On a déjà parlé de Caderousse entouré par des digues bâties sous le Second Empire pour protéger le village des crus du Rhône avant que la CNR ne le canalise (du moins pour des crus « normales »).
Voici pour commencer 2 vues des digues:
Le portail Castelan vers 1916
La digue près du portail d’Orange, le long du cours Aristide Briand (en bas à gauche), devant le café de France, carte datée de septembre 1916 en correspondance.
Deux documents sur les inondations:
Le poids inondé. Ce poids qui existe toujours est à l’extérieur des digues, en face du portail d’Orange (la photo a été prise de cet endroit) et en face de l’actuelle station-service. La route qui part à droite est celle d’Orange. Malgré qu’elle soit relevée, l’eau la recouvre. Les paysans viennent au village en barque. A l’époque, chaque ferme en possédait une qui était consciencieusement entretenue (étanchéité au goudron).
C’est la photo inverse de la précédente. Depuis le poids qui doit être sous l’eau (la crue étant plus importante), on voit donc le portail d’Orange barré par le batardeau (lou bastardèu) sur lequel posent des enfants (mon père le plus petit? si c’est le cas, photo datée de 1931-33). Toujours les barques des personnes venues au ravitaillement.
Deux autres photos illustrant en contrepartie les inconvénients des digues. En effet, si elles empêchent l’eau extérieure de rentrer, elles empêchent tout autant l’eau de l’intérieur de s’écouler. Pour y remédier, des pompes ont été installées à un point bas, proche du bras du Petit Rhône… encore faut-il qu’elles fonctionnent quand on en a besoin… Un petit lac aux canards était creusé à l’endroit où on a fait le vide-greniers (voir humeurs).
Datée de 1907, l’eau (certainement d’infiltration) stagne dans les rues du village et les caderoussiers ont installé des madriers sur des parpaings pour circuler les pieds au sec. La vue a été prise rue Pied Gaillard, le bâtiment au fond étant l’actuel EHPAD qu’on appelait alors l’Hôpital (comprendre l’Hospice). Les personnes posant sur la passerelle de droite sont certainement Adrien Guérin dont on a vu qu’il allait disparaître en 1915 à la Pompelle (1er à partir de la droite), sa femme Léonie (3ème à partir de la droite). Entre les 2, peut-être Séraphin le frère aîné de mon grand-père (né en 1897 donc âgé de 10 ans). L’enfant habillé en fille était peut-être mon grand-père Gabriel (né en 1901 donc âgé de 6 ans). Beaucoup de militaires (5) apparaissent sur la photo, l’armée devait avoir été envoyée à Caderousse pour aider les habitants. Bien qu’il n’y ait pas plus 15cm, les maisons devaient être particulièrement humides!
La seconde photo date d’août 1924 et est prise devant un café du cours Aristide Briand (le serveur au second rang posant fièrement pieds nus et plateau à la main!). Les banderoles de drapeaux montrent que c’est la fête du village. On voit les baraques de forains qui baignent à droite. Les tables des cafetiers sont devenues des passerelles pour éviter de se mouiller les pieds. Petit hiatus, la photo date d’août 1924 alors que la fête du village a lieu à la Saint-Michel le 29 septembre. Cette année-là, une expérience malheureuse avait été tentée de l’avancer en août… expérience ratée car un orage dantesque avait tout inondé. Une plaque posée sur le théâtre antique d’Orange indique la hauteur des eaux dans cette ville, submergée par la Meyne. Caderousse, à 8km de là, avait subi le même orage et les digues avaient empêché les eaux de s’évacuer… et le fête votive de se dérouler!





