Archives mensuelles : janvier 2017

Il y a 100 ans jour pour jour: LA GUERRE PHOTOGRAPHIÉE du 11 janvier 1917

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(JOUR 892 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

Charles Nungesser fait la une de La Guerre Photographiée à l’occasion de sa 21ème victoire. Malgré qu’il soit gravement handicapé depuis son accident de février 1916, le pilote continue à voler et à remporter des victoires. On le voit s’appuyant sur une canne. Depuis peu, il s’est fait dessiner son insigne sur le cockpit de son aéronef: une tête de mort avec 2 tibias entrelacés !

Les bienfaits des camions:

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pour transporter des troupes ou…

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pour évacuer des blessés.

Le ravitaillement en zone de montagne:

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dans les Vosges, c’est un convoi hippomobile qui chemine sur cette route de montagne, un convoi de chasseurs alpins ou d’artillerie alpine…

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dans les Dolomites, au Trentin, les Italiens construisent un genre de téléphérique  pour monter ou descendre le ravitaillement.

Parlons un peu de la guerre en Italie où les troupes de Cardona résistent dans un paysage de haute montagne:

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poste d’observation et entrée d’un boyau…

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sommets magnifiques…

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bersagliero cycliste.

Paysage dévasté de la plaine de la Somme ou du nord de la France, suite à des bombardements répétés:

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Quant à ce poste d’observation allemand dans un arbre…

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il est intact quand il fut récupéré par les Anglais suite à une attaque. Mais les Allemand possèdent des objets bien plus performants pour observer les lignes ennemies, comme cette lunette….

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qui vient de leur être substituée par les Britanniques.

Un de ces chars anglais…

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qui fit son apparition lors d’une bataille, il y a peu, en septembre 1916 dans la Somme, une nouveauté qui ne fut pas une réussite lors de cette première sortie.

Pour terminer sur une note rappelant les dernières fêtes de fin d’année, un nouvel échange de prisonniers blessés entre belligérants, via la Suisse…

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où le train s’est un moment arrêté devant un sapin de Noël décoré de la Croix-Rouge helvétique.

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Ce dramatique 14 juillet 1902 à Ancone (Drôme).

Article écrit pour le blog anconecultureetpatrimoineleblog.wordpress.com après des recherches sur l’Etat-civil de la commune mis en ligne par les Archives départementales de la Drôme et cette découverte fortuite qui a marqué la vie de notre commune rhodanienne.

C’est en consultant l’Etat-civil d’Ancone et plus particulièrement le registre des décès que nous découvrîmes cette dramatique après-midi du 14 juillet 1902, en bord de Lône. Férié depuis 1880, le 52ème Régiment d’Infanterie devait avoir donné quartier libre à ses hommes à l’occasion de la Fête Nationale après la prise d’armes en matinée. Un petit groupe de trois copains décida, par la chaleur qui faisait, de venir prendre le frais au bord de la Lône, du côté d’Ancone où les épis de roches posés dans ce bras secondaire du Rhône faisaient de petits bassins propices à la baignade.

 Le groupe de jeunes hommes arriva en début d’après-midi. Il n’y avait pas grand monde à l’endroit où le groupe décida de se baigner. Les jeunes gens se languissaient de se mettre à l’aise et de se débarrasser de la chaude tenue militaire dont ce pantalon rouge et cette vareuse bleue qui collaient à la peau après la route, parcourue à pied sous un soleil de plomb, sans un brin d’ombre, pour arriver jusqu’à la Lône d’Ancone. C’est Augustin Pellat, le plus jeune des trois qui plongea le premier dans les eaux de la Lône. Ce fut le drame !

Augustin venait du Trièves voisin, ce pays blotti au pied oriental du Vercors, non loin du Mont Aiguille. Il était arrivé récemment au 52ème et avait fini ses classes. C’était l’une de ses premières sorties, un moment de liberté. Né à Mens le 28 février 1883, il n’avait connu que la ferme de ses parents, Augustin et Désirée, au Monestier-du-Peray. Puis c’avait été le conseil de révision, à Grenoble et ce voyage en train, jusqu’à Montélimar et la vallée du Rhône, une aventure ! Un grand fleuve, il ne connaissait pas trop et nager encore moins. Mais entre copains, on devient téméraire, surtout quand quelques verres avalées pour célébrer la Fête Nationale finissent de vous désinhiber. Et puis, à 19 ans, on n’a pas le temps de réfléchir.

Augustin Pellat plongea dans l’eau de la Lône et coula à pic.

Comprenant ce qui se passait, Hyppolite Cyrus Louis Moullet se jeta à l’eau à son tour. Ce n’était pas la première fois qu’il venait à Ancone, à la Lône d’Ancone. Si Augustin commençait sa période de 3 ans, lui, Hyppolite était sur le point d’être rendu à la vie civile. Il était montilien d’adoption à la caserne Saint-Martin depuis le 16 novembre 1900, caporal depuis peu. C’était son second été en Drôme provençale et en bord de Lône, sans compter toutes les fois où il était passé sur le pont de Rochemaure lors de manoeuvres. Il venait lui aussi des Préalpes, mais, un peu plus au sud, d’un petit village perché dominant la vallée de la Durance au nord de Sisteron, Ventavon. Son père Cyrus tenait la ferme seul, Marie sa mère n’étant plus de ce monde. Lui savait nager, il avait appris dans la Durance, sans compter les cours -très théoriques- reçus pendant sa période d’instruction militaire.

Ce fut le second drame ! Hyppolite s’enfonça dans les eaux et ne réapparut plus !

Le troisième soldat, totalement impuissant devant le drame qui venait de se jouer sous ses yeux, partit à toute allure au village pour aller chercher de l’aide. Quelques villageois rencontrés à la terrasse du café de la place du platane se précipitèrent sur les lieux, pleins de bonne volonté mais aussi démunis que le jeune homme face à cette situation. Lequel jeune avait poursuivi son chemin pour donner l’alerte à la caserne.

Un groupe de militaires se rendit rapidement sur les lieux et un excellent nageur de l’équipe plongea et réussit à remonter les corps sans vie des deux copains.

Ainsi, le soir même, Louis Salomon, le maire d’Ancone en 1902, officier d’état-civil, pouvait conclure ce drame en laisser une trace pour la postérité sur le registre des décès de la commune, en écrivant ces quelques mots: mort à trois heures du soir d’asphyxie survenue au cours d’un bain qu’il prenait dans la Lône du Rhône, située à huit cents mètres environ au nord-est du pont de Rochemaure. On peut penser qu’Augustin et Hyppolite furent frappés l’un comme l’autre d’hydrocution au contact d’une eau bien plus fraîche que l’air ambiant. Deux des témoins du drame, Jean Pons, le garde-champêtre et Félicien Marion attestèrent pour la Loi les décès des deux pioupious.


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L’armée ramena leurs corps sans vie à la caserne et informa les familles de ses disparitions. Les maires du Monestier-du-Peray et de Ventavon durent, chacun de leur côté,  se rendre à la ferme familiale pour avertir des parents et proches qu’ils ne reverraient plus leur enfant. Les obsèques furent célébrées le lendemain. On barra d’un double trait les pages d’Augustin Pellat et Hyppolite Moullet, dans les registres matricules, à Grenoble et à Gap, avec la mention DÉCÉDÉ.

A Ancone, ce fut certainement un sujet de discussion dans les cafés et les commerces, le soir et les jours qui suivirent… Le Journal de Montélimar, ancêtre de la Tribune en parla lors de la parution le samedi suivant, le 19 juillet de son numéro. C’est cette narration qui nous a permis d’écrire ces quelques lignes. Puis la vie reprit, les baignades dans la Lône aussi. On construisit même quelques années plus tard, une petite base de loisirs sur ce bras mort du fleuve. Comme pour les montagnards, les riverains du Rhône savaient bien, hier plus qu’aujourd’hui, que le fleuve peut aussi se montrer redoutable et qu’il y a toujours quelques risques au bord de l’eau.

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Gabriel Marius DAVID, un autre soldat d’Ancone dans l’aventure coloniale de la France à MADAGASCAR.

Article écrit pour le blog anconecultureetpatrimoineleblog.wordpress.com après des recherches sur l’Etat-civil de la commune mis en ligne par les Archives départementales de la Drôme et cette découverte fortuite qui a marqué la vie de notre commune rhodanienne.

Emmanuel Mallet et Gabriel Marius David étaient des copains de classe  à l’école d’Ancone avec François Régis Faucher comme maître au début de leur scolarité, jusqu’en 1881, puis sous l’autorité de Charles Louis Arnaud en fin de scolarité. De jeunes enseignants tous deux qui allaient connaître l’arrivée de l’école à Jules Ferry. Par contre, ni Emmanuel, ni Gabriel n’allaient fréquenter la nouvelle école du village inaugurée l’année où ils cessèrent leurs études, en 1886. Emmanuel et Gabriel étaient aussi des copains de la Classe au sens militaire du terme, la Classe 92 puisque nés tous deux en 72. Emmanuel en juillet, Gabriel, le plus jeune, était venu au monde le 30 novembre 1872.

Gabriel avait vu le jour du côté de Châteauneuf-du-Rhône où son père était fermier. Ses parents s’étaient mariés quelques années avant, à Ancone le 21 août 1866. Son père Raimond Auguste David était cultivateur, né à Savasse en 1835. Sa mère, Marie Brun, était une fille d’Ancone où son père, bien connu,  exerçait la profession de maçon. Des enquêtes disent qu’elle était repasseuse, d’autres, femme au foyer. Elle était bien plus jeune que son mari puisque seulement âgée de 19 ans le jour des noces. Elle eut rapidement un premier enfant, Auguste André Gabriel né le 30 mai 1867 qui décéda un mois 1/2 plus tard, mi-juillet comme 5 autres bébés anconnais entre le 30 décembre 1866 et juillet 1867. Terrible année ! Epidémie ou malnutrition ? Puis vint une fille Augustine Gabriel deux ans plus tard qui ne vécut que 5 mois. Gabriel eut plus de chance, en 1872 et fut le premier enfant du couple David à vivre jusqu’à l’âge adulte. Dure époque !

Très rapidement, Gabriel vint vivre chez ses grands-parents maternels à Ancone, le temps que ses parents puissent acheter quelques terres dans la commune ou à Savasse. Puis toute la famille se reforma avant 1880 pour s’installer sous le toit d’une maison de la rue Bachasserie quelquefois appelée rue du Milieu, de son nom moderne. Grands-parents Brun, les parents David, enfants et même la tante Françoise, une soeur de la mère, couturière de son état, vivaient à la même porte. Il était courant à l’époque que les générations coexistent ainsi sous le même toit: les anciens élevaient les plus jeunes et les jeunes s’occupaient des anciens quand ils devenaient trop âgés. Autre époque!

Comme son copain Emmanuel, Gabriel ou Marius comme on l’appelait aussi (une autre chose courante alors que celle d’appeler les gens du second ou de troisième prénom pour rendre bien souvent hommage à un aîné disparu- question de poser quelques problèmes aux généalogistes actuels lors de leurs recherches…)  Emmanuel et Gabriel-Marius, donc, furent tirés au sort pour effectuer leurs 3 ans de service militaire, Gabriel avec le n°90 encore une fois juste derrière Emmanuel et son n°86 ! Il fut donc incorporé le 14 novembre 1893. C’est là que les parcours des 2 copains divergèrent légèrement avant de reprendre des destins parallèles !

En gare de Montélimar, si Emmanuel s’était arrêté sur le premier quai pour monter dans le PLM pour le sud, Avignon et les pontonniers, Gabriel dut se rendre sur le quai d’en face pour prendre le PLM en direction du nord,  Valence et les artilleurs. Dans la préfecture de la Drôme, tout le monde connaît le quartier du Polygone et la caserne Latour-Dubourg. Polygone d’artillerie, bien entendu, où le 6ème Régiment d’artillerie faisaient ses manoeuvres et les réglages des tirs. C’était donc le 14 novembre 1893 que  Gabriel Marius David y débarqua. De 2ème Canonnier à son arrivée, il passa 2ème Servant à cheval le 30 mars 1894 puis 2ème Bourrelier le 20 juin 1894 et enfin 1er Bourrelier le 21 décembre 1894. Pas de véritables promotions mais la reconnaissance de ses connaissances antérieures par l’armée pour l’employer où il était le plus compétant… comme bourrelier. Il fallait fabriquer et réparer sans arrêt les lanières  des attelages et c’est le métier qu’il avait appris chez un voisin dans la rue Bachasserie à Ancone.

Le 1er mars 1895, il fut muté au 38ème Régiment d’Artillerie à Nîmes en conservant le grade qu’il avait à Valence. Deux batteries de ce régiment étaient sur le qui-vive depuis que le gouvernement avait décidé d’intervenir militairement en territoire extérieur: à Madagascar. Et un bourrelier qualifié manquait pour l’une d’elle.

Il est bon ici de faire une parenthèse pour expliquer le pourquoi de cette destination originale. On sait que Jules Ferry et nombre de Républicains étaient d’ardents défenseurs de l’agrandissement de l’Empire. Pour faire oublier aux Français les pertes de l’Alsace et de la Lorraine en 1871, ces dirigeants de la Troisième République avaient décidé de se lancer dans ces expéditions coloniales, véritables aventures pour les militaires qu’ils envoyaient: en Indochine où partit Emmanuel Mallet et à Madagascar où ira Gabriel David. A la différence de l’Indochine, c’est vraiment la Troisième République qui initia cette conquête de Madagascar, un territoire aussi grand que la France, une grande île au milieu de l’Océan Indien. Une première expédition pour établir un protectorat avait eut lieu  de 1881 à 1883, un protectorat instauré mais pas vraiment appliqué par les Français ni respecté par les autochtones, un royaume dirigé par des reines. Mais des Français étaient allés s’installer là-bas, attirés par l’appât du gain, de l’or qu’on disait être en abondance, par l’inconnu et la nouveauté. Mais quand les massacres d’Européens initiés par les Hovas, une peuplade plus belliqueuse, furent trop importants, une seconde expédition militaire devint obligatoire en 1895 dans le but de « pacifier » une seconde fois le territoire. On y envoya un Corps Expéditionnaire de 15 500 hommes accompagnés de 7 000 convoyeurs, des Kabyles peu respectueux de leurs bêtes de somme. On y trouvait des Chasseurs à pied, des Tirailleurs algériens, un bataillon de marche de la Légion étrangère, des Marsouins, des troupes coloniales, supplétifs Malgaches, Soudanais et Réunionnais, des unités du train, 4 batteries de l’artillerie alpine et 2 batteries montées, celles de Gabriel David et du 38ème R.A. de Nîmes. Pour transporter le matériel à travers le pays, on avait fait construire 5 000 voitures Lefebvre tirées par autant de mulets…. en oubliant un peu vite que sur ce territoire, il n’y avait pas le moindre kilomètre de route ou de chemin ! Que des pistes muletières ! Tracer des routes fut le principal travail des unités du train qui se tuèrent à la tâche, au sens premier du terme !

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Les Français débarquèrent donc à Mayunga, sur la côte ouest de l’île, le 23 avril 1895 après un beau voyage où ils  franchirent le flambant neuf canal de Suez. Quelle aventure pour l’Anconnais Gabriel David qui figurait parmi eux ! L’objectif des Français: la prise de Tananarive, la capitale du Royaume, au milieu de l’île, distante de 450 kilomètres environ de Mayunga. Ils y parvinrent le 30 septembre 1895 mais à quel prix !!!

On connaît bien les détails quotidiens de cette expédition coloniale grâce aux écrits qu’en fit un soldat, l’Alsacien Léon Silberman engagé dans la Légion étrangère. N’oublions pas que l’Alsace ne faisait plus partie du territoire national en 1895. Ce témoignage est édifiant et consultable dans son intégralité sur la toile. C’est une narration sans complaisance et d’une redoutable précision sur l’impréparation et l’amateurisme de cette expédition, sur l’immense gâchis humain que furent ces 5 mois dans l’Océan Indien. Les chiffres officiels connus de nos jours en attestent: les combats contre les troupes locales, les Hovas, coûtèrent 25 morts au Corps Expéditionnaire Français, presque anecdotique 20 ans avant les hécatombes de la Grande Guerre ! Pourtant celui-ci fut décimé et on dénombra 5 756 morts causées par les maladies tropicales qui assaillirent les hommes. Malgré le dévouement des services de santé, les hommes mourraient par centaines chaque jour, dans les ambulances et les hôpitaux de campagne. Comble d’incompétence, la quinine, indispensable au traitement du paludisme se trouvait au plus bas dans les cales des bateaux, dans des voitures qui ne sortirent qu’à la fin du débarquement et ne parvinrent aux avant-postes de secours que plusieurs mois après le début de l’opération !

Une phrase du récit de Léon Silbermann m’a interpelé. Le légionnaire raconte sa visite faite à une ambulance, un poste de secours avancé.  Je regardais un artilleur qui venait de recevoir les derniers sacrements; l’énergie était présente sur sa physionomie; il sursauta à quelques reprises, comme s’il voulait se défendre contre la mort. Etait-ce les derniers instants de Gabriel David ? On apprend en effet sur sa fiche matricule comme sur l’acte de décès recopié par Louis Salomon, le maire d’Ancone sur le registre de l’Etat-civil que « Marius » décéda le 11 août 1895, à l’ambulance de Beritzoka, un piton rocheux à mi-chemin entre Mayunga et Tananarive,  d’une cachexie paludéenne, un affaiblissement général dû à la malaria. Il disparaissait donc 2 mois après son copain Emmanuel, victime comme lui d’une maladie tropicale, victime surtout des aventures coloniales des hommes de la Troisième République.

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Pour faire un peu de généalogie, notons que Gabriel David et Paul Brun ont un arrière-grand-père commun, Alexandre Brun, né vers la fin du XVIIIème siècle. Paul Brun est l’un des 23 MPLF inscrit sur le Monument aux Morts d’Ancone, disparu le 31 mai 1917 à Berry-le-Bac.

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Emmanuel MALLET soldat d’Ancone, marinier du Rhône, pontonnier en Avignon et… au Tonkin en 1895.

Article écrit pour le blog anconecultureetpatrimoineleblog.wordpress.com après des recherches sur l’Etat-civil de la commune mis en ligne par les Archives départementales de la Drôme et cette découverte fortuite qui a marqué la vie de notre commune rhodanienne.

On connaît Jules Ferry pour être le Ministre de l’Instruction Publique de la Troisième République qui rédigea et fit voter les lois scolaires qu’on résume de nos jours par l’expression « école publique, gratuite, laïque et obligatoire », une école que la Révolution avait déjà amorcé en 1793. Cela, c’est le côté « soleil » du personnage.

Le côté « ombre » de l’homme politique est moins connu et beaucoup controversé. Jules Ferry fut un ardent promoteur de l’expansion coloniale de la France, en particulier dans la péninsule indochinoise et à Madagascar. Un colonialisme purement capitaliste, l’Indochine n’ayant jamais été, à la différence de l’Algérie, une colonie de peuplement. C’étaient les richesses de la contrée qui intéressaient les investisseurs français, l’hévéa pour les transports routiers naissants, les matières premières, le riz… Sans oublier les Missions catholiques qui poussaient à une intervention française pour protéger leurs missionnaires, régulièrement assassinés par les populations locales à qui ils pensaient amener la « bonne parole ».

La France était déjà présente en Cochinchine, le « sud-Vietman » de Saïgon en quelque sorte, depuis Napoléon III qui l’avait annexé en 1862. C’est à partir de 1883 que les crédits seront votés à Paris pour envoyer des troupes à la conquête du Tonkin, le « Nord-Vietnam », celui d’Hanoï. La chose ne se fera pas facilement, devant la résistance des locaux appuyés par l’armée régulière chinoise mais aussi par des irréguliers chinois, les Pavillons noirs ou. jaunes… Il faudra le retrait de la Chine en juin 1885, menacée par des troubles intérieurs et par les bruits de bottes émis par leur encombrant voisin japonais pour que la France s’installe enfin au Tonkin.

Et Ancone dans tout cela, me direz-vous ?

A Ancone habite dans la Grande Rue le couple Clément Mallet et Marie Roussin. Elle est ménagère et lui est « patron sur le Rhône » nous dit le dernier recensement, celui de 1886, c’est-à-dire propriétaire d’un bateau avec lequel il fait du transport de marchandises pour des clients locaux. C’est un dur et dangereux métier qu’il apprend à son plus jeune fils, Emmanuel, depuis que ce dernier a quitté à l’âge de 14 ans, la classe tenue par le jeune instituteur Charles Arnaud. Né le 25 juillet 1872, Emmanuel est un gaillard d’un mètre 67. Né le 24 juillet 1830, Clément (Jean Victor Clément pour l’état-civil) espère que son fils reprendra son affaire quand il aura satisfait ses obligations militaires. A cette époque, ce sont 3 années que les jeunes conscrits doivent à la France depuis la loi Freycinet de 1889. Par tirage au sort. Et justement Emmanuel a été tiré au sort avec le n°86 et va être appelé sous les drapeaux le 14 novembre 1893. Il est alors âgé d’un peu plus de 21 ans.

Le profil professionnel de ce jeune marinier intéresse grandement l’institution militaire. Il est donc dirigé sur le  1er Régiment d’Artilleurs-Pontonniers en résidence à la caserne Hautpoul d’Avignon, aujourd’hui devenue cité administrative, à 2 pas de la gare. Il va exceller sur les eaux impétueuses du Rhône pour construire des ponts de barques, un Rhône qu’il connaît bien, le même que celui d’Ancone. Le 1er octobre 1894, son unité sera dissoute pour devenir le 7ème Régiment du Génie, suite à une décision ministérielle du 20 août 1894. Voilà donc Emmanuel Mallet, 2ème pontonnier au 7ème Génie à partir de cette date !

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Et c’est là que les aventures coloniales de la France rencontrent le destin de ce jeune anconnais. La France lutte en Indochine mais aussi à Madagascar… on en reparlera aussi. Une partie du 7ème Génie est envoyée dans l’île de l’Océan Indien, une autre en Asie du sud-est. Au Tonkin, la guerre est terminée mais les révoltes sont incessantes, sans parler des attaques des Pavillons noirs, devenus des brigands qui s’en prennent essentiellement aux intérêts français. Dans cet état de guerre larvée, les troupes coloniales sont engagées et les pontonniers d’Avignon ont du  pain sur la planche sur le fleuve Rouge, à devoir reconstruire le jour ce que les rebelles détruisent la nuit.

L’unité à laquelle appartient Emmanuel Mallet arrive au Tonkin le 25 août 1894, en peine saison des pluies. Cette chaleur humide et ces pluies incessantes doivent avoir considérablement surpris les jeunes militaires français, habitués à la canicule sèche ou ventée de la vallée du Rhône. Sans parler de ce long voyage de plusieurs semaines. C’est ce milieu physique contraignant et ce climat insalubre voire débilitant qui va faire des ravages dans les unités françaises. Pensez que sur les 13 000 morts de cette guerre de colonisation, 2/3 le fut de maladies ! Emmanuel Mallet d’Ancone en sera l’un d’eux. Son registre matricule indique qu’il s’est éteint le 14 juin 1895 à 11 heures du soir à l’ambulance de Yên Bài, le long du fleuve Rouge, à 130 kilomètres au nord-ouest d’Hanoi. L’écrit officiel parle de fièvre biliaire hépatique, une de ces maladies que les médecins du Corps Expéditionnaire ont du mal à décrire et encore plus à soigner.

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Emmanuel Mallet ne reverra plus les bords de sa Lône et ne passera plus sous son pont de Rochemaure sur la bateau du père. Lequel père disparaîtra à son tour moins de 3 ans plus tard, le 23 février 1898, sans pouvoir léguer son commerce à un fils.

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Fait du hasard pour notre village, 59 ans plus tard, un autre Anconnais, Marcel Mayaud, allait connaître le même sort qu’Emmanuel Mallet. Lui c’était bien plus à l’intérieur du pays indochinois, dans la cuvette de Dien Bien Phu, le 31 mars 1954. Pas pontonnier du Génie mais manutentionnaire dans l’aviation ! Pas pour conquérir l’Indochine mais pour éviter de la perdre ! Son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de la commune et cité tous les 8 mai et 11 novembre. Celui d’Emmanuel Mallet y aurait toute sa place !

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Il y a 100 ans jour pour jour: LE MIROIR du dimanche 07 janvier 1917

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(JOUR 888 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

A la une de ce premier numéro de 1917, une photo qui nous vient de Russie. Le Tsarévitch étudie la stratégie militaire pour le jour où sera amené à prendre des décisions en tant que tsar. Ce qui n’arrivera pas puisque les Romanov furent  exécutés par les Bolchevik en 1918.

La guerre sous-marine allemande en 4 images dont je n’ai gardé que les 2 les plus représentatives:

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Une chaloupe se rapproche d’un navire venu secourir l’équipage du vapeur anglais Kentra

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tandis qu’au loin, le vapeur sombre !

Par contre ces troupes française dans cette chaloupe n’ont pas eu de problème avec les U-Boats.

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Ce sont des fantassins français embarquant à Salonique pour une opération de police contre les Grecs favorables à l’Allemagne au Pirée .

Sur le front de Verdun où la bataille s’est calmée, la reprise des carrières d’Heaudromont

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Des carrières très difficiles d’accès de nos jours, au milieu du champ de bataille resté un no-man’s-land et où les dangers rôdent.

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Une vue de l’imposant dispositif qui doit être mis en place pour pouvoir faire avancer une énorme pièce d’artillerie et transporter les munitions. C’est sûr que les déplacements sur rail sont plus faciles.

Quelques vues de Roumanie:

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Un pont de barques mis en place par le Génie sur le Danube.

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Des destructions à Bucarest après le passage d’un Zeppelin au dessus de la ville.

Pour terminer, le travail des femmes dans le ravitaillement:

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le marquage des tonneaux de vin destinés aux Poilus à Bordeaux !

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Dans L’ESPOIR FRANÇAIS de fin août 1942, VIVE la RELÈVE.

En 1942, de par les saignées dues au combat sur le front de l’Est et du fait que nombre d’Allemands sont sous les drapeaux, l’Allemagne nazie a besoin de bras pour ses usines d’armements, de bras qualifiés, s’entend. Elle se tourne vers le gouvernement de Vichy, son vassal et lui demande l’envoi d’ouvriers, en masse. C’est Laval qui, après son retour au pouvoir le 18 avril 1942, va se faire le cerveau et le chantre de cette collaboration économique.

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Le deal est simple: la France envoie 150 000 ouvriers en Allemagne et dans le même temps, 50 000 prisonniers de guerre regagneront leurs foyers. Ce sera la Relève… qui sera loin d’être une réussite ! Aussi, devant cet échec, le gouvernement de Vichy va mettre en scène cette « rencontre de Compiègne », datée du 11 août 1942. Le scénario est bien réglé:

A droite, l’arrivée d’un train de prisonniers de guerre en provenance d’Allemagne:

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A gauche, le départ d’un train rempli de volontaires pour aller travailler en Allemagne:

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Au centre, Laval entouré de dignitaires allemands et de ministres français, orchestrant cette rencontre si émouvante. Un Laval qui y va de son discours…

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dans lequel il se fait le champion de cette collaboration et où il réitère différemment ses propos du 22 juin dans lesquels il souhaitait la victoire de l’Allemagne, dernier rempart contre le Bolchévisme. Là, il explique que pour que l’Allemagne se consacre totalement à la lutte contre le Bolchévisme, il faudra que la France lui vienne en aide en envoyant ses meilleurs ouvriers travailler dans les usines dédiées à l’effort de guerre allemand.

Un Laval triomphant qui serre des mains…

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de prisonniers de guerre et reçoit avec plaisir les « hourras » d’hommes qui entrevoient une libération inespérée:

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 Et puis vient le moment si attendu et si émouvant de la rencontre entre les libérés et leurs libérateurs, entre les PG et les ouvriers partant pour les usines allemandes:

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des accolades, des embrassades, de chaleureuses poignées de main surtout devant les objectifs de la propagande officielle:

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Des gros plans de sourires et de bonheur !

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On s’échange peut-être même des adresses…

Et puis vient le départ des ouvriers dans les trains:DSCN3462

des trains sur lesquels sont inscrits à la craie des messages à la gloire du régime de Vichy et des remerciements pour tant de mansuétude !!!…

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Tout cela se termine sur une dernière larme: l’arrivée du père, chez lui, qui retrouve femme et enfants…. le retour dans le foyer !

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L’espoir français décline ce retour en le localisant dans l’espace. Le retour des PG à Paris…

DSCN3463 à Lyon….

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à Macon…

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Malgré toute la propagande vichyste sur les ondes, dans la presse muselée… rien n’y fit… la relève fut un cinglant échec et pas plus de 7 000 jeunes hommes cédèrent aux sirènes de la collaboration économique, d’une vie meilleure autre-Rhin. Il fallut alors changer de vitesse et rendre obligatoires ces départs jusque là volontaires… Ce fut le STO avec ce O signifiant Obligatoire qui eut pour conséquence l’entrée en clandestinité et en résistance de nombreux jeunes qui pour beaucoup, ne l’auraient pas fait.

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Le (petit) KIOSQUE de PRESSE DE 37: LE MIROIR DES SPORTS du 5 janvier 1937

Le demi-centre marseillais Bruhin en couverture du premier Miroir des Sports de l’année 1937. Il vient de confisquer la balle à l’avant-centre de l’Equipe de France, au second plan, Jean Nicolas.

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C’est une photo illustrant le second boxing-day, celui du Jour de l’An puisque les footeux ont joué le 1er janvier puis 2 jours après, le dimanche 3 janvier. On a vu qu’il avait fait de même pour Noël et le dimanche suivant Noël.
Comme les transports ne sont pas aussi performants que de nos jours, les organisateurs ont fait se déplacer 2 fois les équipes qui avaient reçu pour 2 matchs consécutifs chez elles le dimanche précédent et inversement. L’O.M. qui avait reçu et gagné 2 fois au stade de l’Huveaune pour Noël (2-1 contre Lille et 4-0 contre Metz) s’est donc déplacé à Paris contre le Racing (1-1) puis à Rouen (0-1).

Comme tout cela se passe en région parisienne, on a donc droit à quelques photos comme celle de la couverture ou celle-ci..

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au Parc des Princes et une belle envolée de Vasconcellos, le gardien brésilien de l’O.M.

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Puis celle-là, à Robert Diochon, et encore une belle envolée d’El Jaguar, le surnom de Vasconcellos, qui ne put empêcher le FC Rouen de lui inscrire un but (1-0)

Les résultats de ces 2 journées de première division:

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et le nouveau classement établi après 18 journées soit à seulement 12 matchs du terme de la compétition. Mais la Coupe de   France va manger beaucoup de dimanches dans les mois qui arrivent.

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Un boxing-day guère favorable à l’O.M. qui a rétrogradé à la 6ème place du classement à 4 points du nouveau leader rouennais (24 points contre 20).

Des sports de saison pour compléter ce tour d’horizon du dernier dimanche sportif:

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Le Challenge du Nombre dans le bois du château de Versailles. De quoi s’agit-il ? Chaque club en compétition doit aligner 15 coureurs dans son équipe et tous les concurrents participent au classement. A ce petit jeu-là, c’est le C.O. Billancourt qui se classe premier devant le Stade Français, l’ASPP (Police) et la CASG (la Société Générale).

Autre vue du Challenge du Nombre:

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 A Goussainville, c’est dans les sous-bois que Charles Vaast, champion de France de Cyclo-cross 1934 a remporté cette course:

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Rugby dans la capitale avec une nouvelle journée du Championnat de France.

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La section rugby du CASG s’est incliné à Jean-Bouin (à côté du Parc) 3-12 face au Racing Club Toulonnais.

L’aviatrice Maryse Bastié n’a pas eu peur de se lancer au dessus de l’Atlantique sud, du Sénégal au Brésil aux commandes de son avion…

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… quelques jours après la disparition dans ce secteur de l’avion commandé par Jean Mermoz. Personne médiatiquement très connue à l’époque, elle s’était engagée en 1934 en faveur du vote des femmes.

Pour compléter ce numéro un peu « léger » pour cause d’une actualité sportive au ralenti pendant les fêtes, quelques  belles photos du contraste entre…

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un plongeon à Sydney où c’est la canicule de l’été…

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par rapport à l’Europe où le froid règne comme ici avec du saut à ski…

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ou là, à Saint-Moritz, de la danse sur glace.

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Il y a 100 ans jour pour jour: LA GUERRE PHOTOGRAPHIÉE du 04 janvier 1917

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(JOUR 885 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

A la une, Edouard Herriot, encore  jeune fin 1916, début 1917. Il est au début d’une immense carrière politique de la Troisième République. Agé de 44 ans, il vient d’être nommé Ministre du Ravitaillement, un poste capital en temps de guerre. En 1916, il est Maire de Lyon depuis 11 ans et il le restera en tout 47 ans, de 1905 à 1940 puis de 1945 à 1957, date de sa disparition. Il sera aussi 3 fois Président du Conseil des Ministres, équivalent à l’époque de notre Premier Ministre.

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Aussi important que le ravitaillement, le réseau routier sur lequel doivent circuler les véhicules le transportant. Ici dans la Somme, on comprend que cette route doit être entretenue avec un tel trafic qui la parcourt. Aussi des unités spéciales de Territoriaux sont-elles dévouées à l’entretien des réseaux.

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On connaît maintenant l’importance qu’a eu la Voie Sacrée à Verdun, même si le sujet a totalement été occulté par la presse en 1916, on l’a vu. Peut-être pour éviter des tirs ciblés allemands.

Des vues de Salomique, nous dit-on. On y voit des destructions suite à des combats…

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qui pourraient être les mêmes dans la plaine du Nord de la France…

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…et des réseaux de barbelés, les mêmes que partout ailleurs ! Cette guerre est la même dans toute l’Europe et les Poilus de tous les camps ont vécu la même chose.

Des munitions britanniques….

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on veut bien le croire, des prisonniers…

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allemands ! Là c’est sûr, on nous a rarement montré des prisonniers français, sinon pour dénoncer l’inhumanité de leurs geôliers allemands.

Un paysage détruit où la terre se mélange avec les restes humains:

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surtout quand les intempéries viennent lisser tout cela.
Pour terminer…

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un obusier planté dans un abri. Il fallait y penser ! Le bruit et les vibrations doivent être terribles pour les servants quand les tirs se produisent !

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Quand la perspective de l’arrivée du chemin de fer à Caderousse tournait la tête à quelques autochtones !!!

C’est à l’occasion de recherches sur le transporteur de betteraves de L’Ardoise aux Cabannes que j’ai trouvé en m’évadant un peu du sujet, le fin mot d’une petite affaire de famille, celle des ascendants Boissel, du côté des parents de ma grand-mère paternelle Philine.

C’est une histoire dont j’ai toujours entendu parler sans trop savoir ce qu’il y avait sérieusement derrière, à savoir la réalité de ce projet de train prévu pour aller du Vaucluse au Gard en passant… par Caderousse, bien entendu ! Non, ce n’était pas une galéjade ! Le projet a bien et bel existé dans la seconde moitié du XIXème siècle au moment où tous les investisseurs capitalistes se voyaient devenir milliardaires en pariant sur le rail, sans trop réfléchir à la rentabilité des lignes qu’ils envisageaient… et même construisaient. Qu’on se souvienne ainsi de la ligne Le Pouzin-Aubenas via Privas avec un tunnel sous le col de l’Escrinet qui fonctionna en tout et pour tout 4 ans, de 1910 à 1914 ! Ou, pire encore dans ce grand gaspillage à la course aux profits et à la modernité, la ligne Le Puy-en-Velay-Aubenas où furent construits tous les ouvrages d’art dont le long tunnel du Roux devenu ensuite routier et où pas un seul mètre de voie ferrée ne fut jamais posé !

On découvre donc chez Gallica, la loi du 04 décembre 1875 déclarant d’utilité publique l’établissement d’une voie ferrée d’Alais (maintenant Alès) à Port-L’Ardoise, le port de Laudun sur le Rhône au lieu-dit L’Ardoise, dans le Gard. Ce sont un certain Stephen Marc et une société en cours de formation (un peu cavalière tout de même l’autorisation donnée par l’Etat) qui auront le droit de construire cette ligne et quand le tronçon Alais-L’Ardoise  sera terminé, on pourra alors envisager une prolongation vers l’est pour aller rejoindre la ligne PLM à Orange dans le Vaucluse. Pour cela, il faudra tout de même construire un pont sur le Grand Rhône puis un autre sur le Petit Rhône et vous l’avez deviné, il y aura au milieu de cette virgule gardo-vauclusienne, Caderousse et très certainement une gare (accompagnée du café bien nommé celui-là), gare envisagée du côté du portail Castellan, entre le village et le cimetière.

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 Quand mes ancêtres Boissel eurent vent de ce projet, ils s’empressèrent d’échafauder le leur, dans les années 1875-1885, tout aussi farfelu que l’officiel. Ils constatèrent qu’un de leurs terrains se situait exactement sur le tracé de la future voie ferrée, ce qui était tout à fait exact. Il s’agit du « Jardin » que nous avons toujours au milieu des maisons d’un lotissement. Ils allaient être expropriés mais quelques dizaines de mètres-carrés de pré nu ne valent pas grand chose. Par contre, si sur celui-ci est bâtie une maison d’habitation, une grange, même en terrain hautement inondable, cela change tout et la vente peut s’avérer lucrative !

Alors, ni une, ni deux, un aïeul se lança dans la construction de la rente maison. Il fallait un certain courage certes car cela représentait un travail considérable mais il avait un peu de temps devant lui car il fallait que la ligne Alais-L’Ardoise soit achevée pour que les décideurs s’attaquent au second volet du projet L’Ardoise-Orange. Des murs commencèrent donc à s’élever dans le « Jardin », les piliers d’une porte d’entrée le long du chemin aussi, porte qui a toujours la même fonction plus de 135 ans plus tard. Dire si l’on est conservateur !

Ce qui devait arriver… arriva ! Non que les murs bâtis par un maçon improvisé ne s’effondrent, ils sont toujours debout au jour d’aujourd’hui. Non ! Que le projet aussi bancale autorisé par l’Etat tombe à l’eau ! Ainsi on nous apprend (toujours chez Gallica) dans le Journal Officiel du 13 mars 1889 que la société du sieur Stephen Marc pompeusement intitulée « Compagnie d’Alais au Rhône et à la Méditerranée (!) » a fait faillite, n’ayant réussi à construire en 12 ans  qu’un embranchement de l’usine de Salindres à la ligne Bessèges-Alais… et que cet actif ainsi que les projets définis en 1875 sont repris par la vraie compagnie du PLM.

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Une PLM qui construisit bien une ligne Alais-L’Ardoise via Seynes, Cavillargues, Le Moulin, Connaux. Cela permettait au charbon gardois d’accéder directement aux bateaux du Rhône et, par là, livrer rapidement Valence, Lyon, Avignon et  Marseille. Mais la suite du projet n’aboutit jamais. Le longueur du viaduc sur le Rhône (plus de 2 km avec les rampes d’accès) dut refroidir les investisseurs sérieux de la compagnie. C’aurait été le plus long pont-rail sur le Rhône de toute la vallée, l’équivalent de ce qui a été construit à la fin du XXème siècle pour la Ligne à Grande Vitesse, entre Les Angles et Courtine.

Adieu, veau, vache, cochon, couvée…  pour mes aïeuls Boissel et un peu pour moi aussi ! Le pactole s’envolait… Alors si vous passez devant ce jardin pas très bien entretenu, avec un gros figuier au milieu, ces ruines ne sont pas les restes d’une grange effondrée, ni celles de la grange brûlée (elle est un peu plus loin et a été rebâtie) mais les restes de rêves un peu fous engendrés par un projet loufoque !

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JEUX: THÉRIOM pour la der. de l’année chez DANIEL et MARIE (vendredi 29 décembre 2016)

Ce jeu découvert il y a quelques années à Cannes, créé par un auteur italien, dans le monde uchronique de Turin.

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Le jeu se joue en 11 heures (11 tours) et les personnages que vous voyez sur le plateau peuvent être activés par n’importe quel joueur à n’importe quel moment.

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Un bien joli plateau et du matériel soigné même si le symbole de chaque personnage pourrait être écrit sur les 4 faces du socle (j’en avais déjà parlé !)

Un jeu où on a le choix entre plusieurs actions à chaque tour… c’est bien cela le problème ! Une quête d’absolu beauté musicale pour le héros désigné mais inconnu des joueurs. Il pourra donc à un moment quelconque… écrire la partition, cueillir des indices, consulter et jouer des tuiles recherche, essayer de savoir quel est ce musicien élu, essayer de trouver l’emplacement de l’orgue et… à partir de la 5ème heure essayer de découvrir parmi les joueurs quel peut être le traître qui se cache parmi nous, celui qui gagne s’il tue le musicien élu !

Vaste programme !

Cela a laissé par mal dubitatif Daniel…

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et pour le moins perplexe Preston (!)…

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Bien lui prit de se plonger dans une profonde méditation car il finira par remporter la partie à la 11 ème heure, celle fatidique qui ne doit pas être dépassée, faute de voir le jeu vaincre les joueurs !

Il vainquit donc privant Fred, le traître d’une victoire acquise mais impossible vu le peu de vie qu’il lui restait.

Bien joué et à l’an que ven… pour d’autres soirées ludiques !

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