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JEUX: « MARE NOSTRUM seconde » chez Daniel et Marie (mercredi 3 août 2016)

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Après une demi-déception de la première partie, la semaine dernière, nous nous retrouvons les 4 mêmes au même endroit pour une nouvelle partie de MARE NOSTRUM. Cette seconde partie sera beaucoup plus intéressante et acharnée que la première, retrouvant ainsi le jeu que nous avions connu.
Première nouveauté: on joue avec l’extension des Atlantes:

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C’est Daniel qui se colle sur l’île disparue au delà des colonnes d’Hercule, Preston prend Hannibal, Marie endosse le rôle agressif de César et je me retrouve dans un coin de la carte en Périclès. Un coin de la carte car celle-ci est rétrécie vers l’est par le règlement, ce qui évite au Grec comme au Carthaginois de s’étendre sans opposition.

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Preston-Hannibal commence la partie sur les chapeaux de roue. En quelques tours, il obtient les Merveilles/Héros 2, 3 et 4. A deux doigts de la victoire, il a commis une grosse erreur, celle de se lancer dans cette stratégie en dédaignant complètement de s’armer pour se défendre. Pour empêcher de nous coucher une nouvelle fois très tôt, je me lance dans la bataille sans grand péril puisque l’adversaire est dépourvu de défense. Comme Daniel sur l’autre aile en fait de même, ce pauvre Preston est dépouillé et son royaume se résume vite en un seul territoire. Plus moyen d’acheter la 5ème Merveille/Héros.

De mon côté, pendant que Marie-César tergiverse et Daniel/Atlas se montre très brouillon dans ses choix, je construis discrètement et arrive à 10 impôts par tour. Il me reste à économiser comme il se doit 2 autres impôts au dernier tour pour arriver à 12 et construire la Pyramide qui termine la partie.

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Même résultat qu’il y a quelques jours mais une partie bien disputée. On avait aussi ajouté l’extension des cartes de la ville légendaire de Syracuse.

Fin de soirée avec le test du jeu que j’ai créé pour les Journées du Patrimoine de la mi-septembre: TIMELINE spécial ANCONE-VALLÉE DU RHÔNE DE LYON À LA MER.

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Tout se passe bien mais c’est sûr quelques dates ne sont tout évidentes !

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PAUL MARQUION parle aussi du MILIEU HUMAIN de CADEROUSSE … en 1971

Après avoir longuement parlé du milieu physique de Caderousse dans ce numéro 44 du bulletin des amis d’Orange,…

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Paul Marquion s’attaque à parler des gens, du milieu humain. Voici les meilleurs extraits de son exposé.

Première considération démographique, la population qui est passé de 4 000 âmes à la Révolution à 2 600 à la veille de la Grande Guerre. En 1971 au moment des écrits, le village ne comptait plus que 1 600 habitants contre 2 750 de nos jours. Il explique cette déclin de population par le machinisme, l’attrait de la ville (l’exode rural), l’absence d’activités artisanales sur place hormis l’agriculture qui n’a pas su attirer des industries de transformation et la grande saignée de la Guerre (-125 jeunes ou moins jeunes hommes soit 1/20ème de la population). Il pointe du doigt le responsable de cette absence d’activités: le Rhône qui, par ses « visites » régulières empêche l’arrivée d’investisseurs qui souhaiteraient s’installer.

Les patronymes.

Il se base sur la « table chronologique de Messieurs les Trésoriers de la Confrérie de Saint-Josph de Caderousse (1649-1792) pour lister les patronymes qui ont traversé les siècles: Rigaud, Vivet, Berbiguier, Vaton, Guérin, Martin, Rieu, Noguier, Point, Rollet, Perrin, Farragut. Puis ceux qui se sont éteints, beaucoup plus nombreux: Garin, Védrilhe, Bertier, Fourgon, Malarthe, Tacussel, Rouviel, Bellon, Faugière, Sance, Rivasse, Ranquet, Causan, Bourtholon, Barbès, Thibaud, Constantin, Maille, Castion, Villard, Drogue, Rougeaud  Lusignan, Bonamour, Chassenet, Colonel, Chaudron, Dupuy, Boyer…. Une liste impressionnante et … surprenante !

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Il cite quelques exemples pour expliquer qu’il serait intéressant de remonter le temps pour déterminer l’ancienneté des familles. Ainsi l’ancêtre  Guericolas viendrait de la Meuse et serait venu à Caderousse pour servir les Ducs de Gramont et y avait fait souche. Les patronymes Gromelle  et Gonner seraient de souche germanique ( … Guérin aussi d’ailleurs). Ils s’appelaient initialement Grimmel et Guinner avant la francisation des noms et on les appelait Grimello et Guinèr en provençal.

Paul marquoir ajoute que le fait de parler provençal facilitait l’intégration rapide des gens. N’oublions pas que le Provençal était parlé par tous, tout le temps avant 1914 et que ce fut la Grande Guerre qui imposa le Français, plus que les hussards noirs de la IIIème République, comme le dit Clément Montrosier !

Les sobriquets.

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C’est une spécialité caderoussienne que celle des sobriquets. D’ailleurs on connaissait les gens plus par ceux-ci que par leur vrai nom, que beaucoup ne savait même pas ! Quelques exemples de escais-noum ayant pour origine le nom des quartiers: Popo de la Bigo, Pierrounet de la Lusignano, Danis de la Limajouine, Clara fou Mautème, Marie de la Baïsso… D’autres viennent d’une spécialité du destinataire: Cacho-nose cassait les noix avec les dents mais pourquoi Cacho-embut (embut= entonnoir) ?

D’autres viennent d’animaux (le Gaou par exemple: le coq ou le Lèbre = le lièvre). D’autre sont plus délicieux: Quatre-sous, Marrit-miou, Pomadin, Curo-lume, cago-mecho, chaucho-grapaud, manjo-sucre, mais certains sont moins agréables.

Il faut noter également que la femme en se mariant ne prenait pas le (sur-)nom de son mari mais conservait son nom de jeune fille et plus souvent encore son surnom. C’est ainsi qu’un certain Marius Perrin  dit Iuiu de Salète avait pour femme Niho de Iouioun et que Joseph Aubépart était connu sous le surnom de Jousé de Camin et sa femme sous celui de Roso dou Popo.

Un sujet inépuisable pour Paul Marquion.

Les liens sociaux.
La noblesse a disparu avec le dernier des Gramont, Ludovic qui s’éteignit sans descendance en 1863. Ses héritiers finirent par faire raser le château en 1900 et le parc devint des jardins. Il ne subsiste que la façade des communs qui donne sur la place de l’église.

Peu de bourgeois, de rentiers, mais quelques professions libérales aisés (docteur, pharmacien, notaire et … instituteurs- Les temps ont bien changé !)

Puis l’auteur liste les emplois des habitants de la commune: quelques petits propriétaires fonciers qui vivent du travail de leurs terres en employant du personnel, quelques entreprises (fabriques de balais) qui emploient aussi des ouvriers (et ouvrières). Des artisans: maréchaux-ferrants, forgerons, bourreliers, charrons, cordonniers, tailleurs et des boutiquiers: bouchers, boulangers, épiciers, drapiers, quincaillers…

La politique.

 Ces différences sociales se retrouvent en politique. A cette époque, on ne détaille pas et les nuances sont inconnues. On est blanc ou rouge, cette appartenance de couleur étant en général un héritage de famille. La religion est un des signes distinctifs: les blancs vont à la messe, les rouges sont anticléricaux et laïques. La relative richesse en est un autre: les gens aisés sont plutôt blancs, les rouges se recrutent de préférence parmi les ouvriers. Les blancs à cette époque votent pour M. Lacour; les rouges pour M. Blanc, et, sur le plan municipal, municipalités rouges et blanches se succèdent , le rouge étant toutefois à Caderousse une couleur plus marquée que le blanc. La politique n’a jamais été toutefois un facteur de division et d’animosité entre individus. On se plaisante, on « s’esbremasse », surtout en période électorale, mais cela ne va pas plus loin:on ne va pas jusqu’à « s’estrigousser ». 

Ainsi se termine ce long préambule à l’étude du genre de vie, de la mentalité, des moeurs et des particularités de la vie à Caderousse et des différences avec la période actuelle (en 1971). 

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PAUL MARQUION parle du MILIEU PHYSIQUE de CADEROUSSE … en 1971 (suite)

Suite de la reproduction du numéro 44 du bulletin des Amis d’Orange…

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dans lequel Paul Marquion parle de Caderousse et en particulier du milieu physique de cette commune du Vaucluse, avant 1914.

La présence de l’eau à faible profondeur a favorisé la dissémination des granges. Si l’on ajoute à cela que la propriété reste encore très morcelée, qu’il n’existe pas, à part l’île de la Piboulette, de grands domaines, que partout la terre se prête à la culture et qu’il n’existe pas de terrains véritablement infertiles, on comprend que les granges sont nombreuses et en général de peu d’importance et n’ont rien de comparable avec, par exemple, le mas provençal.

 Les routes et chemins.

Un gros effort a été fait, depuis la dernière guerre, pour l’amélioration de la viabilité . Avant 1914, seules quelques routes et notamment celle de Caderousse à Orange étaient empierrées. Les charrois y creusaient des ornières et de larges et profonds nids de poule. Des rechargements périodiques les remettaient en état… Les charrettes et autres véhicules à traction animale s’en accommodaient non sans mal. Mais la circulation automobile n’y aurait pas résisté…. Aujourd’hui, tous les chemins sont goudronnés. Un phénomène assez curieux et particulier sans doute à Caderousse, c’est que la plupart des chemins sont en contre-bas des champs. Et cela se comprend: chaque inondation dépose sa couche de limon et ces couches , en se superposant, finissent par élever le niveau général du territoire, alors que les chemins, soumis à une perpétuelle usure et échappant à l’alluvionnement, restent toujours au même niveau.

Les noms des quartiers.

Comme partout ailleurs, le territoire est divisé en quartiers qui, comme les rues et quartiers du village ont conservé leur nom ancestral. Certains de ces noms sont descriptifs:la Baisso est un des quartiers les plus bas du territoire; les Négades sont un quartier qui a souffert particulièrement des inondations, non seulement du Rhône, mais aussi de l’Aygues avant que son cours ne fut détourné au XIVème siècle; les Islons, l’ilot Blanc, qui sont aujourd’hui rattachés à la terre ferme, conservent le souvenir de l’époque où ils n’étaient que des îlots du Rhône; l’Espinet devait être jadis un terrain envahi par les buissons, la Lima-jouino, qu’on a francisé en Limageonne qui ne signifie rien , garde sans doute le souvenir d’une immersion soudaine à une certaine époque, due peut-être à un phémonème naturel, mais peut-être aussi à la construction de l’ancien Moulin de la Ville dont les eaux ont pu se répandre en contre bas et constituer un marécage toujours existant; le Gabin doit certainement son nom à une humidité prononcée de son sol, du provençal: gabinous.

Certains quartiers portent le nom de saints: Saint-Michel, Saint-Martin, Saint-Pierre, Saint-Trophime, souvenirs d’anciens établissements religieux ou de possessions ecclésiastiques.
D’autres ont pris le nom de la ferme principale du quartier, propriété d’anciens familles qui ont disparu: la Lusignane (de Lusignan); la Bonamourde (de Bonamour); la Roubaude (de Roubaud); la Berbiguière (de Berbiguier); le Durbanne (de Fortia d’Urban).

Enfin d’autres quartiers: Fourniras, Chalumeau  le Pont d’Adam, la Péran, les Cabannes, Panier, la Grand’Cairanne, la Cairanette, le Devès, Salarié, les Mians, la Mascarade, le Marran, la Capucelle, le Brou etc… portent des noms dont il est bien difficile de connaître l’origine, une origine qui remonte très certainement à des temps très lointains et antérieurs à toutes archives communales.
 
A ce sujet, on notera l’existence à Caderousse de 2 quartiers limitrophes qui ont nom Campredon et Campblancard. Ces noms remontent-ils au passage d’Hannibal ? Il serait bien téméraire de l’affirmer. En tout cas, si Hannibal a traversé le Rhône à Caderousse, ce qui paraît hors de doute d’après le récit de Polype qui ajoute qu’Hannibal campa un jour et 2 nuits sur les rives du fleuve après son franchissement, on est amené à constater que l’emplacement de ses camps, dans le bec formé alors par le Rhône et l’Aygues ancien, à proximité de l’eau, condition essentielle pour l’installation d’un camp, devait se situer à l’emplacement des quartiers actuels de Campredon et Campblancard dont la superficie correspond d’ailleurs sensiblement à celles des camps d’Hannibal (de 250 à 300 hectares).

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PAUL MARQUION parle du MILIEU PHYSIQUE de CADEROUSSE … en 1971

Dans ce numéro 44 du bulletin des amis d’Orange,…

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Paul Marquion parle de Caderousse dans une série d’articles sur le Bulletin des Amis d’Orange et pour ce numéro 44 du second trimestre 1971 du milieu physique et humain de cette commune du Vaucluse, avant 1914. Il s’agit d’un long article qui sera présenté en 3 fois sur le blog. Tout d’abord une  description commentée des lieux.

Le Rhône est évidemment le grand responsable de cet état de choses (que le village ait conservé son aspect ancestral) : quoi que l’on fasse à Caderousse, il a toujours fallu compter avec le Rhône et ce n’est qu’après la construction de la dérivation du fleuve qui mettra le territoire à l’abri des inondations et dont les premiers travaux viennent d’être entrepris que le visage de Caderousse  risque d’être entièrement modifié. Or si rien pour le moment n’a bien changé, c’est le Rhône lui-même qui a subi les plus grandes modifications. Avant la guerre de 1914, comme en témoignent les photographies de l’époque, son cours était large et relativement profonde. Plus anciennement, il était navigable. Le chemin de halage qui le bordait, le «caladat », s’il est aujourd’hui enfoui sous l’épaisseur des sables est encore visible en certains points, notamment à proximité du village, en bordure de la digue, où l’on voit encore les anneaux scellés dans la pierre qui servaient à l’amarrage des bateaux. L’accès de l’île de la Piboulette se faisait par un bac à traille, le premier aux abords du village même, l’autre au quartier des cabanes qui restait en service toute l’année. Ce n’est qu’en été, aux très basses eaux, que l’on pouvait traverser à gué (à la gaffe). Aujourd’hui , à Caderousse, le Rhône s’est considérablement rétréci, son lit s’est encombré de gravier et de sable sur lesquels a poussé une végétation exubérante de saules et de peupliers, formant de véritables îlots. Les anciens ne reconnaissent plus le Rhône de jadis.

A noter que les travaux de la CNR de la chute de Caderousse sont en train de commencer quand Paul Marquion écrit cet article. A cette époque, mon grand-père Gabriel se plaisait d’aller voir travailler les scrappers et autres mastodontes construisant les berges du canal mais détruisant l’île de la Piboulette dont Paul Marquion va parler. Il ne verra pas la mise en eau du canal puisqu’il décèdera en 1973.

Dernièrement, la grande île de la Pirouette s’est, elle aussi, profondément modifiée. C’était encore, il n’y a pas bien longtemps, avant tout un terrain de chasse, avec des bois très touffus, parfois impénétrables, où les champignons « de matte » et les cèpes poussaient à profusion et où le gibier, lapins et surtout faisans, pullulaient. Seules quelques fermes, installées au milieu de clairière exploitaient un sol de limon particulièrement fertile. C’était le grand terrain de chasse de Monsieur de Lafarge, qui avait fait bâtir un pavillon appelé le château, avec chapelle attenante où certains dimanches de grande chasse, le curé de Caderousse ou son vicaire venait célébrer la messe. De nos jours, l’île a été en grande partie déboisée et défrichée par les pieds-noirs et les vastes étendues forestières ont fait place à des terrains de culture et de vergers. La construction du canal du Rhône, qui doit traverser l’île du nord au sud par son milieu va de nouveau bouleverser la topographie.

Le village lui-même dans sa ceinture de digues, n’a subi aucune transformation importante. Le goudron a remplacé l’ancien pavage en galets du Rhône de la plupart des rues, solide et même inusable, où l’on se tordait facilement la cheville et où les roues cerclées de fer des charrettes cahotaient avec un beau vacarme. Mais les eaux usées s’écoulent toujours par les rigoles et les lônes et l’ancestrale coutume pour les ménagères de balayer chaque matin la rigole devant leur porte est toujours en usage, faute de tout-à-l’égout. Il n’y a même pas l’eau courante qui est considérée pourtant comme un minimum de confort moderne. Peut-être n’en a-t-on jamais senti l’impérieux besoin dans un pays où la nappe et peu profonde et où il n’y a qu’à creuser n’importe où pour trouver de l’eau. On trouve dans certaines rues des pompes à main publiques, fort anciennes, avec bassin. (J’en ai noté une, rue Vénasque, sur le trajet entre l’EHPAD et la place Jean Jaurès) C’est encore avec une pompe à main que se fait dans chaque maison l’alimentation en eau, à moins que le propriétaire ait fait installer un moteur électrique. Avant la guerre de 1914, les maisons aussi bien dans le village que dans la campagne, n’avaient pas toutes leurs pompes et l’eau était puisée directement dans le puits.

Un certain nombre d’immeubles qui menaçaient ruine ont été rasés, comme ont disparu plus anciennement certaines demeures de notables et co-seigneurs de Caderousse qui, d’après les vestiges qui restent, avait dû être spacieuses et confortables. Peu de constructions nouvelles : en tout cas aucun de ces immeubles modernes, dit « cage à l’appel » qui tendent à devenir le mode d’habitat courant de notre époque. A Caderousse, il n’existe que des maisons individuelles. Il serait pourtant injuste de ne pas signaler un effort récent mais tangible de modernisation de nombreuses vieilles demeures et le ravalement de nombreuses façades, ainsi que le nettoyage de certains quartiers, tel celui dit de Médecin, qui fut longtemps une sorte de dépotoir public et qui ne méritait pas cette disgrâce, car il s’agit d’un cours ombragé de très beaux platanes qui borde l’ancien rempart. On peut dire que le village tend à perdre ce visage terne et vétuste qu’il avait il n’y a pas encore beaucoup d’années.

Rien n’a été modifié au tracé des rues dont la caractéristique commune à toutes les villes et villages de jadis, est d’ignorer la ligne droite. Il convient d’ajouter qu’à Caderousse les rues sont en général relativement larges, même quand il s’agit des rues adjacentes qui aboutissent à l’artère principale qui traverse le village du nord au sud, qui a été baptisé à la fin de la dernière guerre « rue du Docteur Guérin », en souvenir d’un bienfaiteur du village mais qu’on continue à appeler « la grand’ carrière ».

Les noms des rues du quartier n’ont pas changé, à de rares exceptions près et sont tels qu’ils figurent sur les anciens cadastres : nom de saints, Saint-Louis, Saint-Michel, nom dont on devine l’origine ancienne par suite de leur situation ou de leur destination : rue du Fond du Sac, rue Juterie (ou devait être cantonné les Juifs), rue de l’Escurier (qui desservait les anciennes écuries du château), quartier de la Pousterle (voisine une des anciennes poternes du rempart), quartier du Pilori (où se trouvait le pilori). Mais sur le nom d’autres rues et quartiers : rue Pied-Gaillard, rue du Puits des Voûtes, quartier du Boulégon… on se perd en conjoncture. (Je suis sûr que Jean-Paul Masse peut expliquer l’origine de ces noms…)

Enfin il faut noter qu’au pied de la digue et à l’intérieur, là où se trouvaient jadis les remparts et des fossés, se développe, tout autour du village, un vaste espace planté de platanes qui, côté levant est dénommé « le cours », bien dégagé et qui, depuis 1 siècle, est devenu le lieu de toutes les festivités foraines et, côté couchant est dénommé «Lou Barri », en souvenir du rempart et qui sert à tout usage – ce n’est pas peu dire – aux riverains…

Suite de l’article avec une description de la campagne:

Ce qui a peut-être le plus modifié le paysage, c’est la disparition du mûrier, devenu inutile avec la disparition totale de l’élevage des vers à soie qui était jadis très florissant à Caderousse, (300 quintaux de cocons avant la Révolution), qui était encore pratiquée sur une grande échelle avant la guerre de 1914, pour décliner entre les deux guerres et disparaître complètement depuis la dernière. Avant la guerre, le mûrier était roi. La plupart des champs avait leur allée de mûriers qui étendaient leurs vertes et épaisses frondaisons et qu’il formait sous le nom de «pourreto » des haies en bordure des chemins. Ils ont presque tous été arrachés, car non seulement ils n’avaient plus d’utilité, mais constituaient avec la traction mécanique, une gêne pour l’exploitation des terres. Le paysage, de ce fait, est beaucoup plus dépouillé que jadis. (Tout a fait exact, il reste dans le grenier familial des clayettes et une couveuse destinées à l’éducation des vers à soie. A quand une expo -si cela n’a pas été fait- sur la sériciculture  ?)

Indépendamment du mûrier, d’autres arbres, d’essences méditerranéennes, tendent à disparaître  ou ont complètement disparu. À Caderousse, on cultivait jadis, avant la Révolution, le figuier, incomparablement plus abondant que de nos jours et qui donnait lieu à un important commerce : cette culture est aujourd’hui abandonnée et le figuier ne se retrouve que dans les cours des granges et des maisons. Avant la guerre de 14, on voyait de nombreux grenadiers et jujubiers dont les fruits étaient vendus dans les épiceries ou même simplement pillés par les gosses qui s’en régalaient. Les enfants d’aujourd’hui ont d’autres friandises à se mettre sous la dent, que des jujubes (ginjouris) ou des grenades (miougran) et ne s’aviseraient pas, comme le faisaient les enfants de notre âge à se barbouiller le visage en suçant la pulpe douceâtre de la cosse du caroubier (carobi). L’écarlate floraison du grenadier a disparu du décor ; rares sont les jujubiers ; disparus complètement les caroubiers. Le cognassier poussait en général sous forme de haies en bordure des chemins, comme d’ailleurs le néflier et le prunellier et c’était là une sorte de domaine public que chacun, et notamment les enfants, mettaient au pillage. Et le coing était utilisé de différentes façons, depuis le pan-coudoun jusqu’à la délicieuse boisson du coudoyant  dont on a perdu le goût, en passant par la gelée, la patte et la confiture de coing….

à suivre…

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CADEROUSSE, le PETIT et le GRAND RHÔNE, des PHOTOS de famille….

Suite de la présentation de quelques photos d’un autre temps, pas si vieux que cela, l’immédiat après-guerre, quand nos anciens avaient 20 ans. Le Rhône était encore sauvage malgré quelques aménagements et la CNR affinait son projet.

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Avec un paysage comme celui-ci avec des reflets dans l’eau… même si les photos étaient prises avec un appareil amateur.

A Caderousse, le Rhône se divisait en deux, avec un Petit Rhône au raz des digues qui entourent le village depuis le Second Empire et le Grand Rhône, du côté gardois, là où passaient les bateaux.

En été, c’est la période d’étiage, de calme.  On va à la plage…

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quand on trouve quelques mètre-carrés de sable fin qui sentent tout de même un peu la fang(u)e. Ici Maxime et Paulette font un peu de bronzette bien utile pour uniformer la couleur de peau de mon oncle habitué au « Marcel » dans les champs.

Un petit tour en barque…

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pour poser un peu pour l’éternité malgré l’intrusion d’un peu de lumière dans la chambre noire de l’appareil photo et que la pellicule s’est empressée d’incruster.

Des images de barques, à quai,

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ou dans le fleuve pour s’essayer sans trop de risque dans ce Rhône bien calme.

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L’été, c’est aussi l’étiage avec par endroit des galets qui montrent le bot de leur nez en dégageant une odeur si caractéristique que l’on ne connaît plus près d’un fleuve régulé.

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ici, peut-être le grand Rhône, avec un paysage qui ne donne guère de renseignement sur l’endroit où a été prise la photo.

Sur cette vue,  moins de doute, ma tante Paulette et son amie ont posé sur une digue protégeant l’île de la Piboulette des eaux du fleuve quand il se fâche ou près du pont de Roquemaure.

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On croit sentir un mistral glacial passer sur cette portion de digue en plein courant d’air et on frissonne à la vue des ces deux jeunes femmes en jupe, assez courageuses pour poser ici, malgré les grosses chaussettes d’hiver. Au loin , dans la fond, le château de Montfaucon où, longtemps, un veilleur prévenait les mariniers qui abordaient la fameuse rodée du Revestidou, danger majeur du cours provençal du Rhône. La radio qui vient ensuite équiper les bateaux du Rhône fit disparaître ce métier, en cet endroit, mais on l’installa dans une guérite au bord de la fameuse courbe.

Deux dernières vues où posent ma tante et des amis sur la première photo et mon oncle, ma tante et une connaissance sur la seconde. On doit être sur la berge du Petit Rhône, entre Caderousse et le Revestidou.

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L’été est fini, la plage de l’été est couverte par les eaux d’un fleuve assez conséquent en cet endroit. Au fond la colline du Lampourdier où les Romains implantèrent le port d’Arausio (Orange).  Les arbres au fond à droite ont poussé sur les berges de la Piboulette. Personne ne flâne en barque sur le Rhône car, ce jour-là, une bonne technique et quelques muscles étaient nécessaires pour naviguer. Un Rhône de printemps certainement comme l’attestent la végétation qui n’a pas encore démarré et les tenues des personnes qui posent.

Au même endroit ou presque, le même jour, un autre souvenir de ce dimanche de la fin des années 40,…

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Maxime est venu s’incruster entre les 2 amies. Au second plan, des habitations près de « Popol plage » et à gauche de l’arbuste vertical, la digue de Caderousse avec les platanes du cours dépassant. Une photo en toute logique prise devant « l’abattoir » qui servit ensuite de caserne des sapeurs pompiers  et maintenant de foyer pour les jeunes.

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CADEROUSSE, le BAC, le PETIT RHÔNE, les BARQUES…

Un peu pêle-mêle des vues du Rhône venant des collections de mes parents, des cartes postales comme des photos de famille. Des scènes rhodaniennes d’une vie qui se faisait à côté du fleuve, avec le fleuve. Les cartes postales sont certainement d’avant la seconde guerre mondiale, les photos datent de l’immédiat après-guerre.

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Une vue du bac qui permettait de traverser le Petit Rhône au niveau de Caderousse pour se rendre dans l’île de la Piboulette, riche terre agricole. pour mon père c’était tous les jours (sauf le dimanche) pour porter le courrier à l’époque (fin des années 40) où il était le facteur de la commune… même les jours de crues… ce qui devait être beaucoup plus anxiogène !

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Toujours sur cartes postales semi-modernes, les barques attachées le long du Petit Rhône au niveau du village, non loin des digues, près de l’endroit où on peut lire de nos jours de nombreux repères de crue sur un ancien mur. La CNR y a construit une route reliant le pont de Roquemaure au barrage et au Gard côté Codolet-Chusclan moins intrusive que ce qui a été fait ailleurs.
On voit sur la seconde vue une construction en train d’être réalisée au premier plan. Ce doit être le ponton pour le bac qui doit être restauré. Cette seconde carte colonisée doit dater de la guerre. Voici une vue de ce ponton une fois terminé…

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sur lequel pose quelqu’un qui n’a pas été identifié. Le passeur ? Ce bac de Caderousse, sur le Petit Rhône moins large que le Grand Rhône -une évidence- n’était pas un bac à traille mais un bac à rame, sauf erreur de ma part.

Quelques vues d’un Rhône bien paisible sur lequel on aimait se faire photographier.

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Une barque dans un clair-obscur involontaire.

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Ma mère Yvonne, jeune fille, posant sur une barque solidement arrimée à la berge, certainement la condition sine-qua-none pour qu’elle y monte seule !

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Mon oncle Maxime Santiago, fier marinier,  posant sur une barque avec, assise à ses pieds son épouse Paulette, la soeur aînée de ma mère, tout sourire, avec une amie. Il doit s’agir de la barque reliant les 2 rives du Petit Rhône. On a vu Maxime dans l’article parlant de la fabrique de balais Chauvet.

A suivre d’autres scènes rhodaniennes.

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VISITE du TOUEUR « CONSERVÉ » au port de L’ÉPERVIÈRE à VALENCE

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Jusqu’à il y a une vingtaine d’années, ce toueur était entreposé dans les chantiers fluviaux de la Coucourde, au nord de Montélimar. Puis, on le déplaça dans le port de la capitale (de la Drôme), sûr qu’il allait être restauré et mis en valeur  et qu’il deviendrait la pièce emblématique d’un futur hypothétique musée de la batellerie du Rhône. Raté ! Les crédits espérés ne vinrent jamais et voilà le fier bateau, mis à l’écart, abandonné au bord de l’eau, devenant peu à peu un tas de ferraille rouillée, tagué de dessins d’aucune valeur, au sud du port de l’Epervière, à demi-immergé  dans les eaux irrespectueuses du fleuve. Les joggeurs, promeneurs avancent sur la digue, juste à côté sans même le voir et ce n’est pas le panneau explicatif que plus personne ne regarde qui va raviver l’intérêt du passant pour cet ancien maître du Rhône. Qui aurait envie de visiter une casse automobile ? Sans compter le danger que peut représenter une épave dans cette position si l’on s’en rapproche trop… Quel gâchis !

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Sur le panneau en question, on nous le présente ainsi, tel qu’il avait été photographié il y a plus d’un siècle, pour les besoins d’une carte postale, au port du Pouzin. Voilà ce qu’il est devenu avec en toile de fond, le nouveau pont des Lônes sous lequel il n’est jamais passé dans sa jeunesse.

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Comme on peut le lire,

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8 toueurs (9 au début en 1896) se partageaient le passage le plus pentu du Rhône de Glun à Pont-Saint-Esprit, par tranches de 12 à 15 km. 8 ports d’attache et 8 secteurs sur lesquels les joueurs se relayaient pour remonter 2 barques chargées de 300 tonnes de marchandises.

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8 étapes à la remonte: Pont-Saint-Esprit- Bourg-Saint-Andéol; Bourg-Saint-Andéol- Viviers; Viviers- Le Teil; Le Teil- Cruas; Cruas- Le Pouzin; Le Pouzin- Etoile-Chamfort; Etoile-Chamfort- Valence; Valence- Glun. A chaque étape, il fallait donc détacher les barques du toueur arrivant du sud pour les rattacher au toueur descendant du nord… et ainsi de suite. Comme ici le passage de relais à Bourg-Saint-Andéol (1)..

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Certainement un peu fastidieux ! A la descente, les barques étaient attachées de part et d’autre du toueur pour éviter qu’elles ne poussent celui-ci, étant plus lourdes que lui. (1).

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Celui de l’Epervière a d’ailleurs gardé ses câbles d’attache des barques, presque encore enroulés sur leur treuil…

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ainsi que les guides vers le cul aval du bateau (pas une grossièreté, on appelait aussi les toueurs « bateaux à 2 culs »!)

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Décomposons un peu cette antiquité à partir de cette vue latérale:

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L’avant…

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d’où le cable fixé au port en amont, sortait de l’eau et venait coulisser sur des poulies et guides qui le conduisait jusqu’au grand tambour sur lequel il s’enroulait. On en reparlera.

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Voici donc le dessus de la salle…

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dans laquelle se trouve le grand tambour sur lequel le câble venait s’enrouler. En s’approchant, on constate que câble comme tambour sont encore bien présents…

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baignant dans l’eau du fleuve qui est entrée dans tout le bateau. Quelle tristesse ! Ce tambour fait tout de même 1,50 mètre de diamètre et 3,50 mètres de largeur ! C’est la pièce essentielle du bateau puisque c’est ce tambour qui en tournant fait avancer le bateau qui remonte le fleuve. D’autres vues de cette salle du tambour:

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A l’arrière de celle-ci, presque au dessus, la passerelle sur laquelle se trouvait le capitaine qui conduisait le bateau:

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On y accédait par un escalier dont les marches ont disparu.

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Il ne reste plus que la carcasse de cette cabine de pilotage, les côtés comme le toit, en matériau périssable (du bois et de la toile) ayant disparu. On peut le constater ci-dessous sur cette vue d’un toueur à l’arrêt au port de Viviers, en face du défilé de Donzère (1).

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Continuons notre descente du bateau avec la salle des machines dans laquelle se trouvait un moteur de 200 CV…

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surmontée de la cheminée par laquelle sortaient les fumées.

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Une cheminée dont on remarque en bas l’articulation qui lui permettait de se plier quand le bateau passait sous les ponts.

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On peut le constater sur cette vue ancienne d’un toueur arrêté au port de Montélimar, après qu’il soit passé sous le pont du Teil, la hauteur d’eau étant assez importante à cet endroit (1).

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Une salle des machines elle-aussi envahie par les eaux du Rhône.

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Les aérations sont toujours là…

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avec leur gueule semblant hurler toute la détresse de leur situation.

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Nous sommes quasiment à l’extrémité du bateau, reste l’arrière dont on a déjà parlé où étaient attachées les barques remplies de marchandises.

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Le Rhône ne fut pas le seul fleuve à connaître les toueurs comme on peut le lire sur ce panneau explicatif.

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Mais seuls les mariniers du Rhône devaient veiller à ce que le cable ne passe la nuit dans l’eau sous peine d’être recouvert par les graviers que chassait régulièrement le fleuve. Ainsi le toueur devait obligatoirement rejoindre son port d’attache (c’est le cas de le dire !) avec le cable enroulé au tambour.

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Toueur à l’arrêt au port de Montélimar (1).

Les mariniers de la Seine ou de la Loire ne connaissaient pas ce problème.

Il existe un dernier toueur en activité dans le tunnel de Riqueval dans l’Aisne. Il est utilisé pour tirer les péniches dans ce tunnel non ventilé. Il est lui-même mû par l’électricité ce qui évite émanations et intoxications. Sur le Rhône, le touage a disparu au moment où les péniches, automoteurs ou autres remorqueurs à roue à aubes furent assez puissants pour remonter le Rhône dans ce secteur le plus pentu, un dénivelé de 70 mètres entre Glun et Pont-Saint-Esprit. C’était en 1936.

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Le château de Crussol qui domine le Rhône en face de Valence

et veille sur les derniers jours du dernier toueur du fleuve.

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La seule inscription moderne digne d’intérêt !

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Une barque que l’on pouvait guider et son toueur au fond, au port de Montélimar (1).

(1) les cartes postales font partie de la collection de Marc Durand qui nous les a prêtées pour illustrer cet article . Qu’il en soit remercié !

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À l’hôtel du département, la PRÉSENTATION du dernier livre de CLAUDE DIDIER: LES GRANDS ÉVÉNEMENTS DE LA DRÔME.

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Il s’agit donc d’un livre de Claude Didier, un ami de Michel Marmus, publié aux Editions Labourée de Clermont-Ferrand: Les Grands Evénements de la Drôme, premier tome couvrant la période 1900-1950. Journaliste dans sa vie antérieure, c’est dans la presse locale et départementale que l’auteur trouva la matière à l’écriture de ses articles. Il raconte donc les événements importants inscrits dans l’Histoire comme…

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l’arrivée des Arméniens dans le département dans les années ayant suivi le Génocide ou…

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l’assassinat de l’ancien ministre du Front Populaire, en résidence surveillée à Montélimar pendant l’Occupation. Mais il aborde aussi des événements qui firent certainement parler à leur époque mais sur lesquels l’oubli est passé comme…

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cet accident d’avion.

Bien sûr, l’achèvement d’une des Merveilles de la Drôme, le Palais Idéal du facteur Cheval d’Hauterives…

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est bien présent…. d’autant plus que l’auteur a écrit, il y a quelques années, un autre ouvrage sur ce fleuron drômois célèbre dans le monde entier (Lecture ésotérique et symbolique du Palais Idéale du facteur Cheval).

C’est à l’Hôtel du Département que Claude Didier avait convié mercredi 6 avril, ses amis pour la présentation officielle de cet ouvrage en présence du vice-président du Conseil Départemental dévoué à la Culture, M. Limonta.

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Il y eut les discours, les petits fours et bien entendu, la séance de dédicace…

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Voici les quelques mots que Claude Didier nous a écrit sur l’exemplaire qu’il nous donna:

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Car nous avions très modestement participé à la réalisation de cet ouvrage en prêtant deux documents de nos collections…

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la carte de marinier dont une portion illustre l’article ayant trait à la création de la C.N.R. dans les années 20, prélude à la domestication du Rhône qui sera certainement abordée dans le second tome en cours d’écriture, et…

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la lettre de cette jeune valentinoise racontant les derniers jours de l’Occupation et la Libération de la Drôme et de sa ville-Préfecture. Une modeste contribution apportée avec plaisir.

On y voit aussi, entr’autre, une carte postale de la collection de Michel Marmus.

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Un dernier mot avec cette originale mais combien juste pensée de l’auteur qui dédie son ouvrage aux enseignants qui firent ce qu’il est devenu:

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Si la grande et la petite histoire de la Drôme vous intéressent, voilà un bel ouvrage à lire puis mettre dans votre bibliothèque:

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L’ancien PONT de ROQUEMAURE détruit en 1944.

Paul Marquion, vous l’avez lu hier, parlait ainsi de la traversée du Rhône en empruntant l’ancien pont de Roquemaure avant la Première Guerre Mondiale:

Le vieux pont suspendu était étroit ; les sabots des chevaux faisaient résonner désagréablement les planches du tablier et du haut de l’impériale le fleuve paraissait profond. Disons-le sans ambages : nous n’étions pas tellement fiers ! On respirait quand on arrivait à une pile ; pendant quelques mètres où on se retrouvait sur le dur et où le Rhône était masqué. Mais on n’était vraiment rassuré qu’en arrivant à la dernière.

Car comme il le précisait juste avant… Au bout de la route, c’était le pont suspendu de Roquemaure  à plusieurs arches, détruit pendant la dernière guerre et qui a été remplacé par un pont magnifique qui franchit le Rhône d’une seule enjambée.

Ce pont effectivement enjambe le Rhône et est situé à cheval sur les communes de Roquemaure côté Gard et… Orange côté Vaucluse, la Cité des Princes s’avançant jusqu’au Rhône par une bande de territoire entre Caderousse et Chateauneuf-du-Pape.

Voici deux vues prises immédiatement après la Seconde Guerre mondiale par ma tante Paulette qui pose d’ailleurs avec une amie devant ce qu’il reste du pont qui a perdu ses tabliers tombés dans le fleuve.

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On voit bien que le pont comptait une pile au milieu du fleuve et 2 piles sur les berges. On verra cela plus loin.

Sur cette seconde vue ayant la même origine et certainement prise le même jour, on voit bien le tablier détruit.

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La photo été prise sur la culée côté Orange et comme le faisait remarquer Paul Marquion, on note l’étroitesse de la chaussée au niveau des piles. Ce ne devait pas être très facile de se croiser à leurs niveaux !

Un bac permettait aux véhicules et piétons de traverser le Rhône avant la réparation du pont après la guerre. Son fonctionnement dura assez longtemps car je me souviens très bien de voisins habitant au fond de l’andrône Jean Jaurés à Caderousse chez le docteur dont le père travaillait à la construction du nouveau pont de Roquelaure. Ce devait se passer dans les années 60. Cela évita au pont de Roquemaure de connaître les mêmes problèmes que celui du Teil avec ces câbles fabriqués en un acier de mauvaise qualité et qui durent être remplacés au début des années 2000, entraînant de gros problèmes de circulation entre Drôme et Ardèche au niveau du Teil-Montélimar.

Le nouveau pont de Roquemaure…

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a été construit une centaine de mètres en amont de celui qui existait avant guerre. Il reste côté Roquemaure (Gard) les traces de l’entrée de l’ancien pont…

53C-pont détruit de Roquemaure 6

avec la pile d’entrée au premier plan et la pile posée sur une petite île du Rhône à une vingtaine de mètres de l’entrée:

53C-pont détruit de Roquemaure 1

Vous avez noté une plaque mémorielle posée à l’entrée de l’ancien pont; La voici:

53C-pont détruit de Roquemaure 3

Le 18 août 1944, les Allemands alors en pleine débâcle dans le sud-est continuèrent pourtant de s’acharner sur leurs prisonniers entassés dans ce train fantôme parti du camp de Gurs en Navarre. Comme le train ne pouvait continuer sur la rive droite, des ponts étant détruits, les déportés furent débarqués en gare de Roquemaure pour rejoindre celle de Sorgues sur la rive gauche, distantes l’une de l’autre de 10 à 12 kilomètres. Ces 700 malheureux furent dans les derniers à traverser le Rhône sur ce pont avant sa destruction. Et leur calvaire continua ainsi jusqu’à Auschwitz Dachau.

De nos jours, le pont routier de Roquemaure a été rejoint par le pont autoroutier de l’A9 dans les années 70 puis par le pont de la ligne ferroviaire à grande vitesse au début du millénaire. Voici ces 3 ponts…

 51-les 3 ponts de Roquemaure 2

au premier plan le plus récent (la LGV), au second celui de l’A9 et au fond, les piles du pont suspendu.

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RENCONTRE avec FRANCIS BOURG, un marinier du RHÔNE dans les années 50.

Texte écrit et publié dans le blog de l’Ancone Culture et Partimoine: 

http://anconecultureetpatrimoineleblog.wordpress.com/

Il a toute sa place dans unmondedepapiers. Un montilien, Francis Bourg, raconte la petite dizaine d’années qu’il a passée comme marinier sur le la Rhône pour le compte de l’H.P.L.M.

UNE MÉMOIRE DE RHODANIEN

Couverture du livre de Michel-André Tracol qui, en enlevant le S à RHODANIENS, illustre parfaitement cet article.

Francis Bourg aime le Rhône, vit près du Rhône, se souvient de son passé sur le Rhône, à une époque où le fleuve était encore libre. Il a vu le Rhône se laisser dompter par l’homme et par les digues de la C.N.R.

Son histoire avec le fleuve a commencé tôt, à l’âge de 14 ans quand il rentra comme apprenti dans les chantiers fluviaux de la E.G.B.H. (1) qui occupaient à l’époque des espaces industriels près du pont du Teil, sur la commune de Montélimar. Ces chantiers ont dû migrer avec l’aménagement de la chute de Montélimar à La Coucourde ce qui leur a permis de se moderniser. Apprenti, Francis était un peu le garçon à tout faire, dévoué au nettoyage autant qu’à tenir le rivet, souvent rouge cerise, quand l’ouvrier l’emboutissait pour joindre deux tôles. Dur apprentissage du monde de l’entreprise !

Très jeune, bien avant l’âge légal pour embarquer qui était alors fixé à 16 ans, il entra ensuite en tant que matelot à la Compagnie Générale de Navigation H.P.L.M., le Havre-Paris-Lyon-Marseille (2). C’était l’année où cette société fêtait son premier siècle d’existence. Il y passa une petite dizaine d’années dans le transport puis dans le dragage du fleuve.

Le transport en premier. Il s’agissait de transporter des matériaux entre Lyon et Marseille et inversement. A la descize (3), le bateau embarquait du fer en barre à Lyon pour le livrer au port de la Joliette. Cela signifiait pour les bateaux, un joli périple. Après la descente du Rhône, ils faisaient un petit passage en Méditerranée dans le golfe de Fos entre Port-Saint-Louis-du-Rhône et Port-de-Bouc, avant de traverser le tunnel du Rove, dernière étape avant l’Estaque et la Joliette, ce tunnel du Rove aujourd’hui fermé suite à un effondrement partiel de la voûte dans les années 60. Ce transport durait 2 jours. A la remonte (4), c‘était du sel qui partait des Salins-de-Giraud pour l’industrie chimique lyonnaise. Quelquefois du vin d’Algérie. Dans ce sens, c’était bien plus long et il fallait 4 jours pour atteindre Lyon. Les escales se faisaient ici et là, au gré de l’avancée de la péniche sur le fleuve, pas forcément dans un port. Il fallait alors accrocher solidement le bateau à des arbres, suppléants les bittes plantées à cet effet dans les ports.

FB SOURIANT

 

A bord des péniches, 4 hommes : le capitaine et son second capables de tout faire, un marinier et un matelot prêts à toutes les tâches eux-aussi. Pour Francis, au début, ce n’étaient pas les plus nobles : entretien et lavage du pont, les cuivres, les peintures, les logements, la cuisine. Le bateau embarquait des vivres pour le trajet mais les escales étaient nécessaires pour rompre la routine du voyage.

A cette époque, un seul aménagement du Rhône existait, celui de Donzère-Mondragon, inauguré en 1953 par le président de la République Vincent Auriol. Cela signifiait que lors de ces trajets, on ne devait franchir qu’une seule écluse, celle de Bollène, une écluse automatique bien différente de celles qui existaient en amont de Lyon sur la Saône, telle celle de Couzon-au-Mont-d’Or, que les mariniers devaient manœuvrer eux-mêmes quand il fallait aller faire un chargement du côté de Chalon-sur- Saône ou se rendre aux chantiers fluviaux où avaient été construits bien des navires de la C.G.N.-H.P.L.M..

La péniche était tout de même assez impressionnante : 76 mètres de long pour 7 mètres 50 de large, 750 tonnes pour une puissance des 2 moteurs diesel de 500CV qui fonctionnaient au fuel léger. Un système de réchauffeur permettait une alimentation des moteurs au fuel lourd, une huile proche du goudron !

Après une année et demie à naviguer, Francis passa sur des dragues. Leurs fonctions consistaient à nettoyer les fonds du fleuve comme à Montélimar, au confluent Rhône-Roubion, non loin de l’usine Lafarge du Teil. Les graviers charriés par l’affluent se déposaient dans le lit du Rhône et pouvaient gêner la navigation en période de moyennes et basses eaux. N’oublions pas que les péniches étaient chargées au maximum à l’aller comme au retour. Il fut l’un des derniers mariniers chauffeurs c’est-à-dire marinier à naviguer sur la drague à vapeur « la Lyonnaise » fonctionnant au fuel léger. La chaudière « basse pression » de la drague produisait une pression de 8 bars. Elle servait à propulser le bateau, à mouvoir la chaîne à godets raclant le fond du fleuve et les cinq treuils servant aux manœuvres. Le rôle du chauffeur était primordial.

Il passa ensuite sur la drague C.N.R. 2 qui était la seule à fonctionner à l’électricité. Une électricité produite par un générateur accouplé à un moteur diesel. Puis ce fut l’automoteur C.N.R. 3 qui contrairement à ce que son nom semble indiquer appartenait aussi à l’H.P.L.M. : 2 moteurs diesel Duvant construits à Valenciennes de 8 cylindres pour une puissance totale de 1 000 CV.

Pendant les 7 années qu’il passa sur la drague, Francis vit la C.N.R. construire des barrages, usines hydro-électriques, digues et canaux qui allaient dompter mais aussi défigurer le paysage rhodanien. Ce fut le cas au niveau d’Ancone, coupé du fleuve par des montagnes de terres et de roches, coupé  du Rhône qui pourtant, dans un passé lointain, avait été la raison d’être du village. Cet aménagement du Rhône de Montélimar ne fut jamais inauguré, le président René Coty étant très occupé, au moment où cela aurait dû se faire, par des mouvements sociaux dans les mines de Saint-Etienne, à une époque où le charbon était l’énergie principale indispensable à la reconstruction et au développement de la France ! Puis après la chute de Montélimar, ce furent ensuite en amont celle du Logis-Neuf, celle de Beauchastel… Pour les suivantes, Francis avait alors quitté le transport fluvial pour la route que la modernité et des lobbies étaient en train de développer et rendre indispensable.

VAPEUR À 2 CHEMINÉES

Un bateau à roue à aubes et aux 2 cheminées dans le célèbre -et dangereux- virage du Revestidou.

Comme d’autres, il fut observateur avisé du spectacle des grands citernes du Rhône, les Citerna et les Rhodania qui transportaient le pétrole depuis Fos jusqu’à la raffinerie de l’agglomération lyonnaise : 4 jours pour monter 450 tonnes d’hydrocarbures, 1 jour pour descendre à vide ; dans le meilleur des cas, une rotation de pétroliers tous les 6 jours sans jour de repos sinon pour Noël, Pâques, le 1er Mai ou la Saint-Nicolas (5) un rythme de vie qu’il connaissait lui aussi quand il servait sur les bateaux !

Francis aime à citer aussi les passages délicats du Rhône qui demandaient attention et implication de tout l’équipage : Arles tout d’abord et le passage délicat des rochers de Terrain,  le confluant Rhône-Durance près d’Avignon avec des bancs de sédiments changeants, les rapides de Saint-Etienne-des-Sorts et de Pont-Saint-Esprit, le passage du « défilé de Donzère », tombeau de bon nombre de bateaux depuis des temps immémoriaux. Plus au nord, c’était le passage délicat non loin du château des Roches à Savasse, le P.K. 150, en face de l’actuelle centrale nucléaire, autant par hautes que basses eaux, maintenant noyé par le lac de retenue du barrage de Rochemaure. Enfin, il n’oublie pas la Table du Roi en amont de Tain-Tournon qui pouvait piéger des marins chevronnés. Il y avait aussi ces rodées dangereuses (on dirait virages s’il s’agissait d’une route) où le croisement de bateaux était très délicat: la rodée du Revestidou entre Caderousse et Montfaucon, de loin la plus dangereuse, où avant l’utilisation de la radio, un système de signaux était installé sur les hauteurs de Montfaucon pour prévenir les capitaines, celles de Condrieu et de Ponsas, plus au nord, où là aussi les mariniers devaient se fier aux indications de guides sur les hauteurs environnantes pour éviter les accidents. N’oublions pas qu’un bateau ne s’arrête pas aussi facilement qu’un camion ou qu’une voiture !  Car il fallait être formé et attentif à tous ces pièges changeants. Quelquefois, en période d’étiage, c’était tout l’équipage qui était sollicité pour sonder le tirant d’eau avec des perches. Deux hommes, un à bâbord et un à tribord informaient sans arrêt le capitaine dans le choix du chenal idéal. De nos jours, la navigation a été considérablement aseptisée par les aménagements modernes, ce qui rend d’autant plus incompréhensibles les quelques accidents comme ceux survenus au niveau de La Voulte dans un passé récent, preuve de l’amateurisme de quelques capitaines, pour Francis.

Comme bien de passionnés de l’histoire de la batellerie sur le Rhône, ce sont les toueurs qui rendent intarissable Francis Bour. Ces « bateaux à 2 culs » comme on les appelait alors, œuvraient à la remonte entre Pont-Saint-Esprit et Pont d’Isère où la pente fleuve était la plus redoutable. En amont et en aval, des remorqueurs classiques, moins puissants, suffisaient. Chaque toueur remontait son train de barques chargées de marchandises diverses, du vin bien souvent, sur une distance de 12 à 14 kilomètres, la longueur du câble sur lequel il se tractait. Le soir, c’est en haut de son parcours qu’il passait la nuit car si le câble avait reposé toute une nuit sur le fond du fleuve, les sédiments charriés par les eaux auraient causé quelques problèmes en le recouvrant. C’est au moment où les remorqueurs furent aussi puissants que les toueurs que sonna la glas de ces derniers, à la fin des années 30. Un des derniers toueurs existant croule sous la rouille au port de l’Epervière à Valence, à moitié immergé, attendant des financements qui n’arrivent jamais pour sa restauration (6).

Pour Francis, même nostalgie pour l’époque de la traction à vapeur sur le Rhône. Une vapeur créée par la combustion du charbon comme dans les locomotives puis celle du fuel. Une vapeur qui servait à faire avancer le bateau mais aussi à manœuvrer les treuils pour contrôler et guider les trains de barques. Une vapeur créée dans une salle des chaudières dans laquelle la température avoisinait les 50° et où les cuivres comme les sols devaient être d’une propreté absolue.

Francis, ancien marinier, ne regrette rien de cette époque et de ses 10 années passées sur le fleuve. Pourtant le métier était dur et dangereux. Dur car les journées commençaient tôt, à 3 heures du matin pour bien souvent se terminer vers 20 heures ou 22 heures suivant la visibilité. Dangereux car le Rhône était toujours présent, prêt à vous engloutir à la moindre inattention. Les machines également ne laissaient aucun moment de répit.

Ancien routier de son second métier, maintenant retraité, Francis prend plaisir à se rendre à bicyclette sur les berges du canal de dérivation du Rhône, non loin de chez lui, une berge aujourd’hui asphaltée grâce au projet ViaRhôna qui permet à beaucoup de riverains de redécouvrir ce qui reste du fleuve-roi. Mais il regrette toujours que les capitaines des gros bateaux qui circulent sur le canal ne prêtent attention au salut qu’il leur adresse et ne le lui rendent pas comme cela se faisait à son époque. Autre temps, autre matériel, autre mentalité, autres mœurs ! Dommage !!! (7)

FB PENSIF

Merci pour cette rencontre organisée par Jeannot Tschanz, voisin et ami de Francis Bourg, dans l’île du Tonneau, près de Montélimar, entre Rhône, Meyrol et canal.

Notes:

1- E.G.B.H. Entreprise Getten Bourguet Heraudeau du nom des 3 associés ayant créés ce chantier fluvial. Une entreprise dans laquelle régnait un esprit de famille et où il faisait bon y travailler. Ce chantier est devenue l’entreprise Tournaud qui appartient au groupe Vinci.

2- la C.G.N.-H.P.L.M. lire une intéressante bio de cette compagnie sur la page http://frenchtugs.free.fr/cies/fluviaux/hplm.htm

3-la descize, terme rhodanien signifiant la descente du fleuve, de Lyon à Arles et à la mer.

4-la remonte, c’est le terme désignant le trajet Méditerranée-Lyon sur le Rhône.

5-à l’époque du halage, pour la Saint-Nicolas, les chevaux comme les hommes avaient droit à double ration dans les relais qui jalonnaient le chemin.

6-voir un article de ce blog nous montrant des photos de ce toueur de l’Épervière prises par nos soins en février 2016.

7-à l’époque où il naviguait sur le Rhône, lorsque son bateau passait au niveau de l’île du Tonneau, le capitaine n’oubliait jamais d’actionner le « ténor », la corne de brune, pour saluer les proches de Francis à terre, à commencer par Nanette, sa maman ainsi que ses frères et soeurs, les voisins et amis.

 

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