Note: pour faciliter la lecture de cet Itinéraire, les 6 articles publiées en février ont été reclassés. Ainsi, en parcourant les pages du blog, l’histoire du grand-oncle Séraphin apparaît dans le « bon » ordre chronologique, plus intéressant à lire que l’ordre de parution. En conséquent, d’autres articles ont aussi été déplacés.
Le 3 novembre 1917, Séraphin et les artilleurs alpins du 2ème R.A.M. partent vers l’Italie pour aller soutenir les Italiens dont le front est en train de lâcher face aux Autrichiens. Le frère de mon grand-père va continuer à envoyer des cartes postales à ses poches, cartes qu’il récupérera à la fin de la guerre. Mais pendant cette campagne, il va quelquefois oublier d’en dater précisément quelques unes.
Première étape à Ambérieu où le convoi ferroviaire s’arrête à la gare
avec le tampon de celle-ci du 3 novembre 1917 ainsi que celui de l’infirmerie militaire implantée dans la gare, certainement rendue nécessaire par l’incessant passage de trains de militaires, valides ou blessés.
Ainsi que cette carte géographique du front italo-autrichien, elle aussi conservée par Séraphin,
avec la pochette abîmée…
mais la carte en excellent état.
On voit qu’il s’agit de l’est de l’Italie actuelle, la Vénétie, Trieste, le Frioul, le Tyrol.
Les premières cartes postales envoyées depuis l’Italie ou conservées par Séraphin racontent le voyage depuis le sud des Vosges jusqu’à la région de Vérone. Datée du 6 novembre, une vue de Ruà di Pragelato…
sur laquelle il a ajouté Les gens parlent guère français.
Nous sommes en Italie depuis hier et aujourd’hui on a fait 22km à pied pour venir à ce pays. Hier, on était à Sésanne (Césana-Torinese)… Nous avons traversé le col Montgenèvre et comme neige, il y a quelque chose à 3000 et plus d’altitude….Il parle aussi des « pays » Combe d’Orange et les camarades d’Arnoux du 82ème.
Le Montgenèvre est un peu moins haut en réalité (1850m) et le col de Sestrières plafonne à 2035m. Le colonel Castaing, de son côté exprime toute sa fierté de passer devant la colonne de Napoléon au Montgenèvre.
La carte suivante du 8 est envoyée de Pinerolo dans la descente vers la plaine du Pô.
Séraphin comme Castaing parlent de l’accueil enthousiaste des habitants qui donnent aux soldats français des cigarettes, des fleurs, des pommes pour le premier, des fleurs, des victuailles, du vin qui coule à flot pour le second.
Séraphin a gardé 3 cartes non voyagées de Turin
dont les 2 premières sont destinées spécialement aux soldats avec ce tampon au dos
Comité Turinois
pour l’accueil et l’aide morale
aux soldats italiens et alliés.
et une de Milan.
La dernière carte parlant de ce voyage « aller » pour la Vénétie a été expédiée plus tard (le 22 décembre certainement ) et montre Brescia mais avec cette remarque au recto:
la ville que nous avons traversée à minuit le 25 novembre 17. Cela faisait alors 3 semaines pleines que l’unité avait quitté les Vosges et n’était toujours pas opérationnelle avec cette interrogation: pourquoi ne pas avoir pris le train par la vallée de la Maurienne et le tunnel du Fréjus qui était même électrifié depuis peu, comme ils le firent au retour ? Pourquoi tous ces kilomètres à pied de Briançon à Pinerolo ? Surcharge sur la ligne ferroviaire réservée à d’autres unités d’infanterie jugées plus utiles, problèmes d’intendance ?
Le régiment franchit l’Adige à Bussolengo
La suite de la campagne se situe dans le secteur de Verone d’où ont été expédiées de nombreuses cartes non datées
Sur une carte, il a même une pensée pour son frère Gabriel…
Gabriel aujourd’hui doit chasser s’il fait beau comme ici…
ou San Bonifacio
Le 4 janvier, l’unité est plus à l’est, à Vicenza
C’est dommage que nous repartions demain, on ne pourra rester longtemps ensemble (avec un certain Francis). C’est Montecchio qu’il s’appelle ce pays. Nous avons encore 60k pour arriver où nous allons.
Montecchio est situé à l’est de Vicenza. En lisant Castaing, à ses dates, les artilleurs sont au front, dans des montagnes au nord de Vicenza…
en remontant verticalement au-dessus du È de VÉNETIE, au Monte Pallone et le 4ème groupe bombarde le Mont Tomba. Par contre comme le dit Séraphin au dos de cette carte humoristique envoyée le 17 janvier
il n’est plus dans ce groupe et avec son unité, il se replie sur Vérone dont il n’est éloigné que de quelques kilomètres puisque localisée à Caldiero.
Pourquoi cette carte envoyée le 1er février à Léonce, pourtant imprimée en Italie mais qui semble montrer une petite hollandaise ? Carte pourtant sur-notée en violet Souvenir de Caprino.
Il va en voiture jusqu’à Garda, au bord du lac
conduire des types chez le dentiste. Séraphin est donc toujours à l’infirmerie, et ce n’est pas lui qui a dû conduire la voiture car, contrairement à mon grand-père Gabriel, il n’a jamais appris à conduire.
L’unité est au repos vers Capriano Veronese
et dans le cadre enchanteur d’un des plus beaux paysages d’Italie
Les dernières cartes de la série nous apprennent que le 2ème R.AM. est sur le départ pour un retour vers la France, à partir du 15 avril.
C’est ce que dit Séraphin dans cette carte et qu’il confirme par un note violette par dessus: De Fontaniva veille de l’embarquement pour le retour en France…. ce qui tend à prouver que l’unité s’était reconstituée à l’est.
Comme déjà dit, le retour sera plus rapide puisqu’exécuté en train par le tunnel du Fréjus et Modane d’où Séraphin a envoyé encore deux cartes.
Cette campagne d’Italie de 5 mois et demi vaudra à l’oncle un joli diplôme italien…
que, pour raison inconnue, a été réduit en état de puzzle. Il faut dire que le restant de sa vie, il a attendu la médaille et la pension italiennes dont il avait droit.
à suivre…