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114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Paul MENU.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-troisième nom de la liste: Paul Laurent MENU.

Comme Victor Menier, Paul Menu a été oublié sur le Monument aux Morts de Caderousse. La raison en est à peu près la même: une naissance au village d’un père Caderoussier, le départ assez rapide de la famille du village et le temps qui passe par là et l’oubli avec.

Paul Albert Menu, né à Caderousse en 1857 est pâtissier confiseur. Il a pris pour épouse Marie Félicité Clapier une couturière d’Orange un peu plus jeune que lui. Les noces ont eu lieu dans le Cité des Princes le 29 octobre 1879 où le couple s’installe, 19 rue des arènes. Une petite Adrienne Madeleine arrive rapidement, le 17 avril 1880.

Puis la famille vient vivre à Caderousse. Elle s’installe rue Château-Vieux où les jeunes mariés semblent avoir ouvert un commerce de pâtisserie. Pas sûr que cela soit rentable dans ce village somme toute assez pauvre. Un petit garçon arrive dans le foyer, Paul Laurent, né le 16 mai 1882.

La famille Menu au recensement de 1886.

Voici donc la famille Menu-Clapier recensée à Caderousse en 1886. Cinq ans plus tard, en 1891, la famille a quitté les digues de Caderousse pour exercer son métier ailleurs, certainement à Orange où la clientèle est plus importante.

En 1902, quand l’Armée recense le conscrit Paul Laurent Menu, il vit à Orange et a choisi le même métier que son père, pâtissier-confiseur. Boulanger, il aurait été versé dans le service auxiliaire des commis et ouvriers d’administration. Pâtissier, l’Armée n’en a moins besoin et il est envoyé dans une unité d’infanterie: le 3ème Régiment de Zouaves. Traversée de la Méditerranée, arrivée à Constantine le 18 novembre 1903… où Paul Menu servira jusqu’au 29 septembre 1906. Sur son registre matricule est inscrit cette campagne d’Algérie à laquelle participa le Régiment de Zouaves, pour pacifier le pays des groupes rebelles.

Rendu à la vie civile, Paul se marie à Orange, le 23 avril 1907, avec Marie-Louise Biscarrat, la fille d’un médecin, née comme lui en 1882. Ils eurent le temps de fonder une famille mais le retard de mise en ligne des Archives de certaines communes du Vaucluse nous empêche d’en savoir plus.

Toujours est-il que le 13 août 1914, Paul va se retrouver à nouveau chez les Zouaves, pas en Algérie mais au camp de Sathonay, au nord de Lyon. Après une année de combat, c’est du côté de la Champagne que le vie de Paul va basculer pendant la seconde bataille de Champagne, fin septembre-début octobre 1915. C’est certainement lors d’une offensive longuement racontée dans le Journal de Marche du 3ème Zouaves que le pâtissier orangeois va être gravement blessé,  le 25 ou 26 septembre 1915.

J’ai gardé le passage sur la défense du drapeau qui est édifiant !

Extrait du Journal de Marche du 3ème Zouaves en date du 25 septembre 1915.

Pas moins de quatre morts en quelques instants pour se disputer l’honneur de porter le drapeau du régiment dans le tourmente ! Cet épisode ne concerne pas Paul Menu puisqu’il survivra jusqu’au 10 octobre 1915 à ses blessures avant de s’éteindre à Saint-Hilaire-le-Grand, dans un hôpital situé à quelques pas de la gare où, le jour-même, le 3ème Zouaves prenait le train en direction des Flandres, jusqu’à Esquelbecq à quelques kilomètres de Dunkerque et de la mer du Nord, pour aller combattre avec les débris de l’armée belge entre Ypres et La Panne.

Le 10 octobre 1915, Paul Menu était âgé de 33 ans et 5 mois.

 

La fiche matricule de Paul Laurent Menu de Mémoire des Hommes.

Paul Laurent Menu, matricule 575 de la classe 1902, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Menu existe toujours dans le Vaucluse et le Gard. Si quelqu’un reconnaît en Paul un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Justin Paul Miaille.

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112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-huitième, cinquante-neuvième et soixantième noms de la liste: Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

La seconde face du monument aux morts.

Etant le plus âgé, c’est Florestan qui le premier connaîtra la servitude et grandeur militaires chez les Zouaves en Algérie. Il sera appelé sous les drapeaux le 21 novembre 1914 à Constantine, au 3ème Régiment. Le pays étant sous la menace de rébellions latentes, son service ne sera pas de tout repos et cette première campagne militaire sera inscrite sur son livret militaire. Le fait d’être devenu père de la petite Alberte en 1906 lui permettra de voir son service réduit de quelques mois comme soutien de famille. Toujours cela de pris ! Il sera rendu à la vie civile le 04 avril 1907.

Né en 1888, son petit frère Julien sera appelé sous les drapeaux le 07 octobre 1909. Lui s’arrêtera au bord de la Méditerranée, à Toulon, sans la traverser. Pendant deux ans, jusqu’au 24 octobre 1911, il sera fantassin au 111ème Régiment d’Infanterie.

Quant à leur cousin Auguste né en 1894, il sera appelé par anticipation le 09 septembre 1914 au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon, une unité décimée après le premier mois de guerre. Quelques semaines d’instruction et il se retrouvera à tout juste vingt ans dans les tranchées du nord-est de la France. A cette date, ses deux cousins germains Florestan et Julien ne seront plus de ce monde !

En effet, les deux frères furent tués très rapidement, au tout début de cette longue guerre.

Tout d’abord, Julien le biffin toulonnais.

Le portrait de Julien Martin sur la tombe familiale au cimetière.

Le 111ème Régiment d’Infanterie quitte Antibes par trois convois ferroviaires pour le nord-est de la France le 9 août. Le 10, le régiment est à pied d’oeuvre au sud de Nancy… Vézelise, Diarville. Plusieurs journées de marches forcées harassantes pour se retrouver face aux Allemands, plus attentistes, en Lorraine ennemie, avec comme mot d’ordre dans toutes les bouches de l’Etat-Major français: « On attaque » !

Dès le 14 août, les fantassins sont jetés dans un grand désordre sur des ennemis qui les attendent de pied ferme. Sans même lire le contenu du Journal de Marche, on comprend que règne une confusion certaine même chez son rédacteur !

En lisant, ce passage, on comprend que rien n’est simple pour les hommes. Dans cette pagaille, ils arrivent à se mitrailler entre eux !

Le 14 août 1914, Julien Joseph François Martin, dès son baptême du feu, disparaît près de Moncourt. Il avait 26 ans et 1 mois.

La fiche matricule de Julien Joseph François Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 312 classe 1908 bureau de recrutement d’Avignon.

Son frère Florestan est rappelé le 4 août 1914 au 4ème Régiment d’Infanterie Coloniale de Toulon. Exit les Zouaves où Florestan avait fait ses classes et où il avait revêtu cette belle tenue pour la postérité, dans sa jeunesse.

Le portrait de Florestan Martin sur la même tombe familiale au cimetière.

Le régiment quitte Toulon le 11 août. Il reçoit le baptême du feu dans le sud de la Belgique le 23 août, dans le secteur de Jamoigne-Valansart. Mais les Français refluent et on retrouve le régiment plus au sud, entre Verdun et la Meuse. Mi-septembre, des combats se déroulent à l’est de Verdun. Florestan disparaît dans un premier temps près de Bonzée dans la Meuse. Il semble que son corps ait été retrouvé postérieurement et un jugement fixe la date de son décès au 21 septembre 1914. Il avait 30 ans et 11 mois.

 

La fiche matricule de Florestan Emile  Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 148 classe 1903 bureau de recrutement d’Avignon

Comme déjà dit ci-dessus, Auguste Martin rejoint le 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon le 09 septembre 1914. On l’a déjà raconté dans d’autres biographies, ce régiment a subi de lourdes pertes dans le premier mois de guerre. Des forces fraiches sont donc bienvenues. Les hommes subissent tout de même un entraînement pendant quelques mois avant de retrouver le front, durée de formation dépendant surtout des besoins de l’Etat-Major.

On ne sait à quel moment il rejoint le front mais on peut raisonnablement penser que cette date devait se situer vers le début de l’année 1915. C’est lors de la seconde bataille de la Marne fin septembre-début octobre 1915 qu’Auguste sera tué, dans un secteur dont on a déjà parlé, celui de Souain- Perthes-les-Hurlus, Suippes, la main de Massiges, des terres devenues incultes par la quantité d’acier qui s’y est déversé.

Carte des lieux extraite du Journal de Marche du 58ème RI.

La journée du 14 octobre 1915 semble avoir été assez calme. Par contre, comme on peut le lire ci-dessous,…

…on continue à ramasser et à enterrer des cadavres des combats des journées précédentes et on peut penser qu’Auguste fait partie des 105 malheureux enterrés par le service médical. Ce 14 octobre, il avait seulement 20 ans et 8 mois. Il repose à la Nécropole Nationale de Saint-Ménéhould dans la Marne depuis le 30 septembre 1920.

La fiche matricule d’Auguste Joseph  Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 404 classe 1914 bureau de recrutement d’Avignon

Le patronyme Martin est assez répandu en France et donc dans le Vaucluse et la tombe des frères Florestan et Julien Martin est bien entretenue au cimetière. Si un descendant reconnaît dans ces biographies des ascendants directs ou indirects, qu’il n’hésite pas à se manifester pour modifier ou compléter les textes. 

A suivre Paul Melon.

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111 POILUS de CADEROUSSE, 111 DESTINS… Raphaël MARCELLIN

111 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 111 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-sixième nom de la liste: Raphaël MARCELLIN.

La seconde face du monument aux morts.

Raphaël Marcellin est né à Caderousse le 25 juillet 1877. Ce sera donc un soldat déjà relativement âgé quand la Première Guerre Mondiale éclatera. Ayant été longtemps militaire de carrière, il deviendra automatiquement sous-lieutenant en 1914 et sera en première ligne pour entraîner ses hommes quand une balle le frappera. Sort commun à pas mal d’officiers !

Le père de Raphaël, cultivateur à Caderousse et né au village en 1849 avait traversé le Rhône pour prendre pour épouse Marie Virginie Devèze, une jeune femme de Saint-Laurent-des-Arbres, de deux ans plus jeune que lui. Le mariage avait eu lieu à la fin de 1876 et l’année suivante Raphaël venait au monde, rue plan de lamourier, du mûrier en traduisant en français.

Un petit frère François Abel allait suivre le 21 octobre 1881 mais il décédait huit mois plus tard exactement. Un autre garçon naîtra le 18 juillet 1884. Simon Julien Marcellin fera une belle carrière dans les Postes et Télégraphes. Bizarrement, il n’apparaît pas au recensement de  1901.

Peut-être une erreur de transcription de l’agent recenseur. En effet, il est noté que Raphaël est âgé de 17 ans alors qu’il s’agit là de l’âge de Simon, lequel Raphaël a alors 24 ans et se trouve plutôt à la caserne de Pont-Saint-Esprit qu’à Caderousse.

Toujours est-il en effet que les deux frères Marcellin vont rapidement quitter le village.

Cultivateur avant son incorporation au 157ème Régiment d’Infanterie le 31 octobre 1895, Raphaël a devancé l’appel et s’est engagé pour quatre ans. D’engagement en réengagements, il restera à l’armée jusqu’au 16 juillet 1911, c’est-à-dire pas moins de 16 ans. Il en sortira adjudant et se verra nommer sous-lieutenant le 21 novembre 1914 après les hécatombes des premiers mois de guerre. A sa libération en 1911, Raphaël trouve un emploi pour quelques années comme employé municipal à Lyon. Peut-être alors s’est-il marié ? Possible mais si cela s’est produit, ce ne peut être qu’entre 1913 et la déclaration de guerre.

De son côté, Simon, le petit frère, a fait une brillante scolarité puisque mentionné 4 pour son niveau d’instruction, c’est-à-dire détenteur d’un diplôme sanctionnant des études supérieures. Il ne fera que deux années de service dans l’artillerie puis entrera dans les Postes comme contrôleur des téléphones à Saint-Etienne. Il servira pendant la guerre au 8ème Régiment du Génie de Jarnac, une unité spécialisée dans les transmissions. Après la guerre, il poursuivra sa carrière loin de Caderousse en retrouvant son poste dans la Loire avant de partir au Maroc pacifié à partir de 1928, Meknès, Rabat puis Casablanca.

Le 3 août 1914, Raphaël retrouve donc une caserne, celle du 72ème Régiment d’Infanterie à Amiens. A la fin de l’hiver 1915, son régiment combat dans le secteur du Mesnil-les-Hurlus. Tout est dit quand ce nom est cité ! Comme nombre de villages dans ce coin de Champagne, non loin du camp de Suippes, le village sera rasé et sera déclaré « Mort pour la France » après la guerre pour ne plus être reconstruit.

En témoignent ces zones vert foncé correspondant de nos jours à des lieux où plus rien de pourra pousser pour longtemps encore sinon des broussailles et des forêts dangereuses. Le camp militaire de Suippes s’est installé sur la zone en bas à gauche.

La bataille fait rage et le régiment monte en ligne pour quelques jours, perd de nombreux soldats dans des attaques aussi inutiles que meurtrières comme entre les 22 et 23 février où tombent plusieurs officiers et pas moins de 885 hommes de rang, tués, blessés et disparus ! Puis la troupe se retire pour prendre quelques jours de « repos » avant de remonter en ligne. Les hommes sont épuisés par ce rythme comme le note le rédacteur du Journal de Marche du régiment qui parle d’un « état sanitaire laissant à désirer ». Ainsi, 21 hommes sont évacués le 28 février, 44 le 1er mars, 23 le 2 et 26 le 3 juste avant le retour difficile, de nuit, en tranchées de première ligne du 72ème RI pour attaquer tout de suite à nouveau, le 5 mars. Car est ainsi pensée la stratégie militaire française.

Voici un schéma sommaire des lieux.

Le régiment est positionné dans les tranchées situées entre A et C, si près des tranchées allemandes que le pointeur d’artillerie venu visiter les lieux a estimé qu’une préparation était impossible car les lignes étaient trop rapprochées. Alors, on attaque de nuit, à deux heures du matin !

Mais les Allemands ne dorment pas plus que les Français. Comme on peut le lire entre les lignes, c’est à l’instant  où il sort de la tranchée que Raphaël Marcellin est fauché puisque commandant d’une Compagnie en tant que sous-lieutenant de carrière. On est à l’aube du 6 mars 1915. La suite de la narration du Journal de Marche nous le confirme, en date du 9 mars quand est fait le bilan des combats des 5-6 et 7 mars 1915. Son nom apparaît dans la liste des neuf officiers tués.

Il avait alors 37 ans et 6 mois. A ses côtés sont tombés 450 soldats et caporaux, tués, blessés et disparus.

 

La fiche matricule de Raphaël Marcellin de Mémoire des Hommes.

Raphaël Marcellin, matricule 771 de la classe 1897, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Marcellin semble très vivant en Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Raphaël un ascendant direct ou indirect,  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Louis Isidore Marquion.

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111 POILUS de CADEROUSSE, 111 DESTINS… Louis LASSIAT.

111 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 111 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-quatrième nom de la liste: Lois Paul LASSIAT.

Louis Paul Lassiat a été oublié sur la monument aux morts. Pourtant, il est bien né à Caderousse le 21 février 1879 dans une ferme du quartier de la Vicheronne (?). Son père Pierre est fermier âgé de 38 ans au moment de la naissance de Louis et sa mère Marie Blanc est plus jeune de 11 ans que son mari. L’un et l’autre ne semblent pas être du village et n’y sont pas restés très longtemps. En 1876, ils n’apparaissent pas dans la liste du recensement et en 1881, deux ans après la naissance de Louis, ils sont déjà partis. Pas des étoiles filantes mais plutôt des fermiers qui offrent leurs bras aux plus offrants.

Il semble que la famille se soit fixée un peu après sur Orange, à la campagne, sans grande certitude. C’est en tout cas le Tribunal d’Orange qui va condamner Louis en 1896, alors qu’il est âgé de 17 ans pour une partie de pêche par un mode prohibé ! Pas une grosse sanction, 3 francs seulement d’amende seulement, mais une inscription de la bêtise dans son registre matricule.

Le 16 novembre 1900, Louis va partir à l’armée au 24ème Bataillon de Chasseurs à Pied, ancêtre des Chasseurs Alpins. Il va y rester deux ans et demi pour être libéré le 15 mai 1903. Cette unité est en caserne à Villefranche-sur-Mer, près de Nice. Un séjour plus agréable qu’à Sedan, certes mais des entraînements sur des terrains escarpés. Il devient fanfariste du Bataillon le 21 septembre 1901.

De retour de l’armée, Louis Lassiat  va vivre à Orange au quartier des Princes, c’est-à-dire assez près de Caderousse, certainement aussi dans sa famille. Quelques années plus tard, le 15 juillet 1911, il se marie à Cairanne avec une drômoise de Rochegude, Mathilde Marie Germaine Palavesin, de quatre ans sa cadette.

Son parcours militaire reprend quelques mois plus tard, au moment de la déclaration de guerre. Rappelé chez les Chasseurs à pied, il va faire un petit tour au 27ème bataillon au début d’octobre 1914 puis revient au 24ème BCP. Les Chasseurs sont envoyés dans les Vosges. Ils sont au Reichakerkopf en mars 1915 où se déroulent des combats sporadiques, des attaques inutiles mal préparées.

Le 23 mars, il est clairement noté sur le Journal de Marche de l’unité que la préparation d’artillerie de l’attaque menée par le 24 BCP a été lamentable. Pourquoi attaquer tout de même après cette préparation insuffisante ? Toujours est-il que ce jour-là, 8 hommes sont tués et 37 blessés. Parmi les décédés, Louis Lassiat, l’oublié de Caderousse.

Six mois plus tard, le 26 septembre, un autre Caderoussier dont on a déjà parlé, Auguste Léon Bruguier du 6ème BCP était tué sur ce même Reichakerkopf.

La fiche matricule de Louis Paul Lassiat de Mémoire des Hommes.

Louis Paul Lassiat, matricule 679 de la classe 1899, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Lassiat semble être très présent en Vaucluse, dans la région d’Orange, même si le T a disparu. Si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Henri Lazard.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Adrien GUÉRIN.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-unième nom de la liste: Adrien GUÉRIN.

La seconde face du monument.

Voici la biographie qui ne m’a pas demandé le plus de temps pour boucler la recherche. Juste quelques bricoles pour  affiner quelques points biographiques. Pour le reste, j’en avais écrit l’essentiel au tout début du blog, vers le début des célébrations du Centenaire de la Grande Guerre.

En effet, Adrien Gabriel Guérin est mon arrière-grand-père paternel, mon père lui doit son premier prénom et moi, mon second. Il était né le 05 mars 1872, exactement 17 jours avant Joseph Victor Gromelle qui était jusque là, pour notre petite étude, le Caderoussier le plus ancien mort pour la France. Ce dernier reste toutefois pour l’instant le plus vieux Caderoussier mort pendant la Grande Guerre puisque mon bi-aïeul est décédé deux ans avant lui.

Adrien était le fils d’Auguste Casimir Guérin et Philomène Marguerite Raymond qui s’étaient mariés à Caderousse en juillet 1869. Ils s’étaient installés dans une maison de la rue Pied Gaillard non loin de la Maison de Retraite, dont le portail d’entrée présente un renfoncement en biais, sur le côté droit de la vue ci-dessous.

C’était un couple de cultivateurs comme on disait à l’époque dans les documents officiels, tous deux originaires du village. Relativement âgés au moment de leur union, ils n’avaient eu que deux enfants, Auguste Joseph l’aîné né en août 1870 qui ne vécut que 25 jours et donc Adrien Gabriel, deux ans plus tard, quasiment un enfant unique par la force des choses.

Le petit Adrien apprit donc le métier de la terre auprès de son père et de quelques propriétaires pour lesquels il travailla de temps à autre. A l’école, il apprit sommairement le français comme bien d’autres enfants du pays pour lequel c’était presque une langue étrangère. Il fut appelé par l’armée le 16 novembre 1893 au 163ème Régiment d’Infanterie à Nice. 23 ans plus tard, quand son fils aîné Séraphin fut appelé sous les drapeaux, il prit le même chemin même s’il ne s’agissait pas de la même unité. Il fut libéré trois ans plus tard le 22 septembre 1896 muni d’un certificat de bonne conduite et avec l’honneur d’être soldat de première classe.

De retour de l’armée, Adrien se maria avec Léonie Marguerite Antoinette Radellet née en 1875 à Caderousse. L’union fut célébrée le 24 février 1897 et, ne perdant pas de temps, un petit Séraphin naissait en 1897. Puis vinrent mon grand-père Gabriel en  1901 et le petit dernier Léonce en 1906, trois garçons ce qui n’allait pas être de trop pour travailler les terres quand le père ne reviendra pas de la guerre.

Extrait du recensement de 1911.

Voici donc la fratrie rassemblée au recensement de 1911. Séraphin s’apprête à quitter le toit familial pour faire des études supérieures au Petit Séminaire de la rue d’Annanelle en Avignon. Mais la guerre va venir bouleverser tout cela avec le rappel d’Adrien sous les drapeaux le 25 septembre 1914, au 118ème R.I.T., T. comme Territoriale, une unité de vieux soldats qui pensaient ne pas se retrouver en première ligne.

 

Pas vraiment inquiets les gars du 118ème RIT en août 14, non loin de Dijon. A noter que tous, sans exception, portent la moustache, de belles bacchantes. Adrien est le 3ème à partir de la gauche.

Mais les pertes considérables des deux premiers mois de guerre allaient changer la donne. Le régiment avait vite se retourner en première ligne du côté de Reims, près du fort de la Pompelle.

Les Territoriaux étaient aussi employés à des tâches d’entretien, de manutention… pour remuer de la terre entr’autre. Et il fallut le faire du côté de ce fort de la Pompelle, après l’explosion d’une mine géante allemande le 30 décembre 1914. Alors, les hommes du 118ème RIT durent creuser des puits destinés à protéger l’enceinte militaire de la guerre des mines, des puits d’une profondeur de 18 à 20 mètres. Voilà les hommes et Adrien bien entendu devenus des taupes aux côtés des soldats du Génie.

Une vue de la tranchée d’Avignon, appelée ainsi car creusée par le 118ème RIT

…c’est écrit sur le panneau… pour les touristes après guerre.

On connaît assez bien ce qui se passa pour les hommes du 118ème RIT à la Pompelle grâce à la correspondance d’un certain Emile Sauvage, Poilu de Caderousse dont on reparlera quand la lettre S arrivera, qui connut le même sort qu’Adrien le même jour à la même heure et dont la correspondance envoyée à son épouse Clairette a été éditée sous le titre Lettres du Front en mars 2008 chez l’Editeur d’Orange Elan Sud.

Le 19 puis le 20 octobre 1915, les tranchées tenues par les Français furent attaquées lors d’un violent bombardement d’artillerie. Parmi les explosifs envoyés, des obus chimiques avec des gaz chlorés. Pour se protéger de ces terribles armes qui furent employées il y a peu de temps encore en Syrie, les hommes portaient des tampons d’ouate sur lequel le chef de secteur déversait quelques gouttes d’un produit sensé protéger des gaz. Une fois l’opération faite, les tampons devaient être maintenus devant les voies respiratoires tout le temps de l’alerte. Les masques à gaz n’apparurent que bien plus tard.

Photo de groupe du 118ème RIT prise à la Pompelle de 30 décembre 1914.

Le temps de l’insouciance, des photos entre copains d’infortune était fini. La vraie guerre était là ! Tous les hommes de la 5ème compagnie  furent intoxiqués à des degrés divers mais pour Adrien, le mal était irréversible. Evacué vers l’arrière, il décédait le lendemain, le 21 octobre 1915 au village de Damery. Il était âgé alors de 43 ans et 8 mois et laissait une veuve éplorée et trois garçons en jeune âge. Enterré un premier temps sur place, ses restes furent ensuite rapatriés à Caderousse.

Epitaphe sur le caveau de famille au cimetière de Caderousse.

Le Petit Provençal annonçait le décès d’Adrien et précisait qu’il était alors le Vauclusien le plus âgé mort à la guerre.

La fiche matricule de Adrien Gabriel Guérin de Mémoire des Hommes.

Adrien Gabriel Guérin, matricule 953 classe 1892, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse.

A suivre: Marius Hersen.

Pour reconnaître peut être un descendant sur la photo de groupe à La Pompelle:

Numérotation des Poilus et

…liste nominative.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Jean GROMELLE.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Quarante-huitième nom de la liste: Jean Constantin GROMELLE.

La seconde face du monument.

Deux Ferragut inscrits sur le monument aux morts de Caderousse sans lien de parenté proche, deux Gromelle à la suite qui ne sont pas parents eux-aussi. Jean Constantin Gromelle est le premier de la liste et le plus jeune. Il est né le 21 mai 1884 à Caderousse où ses parents viennent de s’installer peu de temps auparavant après avoir vécu à Orange. Son père François est d’ailleurs originaire du chef-lieu du canton où son nom est orthographié Groumelle. C’est en arrivant à Caderousse qu’il perdra son U. Il a pris pour épouse une fille de Caderousse, Rose Anaïs Barre de quatre ans sa cadette. Ils se sont mariés à Orange le 27 novembre 1867 alors qu’ils étaient majeurs et âgés respectivement de 27 et 23 ans.

François et Anaïs, çar c’est ce prénom qui semble désigner la mère de Jean Constantin, sont un couple de paysans vivant quartier de Meyne à Orange. Quatre enfants vont naître, quatre filles… Rose Françoise en 1870, Léonine Rose en 1872, Marie Marthe en 1875 et Marie Antoinette en 1879, toutes des Orangeoises. C’est donc l’air de Caderousse et plus particulièrement celui du quartier du Brout qui offrira un héritier mâle au couple de François et Anaïs: Jean Constantin que la France leur prendra trente ans plus tard.

Jean Constantin va faire son service militaire au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon du 10 octobre 1905 au 22 septembre 1907. Il vit toujours chez ses parents à cette époque comme en atteste le recensement de 1906.

Extrait du recensement de 1906.

Au retour de l’armée, il va se marier avec une fille de Caderousse, Marie Valentine Bouchet, une couturière née en 1890. Le jour des noces, le 22 janvier 1910, Valentine n’a pas encore 20 ans.

Extrait du recensement de 1911.

Le couple s’installe tout près des parents de Jean, quartier du Brout. Auront-ils des enfants ? Peut-être en 1913 ou début 1914 ? Car dès le 3 août 1914, l’armée va le rappeler. En juin 1915, il va compléter les effectifs du 55ème Régiment d’Infanterie décimé par les combats. La troupe va prendre position du côté de Berry-au-Bac, à Pontavert, près de Craonne qui deviendra célèbre deux ans plus tard. Nous sommes en septembre 1915. Le régiment doit renforcer le système défensif français dans le secteur du Bois de Beau Marais, mis à mal par les bombardements et les mines. Le travail ne peut se faire que de nuit pour échapper aux tireurs allemands et aux bombardements incessants des deux camps. Sur le Journal de Marche de l’unité…

on peut lire que la situation est relativement calme. Cela n’empêche pas les hommes de tomber quand la malchance leur tombe dessus. C’est le cas de Jean Constantin Gromelle, tué à l’ennemi le 23 septembre 1915 au Bois de Beau Marais à Pontavert.

Il avait 31 ans et 4 mois. Il repose depuis dans la Nécropole Nationale de Pontavert dans l’Aisne, tombe individuelle 3928.

 

Le rédacteur du Journal de Marche du 55ème R.I. a agrémenté son propos de photos qu’il devait prendre et developper sur place. En voici une prise dans ce secteur quelques jours avant le 23 septembre. Paysage dévasté.

La fiche matricule de Jean Constantin Gromelle de Mémoire des Hommes.

Jean Constantin Gromelle, matricule 184 classe 1904, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Gromelle est toujours vivant à Caderousse et près d’Orange. Si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Joseph Gromelle.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Henri DURAND.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Quarante-Cinquième nom de la liste: Henri Célestin Durand.

La seconde face du monument.

Henri Célestin Duand est l’un des morts les plus âgés pour la France de Caderousse et du Vaucluse. Certes il était un tout petit peu plus jeune que mon arrière-grand-père mais il n’était plus un gamin depuis longtemps quand la guerre éclata.

Célestin plutôt qu’Henri sur les listes nominatives de la commune, est né le 30 avril 1873. C’était le septième enfant du couple Henri Durand- Françoise Bernard. Ces derniers s’étaient unis au village le 30 septembre 1857. Lui venait de Langogne en Lozère et était descendu de sa montagne dans la riche vallée du Rhône qui offrait plus de travail que sa terre natale pour les familles nombreuses des paysans cévenols. A Caderousse, il vendait des fruits et légumes; « revendeur » pour l’agent recenseur.

Françoise Bernard était la fille d’un vannier et d’une demoiselle Berbiguier. Elle avait deux ans de moins que son époux et allait passer sa vie de femme à enfanter des gamins. Entre 1857 date de leur mariage et 1887, date du décès prématuré de Françoise, le couple allait avoir neuf enfants.

La famille presque au complet sur ce recensement de 1876.

Comme on le voit ci-dessus, seuls six enfants allaient survivre: Françoise née en 1858 et Jeanne Rose en 1860 avaient déjà quitté la maison en 1876. Rose née en 1860, Anselme l’aîné des garçons né en 1867, Thérèse en 1870 et Henri Célestin en petit dernier complètent la fratrie. Une première Thérèse n’avait vécu que 14 mois en 1865-66 et deux petits frères de Célestin: David Auguste et Alfred Etienne n’avaient vivre respectivement que six et vingt-un mois en 1876 et 1877-79. Terrible mortalité infantile !

La famille vivait derrière les digues qu’elle avait vu construire, rue Juteriez (plutôt Juiverie) au moment du recensement de 1876 mais avait déménagé auparavant dans le village de nombreuses fois: rue Monsieur puis rue Vénasque puis  grande rue puis  impasse Pied-Gaillard et enfin rue Juterie… comme on peut la suivre au gré des actes des recensements et des naissances.

Anselme avait fait sa période militaire de trois ans à Nice de 1888 à 1891. Henri allait s’arrêter un peu plus près, à Marseille, de 1894 à 1895, au 3ème Régiment d’Infanterie. L’armée l’avait envoyé en stage au 15ème Escadron du Train des Equipages pendant 40 jours. Dommage que cette expérience n’ait pas été concluante pour Henri car son destin aurait pu être modifié.

De retour de l’armée, Henri loue ses bras en devenant homme à tout faire, domestique, chez un patron, ici en 1901, chez François Bastides, un paysan.

Le recensement de 1901.

A l’âge de 29 ans, Henri va prendre pour épouse une jeune fille de Blauvac*, Erminie Louise Caritoux**, de huit ans sa cadette. Le mariage sera célébré à Caderousse le 28 juin 1902. Quelques mois plus tard, une petite Rose éclora le 30 janvier 1904 suivie d’un petit Gabriel un an plus tard, le 29 juillet. Ce seront les deux seuls enfants du couple.

Ces enfants voient partir leur père le 03 août 1914 pour la guerre. Il a alors un peu plus de 40 ans et eux 10 ans. Ce sera un épisode qu’ils n’oublieront pas. Comme pour mon arrière-grand-père, dans un premier temps, c’est en Territoriale qu’on retrouve Henri, ce qui signifie qu’il est éloigné du front momentanément. Mais la grande saignée du début du guerre oblige la hiérarchie militaire d’envoyer de « vieux » soldat dans les tranchées de première ligne. En octobre 1915, ça cogne fort dans la Marne, du côté de Suippes. Le Journal de Marche du 118ème R.I. raconte sur quelques pages les terribles journées endurées par ses hommes. N’oublions pas que nous sommes ici non loin de Tahure, village rasé lors de ces combats qui ne sera jamais reconstruit et aujourd’hui… « Mort pour la France » comme une dizaine d’autres dans le nord et nord-est de la France.

Dès le début, les pertes sont sérieuses… Les hommes vivent comme des rats, constamment terrés dans des trous le jour et ne bougeant que la nuit pour réaménager leurs caches. Les Allemands sont solidement positionnés.

Même pour attaquer, pour éviter des hécatombes, on ruse et on se sert de la nuit. Cela marche quelquefois comme on le lit dans l’épisode narré ci-dessus.

 

Dans la journée du 07 octobre, les Allemands attaquent avec des armes chimiques et on parle pudiquement de « pertes sensibles » dans les rangs français; autrement dit, il y a beaucoup de victimes.

Après plus d’une semaine dans cet enfer, les hommes sont à bout. Ils seront relevés le 09 au soir, du moins pour les survivants. Henri ne fait plus partie de ceux-ci. Il a été grièvement blessé pendant cette période sans qu’on puisse dire exactement à quel moment précis, et emmené vers un hôpital de campagne, à l’arrière, à Ludes, où il va décéder suite à ses blessures le 19 octobre 1915.

Il avait alors 42 ans et demi. Rose et Gabriel, ses enfants, allaient être adopté comme Pupille de la Nation par un jugement du Tribunal d’Orange le 19 juillet 1919. Cette décision ne ferait pas revenir leur père mais allait leur permettre d’être aidés matériellement par l’Etat. C’était beaucoup mieux que les 150 francs octroyés aux parents de soldats célibataires décédés.

Le 118ème R.I. retiré au camp Bonnefoy allait recevoir un renfort de 930 hommes venus de Vendée et de l’ouest de la France… et même d’éclopés du 63ème R.I…. c’est dire l’importance des pertes enregistrée pendant cette semaine sanglante d’octobre 15 en Champagne pouilleuse.

On retrouve une trace de Célestin Durand sur une tombe du premier cimetière de Caderousse, tombe ancienne à l’inscription difficilement lisible, en belle pierre de Provence sculptée. Les parties lisibles correspondent à ce que l’on connaît. Le corps de Célestin doit bien avoir été amené au pays, certainement après-guerre.

                
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La fiche d’Henri Célestin Durand de Mémoire des Hommes.

 

Henri Célestin Durand, matricule 1061 classe 1893, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Durand est très répandu en région même s’il n’est plus présent à Caderousse. On le retrouve à Montfaucon, Orange… Si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Léon Ferragut.

*Blauvac, village du Vaucluse, à l’est de Carpentras, proche de Ville-sur-Auzon.

**Caritoux, près de Carpentras, serait-ce une ascendante indirecte du champion cycliste des années 80, Eric Caritoux ?

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… les frères Marius et Paul DOUX.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Quarante-troisième et quarante-quatrième noms de la liste: Doux Clair Marius et Doux Paul Victor.

La seconde face du monument.

Cruel destin que celui de la fratrie des enfants issus du mariage de Jean Victor Doux et Marthe Elisabeth Arnaud. Quand ils s’unirent pour le meilleur et pour le pire le 22 juillet 1880 à Caderousse, ils n’imaginaient pas qu’ils allaient avoir cinq enfants et qu’aucun d’eux ne connaîtrait l’après-guerre. Cela pour deux raisons: la mortalité infantile très importante dans les campagnes à cette époque et la Grande Guerre dévoreuse d’hommes ! Le drame ne s’arrêta pas d’ailleurs là puisque Marthe Elisabeth, la mère, décéda quelques jours après avoir mis au monde son cinquième enfant, le 15 septembre 1888.

Cinq enfants donc, quatre garçons et une fille. C’est Paul Victor, l’aîné de la fratrie, né le 30 juin 1881, rue Pied Gaillard donc voisin de mes ancêtres Guérin, à deux pas de l’hospice devenu de nos jours EHPAD. Puis naquit la fille, Claire Marguerite en 1883 qui ne vécut qu’une semaine. Le 04 mars 1885 vint ensuite Clair Marius, prénommé ainsi pour  rendre hommage à la fille très tôt disparue. Les deux derniers garçons moururent très jeune; Pierre Elisée né en 1887 à l’âge de 14 mois et Emile Gabriel né en 1888 à l’âge de 17 mois.

Lors du recensement de 1886, le père et la mère et les deux futurs Poilus alors enfants.

Cinq ans plus tard, en 1891, c’est la grand-mère paternelle, Marguerite Clair, veuve elle-aussi, qui vient aider son fils pour élever ses enfants, rue Pied Gaillard. 

Après la disparition de sa femme puis de sa mère, Jean Victor Doux ne restera pas seul et ira chercher une autre femme. Pas très loin de chez lui, une voisine comme on le voit dans la page élargie du recensement de 1886….

…la fille de la bouchère, elle-même bouchère, Célestine Dortindeguey, de presque 20 ans sa cadette. L’union se fera le 11 avril 1894, le même jour que  Félicie, la soeur de Célestine, épousera Adrien Roche. Rapidement naîtra une petite Marie Marguerite, demi-soeur des Paul et Marius, qui, elle aura la chance de vivre une existence normale, tout comme son petit frère Etienne Théophile venu au monde en 1899.

La nouvelle famille en 1896, les deux frères et la petite Marguerite.

En 1901, Paul Victor a quitté le foyer, remplacé par le petit Théophile. La famille habite alors à la campagne, quartier Fazende appelé aussi Bayard.

Comme on l’a dit ci-dessus, l’aîné Paul Victor loue ses bras en travaillant dans des fermes. On le retrouve domestique chez Roche Théophile en 1901…

… puis chez, certainement, un oncle, Benoni Doux et son épouse Elisa Bouchet.

Recensement de 1906.

Il faut dire que Paul Victor ne va pas quitter le village pendant deux ou trois ans autour de ses 21 ans, comme la plupart des jeunes gens de son âge, puisque l’Armée n’en voudra pas, malheureusement pour lui momentanément, à cause d’un problème assez invalidant aux testicules.

Son cadet Marius, lui, va s’éloigner de Caderousse quelque temps, du 07 octobre 1907 au 04 août 1909 pour la grande ville et Marseille, son 141ème Régiment d’Infanterie. Il reviendra à Caderousse muni d’un Certificat de Bonne Conduite qui s’avèrera bien inutile face à la mitraille allemande après le 03 août 1914.

De retour de son armée, Marius se marie avec Noémie Françoise Aubert en 1909 et un petit Gabriel Doux naît l’année suivante comme en atteste la liste nominative de 1911.

Recensement de 1911.

Le jeune couple vit à la campagne, non loin de la ferme de son père, sa belle-mère et ses deux demi-frère et soeur.

Recensement de 1911.

Le tocsin de la déclaration de guerre n’a pas fini de sonner le 03 août 1914 que Marius se retrouve en pantalon rouge et veste bleu, le lendemain, au 258ème Régiment d’Infanterie en Avignon, une unité de réserve dont on a déjà parlé. Ce sera l’embarquement à Pont d’Avignon, la Lorraine, la bataille de Lagarde fatale à un autre Caderoussier. On retrouve le régiment 80 kilomètres plus au nord-ouest, le 25 août 1914, à Buzy-Darmont, à mi-chemin entre Verdun et Metz.

Malgré l’hécatombe, la stratégie de l’Etat-Major français n’a pas changé d’un iota… on attaque !

A la sortie du village, les fantassins français se retrouvent en face d’un déluge de feu venant des tranchées allemandes. Les Allemands, eux, ont pensé de se mettre à l’abri !

Le rédacteur du Journal de Marche du 258ème n’hésite pas à pointer du doigt l’insuffisance de la préparation d’artillerie pour expliquer la violence de la réaction allemande. La suite le met encore plus dans l’embarras pour expliquer ce qui va se passer.

C’est une véritable panique qui s’empare des survivants qui se précipitent en désordre vers l’arrière, se bousculent pour franchir un pont et se mettre à l’abri du feu meurtrier adverse. Pendant ce temps, les gradés de l’Etat-Major continuent de demander aux chefs d’unités encore en vie d’y retourner… chose totalement impossible tant la pagaille est grande. Pour Marius, ces préoccupations ne le concernent plus. Il a été fauché par une balle allemande et est décédé ce 25 août 1914 à l’âge de 29 ans et demi, laissant un jeune orphelin de guerre de 4 ans.

Pour Paul Victor, le chemin est un peu différent. Déclaré inapte pour le service en 1901, il n’est pas concerné par la mobilisation du 03 août. Par contre, il est toujours dans les radars de l’armée et après la saignée du début de la guerre, son cas est reconsidéré différemment et il devient par miracle un soldat tout à fait capable pour la chose militaire en décembre 14, après une réunion de la commission de réforme d’Orange. Il se retrouve donc au 140ème R. I. de Grenoble en février 1915 puis au 359ème R.I. le 20 juillet suivant.

La bataille de Champagne, grande dévoreuse de vies, est commencée depuis quelques jours. Des hommes frais viennent renforcer des régiments décimés pour que l’Etat-Major puisse continuer à programmer de nouvelles attaques plus irréalistes les unes que les autres. C’est vers Soudain, au Bois Raquette, que le 359ème se voit confier la réalisation de la percée prétendument décisive. Le Journal de Marche raconte cette  journée qui commence par le bombardement des lignes allemandes.

La 27ème compagnie dans laquelle sert Marius, est arrêtée sur des barbelés que les obus n’ont pas ouvert. De plus, les Allemands ripostent par des tirs d’armes chimiques.

Des hommes parviennent à prendre la tranchée mais des grenades jetées par les Allemands tuent un grand nombre d’entre eux au point que « les morts sont si nombreux que la tranchée en est remplie ». Les positions conquises sont intenables et les survivants doivent se replier sur la ligne de départ.

Le rédacteur du Journal de Marche va alors remplir consciencieusement l’état des troupes en consignant les noms de tous les hommes mis hors de combat. Il va écrire pas moins de 25 pages semblables à celles-ci, soit environ 1 000 noms.

Au milieu de cette liste apparaît celui de Victor Doux…

…disparu le 06 octobre 1915 à Bois Raquette. Il avait 34 ans et 3 mois.

La fiche de Paul Victor Doux de Mémoire des Hommes

…et celle de Clair Marius Doux.

Paul Victor Doux, matricule 260 classe 1901, bureau de recrutement d’Avignon, et Clair Marius Doux, matricule 420 classe 1905, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter leurs fiches matricules sur le site des Archives du Vaucluse. Il semble que le patronyme Doux soit encore très présent à Caderousse et dans les environs. Si une personne reconnaît en ces Poilus, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger ces deux petites biographies rassemblées.

A suivre: Célestin Henri Durand.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Alphonse DORTINDEGUEY.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Quarante-deuxième nom de la liste: Dortindeguey Alphonse Clément.

La seconde face du monument.

Le parcours des Dortindeguey à Caderousse est assez facile à suivre. Vers 1886, Pierre Paul Dortindeguey né en 1857   Caderousse prend pour épouse Marie-Louise Arnoux née en 1865. C’est une fille de Piolenc ou d’Orange suivant des écrits officiels, renseignements démentis par l’Etat-Civil de ces communes où elle n’apparaît nulle part. Ce sera donc le point d’interrogation de ce volet généalogique.

Le couple s’installe chez le mari, c’est-à-dire au domicile des parents de Pierre: Adrien Dortindeguey et Marie-Thérèse Point, au quartier Fazende ou de l’îlon Blanc. C’était souvent le cas à l’époque où toutes les générations vivaient sous le même toit.

Le recensement de 1886 avec le couple des anciens et celui des modernes.

 

C’est seulement après la disparition de la mère en 1900 que le père va s’installer chez une de ses filles et que les parents d’Alphonse pourront se retrouver chez eux, avec leurs enfants. Car, entre temps, quatre enfants sont arrivés dans le foyer.

La famille d’Adrien Dortindeguey lors du recensement de 1901.

Marie Rose Adrienne en 1887, Paul Louis François en 1990, Alphonse le Poilu né le 26 mars 1894 et Rosé (écrit ainsi) Adrien en 1900. Une fille et trois garçons. On constate sur toutes les listes nominatives la présence d’un domestique travaillant pour le compte des Dortindeguey. Ils devaient donc mener une ferme assez importante quartier de Fazende à Caderousse !

A la déclaration de guerre du 03 août 1914, Alphonse n’a pas encore connu le monde militaire et semble protégé pour quelque temps encore. Il n’aurait dû rejoindre la troupe qu’en 1915 mais les pertes considérables du premier mois de guerre entraîna la modification de la loi de l’âge d’appel des nouvelles classes, ce qui envoya Alphonse sous les drapeaux le 16 septembre 1914. Bien loin de Caderousse puisqu’il doit rejoindre le 3ème Régiment de Marche de Tirailleurs Algériens… en Algérie, à Bône. Il arrive au corps le 19 septembre.

Après la formation militaire, c’est le retour en métropole et bien sûr, le front sur le nord-est de la France. Le 3ème R.T.A. se retrouve dans l’Oise, au nord-est-est de Compiègne au mois de juin 1915. Le 07, le front est relativement calme. Le matin, les Allemands ont offert un lever précoce aux tirailleurs par des tirs d’infanterie sans attaque. Quelques échanges d’artillerie dans la journée, rien de bien méchant. A 21 heures, les Allemands attaquent sans conviction le bois Saint-Maud à Tracy-le-Val.

Ils sont rapidement mis en déroute mais cette attaque fait un tué dans les rang français. Vous l’avez compris, il s’agit d’Alphonse Dortindeguey ! Il était âgé de 21 ans et presque 3 mois. Son père Adrien reçut les 150 francs de dédommagement des soldats célibataires quelques mois plus tard.
Il est inhumé à la Nécropole Nationale de Tracy-le-Mont dans l’Oise, tombe individuelle 1396.

La fiche d’Alphonse Clément Dortindeguey de Mémoire des Hommes

Alphonse Clément Dortindeguey, matricule 386 classe 1914, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Il semble que le patronyme Dortindeguey soit encore très présent en Vaucluse, Gard et Bouches-du-Rhône. Si une personne reconnaît en  ce Poilu, un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: les frères Clair et Paul Doux.

 

Quelques mots sur le parcours de Paul, le grand frère d’Alphonse pendant la Grande Guerre.

Paul Victor François Dortindeguey fit ses classes en 1911-12. Il est rappelé dès le 03 août 1914 et est blessé très rapidement, le 19 août à Dieuze, à la main gauche par un éclat d’obus. Il en gardera quelques séquelles (difficulté de préhension) et bénéficiera d’une pension. Il est fait prisonnier au moment de cette blessure et fera le reste de la guerre dans un camp en Allemagne, à Konigsbrück, bien loin de Caderousse, dans l’est de l’Allemagne, près de Dresde. Il sera libéré par anticipation, le 23 octobre 1918. Mais l’Armée ne le libérera que quelques mois après.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… les frères Louis et Martial DARDUN.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Trente-neuvième et quarantième noms de la liste: Dardun Louis Raphaël et Dardun Martial Avit.

La seconde face du monument.

Première fratrie rencontrée dans notre écriture des biographies des morts de la Grande Guerre de Caderousse: les frères Louis et Martial Dardun qui perdirent tous deux la vie sur le front du nord-est de la France. A ces deux hommes, on se doit d’ajouter François, le troisième frère qui en réchappa de justesse, blessé trois fois pendant cette période et qui finit par déserter après la mort de son second frère.

Le recensement de 1906, le seul où les trois frères Dardun apparaissent ensemble aux Cabanes.

Reprenons tout cela depuis le début. Peu avant 1880, François Avit Dardun né le 17 juin 1846 prend pour épouse à Codolet Françoise Rosalie Chevalier, une fille du pays en 1849. Le couple traverse le Rhône par le bac de l’Ardoise pour s’installer juste en face, dans une ferme du quartier des Cabanes. De cette union vont naître trois garçons: Louis Raphaël le 25 octobre 1880, François Joseph le 19 mars 1883 et Martial Avit le 23 juillet 1888.

Au recensement de 1881, seul Louis Raphaël est là.

Cinq ans plus tard, en 1886, François est arrivé. 

Après 1886, la famille va aller s’installer un temps dans le Gard proche (dont l’absence d’archives numérisées nous handicape quelque peu dans nos recherches). Pour preuves, la naissance de Martial Avit du côté de Saint-Victor-la-Coste et l’absence de cette famille Dardun dans le recensement de 1901.

 

En 1896, la famille est de retour aux Cabanes mais les grands frères louent leurs bras chez des patrons locaux en attendant que l’Armée ne les appelle.

Pour Louis, ce sera au 112ème Régiment d’Infanterie d’Antibes, pour lequel il contractera un engagement volontaire de quatre ans à partir du 25 septembre 1900. L’Armée le renverra par anticipation dans son foyer le 28 octobre 1903 pour bronchite chronique !

Pour François, le cadet, il sera incorporé au 58ème R.I. d’Avignon le 16 novembre 1904. Sa forte personnalité lui jouera deux vilains tours. Tout d’abord, sa rétrogradation décidée par le commandant de l’unité de première à seconde classe après avoir obtenu cet honneur. Puis son maintien sous les drapeaux presque trois ans puisqu’il ne sera libéré que le 12 juillet 1907.

Pour Martial, le benjamin, c’est son métier de charpentier qui l’orientera nécessairement vers le 2ème Régiment du Génie… en Tunisie. Parti le 14 octobre 1900, il y connaîtra le feu pendant sa campagne de Tunisie qui s’achèvera le 29 septembre 1911, juste pour la Saint-Michel de Caderousse.

A la déclaration de guerre du 3 août 1914, les trois frères ne connaîtront pas le même sort. Seul Martial rejoindra son unité de réserve, le 7ème Génie d’Avignon. C’est seulement le 26 septembre 1914 que François sera appelé, ayant été momentanément dispensé de par son métier de boulanger. Il fallait nourrir tous ces hommes mobilisés ! Quant à louis, il faudra la réunion de la commission de révision d’Orange pour le déclarer apte pour le service armé et pour qu’il rejoigne le 34ème Régiment d’Infanterie Coloniale dans les tranchées du nord-est de la France.

C’est aussi Martial qui le premier va rencontrer son terrible destin. Cela se passa du côté de Vingré, dans l’Aisne, à l’ouest de Soissons. Vingré, c’est ce village connu pour ces six Poilus-Martyrs qu’une décision inique d’un Tribunal militaire envoya arbitrairement devant le peloton d’exécution le 4 décembre 1914. Réhabilités après la guerre, ils sont maintenant immortalisés par les derniers mots écrits par l’un d’eux, Jean Blanchet, à sa femme: Au revoir, là-haut repris dans le titre d’un film récent. Pour le Sapeur-Pontonnier Martial Avit Dardun, ce fut une balle ennemie dans la tête qui acheva sa vie, le 05 septembre 1909, à l’âge de 27 ans et 2 mois. Son père reçut quelque temps après les 150 francs de dédommagement des Poilus célibataires. Il repose depuis à la Nécropole Nationale Bois Robert d’Ambleny, sur l’autre rive de l’Aisne, tombe individuelle B-78.

Son grand frère connut le même sort quelques mois plus tard, dans la Somme, le 18 août 1916, lors de cette fameuse bataille sensée être la réponse à l’attaque allemande sur Verdun. Les Coloniaux du 34ème Régiment d’Infanterie tiennent en cet été funeste le secteur de Barleux. Le régiment est envoyé à l’attaque des tranchées allemandes sous la mitraille, le 20 juillet. Est-ce ce jour que Louis est touché ? La lecture de la narration de cette attaque dans le livre officiel de l’unité fait froid dans le dos…

…de même que les chiffres des pertes avancés quelques lignes après est édifiant.

1 051 hommes tués, blessés ou disparus pour la seule attaque du 20 juillet 1916 pour les 2 régiments coloniaux envoyés à la boucherie, 827 hommes mis hors de combat pour seul 34ème R.I.C. entre le 06 juillet et le 15 août 1916. Glaçant ! Louis Raphaël Dardun mourut le 18 août 1916 à l’arrière, dans l’ambulance 2/7 à Villers-Bretonneux. Il aurait eu 36 ans deux mois après et laissait certainement une veuve éplorée, car il devait s’être marié peu de temps avant la guerre.  Lui aussi repose dans la terre d’une Nécropole Nationale, celles d’Albert dans la Somme, tombe individuelle 2358.

Les deux frères ne sont éloignés que de quelques dizaines de kilomètres dans le nord-est de la France.

Quand au troisième membre de la fratrie Dardun, François, il fut blessé une première fois à la main de Massiges en Champagne, le 21 décembre 1914 d’un éclat d’obus ayant engendré une plaie à la cuisse droite. Rapidement de retour, un autre éclat d’obus le blessa aux reins, dos et oreille droite le 25 septembre 1915. A nouveau revenu, c’est un éclat de grenade au mollet droit le 06 juillet 1916 qui le mit à nouveau sur le flanc. Ce coup-ci, il prit la clé des champs et fut considéré comme déserteur à l’issue de la période de latence réglementaire. Il ne réapparaîtra au grand jour qu’après la promulgation d’une première loi d’amnistie du 24 octobre 1919 qui le soustrayait à toute sanction militaire. On peut comprendre facilement ce qui s’était passé dans sa tête et dans son corps.

La fiche de Louis Raphaël Dardun de Mémoire des Hommes

Louis Raphaël Dardun, matricule 278 classe 1900, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse.

La fiche de Martial Avit Dardun de Mémoire des Hommes

Martial Avit Dardun, matricule 314 classe 1908, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse.

Il semble que le patronyme Dardun soit encore très présent dans le Vaucluse, à Orange et à Caderousse. Si une personne reconnaît en  ces trois jeunes hommes évoqués un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Léon DeValois.

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