Archives de Catégorie: CADEROUSSE

117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… Gabriel VIVET.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-dix-septième Poilu: Gabriel François VIVET.

Quatrième face du Monument aux Morts.

La famille Vivet tout comme la famille Arnoux, patronyme de la mère de Gabriel est incontestablement caderoussienne. Pourtant, Gabriel François Vivet va venir au monde à Lapalud, un village au bord du Rhône à une vingtaine de kilomètres au nord de Caderousse, à la limite de la Drôme, le 11 février 1888. La raison en est économique. Le père de Gabriel, Joseph Isidore, né en 1860, alla travailler après son service militaire à Lapalud, l’autre capitale du balai. En 1885, il fut embauché par un certain Guérin, patron d’une fabrique, pour continuer d’exercer le métier qu’il avait appris à Caderousse à la sortie de l’école. Il se maria deux ans après avec Rose Marguerite Arnoux à Caderousse, le 15 février 1887 et Gabriel arriva l’année suivante.

Gabriel allait être l’aîné d’une fratrie de six enfants, quatre garçons et deux filles. Après Gabriel, vint Marie Ambrosine, né en 1890. Cette dernière et les quatre enfants qui suivirent naquirent tous à Caderousse, rue de l’hôpital, le couple Joseph Isidore-Rose Joséphine ayant regagné Caderousse avant 1891 comme l’atteste le recensement effectué cette année-là.

Marie Ambrosine ne vécut qu’un peu moins de sept ans et décéda en 1897. Entre temps, deux autres enfants étaient arrivés: Lucien Victor en 1893 et Juliette Rose Désirée en 1895. Lucien revint de la guerre avec une pleurite, ce qui lui permit de bénéficier d’une petite pension. Il faut dire qu’à partir du 18 août 1914, il allait passer quatre années de captivité au camp de Grafenwökr en Bavière, jusqu’à sa libération, le 10 décembre 1918. Il avait été capturé vers Sarrebourg.

Puis vinrent au monde Adrien Innocent né en 1898 qui se distingua sur le front par son courage en tant qu’agent de liaison lors de l’offensive finale de novembre 1918 au point de recevoir une citation et Clovis Léon, né en 1902 qui échappa donc à la grande boucherie.

La famille en 1901, Clovis n’est pas encore arrivé.

Il semblerait que Gabriel n’ait pas suivi les traces de son père et de ses frères comme ouvrier baletier mais qu’il embrassa la profession de coiffeur. Au moment du Conseil de Révision qu’il effectua toutefois en Avignon, en 1908, il travaillait à Paris et résidait dans le quartier de la Goutte d’Or, au pied de la colline de Montmartre.

Son service militaire, Gabriel l’effectua au 44ème Régiment d’Infanterie d’Epinal du 07 octobre 1909 au 24 septembre 1911. Muni de son Certificat de Bonne Conduite, il retourna à la Goutte d’Or avant un bref séjour à Accueil puis Cachan, chez Robichon. Retour à Caderousse en 1912… deux ans avant le début de la Grande Guerre.

Gabriel fut rappelé au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon. Il réussit à passer sans dommage à travers les balles et les éclats d’obus jusqu’à ce terrible lundi 15 juillet 1918, premier jour de la dernière attaque allemande de la Grande Guerre, sur la Marne. Depuis le 18 juin 1918, Gabriel sert au 273ème Régiment d’Infanterie après avoir été soldat durant cinq mois au 3ème Régiment d’Infanterie Coloniale.

Le 15 juillet 1918, ce régiment est aux premières loges pour subir le bombardement de préparation allemand. Terrible moment dans les tranchées sous ce tir de barrage et sous le contre tir de l’artillerie française.

Le journal de marche du 273ème R.I. raconte en détail ces terribles heures passées par les hommes dans la nuit chaude de juillet.

A minuit 5, le début du bombardement d’artillerie allemand.

Un bombardement d’une grande violence.

Baisse du bombardement sur les arrières mais toujours violent sur les premières lignes. L’enfer !

Plus aucunes liaisons téléphoniques….

…on envoie des coureurs à pied, des missions très périlleuses.

Le début de l’attaque terrestre.

Le lieutenant-colonel Boizard, commandant du 273ème R.I. est tué sur le coup par un éclat d’obus. Ce ne sera pas le seul gradé mis hors-de-combat car lors du décompte humain de cette journée du 15 juillet, le régiment perdit trente-huit officiers: trois tués, cinq blessés et trente disparus !

Des « débris » (terme officiel pour dire qu’une unité  perdu la majorité de ses hommes) du 273ème RI continuent ici et là !

Ce jour-là, le 273ème de ligne perdit 1 213 hommes dont seulement neuf tués. Mais on peut penser que nombre des 1 165 disparus devinrent des MPF. Gabriel Vivet en faisait partie, tué à l’ennemi à Soilly, Marne. Ce 15 juillet 1918, il était âgé de 30 ans et 5 mois.

Fiche matricule de Gabriel François Vivet de Mémoire des Hommes.

Gabriel François Vivet matricule 1519 de la classe 1908, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaiteraient aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Vivet est un patronyme encore présent dans le Vaucluse et principalement à Orange. Si un descendant indirect de Gabriel François reconnaît en lui son ancêtre  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou modifier cette petite biographie.

A suivre… Marius Millet.

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117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… Paul Marius VATON.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-seizième Poilu: Paul Marius Pascal VATON.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Le second Vaton du Monument aux Morts de Caderousse, Paul, second par l’ordre alphabétique du prénom principal, était né six mois avant Gustave, le 10 janvier 1888, à Caderousse. Ses parents étaient bien plus jeunes que ceux de Gustave si bien qu’il fut l’aîné de la fratrie au lieu d’être le petit dernier comme ce fut le cas de Gustave.
Marius Pascal Vaton était né à Caderousse en 1860, de parents caderoussiens. Il prit pour épouse Marie Avenin, domiciliée au village mais originaire de Murat dans le Cantal où elle avait vu le jour en 1864. Les noces furent célébrées le 25 octobre 1884 et les mariés s’installèrent quartier de l’Espinet dans la ferme familiale.

Paul vint donc au monde quatre ans plus tard, suivi d’une fille Marie Virginie Laurence Marguerite en 1892.

Voici donc la famille au recensement de 1901.

C’est en Corse que Paul fit son service militaire, au 163ème Régiment d’infanterie. Comme d’autres Caderoussiens, ce sont deux années au centre de l’île de Beauté, à Corte du 05 octobre 1909 au 22 septembre 1911 qu’il passa.

Au retour à la vie civile, il assista au mariage de sa soeur Virginie avec Claude Victor Pelin le 20 novembre 1912. Il s’agit-là d’un grand frère de Joseph Pelin, copain de classe de Paul et frère « d’infortune » de ce dernier pendant la Grande Guerre. C’est au 44ème R.I. de Lons-le-Saunier que Joseph fit ses classes mais Paul et Joseph se retrouvèrent ensembles au 8ème Régiment d’Infanterie Coloniale le 04 août 1914.

C’est dans les Vosges qu’ils reçurent le même jour leur baptême du feu, du côté de Saint-Vincent puis de Neufchâteau. Ensuite, ce fut la Marne en septembre 1914 et les combats de Matignicourt-Goncourt, une région d’étangs et de marécages. Suite des combats en Champagne en décembre 1914 puis à la fameuse Main-de-Massiges en février 1915.

La Main-de-Massiges, à l’est de Suippes, fut ainsi appelé par les dessins que faisaient les courbes de niveau sur les cartes, courbes délimitant le plateau occupé par les Allemands après leur défaite de la Marne. C’est là que l’Etat-Major décida qu’une attaque aurait lieu en septembre 1915 pour soulager le front russe en train de craquer. Les troupes coloniales devaient attaquer dans le secteur de la Main-de-Massiges, le 8ème R.I.C. au niveau de l’Annulaire. Joseph allait s’y distinguer et reçut une citation pour sa bravoure, dans un combat inutile puisque les Allemands ne quittèrent ce plateau qu’en octobre 1918. De son coté, Paul Vaton fut grièvement blessé le 26 septembre 1915 et évacué à l’ambulance 7/16 à Hans dans la Marne. Il y décéda le lendemain, le 27 septembre 1915. Il était âgé de 27 ans et 9 mois.

Joseph après avoir vu tomber son copain allait connaître le même sort un peu moins d’un an plus tard, le 02 juillet 1916  dans la Somme à Herbécourt. Virginie, en l’espace de dix mois allait perdre son frère et son beau-frère. Elle portera ce double deuil de nombreuses années encore puisqu’elle devint presque centenaire !

Fiche matricule de Paul Marius Pascal Vaton de Mémoire des Hommes.

Paul Marius Pascal Vaton  matricule 270 de la classe 1908, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaiteraient aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Vaton est un patronyme encore présent à Caderousse, dans le Vaucluse et un peu dans le Gard. Si un descendant direct ou indirect de Paul Marius  reconnaît en lui son ancêtre  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou modifier cette petite biographie.

A suivre… Gabriel Vivet.

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117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… Gustave VATON.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-quinzième Poilu: Gustave Henri VATON.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Les deux Vaton sur le Monument aux Morts de Caderousse ne semblent pas être parents proches. François Alexandre le grand-père paternel du Poilu était menuisier, son fils François Gustave, le père du Poilu était lui aussi menuisier, ébéniste même mais il ne semble pas que Gustave eut le temps d’emprunter le même chemin car l’armée le déclara cultivateur lors de son conseil de révision, en 1908 et qu’après cette date, il passa plus de temps sous les drapeaux que chez lui.

François Gustave, Caderoussien de souche alors âgé de trente-deux ans, épousa le 30 août 1871 une fille du village, Marie Victoire Chamary âgée de vingt-un ans. De cette union allaient naître six enfants entre 1872 et 1888 dont trois décédèrent quasiment à leurs naissances. Seules-Seuls Marie Louise Pauline née en 1879, Henriette Thérèse née en 1881 et Gustave Henri, le futur Poilu né le 06 juillet 1888 vécurent donc jusqu’à l’âge adulte, à l’abri des digues du village, rue Saint-Michel puis rue de l’Escurier et enfin dans la grande rue.

Recensement de 1891, la famille est au complet.

Dix ans plus tard, en 1901, c’est un peu en désordre mais tout y est.

Dix nouvelles années après, en 1911, Henriette s’est mariée en 1906 avec François Ferdinand Chevalier et a quitté le domicile de ses parents. Quant à Gustave, il est devenu Alexandre, le prénom du premier enfant du couple décédé en 1872 à l’âge d’un jour et il a été vieilli de trois ans ! Erreur fréquente des recensements !

Entre temps, du 07 juillet 1909 au 24 septembre 1911, Gustave a effectué son service militaire à Toulon, au 111ème Régiment d’Infanterie. Il passa donc deux années au bord de la Méditerranée et c’est malheureusement ce recrutement dans cette unité qui allait lui être fatal !

Moins de trois ans après avoir été renvoyé dans son foyer en 1911, Gustave était rappelé au 111ème R.I. le 03 août 1914. Il n’avait plus que onze jours à vivre !

En effet, il allait être emporté dans cette aventure inconsidérée que l’Etat-Major avait imaginé et dans laquelle il allait jeter des régiments venus du Midi, le 111ème R.I. mais aussi le 112ème, le 58ème, le 3ème et le 19ème Régiment d’Artillerie de Campagne.  Les hommes du 111ème R.I., partis le 9 août d’Antibes et à pied d’oeuvre le 11, allaient essuyer leur baptême du feu le 14 août à la frontière lorraine et pour trois Caderoussiens de  cette unité, Julien Martin, Jean Roumieux et donc Gustave Vaton, cette date allait être celle de leur disparition, tous trois à Moncourt, en Lorraine allemande. Pour illustrer cela, on ne peut que montrer une seconde fois la carte des lieux déjà présentée dans la biographie de Louis Ruat.

Lagarde (1) trois Caderoussiers tués le 11 août, deux hommes du 58ème RI et un du 19ème RAC; Coincourt (2) 1 tué le 14 août, homme du 3ème RI, Moncourt (3) trois hommes tués (dont Gustave) le 14 août appartenant au 111ème RI, Dieuze (4), deux tués, hommes du 3ème RI le 20 août et Bidestroff (5) 1 tué, soldat du 112ème RI. Neuf de ces dix hommes concernés furent portés disparus avant d’être déclarés Morts pour la France plus tard, ce qui amortit le choc qu’aurait provoqué une telle hécatombe au village !

Autre statistique édifiante qui prouve qu’août 14 fut terrible pour Caderousse comme pour toute la France ! Quatorze soldats du village décédèrent du 11 au 27 août, sur 128 Poilus MPLF soit près de 11% des morts du village pendant la guerre en 17 jours d’un conflit qui en durera 1 561 soit 1% du temps !

Dernière précision. La moyenne d’âge des dix gars dont on a parlé ci-dessus était de vingt-quatre ans et six mois. Des gamins !

De son côté, le 14 août 1914, jour de sa disparition, Gustave Vaton était âgé de 26 ans et 1 mois.

Fiche matricule de Gustave Henri Vaton de Mémoire des Hommes.

Gustave Henri Vaton matricule 309 de la classe 1908, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaiteraient aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Valon est un patronyme encore présent à Caderousse, dans le Vaucluse et un peu dans le Gard. Si un descendant indirect de Gustave  reconnaît en lui son ancêtre  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou modifier cette petite biographie.

A suivre… Paul Vaton.

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117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… François VALON.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-quatorzième Poilu: François Joseph Henri VALON.

Quatrième face du Monument aux Morts.

La vie des Valon va osciller en permanence entre les deux rives du Rhône et les deux villages qui se font face, Caderousse sur la rive gauche et Montfaucon sur la rive droite. Cela ne va pas beaucoup nous aider pour nos recherches en ce qui concerne cette commune gardoise ! On peut parier que les Valon empruntèrent souvent l’ancien pont de Roquemaure, tout récemment terminé quand leur histoire commença.

L’ancien pont de Roquemaure qui rapprocha Gardois et Vauclusiens de 1859 à 1944.

Charles Etienne Valon, le père de François,  était un Caderoussien de souche, né en 1846. Fin septembre 1872, il traversa le Rhône pour épouser Marie Lison en mairie de Montfaucon. Marie était originaire de ce village, née en 1849. Elle était ouvrière en soie et devait travailler dans une filature des proches Cévennes. Peu de temps après le mariage, elle mit au monde son premier enfant, François Joseph Henri au domicile de ses parents, à Montfaucon, le 04 août 1873. Il semble que François soit le seul enfant du couple.

En 1891, on retrouve le couple installé à Caderousse, dans le cours de l’ouest.

Charles était journalier, travaillant aux champs pour des propriétaires. Même travail pour François qui devait être placé dans une ferme à cette époque, attendant que son service militaire soit effectué pour commencer sa vie . Son armée, il la fit au 3ème Régiment d’Infanterie de Digne, entre le 16 novembre 1894 et le 18 novembre 1897. Trois ans sous les drapeaux et un Certificat de Bonne Conduite dans la poche à sa libération.

En 1901, François était de retour chez ses parents. Pas pour très longtemps ! Aux tout premiers jours de l’année 1900, il  prit pour épouse Philomène Louise Guillard à… Montfaucon d’où est originaire cette dernière. Voilà donc François reproduisant le parcours de son père ! De cette union, vont naître quatre enfants, trois garçons et une fille: Claudius en 1902 à Montfaucon, Jeanne en 1903 également dans le Gard, Valentin en 1904 à Caderousse et Etienne en 1907 à nouveau à Montfaucon. Que d’allers et retours sur le pont de Roquemaure, un peu moins solide qu’au premier temps de la jeunesse de Charles et Marie !

Les parents dont l’agent recenseur écrit le nom en ne mettant qu’un seul L vivent toujours sur le cours de l’ouest en 1911.

Par contre, voilà deux L dans les noms de François et des siens, qui résident alors dans le quartier des écoles. C’est ainsi que naissant des changements d’orthographe des noms qui peuvent être préjudiciables pour ceux à qui cela arrive… ou pour les généalogistes.

Il ne semble pas que le couple aura d’autres enfants. Charles était déjà un « vieux » soldat quand la Grande Guerre éclata le 03 août 1914. Malgré cette chose et le fait qu’il était père de quatre enfants en bas âge, cela ne l’empêcha pas de devoir revêtir à nouveau la tenue militaire. On le retrouve au 145ème Régiment d’Infanterie Territoriale en train de creuser des tranchées de première ou de seconde ligne fin 1915, début 916 dans le secteur de Suippes- Saint-Hilaire-le-Grand.

Cela jusqu’à ce qu’il soit versé à la 6ème section de Commis et Ouvriers d’Administration du Mans le 07 février 1917. Voilà une affectation qui semblait le préserver un peu d’un mauvais coup auquel on est toujours exposé sur le front. Mais cela ne protégea pas des virus et bactéries qui circulaient entre les hommes dans un univers militaire fait de promiscuité.

Le 25 mars 1917, François Valon décèdait à l’Hôpital Militaire de Nevers d’une maladie aggravée contractée au service. Il était âgé de 43 ans et 8 mois, ce qui était exactement l’âge mon ancêtre Adrien Guérin quand il fut gazé à La Pompelle.

Fiche matricule de François Joseph Henri Valon de Mémoire des Hommes.

François Joseph Henri Valon matricule 1047 de la classe 1893, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaiteraient aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Valon est un patronyme bien présent dans le Vaucluse et le Gard, surtout écrit avec 2L. Si un descendant de François reconnaît en lui son ancêtre  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou modifier cette petite biographie.

A suivre… Gustave Vaton.

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117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… François Claude TARDIVIER.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-treizième Poilu: François Claude TARDIVIER.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Un mystère pour commencer: on peut lire le nom de Tardivier Louis sur le monument aux morts mais également sur la plaque commémorative de l’église et dans les listes nominatives des recensements successifs. Pour l’état-civil comme pour l’armée, le Tardivier caderoussien mort pour le France se prénomme indiscutablement François Claude sans aucun Louis à l’horizon ! On peut penser que François Claude était connu par tous comme étant Louis dans le village sans que la raison soit arrivée jusqu’à nous. Ce n’était ni le prénom d’un ancêtre, ni celui d’un enfant décédé avant sa naissance. Alors nous allons vous proposer la biographie de François Claude Tardivier alias Louis Tardivier.

Il faut dire que François Claude était le fils de Claude François… Tardivier bien entendu, né à Caderousse en 1854. Ce dernier exerçait la profession de scieur de long. Singe ou renard, l’histoire ne le dit pas, les scieurs travaillant par équipe de deux, le singe se mettant debout sur les troncs équarris et le renard gardant les pieds sur terre. Par la suite, en prenant de l’âge, Claude François abandonna ce travail pénible et dangereux pour devenir cafetier ou limonadier comme on  disait aussi à l’époque.

Il épousa une fille du village en 1879, Marie Virginie Quintrand qui, fait rare, avait le même âge que lui ! De cette union naquirent deux garçons: Fortuné en 1882 qui vit le jour à Marseille et François Claude le 21 mai 1885 à Caderousse.

En 1891, la famille au complet et le père recensé comme scieur de long.

Dix ans plus tard, en 1901, les mêmes mais le père est devenu cafetier et est aidé dans sa tâche

par un journalier qui vit avec eux,  le jeune Isidore Thomas.

Une précision, alors qu’en 1891, la famille vivait en dehors des digues, chemin d’Orange, en 1901, le café de Claude François se situe sur le Cours est, devenu cours Aristide Briand, où ont toujours existé des bars et restaurants sous les platanes plantés vers 1860.

Sorti de l’école avec un niveau moyen, François Claude apprit le métier de pâtissier. Après son service militaire, il travailla chez Millet, boulanger-pâtissier.

Deux mots sur sa première période sous les drapeaux, du 07 octobre 1906 au 25 septembre 1908. Il n’ira pas très loin puisqu’il fut incorporé au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon. Il en sortit avec un Certificat de Bonne Conduite.

Recensement 1911. Louis juste avant son mariage.

Puis François Claude se maria à Orange le 02 novembre 1912. Il épousa Thérèse Henriette Blanche Bourtiol, la fille d’un encadreur orangeois. Rapidement, le couple s’installa au Thor où François continua à exercer sa profession de pâtissier.  Eurent-ils un enfant ? Les registres numériques de l’état-civil de cette commune comme ceux de Caderousse s’arrêtent à 1912 !

Le 04 août 1914, François Claude rejoignit le régiment de réserve du 58ème R.I., le 258ème Régiment d’Infanterie. Si vous avez lu des biographies précédentes, vous pouvez deviner ce qu’il arriva à François Claude Tardivier alias Louis !

Cette troupe se retrouva dans l’enfer de l’attaque allemande de Saint-Mihiel au moment où se créa le fameux saillant qui persista pendant quatre ans. Et François Claude est tout simplement le huitième Caderoussien à trouver la mort dans ce secteur dans la seconde quinzaine de septembre. Citons rapidement les autres en recopiant ce qui a été écrit dans la biographie de Gabriel Rieu: Louis Pécoul mort le 16 septembre, Paul Julien tué le 20, Justin Miaille le 26, Eugène Cambe disparu entre le 20 et le 27, c’est au tour de Gabriel Rieu de ne donner plus aucun signe de vie à partir du 27 septembre. Maurice Millet et Henri Lazard disparaîtront respectivement les 28 septembre et 04 octobre. François Claude s’intercale dans cette liste funèbre entre Paul Julien Et Justin Miaille. Il disparut le 22 septembre 1914 du côté de Creux, Recourt-le-Creux certainement, dans la Meuse, croit-on dans un premier temps. Son corps sera finalement retrouvé le 03 octobre 1918 à Chauvoncourt au moment de l’avancée alliée suite à l’effondrement final du front allemand.

Le 22 septembre 1914, François Claude alias Louis Tardivier était âgé de 29 ans et 4 mois. Comme Louis Pécoul et Gabriel Rieu, il repose à la Nécropole Nationale « Vaux-Racine » de Saint-Mihiel.

Fiche matricule de François Claude Tardivier de Mémoire des Hommes.

François Claude Tardivier matricule 441 de la classe 1905, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Tardivier n’est pas un patronyme courant dans le Midi. Si toutefois quelqu’un reconnaît en ce Poilu un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou modifier cette petite biographie.

A suivre… François Valon.

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117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… Albert SOUMILLE.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-douzième Poilu: Albert Julien SOUMILLE.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Où le parcours d’Albert Soumille côtoie ceux de Paul Redon, Raphaël Ouvier et Florestan Martin qu’on a racontés il y a quelque temps ! Nous allons voir comment dans cette biographie.

Comme ses huit frères et soeurs, Albert est né à Orange dans la ferme familiale de Bois Feuillet, quartier situé au sud de la ville, non loin du Grès. Il est le huitième enfant de cette fratrie, né le 21 septembre 1891. Joseph, son père, né en 1851 était originaire de Courthézon mais vivait déjà avec ses parents dans la Cité des Princes quand il a rencontré Caroline Antoinette Ayme et qu’ils se sont mariés le 10 novembre 1875. Le premier enfant arrivera rapidement, Marius Louis, né en 1876. Il semble que les neuf enfants Soumille nés de 1876 à 1893 aient tous vécu jusqu’à l’âge adulte. Cette fratrie comptera donc quatre garçons et cinq filles, du moins dans un premier temps. Epuisée par toutes ces grossesses, Caroline décède prématurément le 25 juin 1894 à l’âge de trente-sept ans.

Un peu moins de deux ans après la disparition de cette dernière, Joseph prend en secondes noces Marie Louise Marquion, le 18 mars 1896. Il s’agit-là d’une Caderoussienne de trente-deux ans, elle-même veuve d’Achille Léon Redon et mère de deux enfants, Louis et Paul âgés de respectivement de dix et trois ans en 1896. Paul Claudius Redon ! On a déjà  écrit la biographie de sa courte vie puisqu’il décéda le 25 septembre 1915, dans les tranchées de Neuville-Saint-Vaast et que son nom est inscrit sur la troisième face du monument aux morts de Caderousse. Voici donc Albert Soumille et Paul Redon rassemblés sous le même toit, deux hommes presque de la même classe, morts pour la France tous les deux.

Neuf Soumille + deux Redon = onze enfants, du moins en théorie car l’on voit ci-dessus sur un extrait du recensement de 1896 de Caderousse que Rose née en 1881, Albert et Louise Raphaëlle la benjamine née en 1893 manquent à l’appel et sont placés chez d’autres membres de la famille. Joseph, Marie Louise et les enfants habitent aux Islons, à l’ouest du centre-bourg.

De cette seconde union vont naître trois nouveaux enfants Soumille, Marcel en 1897, Joseph Paul en 1898 et Gabriel Hippolyte en 1901… des demi-frères pour Albert… ce qui porte à douze le nombre d’individus composant cette fratrie et à quatorze le nombre d’enfants réunis autour de la table quand l’occasion se produira…si tant est qu’un jour elle se soit produite ?

Le 10 octobre 1912, Albert est incorporé au 99ème Régiment d’Infanterie de Vienne en Isère. Il fait partie de ces hommes qui étaient sous les drapeaux quand la guerre éclata et qui se retrouvèrent bien vite en face des fantassins et artilleurs allemands. Pour le 99ème R.I., leur baptême du feu se produit le 15 août 1914 à 17h.30 précisément du côté de Lusse et de Lesseux, au nord des Vosges et à l’est de Saint-Dié.

Comme plus au nord, du côté de Lagarde et de Dieuze, les Allemands vont laisser les troupes françaises avancer imprudemment en Lorraine allemande pour mieux les décimer sur des contrattaques fulgurantes. Les 99ème, 75ème, 30ème R.I. et 62ème Chasseurs vont atteindre Sainte-Marie-aux-Mines, Saulxures, Cobroy, Blancherup… en Alsace allemande depuis quarante-quatre ans.  Le repli commence alors à partir du 23 août et se transforme parfois presqu’en débandade. Le 27 août 1914, les Français se sont repliés jusqu’à Saint-Dié et c’est la date qu’a retenue l’Armée pour fixer le jour du décès d’Albert Soumille. Dans un premier temps, elle avait pensé que cette disparition avait eu lieu entre août et septembre 1914. Le 27 août 1914, Albert était âgé de 22 ans et 11 mois.

Fiche matricule de Albert Julien Soumille de Mémoire des Hommes.

Et Marius Ouvier ? Florentin Martin ? Comment ont-ils côtoyé Albert Soumille ?

Pour Marius Ouvier, il était tout simplement devenu le beau-frère d’Albert en épousant sa petite soeur Louise Raphaëlle le 19 juillet 1911. Quant à Florestan Martin, il était de son côté domestique dans l’exploitation de Joseph Soumille en 1901, comme l’atteste la page du recensement de 1901.

Albert Julien Soumille matricule 806 de la classe 1911, bureau de recrutement d’Avignon,pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Albert n’ayant pas laissé de descendance, il n’en est certainement pas de même pour ses nombreux frères, soeurs, demi-frères et beaux-frères Redon. Si un descendant  reconnaît en Lucien ce lointain grand-oncle ou arrière-grand-oncle, qu’il n’hésite pas à rectifier cette biographie si elle lui parvient à sa connaissance.

A suivre… François Claude Tardivier.

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117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… Maurice SIBOUR.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-onzième Poilu: Maurice Joseph Martin SIBOUR.

Voilà donc un nouveau Poilu né à Caderousse et dont le nom a été oublié sur le monument aux morts ! Assez logiquement s’il en est, puisque Maurice et ses parents semblent avoir quitté le village assez rapidement après la naissance de leur premier enfant, Maurice. Reprenons par le début !

Les Sibour sont originaires de Caderousse, Joseph Cyprien, le père du Poilu, y étant né le 10 septembre 1847. Il exerce le métier de perruquier mais aussi de fermier. A son retour de son service militaire, il se marie avec Marie Antoinette Hubert d’Orange le 6 août 1873. Cette dernière décède treize mois plus tard.

Quelques mois après, il épouse en secondes noces Emilie Praxède Marquier le 26 mai 1875, native de Violès mais résidant à Camaret. Le mariage est enregistré dans ce village mais le couple vient vivre à Caderousse, dans la Grande Rue, quartier de l’Escurier. Un an exactement après naît Maurice, le 10 mai 1876.

La famille apparaît dans le recensement de 1876, Maurice étant alors âgé d’un mois et se prénommant Marius pour l’agent recenseur. C’est la seule fois où les Sibour apparaîtront dans les listes nominatives de la commune. Où sont -ils allés ? Pas à Camaret pays d’origine de la mère du Poilu.

On retrouve les Sibour dans la Drôme au moment du service militaire de Maurice, à Bourg-de-Péage, dans l’agglomération romanaise, sur la rive gauche de l’Isère. A partir de ce moment, la vie de Maurice va être bien remplie.

Employé de commerce à Bourg-de-Péage, il devance dans un premier temps l’appel  en signant un engagement de trois ans en mairie de Romans. Le voilà donc soldat quelques jours après son dix-huitième anniversaire ! Le 21 mai 1894, il rejoint le 15ème régiment d’infanterie de Castelnaudary. Il le quittera en 1897 avec le grade de sergent.

Rendu à la vie civile, Maurice est alors embauché aux tramways de Marseille, ville dans laquelle il réside, 10 rue Labry, dans le quartier de la Belle de Mai. Mais la vie militaire lui manque et quelques mois plus tard, il signe un nouvel engagement de trois ans, ce coup-ci dans les troupes d’infanterie de marine, les Marsouins, cantonnés à Toulon. Il rejoint le 4ème RIMa le 22 novembre 1898. Cette seconde période militaire va lui faire connaître du pays. En effet, du 03 février 1899 au 21 octobre 1901, il va partir au Tonkin, en Indochine colonisée, où une présence militaire française est indispensable.

Il quitte donc définitivement l’armée fin 1901, du moins le croyait-il et réside toujours à Marseille. Il va s’y marier le 11 novembre 1912. L’heureuse élue est Hortense Marie Cauvin. Il habite alors rue François Brion, non loin de la Bonne Mère. Il s’est même lancé dans des affaires commerciales sans succès puisque son entreprise a été déclarée en faillite par le Tribunal.

C’est alors qu’éclate la Grande Guerre et qu’il doit reprendre du service. C’est alors un « vieux » soldat qui va sur sa quarantaine ! Il est versé dans un régiment territorial, le 110 ème R.I T. avec le grade de caporal. C’est le régiment de Romans puisque c’est là qu’il avait été recensé, vingt ans auparavant. Deux mois à Briançon pour garder la frontière , l’Italie étant proche des Empires centraux en début de conflit puis le front du nord-est de la France pour creuser des tranchées. Était le lot des unités territoriales de soutenir les troupes plus jeunes dans des tâches secondaires.

Le 27 avril 1915, Maurice Sibour rejoint le 275ème Régiment d’Infanterie. Il est alors beaucoup plus exposé et est blessé le 03 septembre suivant. Après deux mois d’hôpital et quelques mois en caserne, il retrouve le front en septembre 1916.

Le 20 décembre 1917, il retrouve la Territoriale au 34ème Régiment d’Infanterie. Mal en point, Maurice devra être évacué  des premières lignes le 25 janvier 1918 et va être hospitalisé à Limoges, sa santé mentale étant atteinte. Le 16 août 1918, la Commission de Réforme Spéciale de Limoges lui rend sa liberté. C’est par pour autant qu’il retourne à Marseille. Le 1er octobre 1918, Maurice Sibour décède à l’asile d’aliénés de Limoges. Il avait 42 ans et 5 mois. Comme de nombreux Poilus, son esprit n’avait pas résisté aux horreurs qu’il avait pu voir et au stress qu’il avait connu sur le front. Il faisait partie des blessés psychiques de la guerre mais lui n’y a pas survécu.

Fiche matricule de Maurice Joseph Martin Sibour de Mémoire des Hommes.

Maurice Joseph Martin Sibour matricule 1132 de la classe 1896, bureau de recrutement de Romans-sur-Isère, Drôme, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Maurice a-t-il eu une descendance ? Actuellement, ce patronyme est toujours porté en Vaucluse.  Si une personne reconnaît en Maurice un lointain ascendant, qu’il n’hésite pas à rectifier cette biographie si elle lui parvient à sa connaissance.

A suivre… Albert Soumille.

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116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Lucien SAUVAGE.

116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-dixième Poilu: Lucien Anselme Samuel Sauvage.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Lucien Sauvage ne semble pas avoir une parenté proche avec Emile Sauvage. D’ailleurs, le premier pourrait être facilement le fils du second puisque vingt-un ans les séparent. Né le 09 août 1897, Lucien fait partie d’une classe qui sera appelée pendant la guerre, par anticipation en 1916.

Le père de Lucien, Joseph Pierre, est un Caderoussien de souche, né au village en 1872. Pendant son service militaire effectué de 1893 à 1896 du côté de Villefranche-sur-Mer chez les Chasseurs à Pied , il prend pour épouse une Gardoise de Montfaucon résidant à Caderousse, Marie Moutte, de cinq ans sa cadette. Le mariage a lieu le 31 janvier 1894 au village et le couple s’installe quartier des Mians.

Moins de deux ans après, un premier enfant vient au monde, Louise Eléonore, le 28 décembre 1895. Vingt mois plus tard, ce sera au tour de Lucien et le couple, vivant maintenant rue Saint-Michel, s’arrêtera là en terme de descendance, chose assez rare à l’époque.

La famille lors du recensement de 1901. L’agent recenseur s’est un peu pris les pieds dans le tapis en inventant une Lucie en lieu et place de Lucien !

Quelques mois avant la guerre, le 1er avril 1914, Louise épouse Joseph Patrice Raimondi. Quelques mois après, le père est incorporé et doit partir à la guerre. Son registre matricule indique une campagne contre l’Allemagne du 13 août 1914 au 30 août 1915, au 24ème B.C.A. Après cela, il est détaché aux Etablissements Grammont de Pont-de-Chéruy près de Lyon, usine qui fabrique des douilles pour l’armée mais aussi du matériel électrique et des câbles.

Lucien va donc à son tour être appelé sous les drapeaux le 09 janvier 1916 pour une destination originale, la Tunisie et le 4ème Régiment de Zouaves. Il mettra dix jours pour rejoindre son unité. Après Tunis, Sousse et le 4ème Régiment de Tirailleurs, le 31 mars 1917.  Lucien va traverser la Méditerranée dans l’autre sens  pour rejoindre les tranchées du nord de la France. Nous sommes en 1918 et la reprise de la guerre de mouvement. Lucien va une première fois se distinguer le 12 juin 1918 lors d’une grande et violente attaque allemande. Aidé de quelques camarades, avec une ténacité farouche, il a interdit l’accès d’une position aux vagues d’assaut et contribué ainsi au maintien de la ligne de défense dit la citation qu’il reçut après ce fait d’arme.

Il recevra une seconde citation après un second acte héroïque le 31 août 1918. Ce jour-là, du côté de Crécy-au-Mont dans l’Aisne, entre Soissons et Saint-Quentin, ce sont les Français qui sont à l’attaque. Les Allemands reculent de partout mais vendent chèrement leur peau. La lecture du Journal du 4ème Régiment de Marche des Tirailleurs Algériens est édifiant. La préparation d’artillerie française n’a pas détruit les mitrailleuses allemandes qui vont faire un massacre sur les troupes sortant des tranchées. Même l’intervention des chars sera contrariée par les balles perforantes qui mettront les tanks en panne. Certes , au soir de ce dernier jour d’août 1918, les objectifs seront atteints mais au prix de nombreuses victimes.

Le fait d’arme de Lucien dans cette journée est ainsi décrit. Il a entrainé son escouade d’une façon remarquable. Chargé de nettoyer un boyau à la grenade, il s’est dépensé sans compter et est tombé glorieusement à la tête de ses hommes. Etant caporal depuis le 21 juin précédent, il est le gradé le plus élevé, les autres étant tombé sous les balles allemandes. On comprend aussi que cette seconde citation lui a été accordée à titre posthume, Lucien ayant été tué sur le champ de bataille ce 31 août 1918. Il était âgé de 21 ans et moins d’un mois. 

 

Fiche matricule de Lucien Anselme Samuel Sauvage de Mémoire des Hommes.

Lucien Anselme Samuel Sauvage matricule 1242 de la classe 1917, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Lucien n’ayant pas laissé de descendance, peut-être en est-il autrement pour Louise et si une personne reconnaît en Lucien un lointain grand-oncle ou arrière-grand-oncle, qu’il n’hésite pas à rectifier cette biographie si elle lui parvient à sa connaissance.

A suivre… Maurice Sibour.

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107 POILUS de CADEROUSSE, 107 destins… BACCHINI Orfeo (RÉÉCRITURE)

107 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 107 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Septième nom de la liste: Bacchini Orfeo.

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Première face du Monument.

Texte réécrit à la fin de cette recherche sur les Poilus de Caderousse.

Bacchini Orfeo est le fils d’un couple d’immigrés italiens arrivés en France entre 1891 et 1895. Francesco Bachini né en 1862 à Bientina, un village agricole à dix kilomètres à l’est de Pise, a certainement quitté  son pays pour fuir la misère en exerçant sa profession de terrassier dans le sud de la France. Marié à Giuseppe Gargani, ils partent pour la France après la naissance de leur premier enfant, Flora, une fille venue au monde en 1893 en Toscane.

Dans un premier temps, le couple s’installe à Noves, dans les Bouches-du-Rhône, village situé non loin d’Avignon, à l’est de Chateaurenard, sur la rive gauche de la Durance. C’est là qu’Orfeo vient au monde le 30 décembre 1895.

Deux autres enfants vont suivre: Celina née le 15 septembre 1897 et Paul le 09 mars 1899. Après cette naissance, le couple déménage en Arles où Bruno Bianco, un troisième garçon, vient compléter la fratrie, le 03 août 1901. Orfeo, Celina, Paul et Bruno sont donc des jeunes français nés de parents italiens.

C’est donc au début du XXème siècle que le couple Francesco-Giusseppa vient « planter sa tente » à Caderousse. Le père a monté une entreprise de maçonnerie. On retrouve de petit monde dans le recensement de 1906.

Le père de Giusseppa a rejoint sa fille et ses petits enfants dont la transcription des noms semble un peu approximative- problème de communication entre l’agent recenseur et des concitoyens ne pratiquant pas très bien le Français-. Ils vivent quartier Vénasque dans le village. Malheureusement, le père n’est plus là. Il est décédé le 13 octobre 1904 au village. En lisant son acte de décès, on apprend que son jeune beau-frère Pietro Gargani a lui aussi franchi les Alpes.

Au recensement de 1911, le dernier avant la Grande Guerre, les enfants les plus âgés ont trouvé du travail dans le village. Les Bachini habitent dans une maison sur le cours de l’est, actuellement cours Aristide Briand.

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Une Laura qui nous avait échappée travaille comme ouvrière des balais chez Vivet. Ou est-ce le second prénom de Flora ?

Une Flora qui a quitté le foyer pour se mettre au service de patrons, comme domestique. Mais peut-être a-t-elle été inscrite deux fois ?reynaud-boissel-liste

C’est la bonne des Reynaud dont le chef de famille est Paul qui ne manquait pas une occasion de faire savoir qu’il n’avait rien à voir avec la grande figure politique de la Troisième République. Effet du hasard, il s’agissait là de la future belle-famille de Léonce Guérin, le frère de mon grand-père Gabriel. Second hasard, ce sont les voisins de la famille de ma grand-mère paternelle, les Boissel, dont on lit le nom de Philine, futur épouse de Gabriel,  alors âgée de 7 ans. Pour le recensement, ils habitent dans le secteur du Cercle en fait place Jean Jaurès où de trouve la maison de famille des Boissel tout comme la boucherie des Reynaud aujourd’hui tenue par Pierre Laufmoller.

Orfeo-Orphée Bachini, né bizarrement en 1897 alors qu’on est sûr de sa naissance en 1895, s’est lui aussi mis aux services de patrons.

Il est domestique chez les Bernard dans une ferme des Cabanes.

Voilà, nous sommes à la veille de la Grande Guerre. Le nom d’Orfeo Bachini apparaît sur le Monument aux Morts du cimetière de Caderousse comme sur la plaque de l’église.

Mais il n’apparaît pas sur le site de Mémoire des Hommes comme MPLF de la Grande Guerre. Pas d’Orfeo également dans les registres matricules du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône, du Gard, de la Drôme, de l’Ardèche, des Basses-Alpes…

Où est-il passé entre 1911 et 1914 ? Il doit avoir été appelé sous les drapeaux en décembre 1914 comme tous les gars de la classe 1915. Mais dans quel département ?

A suivre: Louis Berbiguier.

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116 POILUS de CADEROUSSE, 116 DESTINS… Emile SAUVAGE.

116 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 116 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-neuvième Poilu: Emile Laurent Sauvage.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Emile Sauvage est indiscutablement le Poilu caderoussien le plus connu et celui dont je n’ai guère eu à faire de recherche pour raconter sa fin dramatique. D’une part, la correspondance qu’il adressa à son épouse fut publiée en 2008 par les éditions Elan Sud d’Orange, d’autre part, appartenant au même 118ème RTI ou RIT d’Avignon que mon arrière-grand-père Adrien Guérin, il est décédé le même jour que lui, au même endroit et de la même cause.

Emile Sauvage est un Poilu de Caderousse de part sa naissance le 6 mai 1878 et sa jeunesse passée au bord du Rhône. Mais c’est aussi un Poilu sorguais de part son mariage et son installation dans cette commune industrielle du Vaucluse.  Il est donc inscrit sur deux monuments aux morts, à Caderousse et à Sorgues. Malgré son départ comme d’autres l’ont fait, il n’a pas été oublié dans sa commune de naissance en 1937 lors de l’érection du monument du cimetière.

Son père Marius Jean-Baptiste, Caderoussien de naissance, avait pris pour épouse Anne Coye, fille d’un boulanger  d’Orange. Les noces avaient été célébrées à Nîmes aux alentours du 14 juillet 1877 où cette dernière résidait auprès de son frère. Les mariés s’installèrent à Caderousse, rue Saint-Louis où Marius était maréchal-ferrant. Par la suite, il ouvrira une boutique de quincaillerie. Rapidement, Emile arriva dans le couple de Marius et Anne. Ce devait être leur seul enfant. Un fils unique, c’était chose exceptionnelle à l’époque.

 

La famille Sauvage en 1891.

La mère d’Emile allait d’ailleurs décéder assez jeune, en 1897, à l’âge de 44 ans. A cette date, son époux n’était autre que le Maire de Caderousse. Ce fut d’ailleurs son adjoint qui enregistra ce décès sur le registre de l’Etat-Civil. Marius Sauvage fit deux mandats à la tête de la commune, de mai 1888 à mai 1900. Comme de nos jours les conseils municipaux étaient élus pour une durée de six ans.

En parallèle à son mandat local, Marius Sauvage fut élu Conseiller Général du Canton d’Orange-ouest et obtint le grade symbolique d’Officier d’Académie, tout cela à un âge relativement jeune, avant la cinquantaine. Il se remaria en 1900 avec la directrice de l’école de Caderousse, Reine Marie Boumias, originaire de l’Isle-sur-Sorgue. Le 25 mars 1902 naissait le petit frère d’Emile, Charles Marie Jean.

Emile connut une scolarité brillante. Bien que considéré comme étant d’un niveau d’instruction 3 lors de sa conscription, il aurait pu sans problème bénéficier d’un niveau supérieur de 4, étant titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome obtenu à l’Ecole Nationale d’Agriculture de Montpellier.

Après s’être engagé le 31 octobre 1898 en devançant l’appel, Emile n’allait effectuer qu’une année de service seulement, au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon.

C’est après son armée, en 1907 qu’Emile allait se déplacer dans son cadre professionnel. On le retrouve en Algérie, à Philippeville  comme jardinier à la ferme Barrot. De son séjour au Maghreb, il ramènera en métropole des essences d’arbres nouvelles qu’il fera pousser dans sa nouvelle entreprise agricole, à la ferme Sainte-Catherine à Montfavet, en 1908.  Puis ce sera Sorgues et la ferme des Ayraux au quartier des Garrigues. C’est dans cette ville qu’il rencontrera sa future épouse, Claire Henriette Jambon, celle qu’il appellera Clairette dans ses nombreuses lettres. Ils se marieront le 5 juillet 1913 et s’installeront quartier de Jouve de cette ville.

Le couple n’allait vivre ensemble qu’une seule année puisque dès le 3 août 1914, Emile était rappelé sous les drapeaux. Il était alors âgé de trente six ans et c’est tout à fait naturellement qu’il allait rejoindre le 118ème RIT d’Avignon en tant qu’adjudant. C’est là que le parcours d’Emile et celui de mon bisaïeul Adrien Guérin se conjuguent bien qu’ils n’aient pas servi dans la même compagnie.

Beaulieu-sur-Mer, Nice, pour défendre la frontière face aux Italiens alors alliés des empires centraux et à l’engagement incertain. Puis direction l’est de la France devant Dijon pour défendre la ville face à la déferlante allemande d’août 14. Le destin de nombre d’hommes du 118ème Territorial allait basculer quand quelques compagnies du régiment furent envoyés au front, en Champagne, devant Reims. Pendant ce temps, Claire s’occupait seule de la ferme et allait mettre au monde le premier et unique enfant du couple, Albert, le 9 janvier 1915. Alors que le couple s’attendait à avoir une fille, Emile ne verra son garçon que quelques jours de septembre, les permissions étant distribuées avec parcimonie par la hiérarchie militaire et la naissance d’un enfant n’étant pas un motif de cause majeure.

Une explosion d’une grosse mine allemande à proximité du fort de la Pompelle fin 1914 eut pour conséquence le détachement d’hommes du 118ème en renfort aux sapeurs du Génie. Leur mission: creuser une série de puits anti-mine à distance du fort pour contrecarrer le travail des sapeurs allemands, puits conséquents puisque profonds de dix-huit à vingt mètres. Voilà les Avignonnais transformés en taupes !

La situation dégénéra les 19 et 20 octobre 1915 avec un violent bombardement allemand préparant une attaque de l’infanterie. Aux obus conventionnels étaient mêlées des armes chimiques. C’est ce nuage de gaz moutarde qui décima les Territoriaux d’Avignon. Gravement intoxiqués, Emile comme Adrien allaient décéder à l’ambulance, le 21 octobre 1915, à Ludes pour Emile, à Damery pour Adrien. Ce jour-là, le 118ème RIT perdit 50 hommes. Si l’on enlève cinq décès causés par une maladie contractée au service, on peut penser que les quarante-cinq autres morts le furent à cause des gaz, sur le champ de bataille mais aussi à Epernay, Ludes, Damery et Bourgault où ils furent évacués. Emile Sauvage était âgée de 37 ans et 5 mois.

Après-guerre, Claire allait se remarier le 30 août 1919 avec Christian Constant. Il fallait bien un homme pour s’occuper de la ferme et élever le petit Albert.

Fiche matricule d’Emile Laurent Sauvage de Mémoire des Hommes.

Emile Laurent Sauvage matricule 233 de la classe 1898, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Peut-être les descendants ayant donné l’autorisation de publier la correspondance d’Emile auront à rectifier cette biographie si elle parvient à leur connaissance.

A suivre… Lucien Sauvage.

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