Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…
23 mai 1939.
Eulalio Ferrer étouffe dans sa baraque et préfère se lever tôt pour se promener au bord de la mer. Il y rencontre son professeur Don Paulino, presque au chômage tant ses élèves sont peu assidus. En déambulant, ils écoutent le vieil homme parler. Il raconte tout, avec sureté, comme s’il était en train de lire. Ce jour-là, il disserte sur la guillotine, symbole d’égalité quand elle fut adoptée à la Révolution. Avant, la peine de mort était au bon vouloir de chacun, suivant des méthodes plus cruelles les unes que les autres. L’invention du Docteur Guillotin rendit une forme d’égalité aux supplices des condamnés. Pour Eulalio, c’est un moment de pur bonheur que d’écouter son professeur. Tout comme quand, dans une baraque, un homme long et maigre se met debout sur un tabouret et mime la direction d’un orchestre pour un « public » attentif. Ce jour-là, c’était « Persival » de Wagner. Après la représentation, des applaudissements crépitent comme pour un vrai concert.
A suivre le 30 mai…



















