L’Italie connut à la sortie de la guerre son âge d’or avec ses 2 monstres sacrés du cyclisme: Gino Bartali et Fausto Coppi. D’alliance en opposition suivant les circonstances, cela valut certainement pas mal de nuits blanches au sélectionneur italien Alfredo Binda pour les faire cohabiter (le Tour se courait alors par équipes nationales).
dans l’Isoard en 1949, un jour de trêve
Ils incarnaient tous les deux 2 visages de l’Italie d’alors. L’un Coppi incarnait la modernité, l’Italie riche et industrielle du nord, voulant se débarrasser du carcan religieux. Il fut le premier à « divorcer » et prendre une maîtresse qu’il épousa au Mexique et avec lequel il eut le petit Faustino, non reconnu dans son pays. Il commença à utiliser des méthodes modernes de préparation où malheureusement le dopage prit place.
En face, Bartali, un peu plus âgé, était très religieux d’où son surnom Gino le Pieux. Il représentait l’Italie traditionnelle, austère, laborieuse, l’Italie du sud, celle des traditions, des croyances et de la famille.
Leur opposition permit à l’Italie de dominer le cyclisme mondial pendant quelques années.
Fausto Coppi fut le premier à réaliser le doublé Giro-Tour en 2 occasions 1949, 1952. Il est effet très difficile d’être en forme en mai-juin pendant 3 semaines puis de se retrouver au même niveau en juillet pendant la même durée. Seuls de grands champions y sont parvenus (Anquetil, Merckx, Hinault, Roche, Indurain, Pantani).
En 1949, le Tour était assez traditionnel, avec un petit détour par la Belgique, l’Italie et la Suisse.
Coppi connut lors de la 5ème étape Rouen-Saint-Malo un mauvais moment: une chute, le vélo cassé puis une défaillance qui lui fit perdre 36 minutes et 35 secondes.
De nos jours, un retard rédhibitoire. Pas à l’époque et pas pour Coppi. Son orgueil lui donna la rage, surtout celle d’avoir concédé du temps à Bartali! Il commença alors une remontée irrésistible en contre-la-montre, dans les Pyrénées
ici l’Aubisque
et dans les Alpes où après la trêve (image d’en-haut), il rendit la monnaie de la pièce à son meilleur ennemi quand celui-ci creva et qu’il ne l’attendit pas.
Il enfonça le clou dans le dernier contre-la-montre
pour remporter largement le Tour
avec 11 minutes d’avance sur son rival national.
En 1952, Gino Bartali n’était plus là pour gagner mais pour aider le campionissimo. Il sera loyal et ira même jusqu’à le dépanner de sa roue lors d’une crevaison.
le numéro-souvenir de But&Club-Le Miroir des Sports
le numéro-souvenir de Miroir-Sprint…
… dans lequel on sent à cette photo très « soviétique » que le magazine appartient à un groupe proche du Parti Communiste (Vaillant, Pif…)
La carte d’un Tour beaucoup plus moderne partant de Brest
Dans Miroir Sprint officiait un dessinateur humoristique de grand talent, père des Pieds Nickelés: Pellos, l’homme qui faisait sourire les montagnes et inventa l’homme au marteau (qui tapait sur la tête des coureurs défaillants). J’ai pensé raconter ce Tour 1952 à partir des dessins du numéro-souvenir de Miroir-Sprint, ci-dessus… Vous reconnaîtrez Fausto Coppi à son nez démesuré, genre de Cyrano du cyclisme.
La victoire du sprinter belge Rick Van Steenbergen lors de la première étape
Après un coup de semonce dans la côte de Namur, le maillot jaune français Nello Lauredi sent le souffle de Coppi dans son dos
au milieu avec la canne à pêche, le directeur du Tour Jacques Goddet
Le premier contre-le-montre et l’aigle Coppi qui survole les débats
En Suisse où l’Italien Andrea Carrea a pris le maillot jaune destiné au patron
Les Alpes et la première montée de l’Alpe d’Huez où Coppi prend le maillot et ne le lâchera plus
Le Galibier pour une seconde victoire consécutive du campionissimo
Le Ventoux où il laisse quelques miettes à Robic (le coureur caricaturé avec un menton en galoche et avec un casque à boudins est Jean Robic, le vainqueur du Tour 1947, le premier de l’après-guerre)
Géminiani vainqueur dans les Pyrénées
avant une nouvelle victoire de Coppi à Pau après l’escalade du Tourmalet
et une seconde victoire du roi Coppi à Paris
Après cette victoire, Coppi connaîtra encore quelques belles années dont en 1953 des victoires au Giro et au Championnat du Monde. Il déclinera par la suite… Lors d’un critérium au Burkina Faso fin 1959, il contractera une forme de malaria gravissime qui l’emportera le 2 janvier 1960, son compagnon d’infortune Raphaël Géminiani étant sauvé de justesse par un médecin revenant d’Afrique à Clermont-Ferrand.
A suivre: Gino Bartali (17/08), Ottavio Bottecchia (28/08).



























