentiellement hippomobiles et la formation de maréchal-ferrant de Raphaël le destinait tout droit à une unité du Train.

Pour la petite histoire, c’est le 26 mars 1807 que Napoléon créa ses unités du train des équipages pour remplacer des prestataires privés beaucoup moins fiables.

 Raphaël va servir au 15ème Escadron puis au 3ème et enfin au 4ème ETEM. C’est le 08 août 1918 qu’il a été tué par un éclat d’obus, près de Dompierre-Maigneley dans l’Oise. La reprise de la guerre de mouvement rendait alors les missions des unités du train encore plus périlleuses.

Le 08 août 1918, Raphaël était âgé de 37 ans et 10 mois.

 

La fiche matricule de Raphaël Marius Ouvier de Mémoire des Hommes.

Raphaël Marius Ouvier, matricule 1512 de la classe 1900, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Ouvier est encore présent dans le Vaucluse, autour de Carpettes et dans la vallée des Vignères à Apt. Si quelqu’un reconnaît en Henri Joseph un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: les trois frères Pecoul (partie généalogie).

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114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Paul MILLET.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-septième nom de la liste: Paul Joseph Marie MILLET.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Oui, c’est inscrit sur le Monument aux Morts de Caderousse mais aussi sur le Journal de Marche du 363ème Régiment d’Infanterie,  Paul Millet est bien mort sur le champ de bataille au col de la Chapelotte, en Meurthe-et-Moselle, dans les premiers contreforts des Vosges, le 25 avril 1916.

Ce sont les Allemands qui attaquent et les troupes françaises qui essaient de maintenir leurs positions malgré la violence des bombardements comme le raconte cet extrait du Journal. En certains endroits, le terrain est tellement bouleversé que les hommes sont enterrés vivants dans les galeries effondrées.

Ailleurs, les Allemands utilisent des armes chimiques pour « nettoyer » les tranchées françaises, des liquides enflammés.

Les combats sont acharnés et se terminent au couteau comme pour ce sergent Imbert achevé par un coup de couteau dans le dos.

La guerre dans toute son horreur ! Comme cette attaque allemande repoussée par les défenseurs français sortis de leur tranchée pour affronter les assaillants sur le no-man’s land, au milieu des obus qui continuent de tomber ici et là, venant d’un camp comme de l’autre.

Il est sûr que la lecture de nombre de ces Journaux de Marche comme celui présenté ici doivent inspirer les scénaristes de cinéma ou de bandes dessinées pour rendre le plus réaliste possible leurs scènes de guerre.

Voici donc avec ces quelques extraits, des repères pour comprendre les derniers instants de Paul Millet, peut-être tué après le premier coup de canon, après tout. L’enfer sur terre, avec plan à l’appui !

Le 25 avril 1916, Paul Joseph Marie avait 30 ans et 1 mois.

Il était en effet né le 19 mars 1886 rue Vénasque d’un père Caderoussier de naissance, Louis Marie Millet, né en 1861. Louis était alors ouvrier baletier quand il épousa Joséphine Perrin, une Caderoussienne de 21 ans, née de parents originaires du village et dont la mère portait aussi le patronyme Millet. Les noces furent célébrées le 10 mai 1883. Dix mois plus tard naissait Louis Auguste le 03 mars 1884 qui allait disparaitre prématurément quatorze mois plus tard. Paul était donc l’aîné de deux filles venues au monde en 1890 et en 1900. Marie Joséphine Charlotte se maria deux ans avant la guerre avec Antoine Joseph Emile Ripert dont on fera la biographie quand on arrivera à la lettre R, disparu un mois avant son beau-frère Paul, le 22 mars 1916 dans la Meuse. Lucienne Joséphine Pauline eut plus de chance et se prit pour époux après guerre, un parisien, Victor Eugène Martel, dans le septième arrondissement.

La famille au recensement de 1901, rue de l’Hôpital.

En 1901, sous le même toit, vivent le coupe de Louis et Joséphine, tous deux ouvriers dans une fabrique de balais, leurs trois enfants, les parents de Joséphine et le père de Louis. Paul est alors ouvrier agricole, certainement employé par ses grands-parents.

La famille au recensement de 1911, rue de l’Hôpital.

Dix ans plus tard, les vieux ne sont plus là, Jean est parti en 1902, son épouse Joséphine en 1907 et Auguste en 1910… de même que Joséphine, la mère de Paul le 02 avril 1908. Ce dernier, bien que recensé à Caderousse, a quitté le foyer et travaille comme valet de chambre chez Monsieur le Comte à Piolenc.

Entre temps, il avait fait ses deux années de service sur la Côte d’Azur, à Nice, au 141ème de Ligne du 06 octobre 1908 au 25 septembre 1910. Il sera rappelé le 2 août 1914… pour la conclusion que l’on connaît. Il repose à la Nécropole Nationale de la Chapelotte à Badonviller, tombe individuelle 979.

 

La fiche matricule de Paul Joseph Marie Millet de Mémoire des Hommes.

Paul Joseph Marie Millet, matricule 278 de la classe 1906, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Millet est assez répandu en Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Félix Marius un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: André Paul Mondan.

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112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Paul MELON.

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-unième nom de la liste: Paul Elie MELON.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Difficile de rédiger une biographie la plus complète possible de Paul Melon en ne pouvant avoir accès à distance aux archives départementales du Gard, en particulier à celles des communes. En effet, si Paul Melon avait été oublié en 1937 comme l’ont été les seize gars qu’Internet nous a permis de retrouver, jamais on n’aurait pu savoir qu’il avait vécu au village tant son rapport avec Caderousse est en pointillé. Dans une échelle imaginaire de « Caderoussité », un Isidore Marquion pourtant oublié est bien plus haut que ce pauvre Paul Melon.

On ne retrouve la famille Melon qu’uniquement sur une page du recensement de 1911, la page 32.

Elle est installée au Boulegon, à l’intérieur des digues. En 1906, les Melon ne sont pas encore dans le Vaucluse. Originaires de Codognan dans le Gard, le père est venu occuper le poste de receveur buraliste au village de Caderousse. Il doit s’agir de percevoir des impôts indirects, des taxes diverses dont l’Etat est très imaginatif à créer, sur les alcools, les tabacs, les fenêtres… Pas vraiment de quoi attirer le sympathie de la population !

Elie Melon est venu avec ses trois enfants, Paul l’aîné né à Codognan, un village proche de Vergèze et d’Aimargues, le 29 mai 1897, Elsie née en 1898 et Emy en 1900, également Gardois. Son épouse Rosalie Dangos est décédée entre 1901 et 1910. Son père Gabriel, âgé de 75 ans en 1911, l’a suivi lors de cette mutation.

Le petit Paul est un bon élève à l’école et il se prépare à mener une carrière de serrurier quand son service militaire et la Guerre seront passés. Une guerre à laquelle il croit échapper quand il entend en 1914 qu’elle sera de courte durée. En effet, c’est un adolescent insouciant de 17 ans qui voit partir les gars plus âgés que lui et rapidement voit revenir des cercueils.

Mais la guerre dure et l’âge de la conscription baisse. Le 09 janvier 1916, le jeune Paul Elie doit rejoindre Grasse et le 27ème Régiment de Chasseurs à Pied qui deviendra vite le 27ème Régiment de Chasseurs Alpins. Il n’a alors que 18 ans et demi.

Ce n’est qu’un gamin qui, le 12 juin, va faire une grosse bêtise… dans les circonstances de l’époque. Jeune, libre et heureux de vivre, il va profiter de sa soirée de permission pour rencontrer des filles de son âge. Il rejoint à sa caserne à l’heure puis, pris de remords, fait le mur et disparaît dans la nature ! L’appel de la vie !

Le voilà manquant à l’appel le 13 juin au matin et déclaré déserteur après le délai légal, le 16 juin 1916. Cette situation va durer six mois, jusqu’au 15 décembre 1916, jour où les Gendarmes le ramènent manu militari chez les Chasseurs Alpins, à Grasse. C’est bien entendu la prison qui attend Paul Melon, le trou ! Il va y séjourner quelques semaines jusqu’à ce que le Conseil de Guerre de la 15ème Région Militaire le condamne à trois ans de prison pour « désertion à l’intérieur en temps de guerre. » Tarif normal pour l’époque. On est alors le 20 mars 1917 et on pourrait en conclure que Paul a échappé à la guerre.

C’est sans compter sur la mansuétude du Général commandant la dite 15ème Région qui assortit sa peine d’un sursis immédiatement appliqué, le 28 mars 1917. Paul Elie Melon retourne à sa caserne puis au front.

Mansuétude ou moyen de se débarrasser d’une forte tête ? On est en droit de reposer la question ! Toujours est-il que Paul Melon se retrouve le pire jour au pire endroit… au petit matin du 16 avril 1917 à Craonne ! Une date et un lieu que l’Histoire a retenus puisque c’est là que débuta la catastrophique offensive « Nivelle » du Chemin des Dames, la fameuse attaque qui entraîna les mutineries puis les fusillés pour l’exemple. Une attaque qui fit entre les 16 et 25 avril 1917, 134 000 victimes sur les quelques dizaines de kilomètres de cette inaccessible crête tenue solidement par des Allemands bien retranchés, dans la neige et la boue d’un hiver tardif. 134 000 hommes mis hors de combat dont 30 000 tués ou disparus ! Paul Elie Melon, le jeune néo-Caderoussier était l’un d’eux, tué le 16 avril 1917 à un mois de ses vingt ans !

Il repose à la Nécropole Nationale de Pontavert dans l’Aisne, tombe individuelle 4 693.

La fiche matricule de Paul Elie Melon de Mémoire des Hommes.

Paul Elie Melon, matricule 1221 de la classe 1917, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Certes le patronyme Melon n’est guère usité en Gard ou Vaucluse. Mais si quelqu’un reconnaît en Paul Elie un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Victor Meunier.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Jean GUEILEN.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquantième nom de la liste: Jean Adrien GUEILEN.

La seconde face du monument.

Voici une biographie plus que partielle de Jean Gueilen. Bizarrement, alors que certains jeunes qui ont fait toute leur enfance et jeunesse au village avant de le quitter ont été oubliés au moment de l’édification du Monument aux Morts, Jean Gueilen arrivé lui à Caderousse peu avant le début de la Grande Guerre a bien été inscrit sur ce dit-monument. Car Jean Gueilen est le premier Poilu raconté dans les biographies sur Un Monde de Papiers à n’être pas né au village.

Jean Adrien Gueilen est donc venu au monde à Rochefort-du-Gard le 24 juin 1879. Au moment de son recensement militaire, au début du XXème siècle, il vit chez ses parents à Chateauneuf-du-Pape comme l’indique cet extrait de la liste nominative.

Extrait du recensement de 1901 de Chateauneuf-du-Pape.

Ses parents Jacques Simon Gueilen et Justine Trinquier sont fermiers chez Pascal du côté de la Tour de l’hera, écrit curieusement l’Airs. Jean Adrien les aide à la ferme et un berger René Simon complète le personnel du foyer.

Jean Adrien va faire sa période militaire du 16 janvier 1901 au 19 septembre 1903 au 55ème Régiment d’Infanterie, du côté d’Aix-en-Provence.

Au son retour de l’armée, il va travailler à Orange comme employé agricole chez Latour, quartier de Meyne. Il se marie peu de temps après avec Philomène Brigitte Talagrand du même âge que lui. On retrouve quelques années après ce jeune couple à Caderousse, au quartier du Panier. C’est là que naîtra leur fille Simone Marie Louise le lendemain du Jour de l’An 1912.

Jean Adrien est rappelé par l’Armée lors de la mobilisation générale du 1er août 1914. Il rejoint son unité d’affectation puis passe au 57 R.I. à Auxonne en octobre 14 et enfin au 227ème R.I. en novembre de la même année.

On le retrouve sur le front des Vosges à l’automne 1916. Le 227me R.I. tient un somment, la cote 607, à Lusse. Nous sommes là à une douzaine de kilomètres à l’est de Saint-Dié.

C’est la guerre de positions dans toute son horreur. On se bombarde réciproquement. On s’envoie même des choses inconnues.

Les tranchées françaises reçoivent quotidiennement un millier d’obus et il doit en être de même pour les tranchées allemandes. Les Minerwerfen pleuvent sur les lignes françaises.

Le 6 octobre, ce sont plutôt des grenades à ailettes. Par malchance quelquefois, le projectile fait mouche et tue un malheureux placé au mauvais endroit au mauvais moment. C’est le cas de Jean Adrien Gueilen, ce jour-là. Il apparaît dans le décompte officiel du Journal de Marche du régiment…

…gu côté d’un certain Marc Octave Lelu, sergent, tué le même jour. Il avait alors 37 ans et 3 mois. Il repose à la Nécropole Nationale de Bertrimoutier dans les Vosges.

La fiche matricule de Jean Adrien Gueilen de Mémoire des Hommes.

Jean Adrien Gueilen, matricule 685 classe 1899, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Bien que le patronyme Gueilen ne soit plus guère présent dans la région, si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Adrien Guérin.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Alphonse DORTINDEGUEY.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Quarante-deuxième nom de la liste: Dortindeguey Alphonse Clément.

La seconde face du monument.

Le parcours des Dortindeguey à Caderousse est assez facile à suivre. Vers 1886, Pierre Paul Dortindeguey né en 1857   Caderousse prend pour épouse Marie-Louise Arnoux née en 1865. C’est une fille de Piolenc ou d’Orange suivant des écrits officiels, renseignements démentis par l’Etat-Civil de ces communes où elle n’apparaît nulle part. Ce sera donc le point d’interrogation de ce volet généalogique.

Le couple s’installe chez le mari, c’est-à-dire au domicile des parents de Pierre: Adrien Dortindeguey et Marie-Thérèse Point, au quartier Fazende ou de l’îlon Blanc. C’était souvent le cas à l’époque où toutes les générations vivaient sous le même toit.

Le recensement de 1886 avec le couple des anciens et celui des modernes.

 

C’est seulement après la disparition de la mère en 1900 que le père va s’installer chez une de ses filles et que les parents d’Alphonse pourront se retrouver chez eux, avec leurs enfants. Car, entre temps, quatre enfants sont arrivés dans le foyer.

La famille d’Adrien Dortindeguey lors du recensement de 1901.

Marie Rose Adrienne en 1887, Paul Louis François en 1990, Alphonse le Poilu né le 26 mars 1894 et Rosé (écrit ainsi) Adrien en 1900. Une fille et trois garçons. On constate sur toutes les listes nominatives la présence d’un domestique travaillant pour le compte des Dortindeguey. Ils devaient donc mener une ferme assez importante quartier de Fazende à Caderousse !

A la déclaration de guerre du 03 août 1914, Alphonse n’a pas encore connu le monde militaire et semble protégé pour quelque temps encore. Il n’aurait dû rejoindre la troupe qu’en 1915 mais les pertes considérables du premier mois de guerre entraîna la modification de la loi de l’âge d’appel des nouvelles classes, ce qui envoya Alphonse sous les drapeaux le 16 septembre 1914. Bien loin de Caderousse puisqu’il doit rejoindre le 3ème Régiment de Marche de Tirailleurs Algériens… en Algérie, à Bône. Il arrive au corps le 19 septembre.

Après la formation militaire, c’est le retour en métropole et bien sûr, le front sur le nord-est de la France. Le 3ème R.T.A. se retrouve dans l’Oise, au nord-est-est de Compiègne au mois de juin 1915. Le 07, le front est relativement calme. Le matin, les Allemands ont offert un lever précoce aux tirailleurs par des tirs d’infanterie sans attaque. Quelques échanges d’artillerie dans la journée, rien de bien méchant. A 21 heures, les Allemands attaquent sans conviction le bois Saint-Maud à Tracy-le-Val.

Ils sont rapidement mis en déroute mais cette attaque fait un tué dans les rang français. Vous l’avez compris, il s’agit d’Alphonse Dortindeguey ! Il était âgé de 21 ans et presque 3 mois. Son père Adrien reçut les 150 francs de dédommagement des soldats célibataires quelques mois plus tard.
Il est inhumé à la Nécropole Nationale de Tracy-le-Mont dans l’Oise, tombe individuelle 1396.

La fiche d’Alphonse Clément Dortindeguey de Mémoire des Hommes

Alphonse Clément Dortindeguey, matricule 386 classe 1914, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Il semble que le patronyme Dortindeguey soit encore très présent en Vaucluse, Gard et Bouches-du-Rhône. Si une personne reconnaît en  ce Poilu, un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: les frères Clair et Paul Doux.

 

Quelques mots sur le parcours de Paul, le grand frère d’Alphonse pendant la Grande Guerre.

Paul Victor François Dortindeguey fit ses classes en 1911-12. Il est rappelé dès le 03 août 1914 et est blessé très rapidement, le 19 août à Dieuze, à la main gauche par un éclat d’obus. Il en gardera quelques séquelles (difficulté de préhension) et bénéficiera d’une pension. Il est fait prisonnier au moment de cette blessure et fera le reste de la guerre dans un camp en Allemagne, à Konigsbrück, bien loin de Caderousse, dans l’est de l’Allemagne, près de Dresde. Il sera libéré par anticipation, le 23 octobre 1918. Mais l’Armée ne le libérera que quelques mois après.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Paul CONSTANCE.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Trente-septième nom de la liste: Constance Paul Auguste.

La seconde face du monument.

Paul Auguste est donc né à Caderousse le 27 juillet 1887 d’un père agriculteur Jean Auguste Constance né en 1849 et d’une mère Marie-Louise Paschal née en 1854. Ils habitent une ferme au quartier de la Durbane, non loin du fameux Revestidou, cette rodée du Rhône. D’ailleurs dans les divers recensements, ce lieu sera appelé Miémart, comme les petite et grande îles proches du pont de Roquemaure.

Paul est le cinquième enfant de la fratrie, derrière Augustine l’aînée née en 1875, Louis Marius l’aîné des garçons venu au monde en 1879, Victor Félix en 1882, Marguerite Louise en 1885. La mère va décéder en 1898 ou 1899. Augustine qui avait quitté la maison reviendra alors dans le foyer de la Durbane pour la seconder le père dans les tâches domestiques.

Au recensement de 1891, Paul est âgé de 3 ans.

Paul va faire son service militaire au 141ème Régiment d’Infanterie de Nice à partir du 07 octobre 1908. Première classe le 10 juin 1910, il sera libéré le 25 septembre 1909 gratifié d’un Certificat de Bonne Conduite.

Il est rappelé comme tous les hommes âgés de moins  de 48 ans au début du mois d’août 1914 dans le régiment qu’il avait quitté quatre ans auparavant, le 141ème R.I., à Marseille pour embarquer vers le front du nord-est de la France à la gare de Longchamp. Il dut d’ailleurs se retrouver quelques jours après pas très loin du lieu où tomba son homonyme de Caderousse, Lucien Henri Constance puisque le journal de marche du 3ème R.I. fait état de la présence du 141ème R.I. non loin de Coincourt. Paul s’en tira mieux que Lucien puisqu’il survécut à l’attaque aventureuse de l’infanterie française.

Pas pour très longtemps ! Le registre matricule de Paul Constance nous apprend que Paul fut fauché lors d’un combat du côté de Poperinge en Belgique, le 25 novembre 1914 et qu’il décéda dans un hôpital d’évacuation dans la journée. Les circonstances de cet épisode sont difficiles à cerner pour cause de contradictions dans les écrits militaires.

Suivant le registre matricule, Paul était soldat au 141ème R.I. mais à la date du 25 novembre, cette unité se trouvait en première ligne à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Verdun, bien loin de la Belgique !

Suivant la fiche matricule de Mémoire des Hommes, Paul était alors soldat au 163ème R.I. au moment de son décès. Là encore fin novembre 14, le 163ème R.I. combattait à l’est-sud-est de Saint-Mihiel, à Bouconville, encore plus loin de la Belgique que Verdun.

Nous voilà guère avancé ! Mais en retournant un peu en arrière dans les biographies des Poilus de Caderousse, on retrouve un autre Paul, Paul Aubert qui fut gravement blessé autour du 25 novembre à Poperinge pour décéder dans un hôpital de l’ouest de la France le 12 décembre 1914. Nous vous invitons donc à relire ce qui a été dit sur cette opération de défense de la Belgique et de la Course à la Mer pour comprendre ce qu’il arriva dans la froidure de la fin de l’automne.

Paul avait 27 ans et 4 mois au moment de son décès. Il repose dans le cimetière militaire de Saint-Charles de Potyze, près d’Ypres, tombe individuelle 810.

La fiche de Paul Auguste Constance de Mémoire des Hommes

Paul Auguste Constance, matricule 318 classe 1907, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. On fera la même remarque que pour Lucien, le patronyme Constance est encore présent à Caderousse et dans le Vaucluse. Si un descendant forcément indirect de ce Poilu reconnait cet arrière-grand-oncle, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

Nous n’avons pas trouvé les renseignements militaires pour Louis Constance qui n’apparaît dans aucun bureau de recrutement, ni en Avignon, ni à Montélimar, ni à Marseille, ni en Ardèche, ni dans le Gard. Bizarre. Après guerre, il se maria avec Thérèse Point à Caderousse le 19 avril 1919.

Par contre Victor (645 classe 1902 bureau de recrutement d’Avignon), pourtant dispensé de service militaire avant-guerre puis retenu dans le corps des auxiliaires militaires en tant que fourrier jusqu’en 1915, finit par se retrouver dans les tranchées et obtint même une citation pour son courage et son sang-froid dans la tourmente de Verdun de juin à octobre 1916. Il s’était marié le 10 février 1902 avec Marie Berbiguier à Caderousse. 

A suivre: Joseph Cuer.

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107 POILUS de Caderousse, 107 DESTINS… BRICHET Norbert.

107 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 107 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Dix-neuvième nom de la liste: Brichet Norbert Paul  Alexis.

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Première face du Monument.

Est-ce la narration des campagnes que son père Denis Alexis Brichet fit au Tonkin lors de sa période militaire, entre 1889 et 1891 qui amena Norbert Brichet à devancer l’appel et à s’engager dès l’âge de 18 ans ?

Est-ce le fait qu’il ait reçu la Légion d’Honneur après son décès sur le front, dans l’est de la France, à la tête d’une Compagnie, qu’il ne soit pas oublié quand on établit la liste des Poilus de Caderousse morts pendant la Grande Guerre en 1937 ? Car il y a bien longtemps qu’il n’habitait plus à Caderousse au moment de son décès. Il y habita d’ailleurs très peu longtemps, on va le voir.

Toujours est-il qu’il ne fut pas oublié, à la différence de 16 autres jeunes hommes qui quittèrent le village avant la déclaration de guerre.

Son père Denis Brichet, « le Tonkinois », venait de Sainte-Cécile (pas encore les-Vignes) où il était né en 1866. Le hasard lui avait fait rencontrer Marie-Louise Marron, née en 1867, à Saint-Julien-de-Peyrolas,  non loin du confluent de l’Ardèche et du Rhône. Elle avait suivi ses parents quand ils s’étaient installés à Caderousse pour travailler la terre. Il est dit que Denis était musicien. Ce fut peut-être ce détail qui lui fit rencontrer Marie-Louise, lors d’une vogue. Toujours est-il que c’est à Caderousse que Denis et Marie-Louise se marièrent le 14 octobre 1893 et que le petit Norbert arriva 10 mois plus tard, le 11 août 1894. Entre temps, le père était devenu facteur des Postes au village pour les étrennes de 1894.

On retrouve la famille sur le recensement de 1896. Une petite Yvonne est arrivée deux mois avant le recensement.

La famille habite intra-muros, dans la grand rue, au quartier des Jardins.

C’est là que la trace de la famille disparaît, suivant très certainement les mutations professionnelles du père facteur. On la retrouve en Avignon, en 1912, à Saint-Ruf, impasse Sépinière. La mère n’est plus là,  décédée. Norbert, brillant étudiant, contracte alors un engagement de 4 ans dans l’armée le 1er octobre 1912, malgré les bruits de bottes qui augmentent d’intensité à chaque crise entre les puissances européennes. Il ne va par partir très loin apprendre le métier des armes puisqu’il est militaire au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon. Caporal en 1913, il devient sergent à la déclaration de guerre puis sergent major à la fin d’août 14.

Les effectifs des officiers fondant comme neige au soleil d’une guerre partie pour durer, il se retrouve nommé temporairement pour la durée de la le guerre sous-lieutenant au 163ème Régiment d’Infanterie, le 11 mai 1915. Sous-lieutenant n’est pas un grade qui vous met à l’abri des dangers de la guerre, tout au contraire ! Ce sont eux qui sont amenés à montrer l’exemple quand il s’agit de partir à l’assaut des lignes adverses, les fictions nous ayant de nombreuses fois montré ces scènes.

Le voici à la tête de la 14ème Compagnie du 4ème Bataillon fin juin 1915…

puis présent début août 1915:

Ce ne sera plus le cas en septembre ! Malgré que ce secteur à l’est de Verdun soit relativement calme après de durs affrontements en mars 1915, ce qui devait arriver arriva… Norbert Brichet fut grièvement blessé le 15 août 1915, dans le secteur de Flirey…,

entre Saint-Mihiel et Pont-à-Mousson. Le Journal de Marche de l’unité rempli par son chef en atteste:

La blessure est suffisamment grave pour qu’il n’en survive pas. Il décède à l’hôpital Militaire Gama de Toul, aujourd’hui remplacé par un lotissement,…

… le 7 septembre 1915 suivant son registre matricule. Date contestée par le livre d’or du 163ème R.I. qui le fait mourir une semaine auparavant le 31 août 1915.

Norbert Brichet venait tout juste de fêter ses 21 ans. Chevalier de la Légion d’Honneur, le 13 novembre 1915, contre une vie de 21 ans !

La fiche de Norbert Paul Alexis Brichet de Mémoire des Hommes.

Norbert Paul Alexis Brichet , matricule 865 classe 1914, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Ce patronyme Brichet apparaît dans la région proche de Sainte-Cécile-les-Vignes, ce qui n’est pas illogique; si un descendant indirect reconnaît cet ancêtre, qu’il ne se gène pas pour réagir, surtout s’il possède quelques photos ou documents. La fiche de son père Denis Brichet est également lisible aux Archives du Vaucluse:  matricule 163 classe 1886, bureau de recrutement d’Avignon.

Une tombe au cimetière de Caderousse quasi effacée garde le souvenir et surtout la photo d’un jeune homme appartenant au 163ème, écrit sur le col de sa vareuse, ainsi qu’une trace de 7 SEPTEMBRE 1915.

Est-ce Norbert Brichet? La suite de nos recherches l’infirmera ou le confirmera. Très gros doute tout de même !

A suivre: Paul Broquin.

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