Ancone fut longtemps le port de Montélimar, à l’époque du halage et des attelages remontant le Rhône. Puis cet âge d’or disparut au moment de l’apparition des bateaux à vapeur qui correspondit à l’éloignement du Rhône du village. C’est alors que Montélimar construisit un port bien loin de la ville, dans son « far-west », à côté du pont du Teil. On s’mpressa vite à l’appeler « port du Teil » alors qu’il était bel et bien sur le territoire de la commune de Montélimar.
Ce sont les livres de cartes postales anciennes qui nous présentent ce port. Ainsi dans

« Quand le Rhône était un fleuve » de Michel-André Tracol
on peut voir cette CPA…

de barques à quai, d’un toueur au loin et de l’ancien pont du Teil en arrière-plan. On distingue les infrastructures portuaires avec deux quais et un entrepôt. Voici une vue moderne, prise à l’automne 2015 de cette friche fluviale:

En ce qui concerne le grand hangar en bois, il n’existe plus mais on peut retrouver au sol, le squelette de ses fondations en béton.

Autre livre, autre vue fluviale.

« Mémoire de Rhôdaniens » du même Michel-André Tracol…
et cette vue:

de barques arrêtées, certaines portant des tonneaux de vin. Ces reproductions de CPA datent d’avant- 1914. On retrouve un bout de quai,

et une plateforme plus ou moins enfouie sous la végétation:

Autre livre régionaliste:

« Histoire du Teil » d’André Hébrard.
une vue d’un toueur à quai qu’observe un homme appuyé à une rambarde métallique.

On peut penser que cette vue correspond à ce coin de friche:

les rambardes y sont toujours bien que restaurées dans un passé récent. L’eau est beaucoup plus basse de nos jours puisque le Rhône est vidé de ses eaux par le canal de dérivation qui passe plus à l’est.
Dans cette publication drômoise de l’AUED,

« Etudes drômoises »,
cette autre CPA d’un toueur à quai.

A rapprocher de cette vue…

Que reste-t-il d’autre de cette époque de la batellerie rhôdanienne ? des bittes et anneaux d’amarrage, des bittes plantées régulièrement que la nature a plus ou moins enfoui dans le sol:



mais aussi cette très belle rue pavée de galets du Rhône coupés sur lequel on croit entendre les pas des chevaux…

et pour protéger la plaine de Montélimar des eaux du Rhône, une digue en pierre…

à 2 étages dans ce secteur.
Il faut dire que même de nos jours le Rhône continue de faire quelques misères aux hommes comme en atteste ce repère de crue datant de 12 ans:

Cette autre CPA datant de la seconde guerre mondiale au moment où un bac à traille avait repris du service pour traverser les voyageurs entre les 2 rives du Rhône, on aperçoit au loin le port de Montélimar.

Le grand hangar en bois qui a disparu mais quelques maisons particulières encore bien debout:

Qu’ajouter de cette visite ? Des installations modernes de contrôle du Rhône comme ces échelles de crue qui ne semblaient pas présentes sur les CPA, et pour cause, le niveau du fleuve en cet endroit ayant considérablement baissé:

et ce ponton métallique plus récent:

Ce port de Montélimar près du Teil avait fait disparaître le port d’Ancone. Le creusement du canal de dérivation du Rhône a fait disparaître à son tout celui-ci. Un nouveau port fluvial fut créé près du pont du Gournier. La faiblesse du trafic fluvial pour la région montilienne et la priorité donnée à la route et aux puissants transporteurs (Charles-André, Chalavan et Duc, Dentressangle plus nordiste-drômois) fait que ce dernier est quasiment à l’abandon à son tour. Le réchauffement climatique forcera-t-il l’homme à changer son mode de fonctionnement pour s’approvisionner ?

Une vue du port de Montélimar en 2015 prise depuis le bord du Rhône, juste en face (entre Rhône et déviation). Le collage de 4 photos par logiciel a fait disparaître la passerelle blanche mais on voit bien les 2 quais de l’ancien port et quelques maisons conservées.
Image à rapprocher de cette autre vue du bac à traille datant de 1940:

extraite du livre de Noëlle Marcel:
