…ou les pérégrinations du soldat Gabriel Roy pendant la Première Guerre Mondiale.
Une collection de cartes postales anciennes. C’est la correspondance entre le poilu Gabriel Roy qui envoyait des cartes à sa petite soeur Simone restée à Breuil-Magné (Charente- Inférieure à l’époque-) ou ses parents. En les classant par ordre chronologique, on peut suivre son itinéraire et comprendre ce qu’il a vécu.
29 août 1916: il vient d’être incorporé au 109ème régiment d’artillerie à Poitiers.
06 septembre 1916: il va faire un tour à Brest au Dépôt de Réception des chevaux étrangers.
19 septembre 1916: on le retrouve à Nîmes, non pas pour la Féria des Vendanges,mais en route pour une destination plus lointaine.
30 septembre 1916: le grand départ dans le paquebot S.S. SANT’ANNA à partir de Toulon… et à destination de Salonique. Le voyage a duré 5 jours. Le petit fils de cheminot de Charente se retrouve en Grèce après un beau voyage lui qui certainement n’avait jamais imaginé cela!
15 et 21 octobre 1916: il envoie des « Bons Baisers d’Orient » à sa petite soeur.
16 décembre 1916: ce sont les voeux depuis Monastir (pas la ville de Tunisie mais la ville appelée maintenant Bitola en Macédoine- ex-Yougoslavie-).
La carte montre des réfugiés grecs fuyant devant l’avancée des troupes bulgares.
09 février 1917: une correspondance plus longue avec sa soeur.
02 mars 1917: le voilà en Albanie où les combats obligent sa troupe à se déplacer constamment.
Les prochaines correspondances arrivent bien plus tard, 9 mois plus tard et elles sont envoyées depuis Marseille!
Elles sont datées du 23 décembre 1917, du 24 décembre 1917, la seconde montrant un hôpital militaire.
La première chose qui saute aux yeux, c’est l’écriture qui a totalement changé. L’inclinaison de ses lettres est inversée et le trait est beaucoup plus hésitant… comme s’il écrivait avec sa main gauche. Comme il doit plus s’appliquer et mettre plus de temps, il fait beaucoup moins d’erreurs d’orthographe. Dans la première lettre, une phrase lourde de sens pour expliquer qu’il ne va pas rentrer en permission: « … alors j’attendrais d’avoir mon appareil qui j’espère ne tardera pas d’être fini et livré. » Plus légère la lettre du 24 dans laquelle il demande à son père de faire « parvenir un lièvre ou un lapin » à des amis marseillais-les Roux-, « par colis recommandé ».
La lettre suivante nous livre la réponse à ce qui est arrivé à Gabriel. En date du 03 février 1918, toujours de l’hôpital Saint-Joseph à Marseille.
« Tu me demandes si je fais aller mes doigts, je me sers de tous, je n’ai aucun nerf d’atteint, il n’y a que le coude qui me manque. Malgré cela, je puis faire de la force avec mon bras. Il n’y a qu’une chose, je n’en suis pas agile. »
Et oui, Gabriel Roy a perdu l’usage de son bras droit avec une grave blessure au coude. Il écrit donc du bras gauche mais n’est pas très agile.
Les deux dernières cartes marseillaises sont datées du 8 et 20 mars 1918.
Sur la dernière, il nous apprend qu’il signe sa réforme le 22 mars et qu’il rentrera en Charente par le train le 24. Sa guerre est finie. Il y aura survécu mais en gardera une infirmité le reste de ses jours.
La suite de la correspondance après guerre nous apprend qu’il se mariera avec Blanche, originaire de Dijon, qu’ils auront un fils Roger et qu’il sera lui-aussi employé des chemins de fer. Mais ceci est une autre histoire!
Un internaute me communique ce document produit par les Archives Départementales du Territoire de Belfort sur le parcours d’un soldat envoyé sur le front d’Orient. Ci-joint le lien pour arriver à ce document:
Votre blog est génial pour réviser l’histoire contemporaine et lui donner corps. Et ces cartes postales de Gabriel Roy permettent de sortir de l’abstrait et de toucher du doigt la réalité de la grande guerre. Merci !
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