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112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Paul MELON.

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-unième nom de la liste: Paul Elie MELON.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Difficile de rédiger une biographie la plus complète possible de Paul Melon en ne pouvant avoir accès à distance aux archives départementales du Gard, en particulier à celles des communes. En effet, si Paul Melon avait été oublié en 1937 comme l’ont été les seize gars qu’Internet nous a permis de retrouver, jamais on n’aurait pu savoir qu’il avait vécu au village tant son rapport avec Caderousse est en pointillé. Dans une échelle imaginaire de « Caderoussité », un Isidore Marquion pourtant oublié est bien plus haut que ce pauvre Paul Melon.

On ne retrouve la famille Melon qu’uniquement sur une page du recensement de 1911, la page 32.

Elle est installée au Boulegon, à l’intérieur des digues. En 1906, les Melon ne sont pas encore dans le Vaucluse. Originaires de Codognan dans le Gard, le père est venu occuper le poste de receveur buraliste au village de Caderousse. Il doit s’agir de percevoir des impôts indirects, des taxes diverses dont l’Etat est très imaginatif à créer, sur les alcools, les tabacs, les fenêtres… Pas vraiment de quoi attirer le sympathie de la population !

Elie Melon est venu avec ses trois enfants, Paul l’aîné né à Codognan, un village proche de Vergèze et d’Aimargues, le 29 mai 1897, Elsie née en 1898 et Emy en 1900, également Gardois. Son épouse Rosalie Dangos est décédée entre 1901 et 1910. Son père Gabriel, âgé de 75 ans en 1911, l’a suivi lors de cette mutation.

Le petit Paul est un bon élève à l’école et il se prépare à mener une carrière de serrurier quand son service militaire et la Guerre seront passés. Une guerre à laquelle il croit échapper quand il entend en 1914 qu’elle sera de courte durée. En effet, c’est un adolescent insouciant de 17 ans qui voit partir les gars plus âgés que lui et rapidement voit revenir des cercueils.

Mais la guerre dure et l’âge de la conscription baisse. Le 09 janvier 1916, le jeune Paul Elie doit rejoindre Grasse et le 27ème Régiment de Chasseurs à Pied qui deviendra vite le 27ème Régiment de Chasseurs Alpins. Il n’a alors que 18 ans et demi.

Ce n’est qu’un gamin qui, le 12 juin, va faire une grosse bêtise… dans les circonstances de l’époque. Jeune, libre et heureux de vivre, il va profiter de sa soirée de permission pour rencontrer des filles de son âge. Il rejoint à sa caserne à l’heure puis, pris de remords, fait le mur et disparaît dans la nature ! L’appel de la vie !

Le voilà manquant à l’appel le 13 juin au matin et déclaré déserteur après le délai légal, le 16 juin 1916. Cette situation va durer six mois, jusqu’au 15 décembre 1916, jour où les Gendarmes le ramènent manu militari chez les Chasseurs Alpins, à Grasse. C’est bien entendu la prison qui attend Paul Melon, le trou ! Il va y séjourner quelques semaines jusqu’à ce que le Conseil de Guerre de la 15ème Région Militaire le condamne à trois ans de prison pour « désertion à l’intérieur en temps de guerre. » Tarif normal pour l’époque. On est alors le 20 mars 1917 et on pourrait en conclure que Paul a échappé à la guerre.

C’est sans compter sur la mansuétude du Général commandant la dite 15ème Région qui assortit sa peine d’un sursis immédiatement appliqué, le 28 mars 1917. Paul Elie Melon retourne à sa caserne puis au front.

Mansuétude ou moyen de se débarrasser d’une forte tête ? On est en droit de reposer la question ! Toujours est-il que Paul Melon se retrouve le pire jour au pire endroit… au petit matin du 16 avril 1917 à Craonne ! Une date et un lieu que l’Histoire a retenus puisque c’est là que débuta la catastrophique offensive « Nivelle » du Chemin des Dames, la fameuse attaque qui entraîna les mutineries puis les fusillés pour l’exemple. Une attaque qui fit entre les 16 et 25 avril 1917, 134 000 victimes sur les quelques dizaines de kilomètres de cette inaccessible crête tenue solidement par des Allemands bien retranchés, dans la neige et la boue d’un hiver tardif. 134 000 hommes mis hors de combat dont 30 000 tués ou disparus ! Paul Elie Melon, le jeune néo-Caderoussier était l’un d’eux, tué le 16 avril 1917 à un mois de ses vingt ans !

Il repose à la Nécropole Nationale de Pontavert dans l’Aisne, tombe individuelle 4 693.

La fiche matricule de Paul Elie Melon de Mémoire des Hommes.

Paul Elie Melon, matricule 1221 de la classe 1917, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Certes le patronyme Melon n’est guère usité en Gard ou Vaucluse. Mais si quelqu’un reconnaît en Paul Elie un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Victor Meunier.

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112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-huitième, cinquante-neuvième et soixantième noms de la liste: Auguste, Florestan et Julien MARTIN.

La seconde face du monument aux morts.

Etant le plus âgé, c’est Florestan qui le premier connaîtra la servitude et grandeur militaires chez les Zouaves en Algérie. Il sera appelé sous les drapeaux le 21 novembre 1914 à Constantine, au 3ème Régiment. Le pays étant sous la menace de rébellions latentes, son service ne sera pas de tout repos et cette première campagne militaire sera inscrite sur son livret militaire. Le fait d’être devenu père de la petite Alberte en 1906 lui permettra de voir son service réduit de quelques mois comme soutien de famille. Toujours cela de pris ! Il sera rendu à la vie civile le 04 avril 1907.

Né en 1888, son petit frère Julien sera appelé sous les drapeaux le 07 octobre 1909. Lui s’arrêtera au bord de la Méditerranée, à Toulon, sans la traverser. Pendant deux ans, jusqu’au 24 octobre 1911, il sera fantassin au 111ème Régiment d’Infanterie.

Quant à leur cousin Auguste né en 1894, il sera appelé par anticipation le 09 septembre 1914 au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon, une unité décimée après le premier mois de guerre. Quelques semaines d’instruction et il se retrouvera à tout juste vingt ans dans les tranchées du nord-est de la France. A cette date, ses deux cousins germains Florestan et Julien ne seront plus de ce monde !

En effet, les deux frères furent tués très rapidement, au tout début de cette longue guerre.

Tout d’abord, Julien le biffin toulonnais.

Le portrait de Julien Martin sur la tombe familiale au cimetière.

Le 111ème Régiment d’Infanterie quitte Antibes par trois convois ferroviaires pour le nord-est de la France le 9 août. Le 10, le régiment est à pied d’oeuvre au sud de Nancy… Vézelise, Diarville. Plusieurs journées de marches forcées harassantes pour se retrouver face aux Allemands, plus attentistes, en Lorraine ennemie, avec comme mot d’ordre dans toutes les bouches de l’Etat-Major français: « On attaque » !

Dès le 14 août, les fantassins sont jetés dans un grand désordre sur des ennemis qui les attendent de pied ferme. Sans même lire le contenu du Journal de Marche, on comprend que règne une confusion certaine même chez son rédacteur !

En lisant, ce passage, on comprend que rien n’est simple pour les hommes. Dans cette pagaille, ils arrivent à se mitrailler entre eux !

Le 14 août 1914, Julien Joseph François Martin, dès son baptême du feu, disparaît près de Moncourt. Il avait 26 ans et 1 mois.

La fiche matricule de Julien Joseph François Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 312 classe 1908 bureau de recrutement d’Avignon.

Son frère Florestan est rappelé le 4 août 1914 au 4ème Régiment d’Infanterie Coloniale de Toulon. Exit les Zouaves où Florestan avait fait ses classes et où il avait revêtu cette belle tenue pour la postérité, dans sa jeunesse.

Le portrait de Florestan Martin sur la même tombe familiale au cimetière.

Le régiment quitte Toulon le 11 août. Il reçoit le baptême du feu dans le sud de la Belgique le 23 août, dans le secteur de Jamoigne-Valansart. Mais les Français refluent et on retrouve le régiment plus au sud, entre Verdun et la Meuse. Mi-septembre, des combats se déroulent à l’est de Verdun. Florestan disparaît dans un premier temps près de Bonzée dans la Meuse. Il semble que son corps ait été retrouvé postérieurement et un jugement fixe la date de son décès au 21 septembre 1914. Il avait 30 ans et 11 mois.

 

La fiche matricule de Florestan Emile  Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 148 classe 1903 bureau de recrutement d’Avignon

Comme déjà dit ci-dessus, Auguste Martin rejoint le 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon le 09 septembre 1914. On l’a déjà raconté dans d’autres biographies, ce régiment a subi de lourdes pertes dans le premier mois de guerre. Des forces fraiches sont donc bienvenues. Les hommes subissent tout de même un entraînement pendant quelques mois avant de retrouver le front, durée de formation dépendant surtout des besoins de l’Etat-Major.

On ne sait à quel moment il rejoint le front mais on peut raisonnablement penser que cette date devait se situer vers le début de l’année 1915. C’est lors de la seconde bataille de la Marne fin septembre-début octobre 1915 qu’Auguste sera tué, dans un secteur dont on a déjà parlé, celui de Souain- Perthes-les-Hurlus, Suippes, la main de Massiges, des terres devenues incultes par la quantité d’acier qui s’y est déversé.

Carte des lieux extraite du Journal de Marche du 58ème RI.

La journée du 14 octobre 1915 semble avoir été assez calme. Par contre, comme on peut le lire ci-dessous,…

…on continue à ramasser et à enterrer des cadavres des combats des journées précédentes et on peut penser qu’Auguste fait partie des 105 malheureux enterrés par le service médical. Ce 14 octobre, il avait seulement 20 ans et 8 mois. Il repose à la Nécropole Nationale de Saint-Ménéhould dans la Marne depuis le 30 septembre 1920.

La fiche matricule d’Auguste Joseph  Martin sur le site de Mémoire des Hommes 

Matricule 404 classe 1914 bureau de recrutement d’Avignon

Le patronyme Martin est assez répandu en France et donc dans le Vaucluse et la tombe des frères Florestan et Julien Martin est bien entretenue au cimetière. Si un descendant reconnaît dans ces biographies des ascendants directs ou indirects, qu’il n’hésite pas à se manifester pour modifier ou compléter les textes. 

A suivre Paul Melon.

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112 POILUS de CADEROUSSE, 112 DESTINS… les trois MARTIN du Monument aux Morts.

112 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 112 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquante-huitième, cinquante-neuvième et soixantième noms de la liste: les MARTIN du monument.

La seconde face du monument aux morts.

Auguste, Florestan et Julien Martin sont les derniers noms (dans l’ordre alphabétique) de la seconde face du monument du cimetière. On va traiter le volet généalogique de leurs biographies globalement puisqu’ils font partie de la même famille.

Il faut remonter à leur grand-père paternel pour trouver leur ancêtre commun. Dans la ville haute de Vaison se sont installés Joseph Marie Florestan Martin et Marie Rose Marron après leur mariage, un couple de cultivateurs. Cela devait se passer vers le milieu du XIXème siècle.

De cette union vont naître, toujours à Vaison des enfants dont deux garçons qui nous intéressent plus particulièrement: Joseph Ferdinand le 31 mars 1855 et Emile Florestan le 04 janvier 1864. Ces deux frères vont prendre pour épouse des jeunes filles de Caderousse et s’installer à l’intérieur des digues.

L’aîné Joseph Ferdinand Martin va épouser le 29 septembre 1886, pour la Saint-Michel 1886, Marguerite Aubert. Dans un premier temps, le couple va vivre à Vaison où vont naître trois enfants Marie Antonia  en 1887, Adrien Joseph en 1888 et Henriette Marguerite en 1891. Cette dernière ne vivra qu’une année et décèdera à Vaison en 1892. C’est après ce drame que le couple viendra s’installer à Caderousse, rue Saint-Michel. Joseph Ferdinand sera embauché alors comme ouvrier dans la fabrique de balais de son beau-père et trois nouveaux enfants viendront au monde: Auguste Joseph, le futur Poilu MPLF le 14 février 1894, Fernande Emilie en 1898 et enfin le petit dernier Paul Camille, bien plus tard, en 1903.

En 1901, la famille au complet avec la mère de Marguerite, Marie Bès, vivant sous le même toit.

Dix ans plus tard, en 1911, Adrien a quitté le foyer remplacé par le petit Paul.

Passons maintenant au second fils Martin, Emile Florestan, cordier de son état. Il va épouser à Caderousse Marguerite Philomène Aubépart, le 2 mai 1883. C’est elle aussi la fille d’un fabriquant de balais, François Aubépart. Ils vont venir s’installer immédiatement à Caderousse près de la porte d’Orange, avant son grand frère Joseph Ferdinand.

De cette union vont naître trois garçons, Florestan Emile en 1883, le second Martin MPLF, Emile Florestan François en 1886, blessé gravement à un doigt  lors de son service militaire, le doigt avec lequel un droitier appuie sur la gâchette, ce qui lui évitera une unité combattante pendant la Grande Guerre et Julien Joseph François, le troisième MPLF et une fille Marie Féline en 1893 qui prendra pour époux en 1913 Fernand Pellegrin dont le nom est lui aussi inscrit sur le Monument aux Morts de Caderousse. Elle se remariera après-guerre, en 1921 avec un certain Fernand Joseph Simon.

En 1901, la famille presqu’au complet

…Florestan étant de son côté employé comme domestique dans la ferme des Soumille.

Conclusion de ce laïus, les trois Martin du monument sont donc deux frères et leur cousin germain avec un peu plus loin, dans la liste, le beau-frère des premiers. Une histoire de famille !

Seul Florestan Emile Martin va avoir le temps de se marier avant  la guerre. Il va prendre pour épouse Marie Rose Gonner le 25 juin 1910 à Caderousse. Cette dernière étant fille-mère d’une petite Alberte née en 1906, par ce mariage, Florestan va devenir aussi père en reconnaissant cet enfant comme étant de lui. Alberte deviendra Pupille de la Nation en 1918 !

Florestan et sa famille en 1911, « île » de Vannerie. 

A suivre les parcours militaires d’Auguste, Florestan et Joseph Martin.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Jean GUEILEN.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cinquantième nom de la liste: Jean Adrien GUEILEN.

La seconde face du monument.

Voici une biographie plus que partielle de Jean Gueilen. Bizarrement, alors que certains jeunes qui ont fait toute leur enfance et jeunesse au village avant de le quitter ont été oubliés au moment de l’édification du Monument aux Morts, Jean Gueilen arrivé lui à Caderousse peu avant le début de la Grande Guerre a bien été inscrit sur ce dit-monument. Car Jean Gueilen est le premier Poilu raconté dans les biographies sur Un Monde de Papiers à n’être pas né au village.

Jean Adrien Gueilen est donc venu au monde à Rochefort-du-Gard le 24 juin 1879. Au moment de son recensement militaire, au début du XXème siècle, il vit chez ses parents à Chateauneuf-du-Pape comme l’indique cet extrait de la liste nominative.

Extrait du recensement de 1901 de Chateauneuf-du-Pape.

Ses parents Jacques Simon Gueilen et Justine Trinquier sont fermiers chez Pascal du côté de la Tour de l’hera, écrit curieusement l’Airs. Jean Adrien les aide à la ferme et un berger René Simon complète le personnel du foyer.

Jean Adrien va faire sa période militaire du 16 janvier 1901 au 19 septembre 1903 au 55ème Régiment d’Infanterie, du côté d’Aix-en-Provence.

Au son retour de l’armée, il va travailler à Orange comme employé agricole chez Latour, quartier de Meyne. Il se marie peu de temps après avec Philomène Brigitte Talagrand du même âge que lui. On retrouve quelques années après ce jeune couple à Caderousse, au quartier du Panier. C’est là que naîtra leur fille Simone Marie Louise le lendemain du Jour de l’An 1912.

Jean Adrien est rappelé par l’Armée lors de la mobilisation générale du 1er août 1914. Il rejoint son unité d’affectation puis passe au 57 R.I. à Auxonne en octobre 14 et enfin au 227ème R.I. en novembre de la même année.

On le retrouve sur le front des Vosges à l’automne 1916. Le 227me R.I. tient un somment, la cote 607, à Lusse. Nous sommes là à une douzaine de kilomètres à l’est de Saint-Dié.

C’est la guerre de positions dans toute son horreur. On se bombarde réciproquement. On s’envoie même des choses inconnues.

Les tranchées françaises reçoivent quotidiennement un millier d’obus et il doit en être de même pour les tranchées allemandes. Les Minerwerfen pleuvent sur les lignes françaises.

Le 6 octobre, ce sont plutôt des grenades à ailettes. Par malchance quelquefois, le projectile fait mouche et tue un malheureux placé au mauvais endroit au mauvais moment. C’est le cas de Jean Adrien Gueilen, ce jour-là. Il apparaît dans le décompte officiel du Journal de Marche du régiment…

…gu côté d’un certain Marc Octave Lelu, sergent, tué le même jour. Il avait alors 37 ans et 3 mois. Il repose à la Nécropole Nationale de Bertrimoutier dans les Vosges.

La fiche matricule de Jean Adrien Gueilen de Mémoire des Hommes.

Jean Adrien Gueilen, matricule 685 classe 1899, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Bien que le patronyme Gueilen ne soit plus guère présent dans la région, si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Adrien Guérin.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Joseph GROMELLE.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Quarante-neuvième nom de la liste: Louis Victor GROMELLE.

La seconde face du monument.

Voici donc avec Joseph Victor Gromelle le Poilu de Caderousse pour l’instant le plus âgé des 49 biographies que nous vous avons présentées depuis mars 2017. En effet Joseph Victor est né le 22 mars 1872 à Caderousse, c’est-à-dire qu’il avait 42 ans et 5 mois à la déclaration de guerre et presque 45 ans le jour de son décès.

Joseph était donc le troisième enfant et seul garçon du couple Antoine Patrice Gromelle né en 1828 à Caderousse et Françoise Marie Echevin d’Orange née le 10 février 1832. Ils s’étaient mariés à Orange 09 février 1856, quelques mois avant la Grande Crue du Rhône dont les hommes ont conservé la trace tout au long de la vallée. De cette union étaient donc nées deux filles, Marie Julie en 1857 et Rose en 1860. Douze années plus tard donc, Joseph était venu les rejoindre.

Extrait du recensement de 1872.

Voici donc la famille au grand complet avec Joseph âgé seulement d’un mois quand l’agent recenseur est passé à la grange de ses parents, quartier Saint-Martin. Les deux grands-mères des enfants sont à la charge du couple d’Antoine et Françoise après la disparition de leurs époux. A cette époque également, les hommes avaient une espérance de vie inférieure à celle des femmes.

On retrouvera une situation quasi identique presque 40 ans plus tard, en 1911.

Extrait du recensement de 1911.

Joseph s’est installée dans la même grange du Pont d’Adam avec Baptistine Rose Martin de 10 ans sa cadette, qu’il a épousé le 24 février 1906. Deux enfants sont nés de cette union, Lucienne en 1907 et Marius en 1908. Un second garçon prénommé Gaston viendra les rejoindre en 1911, après le recensement. Le couple Joseph-Baptistine accueille la mère et la soeur cadette de Joseph. Le travail ne doit manquer au foyer puisque on y trouve également un domestique, Auguste Ponsson  et ses trois jeunes enfants. On peut imaginer qu’une belle tablée se retrouvait tous les soirs autour de la table.

C’est dire les difficultés que rencontreront les femmes quand les hommes seront appelés à la guerre !

Joseph avait fait sa période de formation militaire au 24ème Bataillon de Chasseurs à Pied de Villefranche-sur-Mer du 14 janvier 1894 au 28 décembre 1896. Une incorporation à laquelle il avait failli ne pas pouvoir répondre, en janvier 1894 car il aurait pu être sous les verrous à cette date si le tribunal d’Orange lui avait infligé une peine plus longue que les deux mois de prison dont il avait écopé pour coups et blessures, outrage et rébellion, le 07 octobre 1893. Car ce devait être un impulsif, ce Joseph Victor ! Quelques années après, il récidivait et prenait 20 jours de prison et 300 francs d’amende pour coups et blessures volontaires, peine prononcée à Orange le 26 septembre 1903.

Après la déclaration de guerre, Joseph allait se retrouver dans des régiments de l’ouest de la France. Cohabitation certainement pas facile pour ce Provençal qui parlait difficilement français immergé dans un régiment de Bretons pour qui le Français était encore plus une langue étrangère ! Joseph servit donc au 46ème R.I.T. de Guingamp puis passa au 50ème Régiment d’Artillerie de Campagne de Rennes. Malade, il essaya par deux fois d’être réformé mais la commission de réforme de Saint-Brieuc ne l’entendit pas de cette oreille. Il souffrait de surdité, de bourdonnement… L’Armée n’équipait pas encore ses hommes de filtres acoustiques !

C’est une pleuro-pneumonie qui emporta Joseph Victor Gromelle le 15 janvier 1917, à l’hôpital complémentaire de Rennes. Les petits Marius et Gaston étaient un peu jeune alors pour reprendre la ferme familiale.

La fiche matricule de Joseph Victor Gromelle de Mémoire des Hommes.

Joseph Victor Gromelle, matricule 917 classe 1992, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Gromelle est toujours vivant à Caderousse et près d’Orange. Si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Jean Gueilen.

Il semble qu’un tombeau ait gardé le souvenir de Joseph Victor Gromelle dans le premier cimetière communal.

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110 POILUS de CADEROUSSE, 110 DESTINS… Lucien CONSTANCE.

110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Trente-sixième nom de la liste: Constance Lucien Henri.

La seconde face du monument.

Deux Constance, Lucien Henri et Paul Auguste sont inscrits sur le Monument aux Morts de Caderousse. Une petite recherche nous a fait découvrir qu’ils ne sont pas frères, ni cousins germains, ni cousins au second degré. Pourtant quelques similitudes sont notables dans leurs généalogies. Le père de Lucien se prénomme Auguste Jean, né le 16 juin 1848 tandis que celui de Paul est un Jean Auguste, né le 1er mais 1849. Tous deux sont originaires de Caderousse et cultivateurs. Du côté des mères, elles se prénomment aussi toutes les deux Marie-Louise ! Marie-Louise Millet de Mornas, née en 1854 pour Lucien et Marie-Louise Paschal pour Paul, née également en 1854.

Si l’on remonte l’arbre des pères de Lucien et de Paul, les grands-parents des deux futurs Poilus sont différents. Si parenté il y a, il faudrait remonter plus loin, au XVIIIème siècle.

Lucien Constance est donc venu au monde le 10 septembre 1888 à Caderousse dans la ferme du quartier des Près, non loin de la limite du territoire de Caderousse avec celui d’Orange.

A la lecture du premier recensement effectué après la naissance de Lucien, celui de 1881, la famille vit toujours dans ce secteur, chemin de Pérussier. Lucien (ou plutôt Henri comme on semble l’appeler dans sa famille) est le second enfant du couple formé par Auguste Jean et Marie-Louise. Isidore-Gratien, un grand frère pour Lucien, est né en 1881 et est alors âgé de 10 ans en 1891.

La famille ne connaît guère de bouleversements par la suite. En novembre 1902, Isidore est appelé sous les drapeaux, pas très loin des Près, à Orange, au 15ème Régiment du Train. Il sera libéré dix mois plus tard, par anticipation, en septembre 1903, étant devenu entre temps soutien de famille car papa d’un petit Justin, né en 1902, fruit de l’union entre Isidore et Augustine Vivet, une Caderoussienne de sa classe. Un second enfant, Raoul, suivra en 1906.

Les Constance de Pérussier en 1911.

Lucien-Henri est appelé sous les drapeaux à son tour quelques années plus tard, en 1909. La Révolte des Vignerons de l’Hérault étant passée par là, c’est plus loin que son frère ne l’avait fait qu’il effectuera sa période militaire, à Digne,  du 07 septembre 1909 au 24 septembre 1911, au 3ème Régiment d’Infanterie.

Moins de trois ans après, l’Armée fera de nouveau appel à lui. Dès la Mobilisation Générale, Lucien rejoint son unité, à Digne, à Marseille ou à Cuers où sont regroupés les hommes. Le 07 août, le chemin de fer emmène le 3ème Régiment vers la frontière du nord-est de la France.

Le Journal de Marche du 3ème R.I. nous trace ce  voyage entre Marseille et Xirocourt, au sud de Nancy où va coucher la 6ème Compagnie du 2ème Bataillon à laquelle appartient Lucien Constance. A partir de là, sans trop de repos, le régiment va marcher à la rencontre des Allemands, c’est-à-dire jusqu’à la frontière qui était alors située à l’est de Nancy, à la limite du département de Meurthe-et-Moselle.

Terrible journée que celle du 10 août où les hommes vont parcourir vingt-cinq kilomètres entre Clerey et Saint-Nicolas-du-Port,  avec vingt à vint-cinq kilogrammes de barda sur les épaules, sous un soleil de plomb et une température caniculaire suffisamment exceptionnelle pour que le rédacteur du Journal de Marche le signale.

La rencontre avec les Allemands va se passer à Coincourt à quelques hectomètres de la frontière. On retrouve alors les deux stratégies militaires antagonistes: celle des Allemands attentistes et celle des Français attaquant la fleur au fusil. Nous sommes alors le 14 août. Pourtant, le 12 août à Drouville, vingt kilomètres à l’arrière de Coincourt, les hommes avaient dû creuser des tranchées pour attendre le choc prévue pour le lendemain avant que la stratégie de l’Etat-Major français ne change et ne les fasse progresser le 13.

A travers les mots du rédacteur du Journal de Marche, on voit que cela a chagriné les soldats. Plus tard, le 14 août on lit aussi que la surprise est totale pour tous, hommes, chefs et Etat-Major,  face au déluge de feu qui va s’abattre sur les compagnies se risquant à avancer du côté du Bois du Haut de la Croix à Coincourt. Il faut dire que les Allemands ont bien caché leur jeu en laissant avancer le 3ème Régiment et en reculant pour laisser le terrain libre.

C’est alors que la fusillade éclate.

Tout est dit dans ces quelques lignes: les Allemands ont bien préparé ce piège et les pauvres hommes du 2ème bataillon n’ont d’autre solution que de s’allonger sur la ventre et à se servir de leur sac comme protection, bien légère face à la puissance des armes. Vous l’avez compris, Lucien fait partie de ceux-ci. Le bilan de la journée est terrible:


24 tués mais surtout 712 blessés ou disparus. Un chiffre astronomique pour un affrontement de quelques minutes. Le corps de Lucien Henri Constance n’a pas été retrouvé et il a été reconnu officiellement mort par un jugement du tribunal de Nîmes du 14 juin 1920. Toutefois, son père avait déjà reçu la somme de 150 francs le 16 mars 1916 comme dédommagement pour les soldats célibataires décédés. Une somme bien dérisoire pour un enfant !

Le 14 août 1914, Lucien Constance allait avoir 26 ans. Il était le second mort de la Grande Guerre de Caderousse, après Augustin Aubert disparu non loin de Coincourt, le 11 août, dans des circonstances assez semblables.

La fiche de Lucien Henri Constance de Mémoire des Hommes

Lucien Henri Constance, matricule 320 classe 1908, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Constance est encore présent à Caderousse et dans le Vaucluse. Si un descendant forcément indirect de ce Poilu reconnait cet arrière-grand-oncle, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

Quant à son frère Isidore, on peut consulter sa fiche matricule 298, classe 1901, bureau de recrutement d’Avignon.

A suivre: Paul Constance.

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108 POILUS de CADEROUSSE, 108 DESTINS… Ernest CHIROT.

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Trente-deuxième nom de la liste: Chirot Ernest Marius Joseph.

Seconde face du Monument.

Premier nom de la seconde face du monument, la face sud.

Le tragique destin d’Ernest Chirot va nous emmener sur le champ de bataille le plus connu de la Grande Guerre pour le grand public, Verdun, au coeur de cette année 1916. En effet, Ernest Chirot appartenant au 2ème et 3ème Régiments de Marche des Zouaves, des régiments d’Afrique dont il ne foulera jamais le sol puisque les métropolitains étaient regroupés en France, se retrouva au coeur de la tourmente.

Né le 18 février 1896 à Caderousse, il fut donc appelé sous les drapeaux par anticipation, en 1915, le 10 avril. Après sa période de formation militaire, il fut versé au 3ème Zouaves le 29 novembre de la même année. Le régiment était alors au repos à l’arrière des troupes britanniques et belges dans le nord de la France, du côté de Petite Synthe, non loin de Dunkerque. Ce repos était bien mérité pour les hommes de ce régiment qui avaient subi des pertes importantes lors de la seconde bataille de Champagne du 25 septembre au 6 octobre 1915. Le régiment avait été cité à l’ordre de l’armée par le général Gouraud pour des faits d’arme pendant cette bataille. Cela Ernest ne l’avait pas connu.

Couverture du livret racontant l’historique du 2ème R.M. Zouaves.

L’attaque allemande sur Verdun du 21 février 1916 allait rapidement emmener ce régiment dans ce secteur, au milieu du déluge de feu. Cela Ernest allait le connaître et il allait y laisser sa vie. Dès le 24 février, les hommes étaient au front à la cote du Poivre, un secteur particulièrement visé par les bombardements des troupes allemandes. Le 25, le 3ème Zouaves brisait une attaque des fantassins allemands, défense qui allait sauver Verdun d’une prise allemande suivant l’avis de la hiérarchie française.

Du 10 avril au 1er juillet 1916, le 3ème Zouaves tint le secteur du bois Carré d’Avocourt, à l’ouest de Verdun. Sous les bombardements incessants, dans la boue due à un printemps particulièrement pluvieux, Ernest et ses frères d’infortune souffrirent beaucoup.

Le 23 juin 1916, le 2ème Régiment de Zouaves ayant été décimé toujours sur le front de Verdun, des éléments du 3ème Zouaves furent prélevés pour renforcer cette unité. Il faut dire que la préoccupation de l’Etat-Major était la future bataille de la Somme et que les régiments à Verdun devaient se débrouiller seuls pour compléter leurs effectifs. Ernest retrouva donc le 2ème Zouaves quelques mois après l’avoir quitté.

On est alors à un moment charnière de la bataille de Verdun. Les Allemands n’ont pas réussi à percer et les Français commencent leurs mouvements de reconquête du terrain perdu. Le 15 juillet, les Zouaves attaquent sur les crêtes de Thiaumont à Fleury et brisent la résistance allemande.

Extrait de l’Historique du 2ème R.M. Zouaves.

Ernest fait partie de ces hommes intrépides. Puis, le 19, ce sera la prise de la poudrerie de Fleury où les Zouaves firent plus de prisonniers allemands qu’ils n’étaient eux-mêmes. Ernest est tué le 26 juillet suivant lors de combats de renforcement de positions quelques heures avant que le 2ème Zouaves ne soit relevé momentanément de ce secteur. Cela Ernest ne le connaîtra pas.

Il avait 20 ans et 177 jours. Il n’avait pas connu grand chose de la vie.

Il était le premier enfant du couple Joseph Elie Chirot- Victorine Jeanne Millet qui s’était uni à Caderousse le 1er mai 1895.  A cette date, son père était un jeune homme de 24 ans originaire de Roquemaure qui avait monté une entreprise de fabrication de balais en Vaucluse. Son épouse, sa cadette de 2 ans, était originaire de Caderousse. Ernest naquit donc quelques mois après cette union. La famille  habitait dans la petite rue Pied-Gaillard. Un petit frère Olivier allait naître en 1902 dans le foyer. Il aura la chance d’éviter la Grande Guerre, ce qui dut soulager les siens. Il semble que le corps d’Ernest ait été ramené à Caderousse après guerre, bien qu’il n’en reste aucune trace dans le cimetière du village.

La famille Chirot lors du recensement de 1906 à Caderousse.

D’un bon niveau scolaire, Ernest était conducteur d’auto quand l’armée eut besoin de ses services… et de sa vie.

Il semble que son corps ait été ramené à Caderousse après guerre, bien qu’il n’en reste aucune trace dans le cimetière du village.

 

La fiche d’Ernest Marius Joseph Chirot de Mémoire des Hommes

Ernest Marius Joseph Chirot , matricule 1036 classe 1916, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Bien que ce patronyme Chirot ne soit plus présent dans la région, les plus près étant dans l’Ain et le Gers, si un descendant indirect reconnaît cet ancêtre, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Augustin Clarisse.

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108 POILUS de CADEROUSSE, 108 DESTINS… Emile CHAUME

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Trentième nom de la liste: Chaume Emile Lucien.

Seconde face du Monument.

L’ordre alphabétique implacable du calculateur mathématique d’un ordinateur moderne a replacé Emile Chaume avant Marius Chicornard contrairement à ce qu’avait fait le graveur dans les années 30. Voilà pourquoi on en est à la seconde face du monument aux morts, tout en bas,  alors que la première n’est pas terminée.
Noël Marie Joseph (une crèche à lui tout seul) Chaume né en 1866 avait pris pour épouse Augustine Lucie Goudet, de neuf ans sa cadette, le 17 novembre 1896 à Orange. Le couple s’était installé à Caderousse rue Saint-Michel, non loin de l’église, où le père était patron boulanger. il avait d’ailleurs des ouvriers à son service. Les recensements successifs ont retenu François Dardun en 1901 et Louis Ivon de Saint-Sauveur en 1911.

Emile fut le premier enfant du couple, né le 20 octobre 1897, 11 mois après les noces. Un petit frère allait le suivre en 1903. Emile n’avait que 16 ans à la déclaration de guerre, le 3 août 1914 mais moins de deux ans plus tard, l’armée allait l’appeler en anticipation en 1916. De la même classe que Séraphin Guérin, il allait connaître un sort plus cruel.

Le foyer de Noël et Augustine Chaume en 1911.

Bien que cuisinier, c’est dans une unité combattante qu’il allait se retrouver, le 22 ème régiment d’infanterie coloniale. Il n’eut pas la chance de faire un petit tour de l’autre côté de la Méditerranée pour ses classes puisque, pour les métropolitains, la caserne de regroupement était à Marseille. Il y arriva le 9 août 1916.

On ne sait pas trop de chose de sa période au front, à quel moment il le rejoignit (certainement au premier semestre 1917) mais un peu plus en ce qui concerne sa mort qu’il rencontra au moment charnière de la guerre, celui où le sort de la Première Guerre Mondiale bascula du côté des forces de l’Entente.

Les troupes coloniales occupaient un secteur du front dans le secteur de Reims. Au mois de juillet 1918 eut lieu la seconde bataille de la Marne, la première s’étant déroulée en septembre 1914. L’Etat-Major allemand, dans l’énergie du désespoir, avait programmé une grande attaque le 15 juillet 1918 dans ce secteur. Elle était attendue par les forces françaises grâce aux confidences de prisonniers allemands. L’attaque fut brisée et le 18 juillet les Français contre-attaquèrent et repoussèrent les Allemands qui, symbole de leur échec, se retirèrent au delà de la Vesle.

Mais les combats continuaient, très violents. On peut penser qu’Emile Chaume fut blessé dans la nuit du 30 au 31 juillet 1918. Le Journal de Marche de l’unité ne décrit pas les combats mais donne des bilans humains particulièrement lourds.

Comme on peut le lire ci-dessus, le 22ème R.I.C. subit des pertes importantes: 19 tués, 10 blessés et 70 intoxiqués. Les Allemands continuaient à envoyer des obus chimiques. Toujours est-il qu’Emile Chaume fut évacué à l’Ambulance 5/22 (pour le site Mémoire des Hommes) ou 5/11 (pour le registre matricule complet consultable aux Archives du Vaucluse) à Louvois où il rendit l’âme. La mention « Blessures de guerre » laisse penser qu’il fut blessé et non gazé.

Inhumé une première fois dans cette commune située à 15 kilomètres au sud de Reims, il sera ramené ultérieurement à Caderousse.

Au moment de son décès, il était âgé de 20 ans et 284 jours.

 

La fiche d’Emile Lucien Chaume de Mémoire des Hommes

Emile Lucien Chaume, matricule 1190 classe 1917, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Chaume reste vivant à Orange (1 réponse)  et dans le Vaucluse. Si un descendant indirect reconnaît cet ancêtre, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Marius Chicornard.

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108 POILUS de CADEROUSSE, 108 DESTINS… René CHARBONNEL

108 POILUS de CADEROUSSE, 108 DESTINS… René CHARBONNEL

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Vingt-neuvième nom de la liste: Charbonnel René Martial Gabriel.

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Première face du Monument.

René Charbonnel est venu au monde le 1er juillet 1899 à Caderousse. Il venait d’avoir 15 ans quand la guerre éclata, le 3 août 1914 et si les prévisions optimistes de beaucoup pensant que l’affaire serait vite réglée s’étaient concrétisées, jamais René ne se serait retrouvé embarqué dans cette aventure.

Il était le second d’une famille de 4 enfants. Ses parents s’étaient mariés à Vaison le 20 août 1896. Son père Paul Désiré Charbonnel était le fils d’un couple de paysans d’Orange. Il était venu exercer sa profession de maréchal-ferrant à Caderousse. Sa mère, Marie Albine Bernard, couturière, était originaire de Vaison. Il semble qu’elle avait un oncle installé à Caderousse ce qui explique la rencontre avec son futur mari.

Paul n’avait pas fait son service militaire. Né en 1871, il avait été réformé à l’âge de 20 ans pour une « déformation considérable du thorax », dixit le conseil de réforme. Au moment de la guerre, il aurait du être appelé. Il ne fit que quelques mois en 1916 à la caserne des Saphis de Tarascon puis on considéra qu’il était bien plus utile à la société en tant que maréchal-ferrant à Caderousse que dans une caserne. Des maréchaux-ferrrants l’armée en avait besoin certes, mais elle en avait de bien plus jeunes et valides sous la main.

Installé un premier temps rue Saint-Louis à Caderousse où ils eurent Hubert en 1897, Paul et Marie s’installèrent ensuite sur le cours de l’est, le cours Aristide Briand de nos jours. Le maréchal-ferrant pouvait ainsi développer son activité avec plus d’espace. C’est là que naquit Paul en 1899 puis Edouard et Denise en 1902. L’affaire semblait prospère puisque le père employait régulièrement des « domestiques », des ouvriers à domicile en quelque sorte: le jeune Valentin Rigaud en 1901, Hervé Granjeon de Suze(-la-Rousse) dans la Drôme et Marius Fréau de Sérignan en 1906, Marius Vidal de Mayres en Ardèche en 1911 pour ceux que les recensements ont retenu.

Le fratrie en 1911.

C’est donc chez son père qu’Hubert comme René apprirent le métier du travail du fer. Les fils durent tenir la maison quand le père s’absenta contraint et forcé à Tarascon chez les Saphis.

Que se passa-t-il donc qui fit que René devança l’appel et contracta un engagement de quatre ans le 29 janvier 1918 ? Un excès de patriotisme ou des problèmes familiaux ? A l’heure actuelle, c’est une question sans réponse. Toujours est-il qu’il rejoignit le 2ème Régiment de Dragons à Saint-Etienne le 1er février 1918. Il ne devait guère faire chaud dans le Forez lors de l’instruction. On peut penser qu’il se retrouva sur le front quelques mois après, au moment de la reprise de la guerre de mouvement.
Le 3 au 14 octobre 1918, les Dragons bivouaquent du côté de Wylder. C’est là-haut dans le nord, 10 kilomètres au sud de Dunkerque. Le 14, ils dorment 20 kilomètres plus à l’est, en Belgique, Boesinghe et Lizerne. Le front allemand cède et la victoire est proche. Mais René ne partage pas ces moments avec son régiment. Il est hospitalisé à l’hôpital mixte de Saint-Etienne où il décède de maladie le 12 octobre 1918. On pense immédiatement à la grippe espagnol qui faisait des ravages dans les troupes depuis quelques semaines. Sans certitude puisque les registres matricules n’en disent pas plus !

Pour l’heure, René Charbonnel est le plus jeune MPLF de Caderousse: 19 ans et 103 jours.

La fiche de René Martial Gabriel Charbonnel de Mémoire des Hommes

René Martial Gabriel Charbonnel, matricule 1082 classe 1919, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Charbonnel restant vivant à Orange (2 réponses)  et dans le Vaucluse, si un descendant indirect reconnaît cet ancêtre, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.

A suivre: Emile Chaume.

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106 POILUS de CADEROUSSE, 106 destins… ARNOUX Julien André Bertin.

106 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 106 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Second nom de la liste: Arnoux Julien.

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Première face du Monument

Julien Arnoux fait partie des malchanceux qui furent tués au moment où le sort de la guerre était réglé et où la victoire n’était plus qu’une question de jours.

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En effet, le front allemand rompait de partout, de la Mer du Nord au sud des Vosges et les plénipotentiaires allemands essayaient par tous les moyens d’arracher une fin des hostilités la moins défavorable possible pour le Reich. Wilson avait été contacté mais les pays de l’Entente et en premier lieu la France ne souhaitaient pas d’une victoire tronquée au regard des sacrifices des 4 dernières années. Ils voulaient une victoire totale et la guerre allait durer jusqu’au 11 novembre 1918. Julien Arnoux allait décéder moins un mois avant cette date, le 20 octobre 1918.

Il appartenait au 159ème Régiment d’Infanterie (Alpine même si le nom n’est pas cité sur les registres matricules) de Briançon. Ce régiment était engagé sur le front belge, non loin de la côte. Il venait de libérer Roulers le 16 octobre et allait franchir la Lys entre Courtrai et Gand et libérer la ville le 22 octobre. Gravement blessé dans la plat pays, Julien Arnoux allait décéder à l’Hôpital d’évacuation 16/2, proche du front, un de ces lieux terribles de tri des blessés qu’on a pu découvrir récemment à travers le cinéma de fiction capable de montrer en quelques scènes les horreurs de ce conflit.

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1-16/10/1918 libération de Roulers.

2-22/10/1918 franchissement de la Lys.

3-Cimetière Militaire Français d’Haringe où Julien Arnoux fut initialement inhumé.

C’est en Belgique, au cimetière militaire français d’Haringe (Poperinge) que fut mis en terre le Caderoussier avant d’être rapatrié au bord du Rhône.

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Comme on peut le lire, Julien Arnoux était âgé de 32 ans en 1918. Né le 05 septembre 1886, Julien était le fils de 2 enfants du pays, Ambroise Arnoux et Perrin Eulalie, de jeunes gens de, respectivement, 27 et 24 ans à cette date, vivant dans une grange au quartier du Moulin. Lui aussi allait devenir cultivateur une fois entré dans la vie active. Pour les militaires, les paysans étaient de la chair à canon sauf en période de moissons pendant lesquelles quelques uns étaient libérés par participer à l’approvisionnement du pays.

C’est bien entendu dans l’Infanterie que Julien Arnoux allait faire ses classes du 07 octobre 1907 au 25 septembre 1909, au 97ème R.I. à Chambéry.

Rappelé à la déclaration de guerre, le 04 août 1914  au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon, il allait participer à toute la guerre. Il passa en juin 1915 au 170ème de ligne pour connaître l’enfer de Verdun puis, en août 1917 au 40ème R.I. de Nîmes pour aller faire un tour à Salonique, sur le front d’Orient. De retour, il intégra finalement le 158 ème R.I.A. le 07 août 1918 pour connaître le sort tragique dont on a parlé ci-dessus.

Ce régiment accueillit dans ses rangs l’écrivain provençal Jean Giono que Julien croisa peut-être. Lui revint mais profondément affecté par ce qu’il y vécut. Il écrivit en 1917 ces lignes: « Nous avons fait les Eparges, Verdun, la prise de Noyon, le siège de Saint-Quentin, la Somme avec les Anglais, c’est-à-dire sans les Anglais, et la boucherie en plein soleil des attaques de Nivelle et du Chemin des Dames. J’ai 22 ans et j’ai peur » à travers lesquelles on comprend son pacifisme convaincu.

L’armée, elle, écrivit aussi quelques lignes pour honorer la mémoire de Julien Arnoux, dans cette citation numéro 3439 du 02 juillet 1919: « Excellent soldat sous tous les rapports, ponctuel, consciencieux, dévoué, conduite admirable au front. A été blessé mortellement comme agent de liaison en portant un ordre sous un feu violent des mitrailleuses. » Elle lui avait accordé la Croix de Guerre, étoile de bronze, à titre posthume.

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Julien André Bertin Arnoux, matricule 315 classe 1906, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Arnoux étant toujours vivant à Caderousse, si un descendant direct ou indirect reconnaît son ancêtre, qu’il ne se gène pas pour réagir, surtout s’il possède d’autres photos ou documents.

A suivre: Marius Aubépart.

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