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La prestigieuse correspondance du citoyen Alexandre Dumont- 15/15 la lettre du 14 août 1879

Napoléon III est décédé le 9 janvier 1873 d’un énorme calcul dans la vessie que les docteurs qui le soignaient avaient laissé grossir démesurément. Il faut dire qu’ils officiaient auprès de l’Empereur de part le passé de leurs pères auprès de Napoléon 1er plus que pour leurs compétences personnelles !

Alexandre Dumon continue de communiquer avec la famille impériale et à l’été 1879, il a adressé un certain nombre de documents à l’Impératrice Eugènie de Montijo. Avec cette lettre écrite par le Grand Chambellan du Palais, le duc de Bassano a l’honneur de renvoyer… les cinq pièces qui accompagnaient cette lettre et que vous pouvez avoir intérêt de conserver.

De quoi s’agissait-il ? Mystère ! Peut-être le livre sur Napoléon IV enfin paru ?

Mais c’est le début de cette missive qui rappelle le drame que vient de vivre l’Impératrice et qu’atteste le liseré noir de la première page: le décès héroïque de son fils, Le Prince héritier Louis-Napoléon Bonaparte.

A la mort de son père, Louis-Napoléon est un jeune homme de seize ans qui suit une éducation militaire à l’Académie de Woolwich qu’il quittera en 1875, bien noté. Pour rompre la routine de Chislehurst et surement commencer d’écrire sa légende personnelle, il s’engage dans l’armée anglaise qui guerroie en Afrique du Sud contre les Zoulous. Il part de février 1879 et est versé dans une unité d’éclaireurs du Natal. En mission de reconnaissance le 1er juin de la même année, il est tué les armes à la main lors d’une embuscade  tendue par les Zoulous et meurt transpercé de dix-sept coups de lance. La cause de ce fin tragique: une lanière de la selle de son cheval, trop usée, qui cède et le fait chuter, le laissant sans défense; c’était celle que son père utilisait lors du désastre de Sedan.

Ce drame est évoqué à demi-mot dans la lettre écrite par le duc de Bassano le 17 août 1879, par ces mots… L’accablement dans lequel l’affreux malheur qui l’a frappée a plongé Sa Majesté, ne m’a pas permis jusqu’à ce jour, de mettre sous ses yeux la lettre que vous lui avez adressée. Alexandre Dumon, victime collatérale de la mort du Prince Louis-Napoléon !

Duc de Bassano est un titre créé par Napoléon 1er le 15 août 1809 pour Hugues-Bernard Maret, le père de celui qui signa cette lettre. Hugues-Bernard Maret était diplomate et homme politique. Son fils Napoléon Hugues Joseph Maret lui succéda donc à sa mort en 1839. Le titre s’éteindra avec le décès du fils de ce dernier en 1906.

 

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La prestigieuse correspondance du citoyen Alexandre Dumont- 14/15 la lettre du 20 juillet 1872

Où l’on reparle du livre d’Alexandre Dumon: « Napoléon IV » !

En effet, l’auteur essaie toujours de pouvoir édité le livre qu’il a écrit il y quelques années et, à nouveau a pris la plume pour demander une subvention impériale. Nous sommes en 1872, au mois de juillet et depuis un trimestre, le couple impérial et leur fils, le fameux Napoléon IV sont exilés dans la banlieue de Londres, à Chislehurst, Camden Place.  C’est l’impératrice qui s’y était installée en premier après le 4 septembre 1870 et son époux était venu la rejoindre après que Bismarck lui ait rendu sa liberté, le 19 mars 1872.

 

C’est Jean-Baptiste Franceschini-Pietri, secrétaire privé de l’Empereur depuis 1855 qui répond à Alexandre Dumon. Une réponse qui ne va aller dans le sens de la requête.

L’Empereur me charge de répondre à la lettre que vous lui avez adressée pour lui demander de vous venir en aide pour la publication de votre livre intitulé Napoléon IV dont vous avez envoyé un exemplaire.
Sa majesté regrette de ne pouvoir accueillir votre demande comme elle le voudrait mais, dans les circonstances actuelles, tout ce qu’elle possédait étant sous séquestre, il lui est impossible de répondre favorablement aux nombreuses demandes de ce genre qui lui sont adressées.Votre livre a été écrit dans un esprit favorable à l’Empire et quoique les événements malheureux survenus depuis 1870 soient de nature à exiger de sérieuses modifications, ainsi que le reconnaissez vous-même, il aurait pu avoir un effet utile.  Malheureusement, il est impossible à Sa Majesté de vous accorder une subvention et elle me charge de vous exprimer tous ses regrets en vous remerciant des sentiments de dévouement qui vous animent et dont elle a pu trouver des témoignages dans votre livre et dans les lettres que vous lui avez communiquées et que je vous renvoie dans ce pli…

C’est bien, ce pourrait être mieux et on ne peut rien pour vous !

Il est exact que certains biens de la famille impériale sont sous séquestre et bien souvent deviendront des biens nationaux, comme le palais du Pharo à Marseille. Il est aussi vrai que la location de la villa de Camden Place coûte assez cher, de même que l’entretien de cette Cour qui est partie vivre outre-Manche au crochet de l’Empereur déchu mais des bruits ont circulé à Paris que le couple impérial avait préparé ses arrières en emportant une petite cagnotte destinée à la Maison de l’Empereur, en 1870. Ainsi on fredonnait à Paris…

Les deux Napoléon, le sort est inégal,

Tout deux ont suivi des chemins inégaux,

Le premier de l’Europe a pris les Capitales,

Le second de la France a pris les capitaux.

De plus Pietri reproche à l’auteur du livre de n’avoir pas tenu compte les événements les plus récents pour les commenter et qui aurait peut-être pu influencer l’Empereur dans le bon sens. Ce second refus n’empêchera pas Alexandre Dumon d’éditer son livre mais sans la bénédiction officielle de Napoléon III, sa diffusion sera plus réduite.

Jean-Baptiste Franceschini-Pietri arrière-petit neveu de Pascal Paoli fut le dernier fidèle parmi les fidèles de Napoléon III. A son décès, il fut enterré à l’entrée de la chapelle impériale, non loin de l’Empereur et du Prince impérial, celui qui aurait pu devenir… Napoléon IV.

 

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