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117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… François VALON.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-quatorzième Poilu: François Joseph Henri VALON.

Quatrième face du Monument aux Morts.

La vie des Valon va osciller en permanence entre les deux rives du Rhône et les deux villages qui se font face, Caderousse sur la rive gauche et Montfaucon sur la rive droite. Cela ne va pas beaucoup nous aider pour nos recherches en ce qui concerne cette commune gardoise ! On peut parier que les Valon empruntèrent souvent l’ancien pont de Roquemaure, tout récemment terminé quand leur histoire commença.

L’ancien pont de Roquemaure qui rapprocha Gardois et Vauclusiens de 1859 à 1944.

Charles Etienne Valon, le père de François,  était un Caderoussien de souche, né en 1846. Fin septembre 1872, il traversa le Rhône pour épouser Marie Lison en mairie de Montfaucon. Marie était originaire de ce village, née en 1849. Elle était ouvrière en soie et devait travailler dans une filature des proches Cévennes. Peu de temps après le mariage, elle mit au monde son premier enfant, François Joseph Henri au domicile de ses parents, à Montfaucon, le 04 août 1873. Il semble que François soit le seul enfant du couple.

En 1891, on retrouve le couple installé à Caderousse, dans le cours de l’ouest.

Charles était journalier, travaillant aux champs pour des propriétaires. Même travail pour François qui devait être placé dans une ferme à cette époque, attendant que son service militaire soit effectué pour commencer sa vie . Son armée, il la fit au 3ème Régiment d’Infanterie de Digne, entre le 16 novembre 1894 et le 18 novembre 1897. Trois ans sous les drapeaux et un Certificat de Bonne Conduite dans la poche à sa libération.

En 1901, François était de retour chez ses parents. Pas pour très longtemps ! Aux tout premiers jours de l’année 1900, il  prit pour épouse Philomène Louise Guillard à… Montfaucon d’où est originaire cette dernière. Voilà donc François reproduisant le parcours de son père ! De cette union, vont naître quatre enfants, trois garçons et une fille: Claudius en 1902 à Montfaucon, Jeanne en 1903 également dans le Gard, Valentin en 1904 à Caderousse et Etienne en 1907 à nouveau à Montfaucon. Que d’allers et retours sur le pont de Roquemaure, un peu moins solide qu’au premier temps de la jeunesse de Charles et Marie !

Les parents dont l’agent recenseur écrit le nom en ne mettant qu’un seul L vivent toujours sur le cours de l’ouest en 1911.

Par contre, voilà deux L dans les noms de François et des siens, qui résident alors dans le quartier des écoles. C’est ainsi que naissant des changements d’orthographe des noms qui peuvent être préjudiciables pour ceux à qui cela arrive… ou pour les généalogistes.

Il ne semble pas que le couple aura d’autres enfants. Charles était déjà un « vieux » soldat quand la Grande Guerre éclata le 03 août 1914. Malgré cette chose et le fait qu’il était père de quatre enfants en bas âge, cela ne l’empêcha pas de devoir revêtir à nouveau la tenue militaire. On le retrouve au 145ème Régiment d’Infanterie Territoriale en train de creuser des tranchées de première ou de seconde ligne fin 1915, début 916 dans le secteur de Suippes- Saint-Hilaire-le-Grand.

Cela jusqu’à ce qu’il soit versé à la 6ème section de Commis et Ouvriers d’Administration du Mans le 07 février 1917. Voilà une affectation qui semblait le préserver un peu d’un mauvais coup auquel on est toujours exposé sur le front. Mais cela ne protégea pas des virus et bactéries qui circulaient entre les hommes dans un univers militaire fait de promiscuité.

Le 25 mars 1917, François Valon décèdait à l’Hôpital Militaire de Nevers d’une maladie aggravée contractée au service. Il était âgé de 43 ans et 8 mois, ce qui était exactement l’âge mon ancêtre Adrien Guérin quand il fut gazé à La Pompelle.

Fiche matricule de François Joseph Henri Valon de Mémoire des Hommes.

François Joseph Henri Valon matricule 1047 de la classe 1893, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaiteraient aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Valon est un patronyme bien présent dans le Vaucluse et le Gard, surtout écrit avec 2L. Si un descendant de François reconnaît en lui son ancêtre  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou modifier cette petite biographie.

A suivre… Gustave Vaton.

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117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… Maurice SIBOUR.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-onzième Poilu: Maurice Joseph Martin SIBOUR.

Voilà donc un nouveau Poilu né à Caderousse et dont le nom a été oublié sur le monument aux morts ! Assez logiquement s’il en est, puisque Maurice et ses parents semblent avoir quitté le village assez rapidement après la naissance de leur premier enfant, Maurice. Reprenons par le début !

Les Sibour sont originaires de Caderousse, Joseph Cyprien, le père du Poilu, y étant né le 10 septembre 1847. Il exerce le métier de perruquier mais aussi de fermier. A son retour de son service militaire, il se marie avec Marie Antoinette Hubert d’Orange le 6 août 1873. Cette dernière décède treize mois plus tard.

Quelques mois après, il épouse en secondes noces Emilie Praxède Marquier le 26 mai 1875, native de Violès mais résidant à Camaret. Le mariage est enregistré dans ce village mais le couple vient vivre à Caderousse, dans la Grande Rue, quartier de l’Escurier. Un an exactement après naît Maurice, le 10 mai 1876.

La famille apparaît dans le recensement de 1876, Maurice étant alors âgé d’un mois et se prénommant Marius pour l’agent recenseur. C’est la seule fois où les Sibour apparaîtront dans les listes nominatives de la commune. Où sont -ils allés ? Pas à Camaret pays d’origine de la mère du Poilu.

On retrouve les Sibour dans la Drôme au moment du service militaire de Maurice, à Bourg-de-Péage, dans l’agglomération romanaise, sur la rive gauche de l’Isère. A partir de ce moment, la vie de Maurice va être bien remplie.

Employé de commerce à Bourg-de-Péage, il devance dans un premier temps l’appel  en signant un engagement de trois ans en mairie de Romans. Le voilà donc soldat quelques jours après son dix-huitième anniversaire ! Le 21 mai 1894, il rejoint le 15ème régiment d’infanterie de Castelnaudary. Il le quittera en 1897 avec le grade de sergent.

Rendu à la vie civile, Maurice est alors embauché aux tramways de Marseille, ville dans laquelle il réside, 10 rue Labry, dans le quartier de la Belle de Mai. Mais la vie militaire lui manque et quelques mois plus tard, il signe un nouvel engagement de trois ans, ce coup-ci dans les troupes d’infanterie de marine, les Marsouins, cantonnés à Toulon. Il rejoint le 4ème RIMa le 22 novembre 1898. Cette seconde période militaire va lui faire connaître du pays. En effet, du 03 février 1899 au 21 octobre 1901, il va partir au Tonkin, en Indochine colonisée, où une présence militaire française est indispensable.

Il quitte donc définitivement l’armée fin 1901, du moins le croyait-il et réside toujours à Marseille. Il va s’y marier le 11 novembre 1912. L’heureuse élue est Hortense Marie Cauvin. Il habite alors rue François Brion, non loin de la Bonne Mère. Il s’est même lancé dans des affaires commerciales sans succès puisque son entreprise a été déclarée en faillite par le Tribunal.

C’est alors qu’éclate la Grande Guerre et qu’il doit reprendre du service. C’est alors un « vieux » soldat qui va sur sa quarantaine ! Il est versé dans un régiment territorial, le 110 ème R.I T. avec le grade de caporal. C’est le régiment de Romans puisque c’est là qu’il avait été recensé, vingt ans auparavant. Deux mois à Briançon pour garder la frontière , l’Italie étant proche des Empires centraux en début de conflit puis le front du nord-est de la France pour creuser des tranchées. Était le lot des unités territoriales de soutenir les troupes plus jeunes dans des tâches secondaires.

Le 27 avril 1915, Maurice Sibour rejoint le 275ème Régiment d’Infanterie. Il est alors beaucoup plus exposé et est blessé le 03 septembre suivant. Après deux mois d’hôpital et quelques mois en caserne, il retrouve le front en septembre 1916.

Le 20 décembre 1917, il retrouve la Territoriale au 34ème Régiment d’Infanterie. Mal en point, Maurice devra être évacué  des premières lignes le 25 janvier 1918 et va être hospitalisé à Limoges, sa santé mentale étant atteinte. Le 16 août 1918, la Commission de Réforme Spéciale de Limoges lui rend sa liberté. C’est par pour autant qu’il retourne à Marseille. Le 1er octobre 1918, Maurice Sibour décède à l’asile d’aliénés de Limoges. Il avait 42 ans et 5 mois. Comme de nombreux Poilus, son esprit n’avait pas résisté aux horreurs qu’il avait pu voir et au stress qu’il avait connu sur le front. Il faisait partie des blessés psychiques de la guerre mais lui n’y a pas survécu.

Fiche matricule de Maurice Joseph Martin Sibour de Mémoire des Hommes.

Maurice Joseph Martin Sibour matricule 1132 de la classe 1896, bureau de recrutement de Romans-sur-Isère, Drôme, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Maurice a-t-il eu une descendance ? Actuellement, ce patronyme est toujours porté en Vaucluse.  Si une personne reconnaît en Maurice un lointain ascendant, qu’il n’hésite pas à rectifier cette biographie si elle lui parvient à sa connaissance.

A suivre… Albert Soumille.

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116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Lucien SAUVAGE.

116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-dixième Poilu: Lucien Anselme Samuel Sauvage.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Lucien Sauvage ne semble pas avoir une parenté proche avec Emile Sauvage. D’ailleurs, le premier pourrait être facilement le fils du second puisque vingt-un ans les séparent. Né le 09 août 1897, Lucien fait partie d’une classe qui sera appelée pendant la guerre, par anticipation en 1916.

Le père de Lucien, Joseph Pierre, est un Caderoussien de souche, né au village en 1872. Pendant son service militaire effectué de 1893 à 1896 du côté de Villefranche-sur-Mer chez les Chasseurs à Pied , il prend pour épouse une Gardoise de Montfaucon résidant à Caderousse, Marie Moutte, de cinq ans sa cadette. Le mariage a lieu le 31 janvier 1894 au village et le couple s’installe quartier des Mians.

Moins de deux ans après, un premier enfant vient au monde, Louise Eléonore, le 28 décembre 1895. Vingt mois plus tard, ce sera au tour de Lucien et le couple, vivant maintenant rue Saint-Michel, s’arrêtera là en terme de descendance, chose assez rare à l’époque.

La famille lors du recensement de 1901. L’agent recenseur s’est un peu pris les pieds dans le tapis en inventant une Lucie en lieu et place de Lucien !

Quelques mois avant la guerre, le 1er avril 1914, Louise épouse Joseph Patrice Raimondi. Quelques mois après, le père est incorporé et doit partir à la guerre. Son registre matricule indique une campagne contre l’Allemagne du 13 août 1914 au 30 août 1915, au 24ème B.C.A. Après cela, il est détaché aux Etablissements Grammont de Pont-de-Chéruy près de Lyon, usine qui fabrique des douilles pour l’armée mais aussi du matériel électrique et des câbles.

Lucien va donc à son tour être appelé sous les drapeaux le 09 janvier 1916 pour une destination originale, la Tunisie et le 4ème Régiment de Zouaves. Il mettra dix jours pour rejoindre son unité. Après Tunis, Sousse et le 4ème Régiment de Tirailleurs, le 31 mars 1917.  Lucien va traverser la Méditerranée dans l’autre sens  pour rejoindre les tranchées du nord de la France. Nous sommes en 1918 et la reprise de la guerre de mouvement. Lucien va une première fois se distinguer le 12 juin 1918 lors d’une grande et violente attaque allemande. Aidé de quelques camarades, avec une ténacité farouche, il a interdit l’accès d’une position aux vagues d’assaut et contribué ainsi au maintien de la ligne de défense dit la citation qu’il reçut après ce fait d’arme.

Il recevra une seconde citation après un second acte héroïque le 31 août 1918. Ce jour-là, du côté de Crécy-au-Mont dans l’Aisne, entre Soissons et Saint-Quentin, ce sont les Français qui sont à l’attaque. Les Allemands reculent de partout mais vendent chèrement leur peau. La lecture du Journal du 4ème Régiment de Marche des Tirailleurs Algériens est édifiant. La préparation d’artillerie française n’a pas détruit les mitrailleuses allemandes qui vont faire un massacre sur les troupes sortant des tranchées. Même l’intervention des chars sera contrariée par les balles perforantes qui mettront les tanks en panne. Certes , au soir de ce dernier jour d’août 1918, les objectifs seront atteints mais au prix de nombreuses victimes.

Le fait d’arme de Lucien dans cette journée est ainsi décrit. Il a entrainé son escouade d’une façon remarquable. Chargé de nettoyer un boyau à la grenade, il s’est dépensé sans compter et est tombé glorieusement à la tête de ses hommes. Etant caporal depuis le 21 juin précédent, il est le gradé le plus élevé, les autres étant tombé sous les balles allemandes. On comprend aussi que cette seconde citation lui a été accordée à titre posthume, Lucien ayant été tué sur le champ de bataille ce 31 août 1918. Il était âgé de 21 ans et moins d’un mois. 

 

Fiche matricule de Lucien Anselme Samuel Sauvage de Mémoire des Hommes.

Lucien Anselme Samuel Sauvage matricule 1242 de la classe 1917, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Lucien n’ayant pas laissé de descendance, peut-être en est-il autrement pour Louise et si une personne reconnaît en Lucien un lointain grand-oncle ou arrière-grand-oncle, qu’il n’hésite pas à rectifier cette biographie si elle lui parvient à sa connaissance.

A suivre… Maurice Sibour.

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116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Emile SAUVAGE.

116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-neuvième Poilu: Emile Laurent Sauvage.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Emile Sauvage est indiscutablement le Poilu caderoussien le plus connu et celui dont je n’ai guère eu à faire de recherche pour raconter sa fin dramatique. D’une part, la correspondance qu’il adressa à son épouse fut publiée en 2008 par les éditions Elan Sud d’Orange, d’autre part, appartenant au même 118ème RTI ou RIT d’Avignon que mon arrière-grand-père Adrien Guérin, il est décédé le même jour que lui, au même endroit et de la même cause.

Emile Sauvage est un Poilu de Caderousse de part sa naissance le 6 mai 1878 et sa jeunesse passée au bord du Rhône. Mais c’est aussi un Poilu sorguais de part son mariage et son installation dans cette commune industrielle du Vaucluse.  Il est donc inscrit sur deux monuments aux morts, à Caderousse et à Sorgues. Malgré son départ comme d’autres l’ont fait, il n’a pas été oublié dans sa commune de naissance en 1937 lors de l’érection du monument du cimetière.

Son père Marius Jean-Baptiste, Caderoussien de naissance, avait pris pour épouse Anne Coye, fille d’un boulanger  d’Orange. Les noces avaient été célébrées à Nîmes aux alentours du 14 juillet 1877 où cette dernière résidait auprès de son frère. Les mariés s’installèrent à Caderousse, rue Saint-Louis où Marius était maréchal-ferrant. Par la suite, il ouvrira une boutique de quincaillerie. Rapidement, Emile arriva dans le couple de Marius et Anne. Ce devait être leur seul enfant. Un fils unique, c’était chose exceptionnelle à l’époque.

 

La famille Sauvage en 1891.

La mère d’Emile allait d’ailleurs décéder assez jeune, en 1897, à l’âge de 44 ans. A cette date, son époux n’était autre que le Maire de Caderousse. Ce fut d’ailleurs son adjoint qui enregistra ce décès sur le registre de l’Etat-Civil. Marius Sauvage fit deux mandats à la tête de la commune, de mai 1888 à mai 1900. Comme de nos jours les conseils municipaux étaient élus pour une durée de six ans.

En parallèle à son mandat local, Marius Sauvage fut élu Conseiller Général du Canton d’Orange-ouest et obtint le grade symbolique d’Officier d’Académie, tout cela à un âge relativement jeune, avant la cinquantaine. Il se remaria en 1900 avec la directrice de l’école de Caderousse, Reine Marie Boumias, originaire de l’Isle-sur-Sorgue. Le 25 mars 1902 naissait le petit frère d’Emile, Charles Marie Jean.

Emile connut une scolarité brillante. Bien que considéré comme étant d’un niveau d’instruction 3 lors de sa conscription, il aurait pu sans problème bénéficier d’un niveau supérieur de 4, étant titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome obtenu à l’Ecole Nationale d’Agriculture de Montpellier.

Après s’être engagé le 31 octobre 1898 en devançant l’appel, Emile n’allait effectuer qu’une année de service seulement, au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon.

C’est après son armée, en 1907 qu’Emile allait se déplacer dans son cadre professionnel. On le retrouve en Algérie, à Philippeville  comme jardinier à la ferme Barrot. De son séjour au Maghreb, il ramènera en métropole des essences d’arbres nouvelles qu’il fera pousser dans sa nouvelle entreprise agricole, à la ferme Sainte-Catherine à Montfavet, en 1908.  Puis ce sera Sorgues et la ferme des Ayraux au quartier des Garrigues. C’est dans cette ville qu’il rencontrera sa future épouse, Claire Henriette Jambon, celle qu’il appellera Clairette dans ses nombreuses lettres. Ils se marieront le 5 juillet 1913 et s’installeront quartier de Jouve de cette ville.

Le couple n’allait vivre ensemble qu’une seule année puisque dès le 3 août 1914, Emile était rappelé sous les drapeaux. Il était alors âgé de trente six ans et c’est tout à fait naturellement qu’il allait rejoindre le 118ème RIT d’Avignon en tant qu’adjudant. C’est là que le parcours d’Emile et celui de mon bisaïeul Adrien Guérin se conjuguent bien qu’ils n’aient pas servi dans la même compagnie.

Beaulieu-sur-Mer, Nice, pour défendre la frontière face aux Italiens alors alliés des empires centraux et à l’engagement incertain. Puis direction l’est de la France devant Dijon pour défendre la ville face à la déferlante allemande d’août 14. Le destin de nombre d’hommes du 118ème Territorial allait basculer quand quelques compagnies du régiment furent envoyés au front, en Champagne, devant Reims. Pendant ce temps, Claire s’occupait seule de la ferme et allait mettre au monde le premier et unique enfant du couple, Albert, le 9 janvier 1915. Alors que le couple s’attendait à avoir une fille, Emile ne verra son garçon que quelques jours de septembre, les permissions étant distribuées avec parcimonie par la hiérarchie militaire et la naissance d’un enfant n’étant pas un motif de cause majeure.

Une explosion d’une grosse mine allemande à proximité du fort de la Pompelle fin 1914 eut pour conséquence le détachement d’hommes du 118ème en renfort aux sapeurs du Génie. Leur mission: creuser une série de puits anti-mine à distance du fort pour contrecarrer le travail des sapeurs allemands, puits conséquents puisque profonds de dix-huit à vingt mètres. Voilà les Avignonnais transformés en taupes !

La situation dégénéra les 19 et 20 octobre 1915 avec un violent bombardement allemand préparant une attaque de l’infanterie. Aux obus conventionnels étaient mêlées des armes chimiques. C’est ce nuage de gaz moutarde qui décima les Territoriaux d’Avignon. Gravement intoxiqués, Emile comme Adrien allaient décéder à l’ambulance, le 21 octobre 1915, à Ludes pour Emile, à Damery pour Adrien. Ce jour-là, le 118ème RIT perdit 50 hommes. Si l’on enlève cinq décès causés par une maladie contractée au service, on peut penser que les quarante-cinq autres morts le furent à cause des gaz, sur le champ de bataille mais aussi à Epernay, Ludes, Damery et Bourgault où ils furent évacués. Emile Sauvage était âgée de 37 ans et 5 mois.

Après-guerre, Claire allait se remarier le 30 août 1919 avec Christian Constant. Il fallait bien un homme pour s’occuper de la ferme et élever le petit Albert.

Fiche matricule d’Emile Laurent Sauvage de Mémoire des Hommes.

Emile Laurent Sauvage matricule 233 de la classe 1898, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Peut-être les descendants ayant donné l’autorisation de publier la correspondance d’Emile auront à rectifier cette biographie si elle parvient à leur connaissance.

A suivre… Lucien Sauvage.

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ll y a 100 ans jour pour jour: LE MIROIR du dimanche 15 septembre 1918

(JOUR 1505 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

Beaucoup de vues sur les troupes britanniques cette semaine dans le Miroir avec celle de la Ligne Hindenburg que les Canadiens viennent d’atteindre et de dépasser.

Etablie pendant l’hiver 1916-1917, les Allemands la présentaient comme inviolable. Leur retraite de l’automne 1918 a démontré le contraire.

Attaque des Britanniques dans le Nord, du côté d’Argentifères, Douai, Cambrai.

Du matériel allemand (pelles, fusils…) pris aux Allemands dans la Somme.

Ici, dans l’Aisne, une grosse pièce d’artillerie de marine, montée sur camion, a été repérée par un avion qui a guidé le tir français qui l’a détruite.

Par contre ce canon pris avec ses munitions par les Canadiens a été retourné contre les Allemands.

Avion allemand abattu par la DCA.

Par contre, l’As des As Fonck montre le blason de l’avion allemand qu’il vient d’abattre.

Feu d’artifice chez les Yankees qui sont maintenant plus de 500 000 à combattre sur le front occidental.

Destruction d’une ligne de chemin de fer et lancé de fusées éclairantes.

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116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Paul Ruat.

116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-huitième Poilu: Paul Auguste Ruat.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Paul Ruat est né à Caderousse le 06 janvier 1894. Il appartient à une grande fratrie de neuf enfants mis au monde par le couple formé de Frédéric Victor Ruat et Louise Madeleine Berbiguier.

Victor, le père, est un Caderoussien de souche né en janvier 1856 quartier du Panier. Il travaille à la ferme de ses parents.

Louise, la mère, est née en 1864, plus jeune de huit ans que son mari. Elle passera sa jeunesse dans la ferme paternelle aux Cabanes.

Victor et Louise se marient à Caderousse le 19 avril 1882 et vont s’installer dans un premier temps quartier du Brout. Au fil des actes de naissances de leurs enfants, on apprend qu’ils vont vivre par la suite chemin d’Orange, au Panier, à l’Escient avant de venir s’installer intra-muros au début du XXème siècle rue Pied Gaillard puis rue de l’Hardy et enfin retourner à l’Espinet.

De cette union vont naître donc neuf enfants, quatre filles et cinq garçons. Trois de ces enfants n’atteindront pas l’âge adulte, Augustine née en avril 1889 décèdera quelques mois après sa naissance, Marius Léon né en octobre 1898 disparaîtra à l’âge de cinq ans et neuf mois et Caroline Thérèse venue au monde en février 1903 décèdera en avril 1904. Sa mère Louise la rejoindra dans la mort quelques mois après, le 26 avril 1905.

A cette date, sa file aînée Victoria Louise née en mars 1884 s’est déjà mariée avec Alfred Cappeau le 27 septembre 1902. Elle vivra jusqu’en 1958.

Léonie, la cadette née en 1885 prendra pour époux Jules Pommier le 10 février 1906, on va le lire ci-dessous.

Le premier garçon du couple arrive le 03 juillet 1891. Il s’agit de Gabriel Jules Victor qui, malgré les deux blessures contractées pendant la Grande Guerre atteindra un âge avancé et s’éteindra à Beaucaire en 1985 !

Enfin voici Paul Auguste, le Poilu né en 1894.

Voici donc la première photographie de la fratrie à l’occasion du recensement de 1896.

Victor et Louise, les parents, Victoria, Léonie, Gabriel et Paul, les enfants.

En 1906, la situation familiale a bien changé. Victor élève seul ses enfants puisque Louise est décédée. Victoria l’aînée a quitté le foyer en se mariant, contrairement à Léonie qui y est restée et y a ramené son mari Jules et son fils Henri. Un petit Julien, Jules Jean pour l’état-civil a complété la fratrie. Venu au monde le 09 décembre 1900, il se mariera en 1923 avec Marie Alexandrine Muret.

Les années passent. En 1911, seuls Louis et Julien demeurent avec leur père, quartier de l’Espinet.

De son côté, Paul est toujours présent au village. Il a appris à conduire des véhicules automobiles et il est devenu le chauffeur du docteur Marie Joseph Rochette.

Ce jeune médecin tout juste sorti de la faculté de médecine exerce sa profession au village et habite avec ses parents et sa grand-mère paternelle, quartier de l’Eglise. Les employés de maison, le chauffeur Paul Ruat et la bonne Marie Bonnefoi, résident également sous le même toit.

C’est là que la guerre trouvera Paul. La classe 1914 à laquelle il appartient sera appelée sous les drapeaux par anticipation, en septembre 1914. Le 08, Paul rejoint le 2ème Régiment du Génie à Montpellier.

Une fois n’est pas coutume, commençons par la fin qui mérite qu’on s’y attarde. Né en 1892 et incorporé en 1913, Louis fait partie de ces hommes qui sont sur place quand la guerre éclate et qui vont donc subir un maximum de pertes dans le minimum de temps, le premier mois de la guerre. C’est certainement sa qualité de chauffeur qui lui a fait intégrer cette unité.

Il passe ensuite au 1er Génie de Versailles en octobre 1916 puis cette unité étant scindée en deux pour soulager son administration, il gagnera le 21ème Régiment du Génie à sa création le 1er juillet 1917.

Direction le front d’Orient pour quelques compagnies de cette unité, pour y creuser des tranchées ou des galeries de mines. A Salonique, les Franco-Britanniques appuyés par des Italiens, des Serbes, des Grecs combattent les Bulgares, alliés des Turcs, des Autro-Hongrois et des Allemands.

Ce front sur lequel vont combattre 400 000 Français est loin d’être une destination touristique. Aux risques inhérents de la guerre qui tueront 10 000 combattants s’ajoutent ceux créés par les maladies. L’eau potable manque et pourtant il faut alimenter des centaines de milliers d’hommes en plus des populations autochtones. Des maladies inconnues sur le front oriental décimeront les troupes. Le paludisme tuera 10 000 soldats et rendra malades 150 000 autres qui ne seront jamais reconnus comme blessés de guerre. La dysenterie, le typhus, le scorbut, les maladies vénériennes en tueront 10 000 autres, sans oublier, à la fin de l’état 1918, la grippe espagnole.

C’est de complications causées par ce virus que mourra le Caderoussien Paul Ruat, le 16 octobre 1918 à Lesnicar ou Lesuica en Albanie, non loin de la frontière avec la Macédoine, non loin de la grande ville de Bitola ou Monastir autour de laquelle s’articula longtemps le front.

La ville où était implanté un hôpital annexe s’appelle de nos jours Leshnicë, en Albanie. Le 16 octobre 1918, Paul Ruat était âgé de 24 ans et 9 mois. Il avait eu la joie et le soulagement de vivre la fin des combats en Orient avec la capitulation de Bulgares et l’armistice du 28 septembre 1918.

Mais on continue à mourir de la guerre même quand les combats cessent.

 

Fiche matricule de Paul Auguste Ruat de Mémoire des Hommes.

Paul Auguste Ruat matricule 433 de la classe 1914, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Ruat est encore présent dans le Vaucluse et dans le Gard. Si quelqu’un reconnaît en Paul Auguste un ascendant  indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ces quelques lignes.

A suivre… Emile Sauvage.

Deux mots sur la Guerre de ses deux frères

Gabriel Jules Victor (798-classe 1911 Avignon) soldat dans l’Infanterie, le sera blessé deux fois… le 23 janvier 1915 à Tracy-le-Mont par un éclat d’obus au bras gauche.

Louis Victor (1241-classe 1916) servira dans l’artillerie à compter un 07 janvier 1916, au 38ème R.A. puis au 115ème R.A. Il sortira indemne de la Grande Guerre.

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116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Louis Ruat.

116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-septième Poilu: Louis Eugène Ruat.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Une fois n’est pas coutume, commençons par la fin qui mérite qu’on s’y attarde. Né en 1892 et incorporé en 1913, Louis fait partie de ces hommes qui sont sur place quand la guerre éclate et qui vont donc subir un maximum de pertes dans le minimum de temps, le premier mois de la guerre.

On a déjà parlé des sept morts caderoussiens dans le secteur de Saint-Mihiel à la fin du mois de septembre, des hommes appartenant au 258ème R.I. et qui sont des réservistes un peu plus âgés. Ici, pour Louis et pour huit autres Caderoussiens dont on déjà raconté l’histoire, on a affaire à de gars plus jeunes emmenés par leurs gradés dans le piège tendu par les Allemands qui laissèrent les régiments français s’enfoncer sans mal en Lorraine allemande pour mieux les détruire dans des contrattaques dévastatrices.

Auguste Aubert et Edgard Roux du 58ème R.I. d’Avignon, Fernand Pécoul du 19ème R.A.C. tombèrent les premiers à Lagarde le 11 août (1) par la faute de leur chef direct un peu trop téméraire, presque les premiers morts de la guerre. Lucien Constance du 3ème R.I. fut tué le 14 août à Coincourt (2), le même jour que Julien Martin et Jean Roumieux du 111ème à Moncourt (3). Léon Ferragut et Henri Roche du 3ème R.I. tombèrent à Dieuze le 20 août (4) tout comme… Louis Eugène Ruat du 112ème R.I. mais un peu plus en avant en territoire hostile, à Bidertroff (5).

Partis en train de Toulon les 07 et 08 août 14, les bataillons du 112ème R.I. arrivèrent à Diarville deux jours plus tard. Ils franchirent la frontière le 14 août, prirent facilement Moncourt puis en firent de même à Dieuze le 19 août. Quelques éléments d’avant-garde s’aventurèrent jusqu’à Bidestroff. Louis Ruat en faisait partie.

C’est là qu’ils furent cueillis le 20 août 1914 par la contrattaque allemande qui emporta une grand nombre d’hommes du 112ème. Tué et enterré par les Allemands dans des fosses communes non localisées, il fut considéré comme disparu avant que le Tribunal d’Orange ne fixe la date de son décès au 12 juin 1920. Le 20 août 1914, Louis Ruat était âgé de 22 ans et 4 mois.

Né le 23 avril 1892, Louis est le fils d’Henri Joseph Ruat et Rosalie Victoire Mialon. Henri né en 1860 est un ouvrier en balais de 27 ans quand il épouse Marie Madeleine Peillet le 27 avril 1887. Cette dernière lui donnera rapidement un enfant, Marius Jean, moins de dix mois après mais elle décèdera quarante jours après et suite de l’accouchement, le 19 mars 1888.  L’année suivante, Henri prendra pour seconde épouse Rosalie, la mère de Louis,  le 18 janvier 1890, une Caderoussienne de presque vingt ans.

Deux ans plus tard naît Louis Eugène le 23 avril 1892, cours de l’est puis Alexandre Roger le 21 février 1894, rue Saint-Michel. Cela fait donc une fratrie de trois garçons, Marius, Louis et Alexandre…

…dans l’ordre pour le recensement de 1906…

…et le désordre dans celui de 1911, l’agent recenseur n’arrivant pas à trouver la bonne année de naissance pour Louis dans un cas comme dans l’autre, 1893 puis 1891 en lieu et place de 1892 !

Louis va s’installer à Toulon en 1912 en officiant comme employé municipal. Le 19 juin 1913, il s’engage dans l’armée pour trois années à la mairie d’Avignon et rejoint le 112ème R.I. deux jours plus tard à Antibes. Il n’ira pas au bout de son engagement comme on l’a vu précédemment, fauché par la mort lors du terrible mois d’août 14.

 

Fiche matricule de Louis Eugène Ruat de Mémoire des Hommes.

Louis Eugène Ruat matricule 774 de la classe 1912, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Ruat est encore présent dans le Vaucluse et dans le Gard. Si quelqu’un reconnaît en Louis Eugène un ascendant  indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ces quelques lignes.

A suivre… Paul Ruat.

Deux mots sur la Guerre de ses deux frères qui en réchappèrent sans blessure.

Marius Léon (279-classe 1908 Avignon) brillant élève, il contracta un engagement spécial de quatre ans pour faire l’X, l’Ecole Polytechnique. Il fit son second stage au 8ème Génie et se spécialisa dans les télécommunications, le téléphone à l’époque. Il reçut deux citations en 1916 pour son travail à Verdun et en 1917 pour celui effectué sur la Somme et l’Oise, son courage et sa témérité. Il reçut la Victory Cross britannique !

Alexandre Roger (432 classe 1914-Avignon) fut incorporé au 55ème R.A.C. d’Orange où il ne connut pas de problème particulier. 

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10/09/2018 · 11:42

116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Alphonse Ruat.

116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-sixième Poilu: Alphonse Auguste Ruat.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Une recherche pas des plus compliquée pour écrire la biographie d’Alphonse Ruat, premier des trois Ruat inscrits sur le monument aux morts de Caderousse. Pas de lien de parenté proche (frères ou cousins) entre eux.

Alphonse est né à Caderousse le 09 janvier 1882, fils d’un couple de Caderoussiens. Son père Jules Alphonse Ruat est baletier. Il est né en 1848 de parents cultivateurs. Sa mère, Marguerite Rose Valon exerce le même métier. Né en 1856, elle est la fille d’un cordonnier. Jules et Rose se sont mariés le 19 décembre 1875. Ils s’installent à l’abri des digues, rue Pied Gaillard.

Rapidement, la famille va s’agrandir avec la naissance de Julie Joséphine Rose, le 14 novembre 1876. Puis viendra Alphonse six ans après, porte Castellan.

Voici donc la famille au grand complet sur la liste nominative du recensement de 1896. Car Jules et Rose en resteront à deux enfants, une fille et un garçon qui vivront jusqu’à l’âge adulte, un choix, si choix il y a, vraiment moderne.

En 1906, comme on le voit, ils sont à nouveau seuls, rue Vénasque. Les enfants volent de leurs propres ailes, ou presque. En effet, le 28 octobre 1896, Julie s’est mariée avec un maréchal-ferrant du village, Martin Lucien Ribière, de six ans son aîné, originaire de Bollène.

Le 16 novembre 1903, c’est au tour d’Alphonse de quitter le foyer pour répondre à ses obligations militaires. Il est incorporé à Aix-en-Provence, au 55ème Régiment d’Infanterie où il passera trois années. Rendu à la vie civile, il retrouve Caderousse et ses parents le 18 septembre 1906. Il reprend le travail aux champs qu’il avait abandonné trois ans auparavant.

Alphonse se marie à Caderousse le 12 octobre 1909 avec une fille née à Orange mais résidant au village, Denise Thérèse Rosalie Gromelle. C’est la fille du boulanger ! Ils s’installent dans une ferme, quartier Saint-Trophime.  Rapidement, deux enfants vont naître, deux filles, Rose Juliette le 16 janvier 1910 puis Marie Rose Denise, le 18 février 1911….

 

…juste avant que ne passe l’agent recenseur. Un vrai bouquet de Rose cette famille, prénom venant de la grand-mère maternelle d’Alphonse, Marie Rose Loche. Un garçon a-t-il eu le temps d’être conçu avant la déclaration de guerre ? On ne le saura pas pour l’instant, les Archives numérisées de Caderousse s’arrêtant en 1912.

Alphonse est rappelé au 55ème R.I. le 11 août 1914. Ce petit retard lui sauvera la vie en août 14. Mais un destin cruel le rattrapera en 1915.
Dans un premier temps, il est muté au 114ème Régiment d’Infanterie de Parthenay le 17 mars 1915. Ce régiment est envoyé combattre les Allemands dans le bassin minier du Pas-de-Calais en mai 1915. Le 114ème rejoint des tranchées françaises dans ce front tenu plutôt par les Britanniques, en face de Loos, le 06 mai. L’Etat-major a programmé une attaque pour les jours qui suivent. Pour l’heure, ce sont des tirs d’artillerie que s’échangent les belligérants.

L’offensive débute le 09 et les combats s’étaleront sur deux jours.

Comme bien souvent, la préparation d’artillerie est insuffisante, le terme « nul » est même employé par le rédacteur du Journal de Marche du 114ème.

 

Rapidement, alors que les fantassins abordent les tranchées allemandes, le lieutenant-colonel conduisant l’assaut est tué.

 

Ce fait créera quelques désordres. Mais les hommes prennent assez facilement les tranchées allemandes de première et même de seconde ligne.

 

Tout paraît même trop facile. Il faut dire que les Allemands, peu touchés par les tirs d’artillerie n’ont pas opposé une résistance farouche. Normal, c’était leur plan ! Toujours est-il que les objectifs fixés par les chefs sont atteints comme cela est dessiné ci-dessous.

Mais bientôt, tout se gâte. En seconde partie de journée, les Allemands se mettent en tête de reconquérir le terrain perdu. Affaiblis et fatigués par l’attaque, les Français doivent résister tant bien que mal.

La nuit venue, des échanges de grenades continuent puis au petit matin du 10 mai, la contrattaque allemande prend de l’ampleur, plus violente que jamais.

 

C’est difficile de résister sans hommes frais et alors que les munitions s’épuisent. Les nids de résistance français sont peu à peu nettoyés…. si bien qu’au 10 au soir…

…on est dans la même situation qu’au 09 au matin !

Petite nuance mais de taille ! Le bilan humain:

22 officiers et 1 409 hommes du rang mis hors-de-combat en 48 heures. C’est plus de la moitié du régiment qui est absent à l’appel. Parmi les tués, ce 10 mai 1915, Alphonse Ruat de Caderousse. Il était âgé de 33 ans et 4 mois.

Fiche matricule de Alphonse Auguste Ruat de Mémoire des Hommes.

Alphonse Auguste Ruat matricule 613 de la classe 1902, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Ruat est encore présent dans le Vaucluse et dans le Gard. Si quelqu’un reconnaît en Alphonse Auguste un ascendant  direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ces quelques lignes.

A suivre… Louis Ruat.

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116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Paul Roux.

116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-cinquième Poilu: Paul Clair Roux.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Quel cruel destin que celui des quatre enfants du couple formé par Jules Dominique Roux et Pauline Madeleine Bonneaud. Quand en février ou mars 1916, ils vont apprendre la mort de leur fils Paul Clair du côté de Verdun, ils vont se retrouver seuls, sans plus aucun enfant. Heureusement, leur fils leur a laissé une petit-fils né de son récent mariage. Nous allons voir tout cela en détail.

Jules Dominique Roux est né à Orange en 1858. Il est ouvrier en balais quand il épouse fin janvier 1882 une jeune fille de Montfaucon dans la Gard, Pauline Madeleine de trois ans plus jeune que lui. Le jeune couple s’installe à Caderousse, à mi-chemin entre Orange et Montfaucon mais surtout dans un village aux nombreuses fabriques de balais où ils vont pouvoir trouver tous deux de l’emploi.

Voici donc la première apparition des époux sur les listes nominatives de la commune sur le recensement de 1886. Ils habitent rue de l’Hôpital. Ils ont déjà connu un premier drame après un premier bonheur: le décès d’une petite Julie Jeanne née en avril 1884 décédée en août 1886.

A cette dernière date, Pauline attend un second heureux évènement pour bientôt. C’est peut-être le décès de Julie Jeanne qui va emmener le couple un moment bien loin de Caderousse. En effet (et cela m’a posé quelques problèmes lors des recherches) le second enfant du couple, Julien Paul Clair, va naître à… Philippeville, en Algérie, le 20 janvier 1887. Pourquoi cette escapade ? L’envie de vivre une aventure dans les colonies ? La présence de parents ou d’amis là-bas ? L’appât de gains et d’une vie meilleure ? Toujours est-il que cette naissance en Algérie est indiscutable…

…mais que ce séjour algérien ne durera pas. En effet, en 1891, pour le recensement suivant, Jules et Pauline sont de retour à Caderousse…

…toujours rue de l’Hôpital, depuis un an puisqu’un autre garçon est arrivé, à Caderousse, un petit Paul Clair, venu au monde le 25 juillet 1890, Paul Clair Roux, le futur Poilu ! L’agent recenseur a bien noté les deux enfants du couple mais avec des renseignements fantaisistes pour les âges: 4 et 9 ans en lieu et place de 9 ans et quelques mois !

Un quatrième enfant, une fille, Marie Jeanne naît le 18 juillet 1895.

Sur le recensement de 1896, les trois enfants sont présents, la petite Marie quelques mois avant avant sa disparition car elle décède à cinq jours de son premier anniversaire, en juillet 1896.

1901, les garçons grandissent et Julien atteint l’âge de quitter l’école pour commencer à gagner sa vie.

1906, il n’est plus là ! Malheureusement, il n’a pas quitté la famille pour voler de ses propres ailes mais il est décédé à son tour, au domicile de ses parents, le 28 octobre 1902 à l’âge de quinze ans. Troisième drame pour Jules et Pauline !

L’heure du service militaire approche pour Paul mais lui va faire preuve d’originalité par rapport aux jeunes gens de son âge. Au lieu d’attendre la fin de cette période militaire pour se marier, il va en quelque sorte devancer cet appel et convoler en justes noces avec une jeune fille de Caderousse, Thérèse Antoinette David, le 19 novembre 1910. Les jeunes époux vivent sous le même toit que les parents comme l’atteste le recensement de 1911.

C’est aussi avant son départ pour l’armée que va naître le 08 août 1911 un premier bébé Julien (hommage à son frère aîné disparu) Justin. Deux mois plus tard, Paul est appelé au 55ème Régiment d’Artillerie de Campagne où, malgré le fait qu’il soit soutien de famille, il va rester deux années, jusqu’au 8 novembre 1913.

Moins de neuf mois après sa libération, il est de retour dans le même régiment après la mobilisation générale du 03 août 1914. Maître-pointeur, Paul est donc celui qui applique les ordres des supérieurs en réglant les tirs.

1916, Verdun, l’enfer de Verdun, le 55ème R.A.C. soutient l’infanterie tant bien que mal dans le secteur de Mort-Homme, au bois de Malancourt. Paul sert à la 6ème Batterie. Le 22 février, un obus allemand tombe sur celle-ci lors d’un échange de tirs.

Rouanet, l’un des servants de la pièce est tué sur le coup tandis que Paul Roux et Jullian sont grièvement blessés. Ils sont transportés à l’arrière à l’hôpital de campagne de Villers-sur-Meuse dans la Marne.

C’est là que Paul Clair Roux va rendre l’âme le 28 février 1916. Il est âgé de 25 ans et 7 mois. Il laisse un petit orphelin qui deviendra Pupille de la Nation par jugement du Tribunal d’Orange le 05 décembre 1918 et une veuve qui se vêtira de la tenue noire réglementaire des veuves de guerre.

Fiche matricule de Paul Clair Roux de Mémoire des Hommes.

Paul Clair Roux, matricule 971 de la classe 1910, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Roux est très présent dans le sud de la France. Si quelqu’un reconnaît en Paul Clair un ascendant  direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ces quelques lignes.

A suivre… Alphonse Auguste Ruat.

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116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Edgard Auguste Roux.

116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-quatrième Poilu: Edgard Auguste Roux.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Edgard avec un D à la fin, tel que l’a transcrit l’Officier de l’Etat-civil d’Orange qui l’a enregistré par son prénom à la lettre E, sans son nom, après sa naissance le 03 novembre 1891…jusqu’à ce que sa mère, Marguerite Augustine Rosine Roux ne le reconnaisse officiellement, une fois remis de son accouchement, le 19 janvier 1892.

Un peu particulière la fratrie des neuf enfants Roux, tous nés de père inconnu et ayant donc pour seul parent leur mère Augustine Roux. Rien d’étonnant pour moi car cela semble être la copie conforme d’une partie de mon histoire personnelle. Donc, officiellement pas de père pour les frères et soeurs Roux mais un géniteur bien présent, toujours le même, un certain Denis Millet, cordonnier de son état,  né en 1851, inscrit à titres divers sur les actes de naissance et les listes nominatives des recensements de 1906 et 1911 à Caderousse. Pourquoi donc ces enfants naturels alors que le couple officieux Millet-Roux semble solide ? Une première épouse de Denis disparue sans laisser de trace ? Une séparation sans divorce ? Et bien entendu l’impossibilité alors de reconnaître les enfants nés en dehors du mariage officiel. Pures supputations mais on ne doit pas être bien loin de la vérité. Les temps ont heureusement changé.

Marguerite Augustine Rosine Roux n’a que dix-huit ans quand elle met au monde son premier enfant, Eugène Désiré, le 08 mars 1890 à Courthézon. Un enfant qu’elle oubliera de reconnaître mais qui vivra avec elle. Elle rectifiera cela le 10 janvier… 1911, à Caderousse. Mieux vaut tard que jamais !

La famille déménagera ensuite à Orange, quartier de Merveilles chez un certain cordonnier Denis Millet dont on a déjà parlé. Naîtra alors notre futur Poilu Edgard Auguste Roux le 03 novembre 1891 bientôt suivi de trois autres bambins, Arthur Edouard qui deviendra cordonnier à son tour en 1893, Marcel Etienne en 1896 et une première fille, Léa Virginie, née en 1900, tous reconnus dans les semaines qui suivent leurs arrivées au monde par leur mère, une fois qu’elle peut se déplacer. Tous ces enfants vivront jusqu’à l’âge adulte, le seul à mourir jeune étant le futur Poilu Edgard.

Avec le XXème siècle naissant, « la famille » quitte Orange et déménage au Boulegon à Caderousse où Denis Millet vient réparer les chaussures et les lanières en cuir des Caderoussiens. De nouveaux petits Roux vont agrandir la fratrie. Une fratrie conséquente à la lecture de la liste nominative de 1911…

…les aînés sont toujours là, en tout cas officiellement car on apprend par ailleurs que les deux aînés Denis et Edgard travaillent comme maçons à Salon, dans les Bouches-du-Rhône, à la même date.  Trois nouveaux enfants les ont rejoint: Louis Gilbert en 1905, Léopold Joseph en 1908 et Marie Thérèse en 1910. N’oublions pas la petite Alice Sylvie non mentionnée sur ce document de 1911 et pour cause… née le 09 novembre 1906 , elle décède un petit mois plus tard.

Eugène Denis va remplir ses obligations militaires de 1911 à 1913 au 173ème Régiment d’Infanterie de Nice. Bénéficiant de la présence de son frère sous les drapeaux, Edgard ne fera qu’une seule petite année à l’armée du 10 octobre 1912 au 23 août 1913, au 58ème R.I. d’Avignon. Il ne part pas très loin de chez lui mais… cela lui sera fatal !

Lors de la mobilisation générale, il rejoint le 58ème R.I. en quelques heures et dès les 5 et 6 août la troupe embarque à la gare de Pont d’Avignon, alias Villeneuve-lèz-Avignon, pour le nord-est de la France, Vézelise non loin de Nancy, rejoint en vingt-quatre heures. Cette histoire, on l’a déjà racontée dans la biographie d’Auguste Aubert, légèrement plus âgé qu’Edgard mais qui se côtoyèrent sous les drapeaux et au village.

Quelques marches forcées pour rejoindre la frontière franco-allemande qui depuis 1871 suit la limite du département de Meurthe-et-Moselle. La troupe y arrive le 10 en milieu d’après-midi. Le général commandant le secteur, le général de Castelnau, est clair. Il demande aux gradés sous ses ordres de « ne rien faire » jusqu’au 14 août. Mais le général commandant le 58ème d’Avignon s’aperçoit aux jumelles  que la ville de Lagarde, là-bas au loin, en Lorraine allemande est mal défendue… et qu’on pourrait aller la libérer en étant ainsi le premier à libérer une ville occupée. Allons y sans tarder puisque dans trois mois, on sera à Berlin !

L’église de Lagarde, en Moselle de nos jours.

Alors, ne flairant pas le piège, il lance ses bataillons ce 10 au soir sur Lagarde sans l’appui d’aucune artillerie. Les quelques défenseurs allemands fuient comme des lapins et les soldats français s’installent dans Lagarde libérée pour passer une nuit tranquille !

Le lendemain matin, le réveil est tout autre. Un déluge d’une artillerie que ce pauvre Lescot n’avait pas vu tant elle était bien camouflée, s’abat sur les pauvres pion-pions vauclusiens, gardois et bucco-rhôdaniens. Plus qu’un baptême du feu, un baptême de sang ! Bilan entre cinq cents à neuf cents hommes mis hors-de-combat en quelques heures, une fuite, une débandade même et pour le général Lescot, un limogeage en bonne et due forme.

Edgar Auguste Roux ne sera jamais retrouvé après ce terrible 11 août 1914. Premier mort de Caderousse de la Grande Guerre à l’instar d’Auguste Aubert, Edgard Auguste était âgé de 22 ans et 9 mois.

Fiche matricule de Edgard Augustin Roux de Mémoire des Hommes.

Edgar Augustin Roux, matricule 796 de la classe 1911, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Roux est très présent dans le sud de la France. Si quelqu’un reconnaît en Edgard Augustin un ascendant  indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ces quelques lignes.

A suivre… Paul Clair Roux.

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