Un abaque, c’est une réglette (en carton) à trous dans laquelle on fait varier une donnée pour voir les conséquences sur les autres. On trouvait des abaques un peu dans tous les domaines, surtout dans les domaines techniques et la santé avant que l’arrivée des calculatrices puis de l’informatique ne les fassent disparaître.
Celui-ci est vraiment original. Il est daté de 1961 et était édité par le Ministère de l’Intérieur qui s’occupe de la Protection Civile. Intitulé « Effets radioactifs », il détermine les conséquences d’une explosion nucléaire suivant sa puissance et sa hauteur.
Il faut dire que, à l’époque, nous sommes en pleine guerre froide et l’hypothèse d’un conflit atomique fait partie des angoisses collectives d’alors (la crise des missiles de Cuba aura lieu en octobre 1962).
Ci-dessus, sur le recto de l’abaque, en fonction de la puissance de la bombe, de son altitude d’explosion et de la force des vents à ce moment-là, on va calculer la dose de radioactivité à laquelle seront exposées les populations dans les instants et jours qui suivent le drame (en rem).
Sur le verso sont calculés les dégâts d’une telle attaque: effets thermiques (brûlures), destruction des communications téléphoniques, du réseau électrique, des routes et rues, des bâtiments… Très réjouissants!
Mais on peut s’interroger de l’utilité de telles mesures. A quoi cela peut-il servir de savoir tout cela? Quand ont lieu l’attaque et l’explosion, le mieux n’est pas de sortir son abaque pour savoir quelles sont les chances de survie… mais plutôt de prendre les jambes à son cou pour se réfugier dans l’abri anti-atomique le plus proche… s’il y en a un!
A quand une distribution par EDF (en même temps que les pastilles d’iode) d’un abaque sur les risques des centrales nucléaires actuelles mainteant que celui d’une guerre atomique s’est un peu éloigné mais que Fukushima nous a montré que des périls demeurent?