On peut vraiment dire que la guerre empêcha à Gino Bartali de se forger un palmarès plus conséquent, surtout dans le Tour de France qui ne fut pas disputé de 1940 à 1946 (7 fois). Peut-être aurait-il été le premier à en gagner 5. Il dut se contenter de 2, gagnés à 10 ans de distance (1938-1948) fait unique dans ce sport.
L’Auto du lundi 1er août 1938 pour la victoire finale de Gino
10 ans plus tard, le lundi 26 juillet 1948, c’est L’Equipe
qui organise maintenant le Tour et titre sur cette seconde victoire de Gino.
Au début du Tour 1938, Bartali est l’un des favoris à l’âge de 24 ans. Le Tour démarre par le drame pour le champion de France Paul Maye qui se brise un poignet, avant même le départ de l’étape
Le visage de Bartali apparaît à la une (à droite) dès le second numéro car il a laissé (imprudemment?) André Leducq et Antonin Magne, deux anciens vainqueurs français lui prendre 5 minutes…
…ce qui rend les Français radieux…
…et Leducq en jaune à Pau au pied des Pyrénées.
Pas pour longtemps! Dans la grande étape pyrénéenne de Pau à Luchon via Aubisque, Tourmalet, Aspin et Peyresourde, Bartali part d’un cavalier seul et se repositionne à un peu plus de 2 minutes derrière le nouveau leader, le belge Vervaecke.
dans le Tourmalet
Le voici, Félicien Vervaecke, bien résolu à défendre son paletot jaune.
et avec son rival transalpin
Dans le col de Braus (boucle de Sospel), les Belges éprouvent l’Italien…
…qui repartira sur la grande étape alpestre Digne-Briançon via Allos, Vars et Isoard pour le même numéro que dans les Pyrénées…
…et Vervaecke perdra 24 minutes à l’arrivée!
le lendemain dans le Galibier
La suite n’est qu’un rallye pour rejoindre Paris pour cette première victoire
Le classement est net et sans bavure
le second Vervaecke à 18 minutes, le troisième Cosson à une demi-heure!
Impressionnante cette foule se pressant dans le Parc des Princes pour voir l’arrivée des héros:
Dix ans plus tard, le visage de jeune premier est devenu celui d’un baroudeur (34 ans), les adversaires ont changé mais Miroir Sprint ne se trompe pas dans le dessin de la couverture de son numéro d’avant-Tour de France avec ce dessin de Paul Ordner où on peut reconnaître les traits du champion transalpin.
Bartali met tout de suite les choses au point et remporte la première étape à Paris-Trouville.
Le jeune Louis (qu’on appellera Louison quand la gloire sera là) Bobet se distingue chez lui en Bretagne avec un maillot jaune à la clé à Nantes
D’autres porteront le maillot (Engels, Lambrecht) mais dans les Pyrénées, Bartali et Robic, le vainqueur de l’année précédente siffleront la fin de la récréation
dans l’Aubisque
dans le Tourmalet
Bobet a retrouvé son maillot jaune avec 18 minutes d’avance sur l’Italien et 23 sur le populaire Biquet… avance qui n’est plus que de 51 secondes sur Bartali après la première étape alpestre!
Le coup de grâce est donné dans l’étape suivante, celle du Galibier sous la neige et de la Croix-de-Fer dans un froid hivernal.
A Aix-les-Bains, Bobet est à 8 minutes de Bartali et Lapébie à 29! Quant à Robic, il a perdu 61 minutes!
Bartali récidive à Lausanne
Dans le Jura, c’est Bobet qui passe par la fenêtre et paye tous ces efforts antérieurs.
ce qui donnera le classement final suivant
Les héros rescapés du Tour 1948
Autour du vainqueur Gino Bartali, les méritants (pour Sprint)
A gauche Lapébie (3ème)-Lambrecht (7ème)- Impanis (10ème)
A droite Bobet (4ème)- Lazaridès (21ème)- Schotte (second)
La légende raconte qu’avant la grande étape alpestre, celle de Briançon, le premier ministre italien en personne appella Gino Bartali pour lui demander de faire quelque chose et prendre la maillot. En effet, l’Italie connaissait une période de grande agitation sociale, au bord de la guerre civile. Le brave Gino s’exécuta (et de quelle manière!). Le pays détourna son attention sur les exploits de son champion et le pire fut évité pour la jeune république italienne.
A suivre: Ottavio Bottecchia (28/08).