Archives de Tag: Vosges

Il y a 100 ans jour pour jour: LE MIROIR du dimanche 5 août 1917

(JOUR 1099 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

Pétain reçoit une décoration des mains de George V, le roi d’Angleterre. Commandeur de l’Ordre du Bain !

Au pays de Lawrence d’Arabie.

Les Bédouins vainqueurs des Turcs par l’entremise de sir Lawrence exhibent un drapeau pris à leurs adversaires.

En Belgique occupée, on se bat autour de Nieuport.

La si belle station de villégiature de la mer du Nord n’est que ruines et destructions.

Près de Saint-Dié dans les Vosges, on nous raconte en 6 vues en double page centrale, la fin d’un avion allemand abattu par la défense anti-aérienne.

Tellement rare que s’en est un exploit.

En Grèce, on déporte des Grecs soutenant le camp allemand.

Pas fameux au regard des Droits de l’Homme !

Pour terminer, un gigantesque entonnoir de mine.

La vue a été prise à Beuvraignes dans la Somme. Les destructions sont irréparables !

Poster un commentaire

Classé dans Revues

Le (petit) KIOSQUE de PRESSE DE 37: MATCH du 6 juillet 1937: Le TOUR 1937.

Autre revue sportive racontant le Tour de France 1937: Match successeur de Match l’Intran supplément sortir hebdomadaire du quotidien L’Intransigeant.

A la une le grand Gino Bartali dans la Ballon d’Alsace où il a fait un numéro exceptionnel, devant une foule considérable. « Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau que Bartali dans le Ballon d’Alsace » suivant Henri Desgranges, le patron du Tour de France.

En double page centrale, la grande vue, quasiment un poster bistre…

les premiers lacets du Ballon d’Alsace.

Poster un commentaire

Classé dans Revues

Le (petit) KIOSQUE de PRESSE DE 37: LE MIROIR DES SPORTS du 6 juillet 1937: Le TOUR 1937.

Le Miroir des Sports du mardi 6 juillet 1937. Le Tour continue sa descente vers le sud. La revue va nous raconter 3 étapes: Charleville-Metz (161 km) remportée par Generati.

Archambaud a perdu son maillot jaune au profit de Kint. Peu d’images de cette étape de transition. Par contre la quatrième étape Metz-Belfort va donner lieu à de nombreuses photos surtout avec le franchissement  du premier grand col de ce Tour de France: le Ballon d’Alsace dans les Vosges.

Première bagarre qui va permettre à l’Allemand Erich Bautz, le coureur au premier plan de la une refaire coup triple en passant en tête au Ballon, en remportant l’étape à Belfort et en s’emparant du Maillot Jaune.

Dans la traversée d’Epinal, c’est un peloton groupé qui passe sous la conduite des Français Marcaillou et Lapébie. Puis tout va exploser dans les Vosges.

Bautz dans le clair-obscur vient de partir.

Bautz à l’approche du sommet…

…suivi à distance de l’immense champion italien Gino Bartali qui fait ces premiers kilomètres dans le Tour de France où il écrira sa légende.

Un Ballon d’Alsace chaud bouillant avec une foule considérable…

…dans une chaleur estivale.

Les classements de la 4ème étape:

Et ceux de la 5ème étape Belfort-Genève coupée en 3 tiers d’étapes, rien que cela !

Belfort-Lons-le-Saunier (175 km) vainqueur Pippo

Lons-le-Saunier-Champagnole (34 km contre-la-montre par équipes): l’Equipe Nationale Belge vainqueur.

Champagne-Genève (93 km) Ambéry vainqueur.
Le Maillot Jaune reste sur les épaules d’Erich Bautz.

Une vue du peloton dans la vallée du Doubs, peloton emmené par Choque et Lapébie.

Un autre ancien vainqueur du Tour, le Français Georges Speicher semble en forme (au milieu de la route). Au premier plan Fabien Galateau, un indépendant venant d’Avignon qui connut une très honnête carrière pro et dont le fils Yves joua à l’O.A. dans les années 70.

Autres titres de l’actualité sportive:

Louis Chiron vainqueur du Grand Prix de l’A.C.F. à Monthléry.

L’Américain Budge vainqueur sur le gazon de Wimbledon.

Poster un commentaire

Classé dans Revues

Il y a 100 ans jour pour jour: LE MIROIR du dimanche 1er juillet 1917

(JOUR 1064 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

On expérimente encore des tenues étanches aux balles. Des armures de chevalier en quelque sorte ! Avec le même succès que les inventions précédentes.

L’entrée des Etats-Unis en guerre ne se fait pas sentir sur le front français proprement dit. Mais la presse en parle beaucoup, comme ici…

…un défilé militaire devant le colonel Roosevelt ou…

…ces publicités géantes à New York appelant les citoyens à souscrire à l’emprunt de guerre.

Paradoxe…

près du front, on dissimule un char sous de branchages pour le cacher à la vue des observateurs aériens.

Là, dans les rues de Londres,..

on parade avec des chars pur montrer les progrès des techniques militaires.

Le Miroir a souvent dénoncé les armes scélérates des Allemands et en particulier, les jets de liquides inflammables dans les tranchées adverses. Sauf…

qu’on est obligé d’en faire de même… ! Plusieurs photos, 2 de jour et une de nuit montrant l’utilisation de ces liquides par nos troupes sur les lignes allemandes.

Alors que ce front était calme depuis 1915, de nouveaux combats ont éclaté dans le secteur d’Ypres, pour la possession de la crête de Messines.

Des tirs ont eu lieu sur des ambulance (postes sanitaires avancés).

Le Linge ou Lingekopf dans les Vosges, et l’entrée d’un boyau avec panneaux indicateurs.

Là aussi après de très durs combats, la situation s’est calmée.

Poster un commentaire

Classé dans Revues

108 POILUS de CADEROUSSE, 108 DESTINS… Marius CAMBE.

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Vingt-sixième nom de la liste: Cambe Marius Antoine.

SAMSUNG CAMERA PICTURES

Première face du Monument.

Né la même année qu’Eugène Cambe, Marius Cambe vécut une existence très proche de celle de son homonyme: copains de nom, copains de classe à l’école de Caderousse, copains de fêtes, copains de régiment, presque voisins et pour finir frères d’armes et de destins tragiques.

Marius Antoine Cambe était le second enfant du couple François Julien Cambe- Thérèse Vivet, tout deux nés au milieu du XIXème siècle à Caderousse. Julien et Thérèse avaient uni leurs destinés le 08 janvier 1878. Lui était ouvrier baletier et elle ménagère. Ils habitaient rue de l’Hôpital à l’intérieur des digues. Très vite la famille s’agrandit.

De cette union était née tout d’abord une fille Marguerite Rose ou Thérèse suivant les sources, le 29 août 1879.  Le second fut donc Marius Antoine, venu au monde le 14 mars 1882… un futur conscrit pour la classe 1902. Le 29 décembre 1885, une seconde fille arriva, Marie Julienne qui allait vivre au village jusqu’en 1968. Equilibre parfait, le suivant et dernier enfant fut un garçon, Auguste Théophile né le 10 février 1888. On évoquera son parcours militaire pendant la Grande Guerre dans le post-scriptum.

Voici la famille au complet, vivant rue de l’Hôpital, en 1891. Le père cultive maintenant quelques terres et c’est la mère qui a pris le relais aux balais pour compléter le revenu familial. Il faut tout de même nourrir six personnes !

La situation n’a pas changé en 1896. Le père est maintenant jardinier et doit vendre sa production au village. Il est secondé dans sa tâche par Marius, son fils aîné, en âge de travailler puisqu’ayant atteint… 14 ans ! Il avait tout de même quitté l’école avec un bon niveau d’instruction, comme le jugera plus tard l’Armée.

Marguerite, l’aînée, exécute quelques travaux de couture. Elle a maintenant 16 ans et va rapidement se marier et quitter le foyer. Ce sera le 18 octobre 1899 qu’elle deviendra Mme Elie (lecture incertaine) César Auguste Ponsson (même remarque) comme on disait à l’époque, quand les femmes perdaient leur identité en prenant époux.

Au XXème siècle naissant, le père a quitté le village pour se rapprocher des terres qu’il mène, quartier Campblancart, à l’est du village. Marius travaille toujours aux champs avec son père et Julienne prend le même chemin que sa soeur aînée en se perfectionnant dans son futur métier d’épouse. Elle se mariera peu après, le 11 mai 1904 avec Julien François Gonner de Caderousse, avant son grand frère qui ne prendra femme qu’après sa période militaire.

C’est ce que confirme le recensement de 1906. Marius est incorporé depuis le 16 novembre 1903 au 24ème Bataillon de Chasseurs à Pied de Villefranche-sur-Mer près de Nice. Il s’agit d’un régiment alpin composé de jeunes hommes du Midi de la France, des Niçois et des Marseillais, des Vauclusiens, des Ardéchois et des Lozériens, des Toulousains, des Basques et des Bordelais. Il deviendra caporal en 1904 et retournera dans ses foyers le 18 septembre 1906, après l’établissement du recensement et muni d’un certificat de bonne conduite. Trois ans d’armée tout de même au compteur !

Julienne a eu un bébé, un petit Gilbert, né en 1904. Elle vit avec son fils chez ses parents, quartier Campblancart. Pourquoi donc ? Son époux, Julien Gonner, est tout simplement soldat au 15ème Escadron du Train des Equipages à Orange depuis le 10 octobre 1905. Il sera libéré peu de temps après le recensement, le 18 septembre 1906, le même jour que son beau-frère.

En 1911, Marius est donc marié. Il a épousé Marie Léa Siffrein le 28 octobre 1908, à Caderousse. C’est une fille de Caderousse, de 10 ans sa cadette, née le 21 janvier 1892. Elle est la fille d’un cultivateur des Cabannes, Joseph Siffrein et de Théalinde Agnès Labrouve. Marius et Marie se sont d’ailleurs installés dans cette ferme, à l’ouest de Caderousse, les parents n’étant plus là.

Ils ont même eu un premier enfant, un petit Julien, né en 1910, que le hasard de l’écriture d’un recensement a séparé de ses parents par le jeu de la mise ne page. Julien porte le prénom usuel de son grand-père paternel.

Lesquels grands-parents, à la soixantaine, continuent d’exploiter seuls la ferme de Campblancard. Seuls car Auguste, le petit dernier, termine sa période militaire. Il sera libéré le 24 septembre 1911.

Quelques mois après, Marius comme Auguste allaient être rappelés dans les casernes, le 02 août 1914 comme des millions de jeunes Français, Marius sur la Côte d’Azur, chez les Alpins qu’il avait quitté huit ans auparavant. Le 24ème Bataillon de Chasseurs à Pied allait connaître le feu à Dieuze en Lorraine momentanément libérée puis ce fut Verdun, Ypres et ce qu’il restait de Belgique non occupée. Les Alpins allaient ensuite être envoyés dans un milieu plus conforme à ce qu’était l’ADN des troupes de montagne: les Vosges et ces sommets arrondis que se disputaient farouchement Français et Allemands. C’est là que le destin de Marius Cambe rejoignit celui d’Auguste Bruguier, mort sur les pentes du Reichakerkopf et celui de Martial Bruguier, tombé au Linge.

Deux sommets à l’importance stratégique peu évidente auxquels on peut ajouter l’Almattkopf à deux kilomètres au sud-ouest du Reichakerkopf et le Braunkopf tout proche. On devine la ligne de front sur la carte replaçant ces quatre sommets maudits. Les Alpins y arrivèrent le 11 février 1915. C’est le 16 juin 1915 que Marius Cambe fut tué à l’ennemi. En bivouac à l’arrière de la ligne de front, au lac de Schissroth le 15 juin, le 24ème B.C.P. fut enjoint de se hâter à se rendre sur le front pour attaquer immédiatement. Mais les défenses allemandes étaient imprenables sans une préparation sérieuse d’artillerie ce qui était le cas et les hommes se firent hacher par les mitrailleuses. Parmi eux, Marius Cambe.

L’Historique du régiment paru après guerre fait allusion à ces attaques du 15 juin principalement, reprenant en cela le Journal de Marche de l’unité rédigée en direct. Le Bataillon perdit 223 hommes (57 tués, 125 blessés et 41 disparus) le 15 juin d’après ce dernier ouvrage et 125 (31 tués, 83 blessés et 12 disparus) le lendemain, avec une attaque portée sur le Braunkopf, quelques hectomètres au sud de l’Almattkopf pour des gains quasi-inexistants. Une terrible hécatombe !

La narration de la journée du 16 juin dans le Journal de marche: 

Marius Cambe apparaît dans la liste des soldats décédés durant l’année 1915 dans l’Historique du Bataillon… avec une petite erreur d’orthographe sur son nom, devenu Combe à la place de Cambe.

Mais le prénom, le grade et la date de décès correspondent.

Marius Cambe était âgé de 33ans, 3 mois et 1 jour.

La fiche de Marius Antoine Cambe de Mémoire des Hommes

Marius Antoine Cambe, matricule 619 classe 1902, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Si un descendant du petit Julien reconnaît son ancêtre, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette biographie.

A suivre: Célestin Cartier.

Post-Scriptum. Le parcours d’Auguste Théophile Cambe, le petit frère de Marius.

Né le 10 février 1888, il appartenait à la classe 1908. Il fit donc ses classes du 1er octobre 1909 au 24 septembre 1911 au 10ème Régiment de Cuirassiers de Lyon. Il porta donc le même uniforme flamboyant qu’Isidore Brémond dont on a déjà parlé. A la mobilisation générale du 2 août 1914, il se retrouva comme Isidore au 55ème Régiment d’Artillerie d’Orange. Sa guerre contre l’Allemagne dura du 3 août 1914 au 10 juillet 1919. Cinq ans loin de Caderousse, de son épouse Inès Delphine Jaubert qu’il avait épousé à Valence le 10 août 1912. A sa démobilisation en 1919, on sait qu’il vécut à Châteauneuf-du-Rhône près de Montélimar puis à Sainte-Cécile-des-Vignes (en 1923), aux Négades à Orange (en 1929) puis se fixa à Châteauneuf-du-Pape (en 1931). Il y décéda le 12 janvier 1957.

Auguste Théophile Cambe, matricule 280, classe 1908, bureau de recrutement d’Avignon.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

108 POILUS de Caderousse, 108 DESTINS… CAMBE Auguste.

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Vingt-quatrième nom de la liste: Cambe Auguste Marius., inscrit sur la seconde face du monument… quelques problèmes de classement orthographique pour le graveur en 1937 !

Seconde face du Monument.

Trois Cambe sont morts pendant la Grande Guerre et sont tous trois inscrits sur le Monument aux Morts: Cambe Eugène, Cambe Marius et plus loin dans la liste Cambe Auguste Marius. Nous allons rétablir l’ordre alphabétique à l’occasion de cette publication.
Il ne semble pas que ces trois hommes aient une proche parenté. En remontant jusqu’à leurs arrières-grands-pères Cambe, pas d’origine commune. Peut-être en remontant plus loin…?

Né le 18 août 1887, Auguste fait partie des hommes rappelés lors de la déclaration de guerre d’août 1914 après avoir fait une première période militaire à l’âge de 21 ans. Mais auparavant, voyons sa jeunesse au bord du Petit Rhône. La lecture des recensements est très intéressante surtout que le hasard de domicile fait qu’il ne faudra guère tourner de pages… virtuelles.

1891, la première page sur laquelle apparaît Auguste qui n’a alors que trois ans. Sa famille habite Grande Rue, côté gauche… facile à repérer, à condition de savoir de quel côté on commence ! La Grande Rue est devenue rue du Docteur Guérin, bienfaiteur de la ville. Le père, officiellement prénommé Louis Vincent André, apparaît sous le prénom d’Adrien. Mauvaise transcription de l’agent recenseur. Il est né le 15 avril 1857, au même endroit. Il s’est marié avec une fille d’Orange: Marie Joséphine Elisa Farjon, de sept dans sa cadette. Il est cultivateur « propriétaire ». Auguste est le second enfant du couple. Un Paul Louis Victor Edmond Cambe l’a précédé au foyer Cambe-Farjon, en 1885.

1896. André, le père, a retrouvé sa vraie identité. Un petit Gaëtan est arrivé dans le foyer en 1892, un troisième garçon pour les Cambe-Farjon ! En bas de la liste des membres de la maisonnée apparaît Victorine Breton, mère de Mme Farjon. Le décès du père de Marie Joséphine Farjon a eu pour conséquence ce regroupement familial. Agée de 60 ans, ce serait une jeune grand-mère à notre époque. Rentière donc relativement aisée.

1901, tout le monde a pris 5 ans mais pas de changement notable dans le foyer d’André et Joséphine Farjon. Les enfants n’ont pas encore choisi leur avenir professionnel. Ce sera pour très bientôt pour les deux plus grands !

1906. Le fils aîné Paul travaille maintenant comme commis de banque en Avignon, à  l’établissement Gaïdan. Est-ce l’ancêtre de la banque Arnaud-Gaidan de Nîmes ? Pour peu de temps encore car il s’apprête à partir remplir ses obligations militaires. Ce sera pour le seconde semestre de l’année 1906 et l’Armée se servira de ses compétences professionnelles pour l’incorporer à la 15ème section de Secrétaire d’Etat-Major et de Recrutement de Marseille. Il continuera donc sous l’uniforme à travailler dans les bureaux, jusqu’en 1908. Ces secrétaires militaires furent d’une extraordinaire efficacité organisationnelle. Pensez qu’avec seulement leurs plumes et leurs papiers, ils permirent à la France de rappeler en quelques heures trois millions de réservistes lors de la mobilisation générale du 2 août 1914. Sans téléphone, sans portables, sans internet, SMS ou réseaux sociaux… !

1911. Une bonne nouvelle pour la famille et une mauvaise. Commençons par cette dernière ! La mère de Marie Joséphine Elisa Cambe (à noter que dans les recensements précédents, Mme Cambe s’est fait appeler par tous ces prénoms) n’est plus là et est  décédée. Elle aurait eu 76 ans en 1911. Par contre, bonne nouvelle, Paul de retour de l’armée a pu se rapprocher des siens et travaille maintenant comme comptable à Orange chez Martin. Auguste, lui aussi, a accompli son service militaire. Il ne s’est pas arrêté ni en Avignon, ni à Marseille mais a rejoint Nice et le 141ème Régiment d’Infanterie le 07 octobre 1911. Première classe le 5 décembre 1912, il a été renvoyé dans ses foyers le 25 septembre 1910 avec un Certificat de Bonne Conduite en poche. Deux années sur la Côte d’Azur avant de reprendre place auprès de son père pour le seconder dans les champs. Le recensement doit avoir été fait en début d’année 1911 car Auguste est encore célibataire quand le registre a été rempli. Pourtant le 08 août 1911, il s’est marié avec Rose Henriette de Valois (ou Devalois) de Sarrians. Leur lune de miel s’achèvera brutalement 3 ans et 25 jours plus tard !

Rappelé le 2 août 1914, il retrouve Nice mais le 163ème Régiment d’Infanterie, une unité dont on déjà parlé quand on a évoqué le souvenir d’un autre Caderoussier, Norbert Brichet, décédé le 15 août 1915 près de Saint-Mihiel. Le parcours d’Auguste Cambe sera bien plus bref. C’est seulement les 15 et 16 août 1914 que les bataillons embarqueront à destination de Belfort. Baptême du feu le 19 août à Tagolsheim (35 km à l’est de Belfort, entre Mulhouse et Altkirch donc en territoire ennemi conquis en 1914), le régiment perdra en un violent affrontement contre les Allemands 8 officiers et 210 hommes de troupe (36 tués, 131 blessés et 51 disparus tous grades confondus). Le régiment cruellement éprouvé est relevé et est envoyé à nouveau par train un peu plus au nord, à Saint-Dié dans les Vosges.

La troupe débarque à 5 heures du matin et va devoir, en marche forcée, avec un barda de 25 kilogrammes sur le dos, se porter au devant des Allemands dans la vallée voisine d’Autrey- Saint-Benoît-Bru. Le rédacteur du Journal de Marche du 163ème de Ligne emploie l’expression « étape longue et pénible ». Sur Google Maps, on peut évaluer cela à 28 kilomètres le chemin pour atteinte de Saint-Dié, le bois d’ Anglemont sous un soleil de plomb et sans savoir quel accueil sera fait à ce petit monde à l’arrivée.

Violents combats dans ce bois puis affrontement un peu plus au sud rue Larifontaine à Bru. C’est là qu’Auguste Cambe sera blessé peut-être le 02 septembre 1914, peut-être un ou deux jours auparavant. Il fut atteint par des billes d’un shrapnel allemand (obus qui en explosant projette de nombreuses billes de plomb) au visage avec « plaie à la face, au cuir chevelu et à l’aisselle ». S’il avait survécu, il aurait été un de ces blessés aux visages qu’on a surnommé « les Gueules Cassées ». Après-guerre, on leur dédia une tranche de la Loterie Nationale pour leur venir en aide.

Cela ne se produisit pas. Auguste Cambe décéda à l’ambulance, un peu en arrière, à Autrey, le 02 septembre 1914, 31 jours après le début de la guerre. Il fut inhumé à la Nécropole Nationale de Saint-Benoît-de-Chipotte, tombe individuelle 330.  Ce cimetière est situé au coeur de la forêt vosgienne, près du col de la Chipotte.

La fiche d’Auguste Cambe de Mémoire des Hommes

Auguste Marius Cambe, matricule 323 classe 1907, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Cambe étant toujours vivant à Caderousse et dans la région, si un descendant indirect reconnaît un membre se sa famille, qu’il ne se gène pas pour réagir, surtout s’il possède quelques photos ou documents. 

A suivre: Cambe Eugène.

Post-scriptum.

On a parlé dans l’article de Paul et Gaëtan Cambe, quels furent leurs parcours pendant la Grande Guerre ?

Paul Cambe (matricule 407, classe 1905 d’Avignon).

Après sa période comme secrétaire lors de son incorporation, il fut envoyé pendant la guerre dans une unité du Train, au 20ème régiment du Train de Versailles et au 4ème du Train de Chartres. Il était donc dans le ravitaillement et on peut comprendre qu’on avait besoin, là, d’hommes capables de transcrire des ordres, d’être rigoureux et organisés. Il sortit sans dommage de la guerre et on sait qu’il fut secrétaire de Mairie à Caderousse à partir de 1924.

Gaëtan Cambe (matricule 721, classe 1912 d’Avignon).

Moins de chance pour le petit frère d’Auguste. Incorporé le 14 octobre 1913 au 173ème Régiment d’Infanterie de Corté en Corse, il se retrouva bien vite sur le front. Quelques jours après le décès de son frère (l’avait-il su ?), il fut pris par les Allemands à Montfaucon d’Argonne le 30 septembre 1914. Il connut donc le même sort que son compatriote Marius François Bruguier pris à quelques kilomètres de là, au bois de Malancourt, dans l’anéantissement du 258ème RI le 20 mars 1916. Mais il eut plus de chance que lui. Il fut envoyé en camp de prisonniers de Dülmen (au nord de Dortmund près de la frontière néerlandaise) mais il en revint vivant, certes très longtemps après, le 28 décembre 1918. 51 mois de captivité !  En 1921, il quitta Caderousse pour Rochegude dans la Drôme.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

108 POILUS de Caderousse, 108 DESTINS… BRUGUIER Martial.

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Vingt-troisième nom de la liste: Bruguier Martial Roger…. qui n’est pas inscrit sur le Monument aux Morts de Caderousse. Comme on l’a déjà lu, Martial avait suivi sa famille partie dans le Gard entre 1907 et 1911, allant vivre du côté de Bagnols-su-Cèze, faisant ainsi le chemin inverse du grand-père passé de Bagnols à Caderousse au milieu du XIXème siècle.

N’ayant pas eu accès au registre matricule complet de Martial Bruguier, cet article sera susceptible d’être modifié. Toutefois, son parcours militaire étant très court, on peut imaginer que nous sommes en grande partie dans le vrai.

Né le 1er mars 1894, Martial Bruguier dut être incorporé sur la fin de 1914. Où ? C’est une question à laquelle pourrait répondre la registre matricule. Au 14ème Bataillon de Chasseurs à Pied où on le retrouve en 1915 ?

Toujours est-il qu’il est envoyé tout près du secteur où disparaîtra son petit-cousin Léon Bruguier, lui aussi chez les Chasseurs… Alpins… dans les Vosges. Les sorts de l’un comme de l’autre sont étroitement liés. L’un, Léon arrive dans le secteur du Reichackerlopf pour remplacer les pertes considérables subies par le 6ème BCA les 20 et 21 juillet. L’autre, Martial va être tué lors d’une attaque mise au point par l’Etat-Major sur ordre de Joffre pour faire oublier l’échec de l’attaque du 22-21 juillet. Mais le sommet visé est un peu différent, il s’agit du Linge ou Lingenkopf, surnommé plus tard « le Tombeau des Chasseurs » ! Tout un programme !

Entre les 2 lieux, environ 6 kilomètres à vol d’oiseau, toujours autour de Munster. Une série d’attaque se dérouleront pour prendre ce promontoire dominant… pas grand chose ! Car c’est bien là le malheur. L’intérêt stratégique du Linge était très modeste. Il ne dominait pas une voie de traversée des Vosges, celle du col de la Schlucht étant trop au sud, ni la plaine d’Alsace bien trop à l’Est. Mais Joffre voulait à tout prix ce sommet et les Allemands voulaient à tout prix le conserver. Bilan des combats du 26 juillet au 15 octobre 1915: 16 000 morts, 7 000 Allemands et presque 9 000 Français. Un inutile carnage puisqu’après la mi-octobre, on abandonna l’idée de prendre le Linge et le secteur resta calme pour le reste de la guerre, les Allemands l’abandonnant sans combat au moment de leur retraite !

Au premier jour de l’attaque, les Chasseurs atteignirent le sommet au prix de pertes considérables. La 3ème Compagnie de Martial Bruguier s’y installa. La suite, ce fut la riposte allemande et de terribles bombardements que subirent les défenseurs dont le Gardois ouCaderoussier Martial Bruguier. Voilà ce qu’en dit le Journal de Marche de l’unité en date du 27 juillet 1915.

Bilan de la journée pour le narrateur: 16 tués, 157 blessés et 2 disparus. Un nombre relativement optimiste de morts puisque, par exemple, pour Martial Bruguier répertorié comme blessé, il est considéré comme décédé ce jour-même, le 27 juillet 1915.

Il était alors âgé de 21 ans 4 mois et 27 jours.

A visiter le site sur le Linge avec nombre de photos récentes de cette colline classée monument historique.

La fiche de Martial Roger Bruguier de Mémoire des Hommes

Martial Roger Bruguier, matricule 34 classe 1914, bureau de recrutement de Pont-Saint-Esprit pour ceux qui souhaiteront aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Gard quand elles seront un jour numérisée. 

A suivre: Cambe Eugène.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

108 POILUS de Caderousse, 108 DESTINS… BRUGUIER Léon.

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Vingt-unième nom de la liste: Bruguier Auguste Léon.

SAMSUNG CAMERA PICTURES

Première face du Monument.

Né le 11 février 1884, Léon Bruguier fut appelé par l’armée 21 ans plus tard, le 10 octobre 1905. C’est au 58ème Régiment d’Infanterie qu’il arriva. Mais il n’allait pas y rester longtemps. On apprend à la lecture de son registre matricule qu’il fut renvoyé dans son foyer et surtout réformé par la commission spéciale des réformes d’Avignon pour « tuberculose, articulaire ». La virgule entre les 2 mots signifie-t-elle qu’il s’agit de 2 affections ou d’une seule ? Malgré qu’à l’époque les antibiotiques n’étaient pas encore là pour combattre ces bactéries, cette affection pourtant gravissime n’empêchera pas Léon de vivre quelques années, de fonder une famille en ayant la petite Marie-Jeanne et de travailler aux champs avec son père et son petit frère. Peut-être le diagnostic médical militaire était-il un tantinet exagéré !

Quand éclata la première Guerre Mondiale, ce statut de « réformé sanitaire » sauva un moment Léon Auguste Bruguier. Pas très longtemps avec le besoin d’hommes qui se faisait sentir après la grande saignée des 3 premiers mois de guerre. Ainsi, le 1er décembre 1914, le conseil de révision d’Orange décida que Léon était miraculeusement « bon pour le service ». Le 22 février 1915, il fut incorporé au 24ème Bataillon de Chasseurs à Pied de Villefranche-sur-Mer.

Le 6ème Bataillon de Chasseurs à Pied qui deviendront Alpins pendant la Grande Guerre, tenait un secteur du front des Vosges, au-dessus de Munster, connut par un sommet, le Reichackerkopf appelé aussi le Reichsackerkopf. Ce sommet dominant une vallée donnant sur la plaine d’Alsace au niveau de Colmar, était tenu par les troupes bavaroises qui y étaient solidement implantées. Point stratégique, il était convoité par l’Etat-Major français.

Ce qui donne en se rapprochant grâce à Google Mpas:

De mars à juillet 1915 s’y déroula une terrible bataille pendant laquelle les alpins français échouèrent dans la conquête de  ces sommets (car il y avait un Petit et un Grand Reichackerkopf à l’ouest du col de Sattel) ou, quand elles y parvinrent, ce ne fut jamais pour très longtemps !

https://i0.wp.com/images.mesdiscussions.net/pages1418/mesimages/979/reichackerkopf.jpg

Photo d’une collection privée mise en ligne sur le site:

http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Sites-et-vestiges-de-la-Grande-Guerre/reichackerkopf-sujet_918_1.htm. On y voit un bombardement allemand sur le Reichackerkopf.

Léon arriva au 6ème Bataillon de Chasseurs à Pied le 5 août 1915. Comme on peut le lire ci-dessous…

les attaques infructueuses des 20 et 21 juillet 1915 décimèrent le régiment avec 439 hommes mis hors de combat. Il fallait du sang frais, Léon Bruguier était un des nouveaux venus pour combler les vides.

A partir de cette fin-juillet, le secteur devint plus calme. L’Etat-Major avait compris que les défenses allemandes étaient solides, les bunkers bien souvent bétonnées quasiment imprenables et il préféra insister dans d’autres secteurs dont celui du Linge.

On apprend sur les registres matricules que Léon Bruguier fut tué quelques semaines après avoir rejoint le 6ème BCP, le 29 septembre 1915, le jour de la Saint-Michel, date de la fête patronale de son village de naissance !

Toutefois, la lecture du Journal de Marche du 6ème BCP, pourtant toujours très fiable ne note rien de particulier pour cette journée:

Le secteur était calme comme depuis plusieurs jours et aucune perte humaine n’est signalée en date du 29 septembre 1915.  Bizarre ! Par contre, 3 jours après, le 2 octobre 1915, un chasseur a été victime d’une explosion suite à un bombardement au minenwerfer allemand (un mortier maniable)..

Serait-ce Léon Bruguier, victime d’une erreur de transcription ou le narrateur a-t-il fait un oubli le 29 septembre ?

Toutefois, dans le livre Historique du 6ème Bataillon de Chasseurs à Pied pendant la Grande Guerre, le nom de Léon-Auguste Bruguier est bien inscrit dans la très longue liste des hommes décédés de ce régiment.

Triste Saint-Michel pour le restant des jours pour les proches de Léon Bruguier qui lui survécurent.

La fiche de Auguste Léon Bruguier de Mémoire des Hommes.

Auguste Léon Bruguier matricule 192 classe 1904, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. 

A suivre: Marius Bruguier.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

Il y a 100 ans jour pour jour: LA GUERRE PHOTOGRAPHIÉE du 10 mai 1917

(JOUR 1012 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

En première de couverture, la photo du Premier Ministre d’Espagne, le Comte de Romanonès favorable à une entrée en guerre de son pays au côté de l’Entente. On parle même d’humiliante neutralité espagnole.

L’humidité partout, d’où cette vue d’un soldat belge montant la garde bien au sec, les pieds sur un parquet.

On est au printemps mais avec le retard de parution des articles et photos, ce n’est pas étonnant d’avoir des images hivernales. Ainsi, en double page centrale, c’est l’hiver en Alsace !

Beaucoup de neige, des chasseurs alpins et autres soldats congelés.

Même chose avec cette vue des Alpes italiennes…

….où les Alpini luttent contre les Autrichiens.

 Encore de la neige pour ces hommes enterrant des fils téléphoniques.

Arras en ruines comme on peut le voir sur ces vues des destructions dans la préfecture du Pas-de-Calais.

La guerre des mines quelque part sur le front…

Les sapeurs au travail où à l’écoute des travaux adverses.

Les prisonniers allemands quelque part en France…

La corvée de pluche des patates pour ces hommes pour qui la guerre est finie !

Pour terminer, une vue originale d’une ancienne voiture transformé en bureau par des Poilus.

Le premier mobilhome de l’Histoire !

Poster un commentaire

Classé dans Revues

Il y a 100 ans jour pour jour: LA GUERRE PHOTOGRAPHIÉE du 5 avril 1917

dsc01872

(JOUR 976 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

A la une, un sous-secrétaire d’état à la Guerre et un général. Pourquoi cette vue dans cette revue ? Tout simplement car le civil (Monsieur Justin Godard) est originaire du Rhône (un député du Rhône), zone de diffusion de la Guerre Photographiée.

Quelques pages intéressantes, sans ligne directive.

dsc01873

Des voiturettes sur rail à multi-usages: transport de munitions, transport de blessés, transport d’hommes.

dsc01875

Des rails plus que chamboulés par un bombardement français sur un train de munitions allemands.

dsc01874

Cet hiver certainement, des Alpins dans… les Vosges. Que de neige ! Y en a-t-il autant de nos jours  ou la cherche-t-on comme dans les Préalpes, les Alpes du sud, les Cévennes ?

dsc01876

Des bombes américaines dédicacées pour les Allemands. Une tradition souvent renouvelée !

dsc01877

Destruction à la cathédrale de Soissons par les Barbares… comme si les bombes français, anglaises, italiennes faisaient des « les frappes chirurgicales » comme on essaie de nous le faire croire en 2017 !

Poster un commentaire

Classé dans Revues