(JOUR 580 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)
Histoire de Zeppelin pour ce Miroir du 5 mars 1916 avec pas moins de 4 pages sur la chute d’un de ces gros ballons, le « L-Z-77 » près de Brabant-le-Roi. La couverture, bien sûr, est de loin la plus horrible avec le corps d’un aviateur, celui d’un adjudant allemand tombé en même temps que l’engin qu’il occupait. Dans la légende, le rédacteur se demande s’il est tombé accidentellement ou s’il s’est jeté de la nacelle. Le « L-Z-77 » étant tombé suite à un combat, la chute accidentelle est forcément la solution !
En double page centrale, on nous explique avec forces schémas et dessin, le pourquoi et le comment de cette destruction.
Le passage tout feux éteints du gros cigare, le tir des mitrailleuses montées sur des automobiles, tirs qui font mouche et le lendemain, les restes avec cette infrastructure en métal en 2 tas distincts puisque l’engin s’est coupé en 2 avant de chuter.
En quatrième de couverture, les vainqueurs et les vaincus, les vivants avec le projecteur et la mitrailleuse, les corps des victimes allemandes de cette catastrophe.
C’est bien sûr dans la zone de Verdun (entre Reims et Verdun) que s’est produit la chute de ce Zeppelin. Verdun où depuis 2 semaines exactement, a commencé la grande attaque allemande. Une page de photos bien paisibles du coin… des vues d’archives.
On y voit des champs de barbelés et de frises en excellent état alors que les Allemands firent pleuvoir un véritable tapis de bombes sur les défenses françaises. On nous montre toutefois un village rasé, celui d’Ornes, village qui sera déclaré « Mort pour la France » car jamais plus reconstruit à l’instar de Bezonvaux, Douaumont et Vaux-devant-Damloup. Mais nous aurons certainement l’occasion d’en reparler.
Un Poilu peu ordinaire…
en tenue de fantassin avec le casque de chasseur à pied sur la tête, un peu trop âgé pour être un territorial ! Il s’agit tout simplement du Président de la République…
en visite en Woëvre: un tour dans une tranchée, un transport avec un genre de traîneau sur voie ferré tiré par des chevaux.
En Turquie, à Constantinople, les funérailles de 3 officiers allemands présents dans ce pays pour instruire et commander des unités ottomanes:
des officiers dont le présence est mal acceptée par la population locale. Si bien que ce ne sont que des étrangers qui assistent au passage de ce cortège. C’est tout du moins ce dont parle la légende de cette page.
Pour rester dans le secteur, à l’autre extrémité du pays, on nous apprend que les armées russes viennent de délivrer l’Arménie.
Des vues de villes « libérées » par les Russes: Erzeroum, Tchanly-Kilissa, Bitlis, Ketchi-Kali et Trébizonde. Aucun mot des massacres des Arméniens, juste les succès foudroyants de nos Alliés. A Erzurum il ne reste qu’une centaine d’Arméniens sur les 20 000 qui vivaient dans la ville avant les massacres ! A Tilbis, ce sont 15 000 Arméniens qui ont été massacrés dans un action que le général Vehib Pacha décrivit ainsi: « un exemple d’atrocité qui ne s’est jamais produite dans l’histoire de l’islam ». C’est tout dire ! Quant à Trébizonde devenu Trabzon après 1922, les massacres commencèrent entre 1894 et 1896 et firent 30 000 victimes arméniennes (massacres hamidiens). En 1915, ce furent 10 000 Arméniens qui furent assassinés ainsi que les Grecs Pontiques, si bien que cette ville qui jusque là était à majorité chrétienne, devint totalement musulmane. Il est toujours bon de rappeler ces horreurs en espérant que la Turquie, un jour, fasse amende honorable !
Autre lieu et autres souffrances, celles des civils qui fuient devant l’avancée des armées autrichiennes.
Il s’agit des enfants orphelins serbes que l’on voit ci-dessus, protégés par les restes de l’armée de leur pays. On en retrouvera… en Corse !
Pour terminer cette page: L’étrange capture du paquebot « Appam ».
Un paquebot anglais considéré comme perdu qui réapparut aux Etats-Unis avec des passagers allemands sur la passerelle et des anglais gardés par des militaires allemands. ce navire sera restitué à ses propriétaires par un tribunal américain de Virginie le 29 juillet 1916.