116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Jean Désiré Roumieux.

116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-troisième Poilu: Jean Désiré Roumieux.

Quatrième face du Monument aux Morts.

On pourrait titrer cet article: Des Gardois à Caderousse. En effet, autant Pierre Désiré le père de Jean Désiré que Joséphine Thérèse sa mère sont nés sur la rive droite du Rhône, le long du fleuve tous les deux.

Ce sont les parents de Joséphine qui sont venus s’installer à Caderousse dans les années 1860, originaires de Saint-Etienne-des-Sorts.

Charles Gromelle, son épouse Scholastique Baudin et leurs enfants ont posé leurs valises aux Cabanes. Joséphine Thérèse née en 1859 dans le Gard connaît quelques problèmes d’identité pour cause d’une transcription sur son acte de naissance. En effet l’officier d’Etat-civil stéphanois avait écrit Groumel en lieu et place de Gromelle et, malgré une rectification officielle, les actes suivants oscilleront entre les deux orthographes.

Pierre Désiré Roumieux de son côté est originaire de Roquemaure. Né en 1855,  il a été marié une première fois à une Nîmoise, Marguerite Sabotier qui semble lui avoir donné deux enfants. Mais elle décède dans la préfecture du Gard le 14 janvier 1884 et quelques mois après, Pierre Désiré se remarie avec Joséphine Thérèse Gromelle à Caderousse, le 25 juin 1884. La ferme et l’éducation des enfants raccourcissaient la période de deuil à l’époque.

Les époux s’installent au quartier du Panier, non loin des parents de Thérèse…

… comme l’indique le recensement de 1886. Un recensement dont on est sûr qu’il a été effectué dans les premiers mois de l’année puisque Marie Rose, le premier enfant du couple, né le 21 juin 1886 n’y apparaît pas. Marie Rose s’offrira un époux pour Noël 1904, Henri Sosthène Cappeau, . Elle vivra encore soixante-dix ans après cette date.

Le couple se déplace ensuite aux Cabanes où va naître Jean Désiré, le futur Poilu, le 09 août 1888. Ce dernier a eu plus de chance que son jumeau mort-né, qui aurait dû recevoir le nom de Pierre Désiré.

En 1891, le foyer compte six personnes. En effet aux deux enfants du second mariage sont venus s’ajouter Hermitine (peut-être?) et Louis, nés de la première union. Ils ne tarderont pas voler de leurs propres ailes.

L’année suivante, le 03 octobre 1892, arrive le dernier enfant de la fratrie, une fille, Augustine Rosalie. Voici donc la famille au complet avant que le vie ne disperse ses membres.

La famille au recensement de 1896 aux Cabanes.

Rose va se marier, on l’a dit plus haut puis Désiré est appelé par l’Armée pour sa période de formation militaire. C’est à Toulon qu’il va passer deux années, au 111ème Régiment d’Infanterie, du 08 octobre 1909 au 24 novembre 1911. A peine revenu aux Cabanes, il va s’unir au village à Henriette Louise Litot, une baletière de trois ans sa cadette. Les noces se déroulent le 09 juin 1912. Le 18 octobre de la même année naît rue Vénasque une petite Marie-Jeanne.

Moins de deux ans plus tard, le 03 août 1914, Désiré rejoint Antibes, base des réservistes du 111ème R.I. Le 09 août, le régiment s’embarque en train pour le nord-est de la France… jusqu’à Diarville. Nous sommes dans un secteur connu que plusieurs Poilus caderoussiens ont visité… Visite au pas de course car commencent alors des marches forcées pour aller au devant des troupes allemandes.

Le 11, seize kilomètres jusqu’à Ceintrey-Voinemont, le 12, quinze kilomètres jusqu’à Saffois-Vigneulles-Ferrières, le 13,  seize pour atteindre Drouville et le 14 encore une bonne quinzaine pour attaquer les Allemands chez eux, en Lorraine. L’ordre est simple; prendre Montcourt (Moncourt). Pas le temps de souffler pour les piou-pious du 111ème, ceux de 112ème également, on attaque !

Solidement retranchés, les canons et mitrailleuses allemands déciment les bataillons français. Un carnage ! Certes, Moncourt est prise mais au prix de centaines de morts, de blessés et de disparus.

La vision du Journal de Marche du 111ème en date du 14 août 1914 montre bien la confusion qui a régné. Dans un premier temps, Désiré sera considéré comme disparu avant que son corps ne soit retrouvé postérieurement (à quel moment ?) pour être inhumé à la Nécropole Nationale « Riche ». Le 14 août 1914, il était âgé de 26 ans et 5 jours. Son épouse recevra une aide de 150 francs le 13 juillet 1916 et deviendra officiellement veuve de guerre le 08 mai 1920.

La seconde fille de Jean Désiré, Lucienne Désirée, viendra au monde le 26 août 1914, douze jours après le décès de son père. Un cas loin d’être isolé pendant cette guerre.

Sur le front, les Allemands contrattaqueront dans les jours suivant le 14 août et n’auront aucune peine à enfoncer des régiments français épuisés et amoindris.

Fiche matricule de Jean Désiré Roumieux de Mémoire des Hommes.

Jean Désiré , matricule 317 de la classe 1908, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Roumieux est peu présent en Vaucluse et dans le Gard. Si quelqu’un reconnaît tout de même en Jean Désiré un ascendant  direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ces quelques lignes.

A suivre… Edgard Roux.

7 Commentaires

Classé dans CADEROUSSE

7 réponses à “116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Jean Désiré Roumieux.

  1. Musa-Daniello Christine

    Je viens de découvrir votre article en tapant simplement le nom de mon arrière-grand-père “Jean-Désiré Roumieux” sur la barre de recherche Google… Je ne connaissais pas tous les détails que vous mentionnez dans votre article malgré mes recherches généalogiques personnelles… Il y a notamment quelques petits détails qui diffèrent de ma propre généalogie notamment le prénom de sa première fille Marie-France et non pas Marie-Jeanne. Un détail très important manque aussi dans vos recherches, détail sans lequel je ne serai pas entrain de vous écrire: la naissance de ma grand-mère paternelle Lucienne Désirée Roumieux, née le 26 août 1914 à Caderousse, soit 14 jours après le décès de son papa qui ne l’a bien évidemment pas connu… (sur son acte de naissance figure la mention “pupille de la nation “
    J’espère pouvoir bientôt me rendre à Riche pour me recueillir sur sa tombe… Je n’étais pas sûre non plus que son corps y soit … et vous, comment le savez-vous? Quelles sont vos sources?
    Je suis activement à la recherche de photos de mon arrière grand-père ; j’ignore à qui ma grand-mère les a donné; je suis sur la trace d’un cousin qui ne répond pas à mes mails mais je ne renonce pas; comme j’habite en Suisse, c’est plus compliqué … il faudrait que je me rende sur place. Savez-vous par hasard s’il y aurait des photos de son régiment ou des photos de chaque soldat quand ils étaient recensés et où je pourrais les trouver?
    Merci Monsieur Roux pour cet article sur mon arrière-grand-père qui va me permettre de compléter quelques détails que j’ignorais.
    Bien cordialement
    Christine Musa-Daniello

    • Bonsoir Christine Musa-Daniello.
      Merci pour votre visite et pour l’envoi de votre commentaire. Les quelques mots en italique à la fin de chacun des articles sur les MPF de Caderousse était destiné à provoquer un commentaire comme vous l’avez fait.
      Une toute petite rectification, je suis Michel Guérin l’auteur de ces lignes et non pas Monsieur Roux.
      Je viens de revoir la fiche de naissance de la première fille de Jean Désiré et il est bien mentionné Marie Jeanne. Ci-joint le lien http://v-earchives.vaucluse.fr/series/etat_civil/caderousse_286/ puis aller à la page 125/128. Comme dans bien des cas, peut-être la tradition de famille appelait cette personne Marie-France alors que l’état-civil disait autre chose.
      En ce qui concerne le fait de ne pas mentionner Lucienne Désirée, c’est qu’habitant à 60 km de Caderousse, je n’ai pas fait une visite physique à l’état-civil de la commune mais me suis contenté des archives numérisées du département qui s’arrêtent fin 1912. Je comptais faire ce travail complémentaire un jour futur pour tous les Poilus (voir les naissances et les décès de 1913 à 1919) . Votre démarche va me permettre de corriger immédiatement cet oubli.
      Votre bisaïeul fait donc partie de ses 11 Caderoussiens morts dans les premiers jours de la guerre, envoyés à l’abattoir par cette stratégie irréfléchie de l’état-major français qui consistait à attaquer des troupes allemandes, chez elles alors que la prudence s’imposait. Le 111ème RI fut massacré lors de la contrattaque allemande.
      Jean Désiré repose à la Nécropole Nationale de « Riche » tombe 922 suivant « Mémoire des Hommes ».
      Le statut de pupille de la Nation a été créé en 1917. C’était la réponse politique du gouvernement aux grèves dans les usines et aux mutineries dans l’armée après l’autre massacre du Chemin des dames. Les filles du Poilu Jean Désiré ont-elles bénéficié de l’aide de l’état pour leurs études ou leurs installations professionnelles ? Ce statut qui existe toujours a été étendu par le gouvernement sous François Hollande aux enfants de victimes d’attentat terroriste, après le 13 novembre.
      Cordialement,
      Michel Guérin

      • Voilà l’oubli de rectifié dans l’article de Jean Désiré. En ce qui concerne les photos, l’armée ne prenait pas des clichés de ses hommes. Trop d’hommes, trop cher et technique photographique trop lourde. Difficile d’avoir un portrait de ce garçon si la famille ne l’a pas conservé (encore faut-il qu’il ait pu en acheter un) ou si un membre fait de la rétention de document. Michel Guérin

      • Jacqueline Cappeau

        Je suis une petite fille de Marie Rose Roumieux – mariée à Henri Sosthène Cappeau (ils se sont mariés le 6 août 1904) – je suis une fille de Régis j’habite à Jonquières faisant des recherches aussi depuis plusieurs années –
        Ce qui m’avait permis de retrouver une cousine en Suisse !!!!

        j’avais retrouvé le lieu ou est enterré Jean Désiré – une personne de la famille par alliance, s’était rendu à la nécropole et avait fait des photos – J’avais constaté une erreur sur le prénom, sur la plaque – j’avais écris aux responsables de la nécropole et après vérification, ils avaient changé la plaque à leur frais.
        Sur le registre des décès de la mairie de Caderousse, il est mentionné que Jean Désiré est porté disparu au combat, je me demande s’il n’y a pas moyen de faire un ajout de son lieu de sépulture ? quelle démarche à faire ?

        Je note que du premier mariage de Pierre Roumieux avec Sabatier Marguerite – une fille est née en 1882 Marceline
        Jean Désiré avait un frère jumeau Pierre Désiré mort né à la naissance
        Est ce qu’il y a un livre sur le parcours de ces « poilus » ?,

        Meilleurs sentiments

      • Bonsoir Jacqueline.
        Merci pour votre visite et vos commentaires.
        Le texte de la biographie reprend ce que j’ai pu trouver mais j’ai aussi des notes de recherches. Je me suis arrêté au Poilu et éventuellement évoqué une naissance d’enfant. La suite, c’est le domaine des familles tandis que les Poilus sont « tombés dans le domaine public » comme on dirait d’une oeuvre littéraire.
        En ce qui concerne le jumeau mort-né, je ne pouvais savoir sinon y tomber par hasard dessus. J’ai vu en effet que ce mort-né officiellement sans prénom était inscrit sur le registre des décès. Je vais rectifier la biographie sur mon blog.
        Qu’est devenue la troisième (ou quatrième) soeur Augustine Rosalie ? Décès précoce ou descendance ?
        Les Archives du Gard n’étant pas numérisées, je ne connaissais pas la naissance de Marceline. Ce fut ma principale difficulté avec la partie généalogique des biographies à partir du moment où les Poilus avaient eu la mauvaise idée (pour mes recherches) d’aller chercher une âme-soeur dans le Gard. Et comme Caderousse est proche du Gard… Sinon prendre ma voiture et aller chercher commune par commune…
        Pour modifier un acte d’état-civil, il faut un jugement de tribunal. Celui du 08 mai 1920 que vous avez lu datait certainement d’avant la découverte du corps et avait été jugé suffisant après celle-ci. Je doute que vous arriviez à modifier quelque chose.
        Les bios étant libres d’accès sur internet, un livre les reprenant serait peu utile et trop important (400 pages au moins). Rien ne m’empêchera plus tard de faire un seul ouvrage des 128 biographies, quand il y aura eu des retours comme le vôtre pour rectifier. J’ai donc écrit un fascicule de 48 pages résumant les histoires des MPF de Caderousse, les traitant d’une manière statistique puis historique pour situer leurs disparitions dans le déroulement du conflit. J’ai intitulé ce fascicule « C’étaient des condamnés, ils étaient sacrifiés… » et il a été édité par l’association patrimoniale de Caderousse la Levado. Etant d’un tirage limité, il est vendu depuis samedi dernier 13 euros, totalement au bénéfice de l’association pour couvrir les frais d’impression. Je cite votre grand-oncle en plusieurs occasions. Votre cousine suisse m’ayant appris l’existence d’un second enfant Lucienne, il y aura donc un erratum.
        Cordialement,
        Michel Guérin

      • cappeau jacqueline

        Bonjour,
        Merci de m’avoir répondu – vos recherches, nous permettent de connaître les derniers jours de vie de Jean Désiré. Lorsque j’allais chez ma grand mère, sur sa table de nuit il y avait dans un cadre une photo d’un militaire. Elle m’avait dit « c’est mon frère, il est mort à la guerre ». A cette époque, je n’avais pas posé d’autres questions et on ne nous en parlait pas, pareil pour mon papa. Qu’est devenu cette photo ? pour l’instant nous ne pouvons mettre un visage sur ce grand oncle, sauf ce souvenir.
        Ma grand mère, je pense, n’a jamais su ou son frère était enterré. Ou les démarches n’ont pas été faites.
        Est ce que ‘la Levado » a une permanence ? Est ce qu’elle vend votre petit
        livret ?
        La famille Roumieux est originaire de Vallabrègues et est venu s’implanter
        ensuite sur Roquemaure.
        Augustine Rosalie est décédée le 30 Octobre 1911 à l’hôpital d’Orange.
        Elle avait eu une enfant le 29 Janvier 1911 à Caderousse -fille mère-
        J’ai fais pas mal de recherches à la Mairie de Caderousse, Saint Etienne du Grès et d’autres villages du Gard. Ces derniers temps, je faisais des relevés à la Paroisse de Roquemaure, que je transmets au Cercle Généalogique de Vaucluse dont je suis adhérente.
        Merci pour toutes vos informations.

        Meilleurs sentiments

      • Bonjour, j’ai noté sur ma fiche de recherche les renseignements complémentaires que vous m’avez communiqué sur la dernière des soeurs de la fratrie de Jean Désiré. La Levado vend le livret 13 euros car il a été tiré en nombre limité d’exemplaires. Le président Jean-Paul Masse est sur l’annuaire à Caderousse, quartier du Gabin. Vous pouvez aussi me contacter directement par mail pour éviter que tout s’inscrive sur le site (guerinmichel22@gmail.com), j’ai un exemplaire à la maison que je peux vous expédier. Cordialement, Michel Guérin

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