Le Tour de France n’a découvert le Mont-Ventoux (tout comme l’Alpe d’Huez) que sur le tard, après la Seconde Guerre Mondiale. Il faut dire que pendant longtemps, une seule route, celle de Bédouin ouverte en 1882 et goudronnée en 1934, permettait d’accéder au sommet. Les arrivées en altitude n’étant pas encore envisagées avant-(seconde) guerre, le passage par le Géant de Provence était donc impossible. Ce n’est que quand une seconde route, celle de Malaucène, fut ouverte pour accéder à la station de ski du Mont-Serein en 1932 que cet itinéraire fut envisagé par les organisateurs. Comme la guerre passa entre-temps, ce n’est qu’en 1951 que le Mont-Ventoux fut offert au menu des routiers du Tour. Malgré cela, le Mont-Chauve n’en est pas moins devenu un lieu à part dans la Tour de France. On va le lire dans les semaines à venir, à travers l’histoire des 15 étapes qui l’empruntèrent.
1951- Le premier passage.
Cette année-là, le Tour fut dominé par le grand champion helvétique Hugo Koblet, surnommé le pédaleur de charme, capable de lutter de longs kilomètres seul contre un peloton déchaîné sans être rejoint et avoir la coquetterie de se donner un coup de peigne dans les cheveux juste avant de franchir la ligne d’arrivée. Cela se passa lors de la 11ème étape entre Brive et Agen et la randonnée solitaire d’Hugo Koblet dura quelques 140 km ! Les commentateurs de nos jours auraient sans doute énoncé quelques soupçons si un tel exploit, « à la Koblet », se reproduisait !
C’était la 17ème étape Montpellier-Avignon qui avait programmé le Mont-Ventoux sous les roues des routiers.
Les attentifs remarqueront par le sens des flèches sur cette carte que c’est la face nord du Géant de Provence qu’avaient choisi les organisateurs pour atteindre le sommet.
Ce que confirme ces images de la courses:
le début de l’ascension, avec le peloton encore groupé, juste après les sources du Groseau à la sortie de Malaucène
ou plus proche du sommet, cette vue des cyclistes en plein effort avec tout au fond les gorges du Toulourenc.
Venant de Montpellier où la veille, Hugo Koblet avait remporté sa 4ème étape, le Tour avait traversé le Rhône du côté de Beaucaire-Tarascon
puis le Durance au Pont de Rognonas, reconstruit après les bombardements, pour un premier passage en Avignon, précédent la boucle du Ventoux.
La route sur le Mont-Chauve était loin d’être un tapis comme de nos jours…
on peut le voir sur cette photo avec de gros cailloux au milieu de la chaussée. Que faisait la DDE ?
Ce fut avant tout une bagarre entre le leader de la course et son futur dauphin à Paris, le français de Clermont-Ferrand Raphaël Géminiani, valeureux coureur par étape et futur grand manageur de Maître Jacques…
But et Club-le Miroir des Sports et Miroir-Sprint, les 2 bi-hebdomadaires sportifs, en faisant leur une.
Ce fut une belle ascension qui permit aux photographes d’immortaliser quelques jolis moments:
Sur cette dernière vue, on aperçoit la foule considérable qui avait gravi, elle aussi, le Ventoux pour assister à l’arrivée et le beau temps chaud sans mistral qui régnait au sommet. Car même au mois de juillet, avec du mistral, une petite veste est nécessaire près du sommet, surtout sur le face nord.
A ce petit jeu du chat et de la souris entre Koblet et Geminiani, ce fut un petit grimpeur provençal d’origine grecque Lucien Lazaridès qui tira les marrons du feu et franchit en premier le sommet
premier coureur à franchir en tête au pied de l’Observatoire lors d’un Tour de France.
Mais comme une longue descente attendait les cyclistes pour rejoindre les Allées de l’Oulle, ce fut Louison Bobet pourtant pointé à 2 minutes et demi des premiers en haut qui parvint à se détacher…
et à inscrire son nom au palmarès de cette étape…
au grand dam de Bartali (à droite), Geminiani, Koblet et Lazaridès.
Belle foule là encore au bord de la route.
Le classement de l’étape
et le général après celle-ci
où l’on lit que Coppi, pourtant favori avant le départ du Tour
pointait à quelques 44 minutes du Maillot Jaune.
Etait-ce le Ventoux que le génial Pellos avait voulu représenter sur ce dessin paru dans le numéro de Miroir Sprint d’avant-Tour (ci-dessus)?























